Kamaal the Abstract - Q-Tip (2009)

Quoi de mieux pour terminer l'année passée que... d'attirer l'attention sur un des albums oubliés de 2009. Au choix : une négligence ou une faute de goût. Réparons donc une injustice, tout en se drapant de cette suffisance que tout bon justicier à la chemise légère se doit de présenter en guise de faire-valoir, quand il s'agit de défendre un album négligé par la plèbe indie ou les classements de fin d'année proposés par quelques amateurs apparemment éclairés.

Q-Tip et sa formation A Tribe Called Quest, deux noms qui sonnent et résonnent encore dans la tête de nombreux trentenaires nostalgiques comme l'un des MCs et groupes de hip-hop les plus imaginatifs et aventureux qui marquèrent tant d'esprits durant la première moitié des 90's. Chantre d'un style, la Native Tongue, faisant certes peu d'émules, comparé aux enfants du gangsta ou du rap West-Coast mais qui ouvrit la voie aux non moins talentueux The Roots et autres artistes de hip-hop souhaitant se démarquer d'avantage des poncifs véhiculés par le genre au fil des années 90, et disons le tout de suite, artistes plus soucieux du fond que de la forme, proposant ainsi aux plus sceptiques et contradicteurs primaires une alternative crédible aux deux genres populaires cités plus haut.

Station to Station - David Bowie (1976)

Écrire la critique d'un de ses albums préférés est en général un exercice des plus périlleux, comprendre autant un art délicat qu'une acrobatie hasardeuse. Pour clore cette session finale du David Bowie Blog Tour 2009, le hasard aura encore joué un très joli tour au préposé, après le classique de 1977 Low, il eut droit de sortir du chapeau SON disque de David Bowie : Station to Station.

Comme l'a remontré ce judicieux Blog Tour, aussi bien pour les stagiaires en rock'n'roll attitude que pour les mécréants ne retenant comme passage à vide que l'après Scary Monsters, sa seigneurie David Jones a connu également un ventre mou au mitan des années 70. Dès 1973, après un album de reprises que l'on nommera poliment de dispensable et un dernier coup de collier glam rock synonyme de coup dans l'eau (tiède), Bowie traverse l'Atlantique pour débuter "sa période américaine" et enfin en terminer définitivement avec le style musical qui l'a porté aux nues. L'artiste protéiforme signe dès lors un nouveau virage et fait rare dans la musique, ce tournant ne coïncide pas avec la sortie d'un nouveau disque, fruit de nouvelles expériences studio, mais lors de la tournée promotionnelle à son nouvel album intitulé Diamond Dogs.
  

Funky front covers III

Pour terminer en apothéose cette sinistre année 2009, à l'heure où les cuistres vont de leur bilan comptable onaniste et en attendant une fin d'année qui me fera sans aucune mesure oublier les douze derniers mois passés, ouvrons un nouveau chapitre du désormais fameux (1) Funky front covers annuel ou en d'autres termes, remémorons-nous au bon souvenir des pochettes oubliées de la musique funk et disco des 70's et 80's. Un nouvel éclairage en somme pour des groupes et artistes qui à quelques exceptions près ne vivent que pour le regard déviant sinon lubrique de quelques collectionneurs avides de sensations... moites et phéromonées. En préambule, et en suivant les bons conseils de l'influent Jean-Pierre Morignard, cet article sera scindé en deux partie au vu du nombre de pochettes sexy présentées lors de cette nouvelle session.
 

subHuman - Recoil (2007)

Comme le faisait remarquer judicieusement un médecin de garde helvétique de la blogosphère, je cite: "le hip hop est issu du blues et de la soul, et pourtant rares auront été les tentatives de mêler ces genres musicaux". Et un constat sinon amer, en tout cas regrettable, qui s'applique finalement pour d'autres courants musicaux. "S'éloigner de ses racines, c'est un peu comme tuer son père" me confiait un verre de Muscadet à la main et le coude vissé au comptoir, un des nombreux piliers de bar que compte la même blogosphère d'obédience éthylo-rock'n'rollesque. "En musique, c'est presque vital de toute façon, [...], et encore, j'te cause pas des paternels qui te foutent la honte, mais seulement des jeunes qui veulent se démarquer de leurs glorieux ancêtres" lança t-il d'un geste de la main majestueux en guise de conclusion. Sur l'avant-dernier point, notre musicophile, certes bourru mais néanmoins généreux [1], avait loin d'avoir tort. C'est sans doute même l'un des points essentiels concernant l'un des sous-genres du rock de la première moitié des 70's à savoir le rock progressif. Si on doit au moins remercier ces monuments de finesse que sont Emerson, Lake & Palmer ou Yes, c'est bien d'avoir, non pas engendrés des générations de mélomanes eugénistes jouant les victimes au gré des sarcasmes de la plèbe rock, mais celui, d'avoir été l'une des causes de la réaction do it yourself par la génération punk et tous ses turbulents avatars. Bref, mettons de côté ces digressions futiles, et revenons à la première citation. A la question existe t-il des tentatives afin de faire marier cette fois-ci deux styles opposés, sans filiation aucune, à savoir le le blues et l'électro, subHuman de Recoil se pose en parfait exemple.
     

Sept morceaux qui tournent en ce moment

En attendant des nouvelles fraîches, et pour répondre à la requête de DJ Duclock, Sept morceaux qui tournent sur ma platine (et PC passe que hein bon quoi...)

Brazilia - John Coltrane (1965)

Tiré de l'album du mystique saxophoniste The John Coltrane Quartet Plays, album surtout connu pour sa reprise de Chim Chim Cheree issu de la bande originale de Mary Poppins. Album quelque peu minoré du fait d'être coincé entre les deux monstres que sont A Love Supreme et Ascension, mais qui reste un excellent album à la croisée des fulgurances coltraniennes et de ses précédents albums de jazz modal.


Etrange été - Alain Bashung (1989)

Bashung sort un manifeste new-wave intitulé Novice... en 1989, quelle drôle d'idée. Accompagné par un casting de luxe allant de Colin Newman de Wire à Blixa Bargeld d'Einstürzende Neubauten, Bashung compose son dernier album avec Boris Bergman et son premier avec son futur compagnon d'écriture Jean Fauque dont Etrange été est l'une des premières créations du duo. Album à la production certes datée mais à l'atmosphère lourde, tendue, noire.

Mutants - Amir Valinia (2008)

Comme me confiait il y a peu un admirateur dévot de Tom Waits sous couvert d'anonymat, il ne suffit pas d'avoir la voix ravagée d'un cancéreux se gargarisant au whisky frelaté pour prétendre avoir le talent de l'interprète de Blue Valentines. De la même manière, l'équilibre entre un mauvais film sympathique de faible niveau et un sinistre navet semble être ténu pour l'habitué des multiplexes errant tel un zombie dans les centres commerciaux en mal de blockbusters hypercaloriques. Combien de crapauds malodorants et autres princes miteux pour un charmant et noble souverain à l'apparence altière et aux poils brillants ? Voici donc l'art délicat auquel s'est tenu la fine équipe composée de Jodie Jones, Evan Scott et Sam Sullivan (troisième du nom faut-il le préciser) pour écrire ce petit nanar horrifique sans grande prétention (enfin j'espère pour eux et leurs héritiers...) intitulé Mutants sous la direction du non moins inconnu Amir Valinia.
  
Parmi les nombreuses recettes susceptibles de transformer une vulgaire plante potagère en un mets nanar de premier (ou second) choix, deux exemples caractérisent à merveille le film du jour : une idée de départ improbable, si foutraque qu'on en vient à émettre de sérieux doutes sur la santé mentale des trois protagonistes sus-cités, pimentée par une touche de glamour, tout du moins prestigieuse dans le cas présent, par le choix d'inviter un hôte de marque pour rehausser votre casting famélique, comprendre un acteur avec suffisamment de notoriété venu cachetonner sans vergogne, n'hésitant pas une minute à saigner à blanc un budget anémié qui n'en demandait pas tant.
 

Treasure Island - Keith Jarrett (1974)

Serait-il si dommageable, et pas seulement parce que cela vient de ma vile personne, de ne retenir aujourd’hui de Keith Jarrett que ses caprices de diva qui font la joie et le délice des festivaliers pétomanes ou autres bronchiteux ? [1]. Et quand bien même le pianiste s'est aussi taillé une reconnaissance mondiale justifiée comme improvisateur de premier rang à travers ses diverses prestations solos  [2], l'ancien sideman de Miles Davis, identifiable à sa moustache et sa coupe afro durant les années 70, vaut sinon mieux, tout du moins plus, que ce personnage chantre d'un classicisme (d'une préciosité ?) auquel il s'attache depuis presque vingt ans avec son trio attitré (Gary Peacock et Jack DeJohnette) sur les scènes du monde entier [3].

Durant un passage éclair chez Miles Davis au cours de l'année 1970 qui verra l'atrabilaire trompettiste jouer devant 600 000 personnes au festival de l'île de Wight, Jarrett s'essaie un temps à la fée électricité. Bref instant où la mémoire collective retiendra en premier lieu ses joutes sonores avec son compagnon de claviers et duelliste pour l’occasion Chick Corea sur Miles Davis at Fillmore, puis seul aux commandes sur le Live/Evil du même Davis [4]. Mais l’année suivant, l’ancien sideman du saxophoniste Charles Lloyd décide de revenir à ses premiers amours, le jazz acoustique (ce qui ne l’empêcha pas par exemple, et sans aucun doute par amitié pour le trompettiste Freddie Hubbard, enregistrer encore quelques disques avec un piano électrique comme sur Sky Dive en 1972 voire même en tant que leader sur Ruta and Daitya avec Jack DeJohnette la même année). 1971, année qui vit le label Atlantic se séparer de Jarrett, non sans se mordre les doigts bien des années plus tard… Jarrett signant en novembre de la même année sur le jeune et prometteur label munichois de Manfed Eicher, ECM. Collaboration fructueuse et riche puisque cette décennie verra Keith Jarrett mener à bien deux quartettes distincts, l'un profondément ancré dans la culture américaine et l’autre avec en son sein trois musiciens européens (soit Jan Garbarek, Palle Danielsson et Jon Christensen).

Ninth Moon Black - Ninth Moon Black (2008)

Pour ceux qui l'ignoraient encore (les bienheureux?), le préfixe post pour définir une musique [1] peut très bien s'accommoder à toutes les sauces... même les plus épicées. Et en matière de rock' n' roll [2], le punk fut sans doute le premier à avoir eut droit à ce sobriquet gentiment foutraque. Le post-punk ayant même la délicate attention de pousser du pied son ainé avant même que ce dernier n'eut le temps de pousser son dernier soupir [3]. Le début des hostilités ayant été sifflés, vinrent à la pelle comme on ramasse les feuilles mortes, le post-rock, le post-hardcore et certains poussant même le vice à créer l'étiquette post-grunge... Jamais avare à imaginer une nouvelle branche à son arbre déjà bien garni, le metal, sous la houlette des groupes précurseurs tels que les Melvins, Godflesh et surtout Neurosis, vit ainsi l'émergence courant 90's du post-metal, genre métallique faisant ainsi le lien entre le post-rock et le metal... tout en n'oubliant pas d'incorporer des influences aussi diverses que l'ambient, le drone, l'industriel ou le hardcore pour les plus gourmands/aventureux, avec comme figures tutélaires les précédemment cités Neurosis, Isis ou Pelican. Voici pour les présentations d'usage.

Crazy Life - Gino Vannelli (1973)

On a beaucoup glosé sur l'influence qu'a pu avoir la diaspora italo-sicilienne dans la musique, et cette propension à regarder tomber la neige, quand la demoiselle ne vient pas le soir. Pourtant, on aurait tort ô sinistre public français d'oublier l'un des plus bels étalons que la Botte transalpine ait offerte au continent nord-américain et au monde entier [1], le beau et fringant Gino Vannelli.

Découvert il y a peu par le préposé, le hasard faisant décidément bien les choses, notre chanteur à la crinière au vent fait étrangement partie des rares artistes anglophones mondialement connus, qui furent sacrifiés sur l'autel de la sacro-sainte diversité culturelle française. C'était également sans compter, faut-il le rappeler, le monopole, voire la vile OPA lancée par les chanteurs italo-belges sur notre belle contrée barrant ainsi sournoisement la route à un artiste au charme ravageur, dont le seul défaut aura été de chanter dans la langue de Barry Manilow.

Notre bellâtre canadien à la peau mat et chemise ouverte eut très tôt droit à une éducation musicale, le jeune Gino ayant grandi dans une famille où la musique tenait une place importante avec un père chanteur de jazz. Se forgeant ainsi une oreille au cours de son adolescence passant du jazz, à la pop en passant par le R&B et la musique classique, Vannelli s'octroyait une formation solide et un passeport pour une future carrière dans la chanson, comptant sur son éclectisme et sa fougue pour lui ouvrir les portes de la gloire.

Infinite Search - Miroslav Vitous (1969)

Hasard du calendrier, après des journées entières d'interrogation à se demander sur qui, sur quoi, le préposé pourrait bien divaguer, ce dernier s'est rappelé au bon souvenir de l'année 1969 et de la nouvelle révolution Davisienne qui lança l'éclosion d'une nouvelle génération de musiciens.

Et parmi ces jeunes qui firent leurs gammes durant les 60’s avant que leur popularité n'explose la décennie suivante [1], le jeune tchèque Miroslav Vitous reste comme l'un, sinon, LE bassiste prodige des jeunes années du jazz-rock de la fin des années 60 au début des années 70, au sein du Weather Report (avec comme autres chefs de fil le saxophoniste Wayne Shorter et le claviériste Joe Zawinul).

Hedwig and the Angry Inch - John Cameron Mitchell (2001)

Hedwig ou l'histoire du jeune garçon Hansel, dont la particularité n'est pas tant d'avoir été élevé de l'autre côté du mur de Berlin, celui où la Stasi s'encanaillait avec la passion clinique qu'on lui connait à s'intéresser à la vie des autres, mais aussi et surtout à écouter la musique pop en provenance de l'ouest, le tout... la tête dans un four (1). Hansel fait la connaissance du G.I. Luther Robinson, grand amateur de sucreries et de jeunes éphèbes (innocents). Mais avant de convoler en justes noces et permettre à Hansel de quitter cette morne plaine où les trabants fleurissent joyeusement, notre couple doit passer par la case chirurgie/boucherie plastique et faire ainsi de Hansel une femme... ou tout du moins s'en rapprocher. Meurtrie dans sa chair après cette opération ratée, la désormais prénommée Hedwig traverse l'Atlantique avec son yankee de mari, pour se terrer en plein... Kansas et apprendre le jour de son premier anniversaire de mariage que ce dernier la quitte pour un autre homme. Hedwig, seule, va dès lors surmonter ce coup du sort en formant un groupe de rock, the Angry Inch, référence à cette mutilation génitale héritée de son passé est-allemand. Un soir de concert dans une cafétéria de seconde zone, Hedwig fait la connaissance du timide Tommy Speck, jeune chrétien niaiseux (2) (comme le Kansas sait en produire fièrement depuis au moins deux siècles). Speck baptisé par Hedwig Tommy Gnosis, soit le futur phénomène du rock, et la future moitié (perdue) d'Hedwig...
 

...But Seriously - Phil Collins (1989) : ou la revanche de l'agent comptable

Je vois déjà mon lectorat s'interroger sur ma santé mentale. Depuis le temps que les signes l'annonçaient, il fallait s'en douter un jour où l'autre, le bon docteur a définitivement craqué (encore un effet secondaire malheureux dû au latex pourra toujours rétorquer Guic'). Certes, on a beau cultiver avec un plaisir non dissimulé un certain éclectisme en ce lieu où le plus innocent des fétichismes croise l'art du ninjutsu le plus échevelé, peut-on sérieusement tenter de manière aussi incontrôlée un tel dérapage? A sa décharge, le frankNfurter (1) est une espèce qui aime les défis et quand monsieur Sunalee lui a proposé de rédiger la chronique d'un album de l'homme qui tua les années 80 (2), il ne s'est pas fait prier... d'autant plus qu'il n'avait pas totalement le choix, de toute façon. C'était sans compter en effet sur le pouvoir de nuisance d'un sinistre et vil personnage qui erre sur ce blog depuis déjà bien trop longtemps, l'agent comptable. Et c'est ainsi, alors qu'il se faisait une joie d'être l'esclave d'une maîtresse tout de bottes vêtue, le bon docteur se vit devenir l'otage d'un quadragénaire bedonnant à moitié sourd (3) le forçant sans aucune hésitation, ni la moindre compassion, à co-écrire une chronique de l'album de Phil Collins, ...But Seriously.

Off the Bone - The Cramps (1983)

Je me dois de vous confesser une faiblesse qui est mienne, contrairement à ceux qui partagent ma condition [1], je n'ai jamais pris de plaisir à rôder dans le rayon lingerie d'un grand magasin. Et je prends à témoin mon lectorat, faut-il être rustre et grossier pour éprouver un quelconque plaisir à flâner prêt des cabines d'essayage, et espérer voir ses râles lourds de sens et autres respirations haletantes masqués par le frottement libertin de la dentelle contre la chair voluptueuse de ces dames innocemment dévêtues. Frustres sont ces hommes à la morale douteuse, car avouons-le, qui y-a-t-il de plus affriolant qu'une fine cheville mise en valeur par le cuir souple d'une bottine ? Mais je me dois de faire amende honorable, j'ai par mégarde induit en erreur des lectrices bien intentionnées car, point sectaire, je suis... et la bottine est loin d'être en vérité mon talon d'Achille. La bottine est à ce titre ce que le foulard est aux menottes, un palliatif, certes subtil et raffiné, mais celle-ci souffre de la comparaison avec celles que toute maîtresse se doit d'exhiber, symbole de son emprise et de sa grâce. Chaussures portant haut et fort cet ascendant tout naturel sur les hommes en mal de soumission et qui me conforte un peu plus chaque jour dans mon fétichisme, les bottes cavalières. Et quand bien même la rousse Poison Ivy est plus connue pour ses hauts talons, il n'empêche, le duo qu'elle formait avec son regretté mari Lux Interior, the Cramps, n'en reste pas moins l'un des meilleurs groupes de rock'n'roll chantres du fétichisme [2].

Time Fades Away - Neil Young (1973)

L'abandon, geste cruel n'est-ce pas? Et pourtant, en dépit de joyeux moments passés ensemble, quelques personnes sans scrupules n'hésitent pas à se rendre coupable d'une telle lâcheté. Certes, ces individus à la morale légère ont toujours une excuse valable, "tu as toujours été bon et loyal avec moi, mais six années, c'est la fin d'un cycle, vois-tu", "et puis, je ne t'abandonne pas, je t'offre une nouvelle vie chez un nouveau propriétaire" ou pire " non mais ça ne vient pas de toi, c'est de ma faute...". Mais au fond, on sait pertinemment que si elle se sépare de nous c'est parce qu'on lui fait honte. Alors on se persuade qu'il vaut mieux effectivement quitter ce cocon, où les bons souvenirs sont légions, en sachant qu'on sera prochainement remplacé par plus jeune que nous. Partir avant de s'entendre dire une horreur du genre: "de toute façon, c'est fini entre nous, t'es trop gros et tu pues le vieux". Pour ne pas tout gâcher, on tente de profiter au maximum de ces quelques jours avec celle qui partagea notre existence durant ces six belles et heureuses années, se souvenir lorsqu'elle se blottissait contre nous et se languissait à nos côtés. Puis on espère au plus profond de notre mousse en polyuréthane, que cette vaine chimère de finir ces jours chez un étranger ne va pas se conclure honteusement par un misérable et pitoyable ramassage par ces sinistres encombrants. Car toi qui me lis, sache que la vie d'un canapé-lit n'est pas si facile.

Godflesh [EP] (1988): Industrial metal - year zero

Birmingham, ville de contrastes musicaux. Cité originelle de Black Sabbath, de Duran Duran, Steel Pulse ou de Napalm Death. Prenez ces derniers. Une bande de gamins désœuvrés, sevrés à l'anarcho-punk qui vont sinon révolutionner le punk, en tout cas pousser le crust dans ses derniers retranchements à savoir le grindcore. Parmi les nombreux musiciens qui graviteront autour de cette jeune formation durant les 80's, retenons trois noms : le guitariste Justin Broadrick, Nic Bullen et le batteur Mick Harris. Trois musiciens qui ont la particularité d'avoir débuté dans le premier groupe de grindcore et qui s'en détacheront pour aller former (paradoxalement ?) les deux fers de lance du metal industriel britannique : Godflesh (avec Broadrick) et Scorn (avec Harris et Bullen).
 
Après avoir rejoint Napalm Death à la demande de son ami Bullen, et enregistré la première face du désormais historique Scum, acte fondateur du grindcore, Justin Broadrick quitte le groupe pour rejoindre Head of David en qualité de batteur. Broadrick, ayant fait le tour pour sa part de ce punk extrême, cherche en effet à la fois à ralentir la cadence, et à se rapprocher davantage du noise-rock et des précurseurs de la musique industrielle. Enfin après l'arrêt de Head of David en 1988, il reforme Fall of Because (tiré du titre d'une chanson de Killing Joke) avec son membre fondateur, le bassiste G. C. Green, duo qui changera le nom du groupe pour s'appeler désormais Godflesh.
 

Inner City Blues - Grover Washington, Jr. (1972)

Souvent, à raison, comparé au même type de curée que peut être l'inoffensif et fade soft rock, le smooth jazz des débuts n'a pourtant peu de points communs avec ce "rock" anémié qui pollue encore et toujours la bande FM. Affadi, dirons-nous modestement, au cours des années en délaissant ses racines soul ou funky, le genre est devenu putassier, propre à plaire à un public de vieilles WASP ménopausées [1], ou dans le meilleur des cas, offrir un ameublement sonore idéal pour les soirées cocktail aux plus valeureux experts-comptables de la COGIP. 

Mais durant les 70's, quand bien même les puristes voyaient d'un mauvais œil le revirement de certains jazzmen établis pour ce genre ultra léché voire totalement surproduit [2], force est d'admettre qu'il serait dommage de tout jeter sans discernement. A titre d'exemple, Creed Taylor a certes produit des albums foncièrement commerciaux dans le mauvais sens du terme, mais d'autres restent encore aujourd'hui des classiques du jazz (Power of Soul d'Idris Muhammad). Le premier album de Grover Washington, Inner City Blues, pourrait ainsi aussi, à ce titre, faire cas d'école concernant cette dernière catégorie.

Le jeune saxophoniste, qui pour l'anecdote rencontra un certain Billy Cobham lors de son passage dans l'US Army [3], eut en effet l'opportunité d'enregistrer assez tôt son premier album solo, à l'âge de 27 ans, sa bonne étoile ayant décidé rapidement de lui porter chance. Le saxophoniste Hank Crawford ne pouvant se libérer pour une session d'enregistrement pour la filial soul-jazz de CTI, Kudu Records, Creed Taylor proposa ainsi au supposé inexpérimenté, Grover Washington, d'endosser le costume de leader pour la première fois. Enregistré en septembre 1971 sous la férule du producteur Bob James, l'album Inner City Blues, qui comme son nom le laisse deviner [4], est avant tout un album de reprises de soul, mais pas seulement. La set-list d'Inner City Blues croise en effet à la fois des futurs standards tel que l'intemporel Ain't No Sunshine de Bill Withers (sorti tout juste en septembre de la même année) mais aussi d'autres standards de la culture américaine tels que le blues Georgia on My Mind popularisé onze ans plus tôt par Ray Charles ou l'intemporel I Loves You Porgy de George et Ira Gershwin. Et histoire de calmer les esprits chagrins flairant le disque opportuniste (c'est vrai que sur le papier, on est en droit d'être dubitatif), ce premier album propose une version atypique d'une chanson de l'artiste folk Buffy Sainte-Marie Until It's Time for You to Go, tout comme une relecture du thème principal d'une obscure bande originale, sortie en 1971, du duo J.J. Johnson et Q [5], Man and Boy.

Inner City Blues s'ouvre par le classique de Marvin Gaye, introduite par la basse funky et ronde de l'incontournable Ron Carter et accompagnée pour l'occasion par le percussionniste brésilien, compagnon de route de Chick Corea au sein du Return Forever, Airto Moreira. Une reprise teintée de sophistication, tout comme celle de Mercy Mercy Me (The Ecology), mettant en lumière le talent de composition de Marvin Gaye, tout en évitant le piège de la préciosité. Appuyée par le souffle chaud et inspiré de Washington, cette cover offre une variation plus grand public sinon consensuel à la démarche jazz funk d'un Miles Davis, qui proposait au contraire à la même époque un funk ascétique, brutal, proche de la rupture (avec en point d'orgue le monstrueux On the Corner sorti la même année, en 1972). Bob James et Creed Taylor ne faisant pas les choses à moitié, l'album prévaut aussi par le soin apporté aux cordes et aux quelques chœurs qu'on retrouve par exemple sur le medley Ain't No Sunshine/Theme from "Man and Boy". Cette reprise instrumentale s'étirant sur plus de huit minutes avait de quoi faire craindre le pire, l'œuvre de Bill Withers faisant sans doute partie des plus beaux joyaux de la musique populaire US, une perle de concision de deux minutes. Pourtant tout comme pour la relecture Georgia on My Mind, Washington et consorts rivalisent de sensibilité, ce lyrisme qu'on pourrait taxer d'artificiel évite néanmoins le piège du sentimentalisme bon marché, l'écueil étant esquivé par un art du groove évidant, à la fois par le touché d'Idris Muhammad et par la guitare funky d'Eric Gale. Grover, aussi à l'aise au ténor, à l'alto qu'au saxophone soprano, n'hésite pas non plus au passage quelques incursions vers la bossa nova sur le thème qui paraissait le moins emprunt à ce jazz brésilien, à savoir Porgy & Bess.

Inner City Blues, un premier album prometteur pour un artiste qui, en prime de devenir un des saxophonistes les plus populaires de son temps (enfin sur le sol américain), allait ouvrir la voie à un style controversé. Un album grand public à la production "chargée" où l'on retient avant tout l'émotion, la sensualité et l'élégance.




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[1] Kenny G, l'un des "protégés" de Grover Washington, étant sans doute ce qui se fait de pire en matière de musique.

[2] C'est vrai que les intégristes ont été gâtés durant les 70's, entre le virage soul-jazz de certains et ceux qui ont viré au tout électrique, avec des fortunes diverses, nos puristes ont plus que rongés leur frein... So what ?

[3] Ce qui permis par la suite à Grover d'être présenté à plusieurs musiciens New-yorkais par l'intermédiaire de notre musculeux batteur, ce dernier jouant par la suite pour Washington sur All the King's Horses ou Soul Box en 1972 et 1973.

[4] Album reprenant au final deux chansons phares de What's Goin' On, le chef d'œuvre de Marvin Gaye sorti la même année, Mercy Mercy Me (The Ecology) étant aussi de la partie.

[5] Deux informations pour le lecteur qui souhaiterait briller en société, en particulier lors de dîners mondains ou pour les soirées de l'ambassadeur, J.J. Johnson est sans doute le plus grand joueur de trombone de tous les temps (vous me direz, ça se presse pas non plus au portillon de ce côté là...), quant à Q... il ne s'agit pas d'Algernon Boothroyd alias le Géo Trouvetou britannique au service secret de sa Majesté, mais bien sûr de Quincy Jones.

Class of 1984 - Mark L. Lester (1982)

Le cinéma nord-américain s'était emparé du problème de la violence scolaire en 1955 dans Graine de violence avec Glenn Ford et le jeune Sidney Poitier [1], mais quand l'ancien réalisateur de Ça cogne et ça rigole chez les routiers et futur cinéaste de Commando fait de même, à quoi pouvait-on s'attendre ? Le début des années 80 marque un tournant dans les thèmes abordés par le cinéma d'exploitation, en particulier depuis deux œuvres choc sorties au tournant de la nouvelle décennie: Mad Max de George Miller en 1979 et Escape from New-York de John Carpenter en 1981. Dès lors, le cinéma (ultra)bis va s'engouffrer dans la brèche du post-apocalyptique avec en point d'orgue l'année 1982 qui verra la même année sur les grands écrans cohabiter le meilleur, Mad Max 2 ou le délicieusement nanar Les guerriers du Bronx. Le film canadien Class of 1984 surfe ainsi plus ou moins sur la même mouvance, un vigilante en milieu scolaire, mais avec des jeunes "punks" tout droit sorti d'un post-apocalyptique transalpin avec cerise sur le gâteau, l'aspect anticipation puisque les faits se passe dans un futur proooooche... tremblez jeunes gens.

Mr. Hands - Herbie Hancock (1980)

A juste titre (1), ce blog a souvent raillé les travers des années 80, qui plus est avec une goutte d'amertume manifeste, au vu des trajectoires plus ou moins ratées des artistes issus des décennies précédentes (2). Le premier exemple me venant à l'esprit étant celle empruntée par le David Bowie des eighties, plus transparent et fantomatique que jamais comme nous le rappelait les premières chroniques du célèbre et désormais envié David Bowie Blog Tour 2009 (3). Pourtant, force est de constater que certains artistes n'ont pas attendu les années 80 pour se prendre les pieds dans le tapis, allant jusqu'à faire transparaitre le futur mauvais goût propre aux sonorités populaires des années 80 à de l'avant-gardisme? Encore une fois, à force de vouloir tirer sur l'ambulance, on enfonce avant tout de délicieuses portes ouvertes (c'est un pêché mignon, que voulez-vous). Ainsi, quand bien même certains prennent la précaution de relativiser à tours de bras, quitte à sortir de leurs chapeaux le fameux contexte historique aux grandes oreilles, nul ne peut décemment affirmer que les années 80 ont seules l'apanage du mauvais goût (4). Dès lors, on aurait tort d'oublier que des artistes, en plus de s'être « plantés » durant la décennie, qui fit de la musique désormais le faire valoir du vidéo clip, ont aussi enfilé quelques beaux plantages la décennie précédente.

Prenons Herbie Hancock, puisque c'est de lui qu'il s'agit, soit un des plus beaux exemples de jazzmen, symbole d'une génération à la recherche d'un second (voire triple) souffle. La mémoire collective retient en général de ce dernier avant tout son chef d'œuvre du jazz funk, Head Hunters, ce qu'on néglige, c'est l'après...
 

Low - David Bowie (1977)

On a beau être prêt à relever les défis les plus vicieux, accepter de participer au désormais fameux (et célèbre) David Bowie Blog Tour 2009, n'avait rien d'un pari sans risque. Or contrairement à mes autres camarades de jeu, le préposé à la chronique a réussi (non sans grâce) à éviter le piège tendu par Xavier, laissant à Arbobo, Thom ou Grisé les funestes albums des 80's de sieur David Robert Jones. Enfin... c'était avant de devoir chroniquer l'un des albums de Bowie les plus difficiles à chroniquer, soit le premier volet de sa trilogie berlinoise: Low. Prenons alors le problème inverse, fouillons les internets et retrouvons la retranscription d'une réunion qui s'est tenue dans les locaux de la maison de disque RCA datant de fin 1976.

Trio of Doom : McLaughlin/Pastorius/Williams (1979)

Des trios mythiques dans la musique, quand bien même il en existe bon nombre de surestimés (1), même mon agent comptable préféré vous dira que ce n'est pas ce qui manque. Maintenant, lorsque vous ajoutez comme nouveau paramètre des rencontres fantasmées voire totalement hypothétiques, le passionné de musique peut dès lors entrevoir une myriade de possibilités. Au début du mois par exemple, j'ai appris que Josh Homme accompagné de Dave Grohl et de John Paul Jones enregistreraient un album, tout du moins quelque chose qui ressemblerait à de la musique à Los Angeles (2). Le jazz aussi a connu de belles rencontres entre all-stars, qui plus est en trio, la première me venant à l'esprit étant le fameux trio Duke Ellington, Charles Mingus et Max Roach et leur Money Jungle de 1962. Concernant le jazz électrique, le format du trio pourrait en surprendre plus d'un si on garde à l'esprit les grands noms des 70's. Pourtant, on aurait tort d'omettre l'un des disques fondateurs du mouvement jazz-rock, Emergency du Lifetime de Tony Williams de 1969 qui déjà ne comptait que trois musiciens. Dix ans plus tard, on retrouve quasiment les mêmes, soit les deux tiers du trio originel, avec cette fois-ci en lieu et place de l'organiste Larry Young, l'étoile montante (et bientôt filante) de la basse électrique, Jaco Pastorius.

Ogre - Steven R. Monroe (2008)

En s'inspirant de la célèbre introduction du Captain Flam : au fin fond de votre errance, à des années et des années lumière de toute rémission, veille celui que le cinéphile déviant appelle, quand il n'est plus capable de trouver une solution à ses problèmes, quand il ne reste plus aucun espoir : le nanar horrifique. Voici donc la chronique d'une adorable catastrophe filmique annoncée, celle où l'auteur de ces lignes tentera de démontrer par A+B que la quête du pouvoir rime souvent avec un léger dommage collatéral pour la population de basse extraction.

Pour débuter, on appréciera la délicate accroche commerciale tentant de nous vendre cet Ogre en faisant référence à un autre congénère, vert de son état, qui truste depuis pas mal d'années les projecteurs hollywoodiens: "No Donkey. No Fairy Tale. Just TERROR" [1]. Bref, attention les jeunes, cette production, pour la chaîne câblée étasunienne Sci Fi Channel, réalisée par Steven R. Monroe, n'est pas là pour amuser la galerie. Voici donc le règne de la terreur, jeunes gens, un personnage de légende venu hanter vos pires cauchemars télévisuels... Dommage, finalement, que la seule chose qui soit un tant soit peu impressionnante soit ladite jaquette... étonnant, non ?

Aura (1985) : United colors of Miles Davis

Force est d'admettre, et au-delà de la formule qui pourrait aisément paraitre facile, les albums de Miles Davis des années 80 ont loin d'avoir la même fulgurance que ceux du passé. Décennie des plus paradoxales, à savoir celle du retour inespéré et de la starification, les disques 80's du ténébreux trompettiste souffrent de la comparaison. Or, Aura, son dernier album pour la Columbia enregistré en 1985 (on y reviendra), s'inscrit sans conteste comme l'un de ses disques les plus intéressants.

Après cinq ans de black out total, où encore aujourd'hui certains n'en ont pas encore fini de fantasmer sur cette période noire, Miles Davis revenait sur le devant de la scène avec son album The Man with the Horn. Bon gré mal gré, le mythe vivant poursuivait son chemin entouré d'une jeune garde allant du guitariste Mike Stern, du saxophoniste soprano Bill Evans [1] en passant par le fidèle Al Foster à la batterie, le bassiste Marcus Miller et le claviériste Robert Irving III. Pour le pire et pour le meilleur, ces deux derniers eurent une importance notable sur la production et les compositions de Davis durant ladite décennie. Toujours aussi versatile, humant l'air du temps, la fracture avec la jeune garde symbolisée par les Young Lions Marsalis s'amplifie. A une époque où le jazz revient vers un classicisme hérité du hard bop des 50's, Miles Davis lorgne de plus en plus vers la pop et le funk synthétique.

Sisters, soeurs de sang - Brian De Palma (1973)

Brian De Palma. Étonnant le parcours de ce cinéaste de la bande des cinq [1], longtemps sous-estimé par les critiques, au mieux juste bon à être comparé à un sous Hitchcock à la sauce barbu aux dents longues. Une vision d'autant plus paradoxal que ces supposés défauts, en particulier celui de proposer un cinéma (de genre) référentiel. Force est d'admettre, ceci dit, que l'œuvre et l'influence d'Alfred Hitchcock sur le cinéma de Brian De Palma n'est plus à prouver, ce dernier se déclarant ouvertement comme un de ses héritiers : Obsession ou relecture à peine voilée de Vertigo, sa « trilogie » [2] débutée en 1980 avec Dressed to Kill (Pulsions), et conclu par le mésestimé Body Double, sans oublier son cinquième long métrage, et premier hommage au maître, Sisters, sorti en 1973.

Rencontrés lors d'un show télévisé faisant la part belle au voyeurisme [3], la jeune mannequin et apprentie comédienne Danielle Breton (Margot Kidder) invite le soir même chez elle son compagnon d'infortune hertzienne, le prévenant Phillip Woode. Bien qu'importuné la veille, lors du dîner par l'ex mari de la jeune femme, le couple passe une excellente soirée et n'hésite pas à passer la nuit ensemble. Au matin, Woode apprenant à la fois que Danielle vit avec sa sœur jumelle et qu'il s'agit de leur anniversaire, achète un gâteau pour l'occasion, ce gentilhomme ne voulant en aucun cas semer le trouble entre les deux sœurs. De retour à l'appartement de Danielle, Woode se fait assassiner brutalement à l'arme blanche... tandis qu'une voisine, Grace Collier, assiste à l'agonie du malheureux de sa fenêtre. Cette dernière, journaliste pour un quotidien de Staten Island, décide alors de mener sa propre enquête avec l'aide d'un privé, la police ayant bouclée l'affaire faute de preuves... et de cadavre.

Twilight... au crépuscule de la niaiserie

Le préposé en convient, et vous pouvez en convenir, écrire une critique du dernier film phénomène adolescent n'est en aucun cas constructif, sinon un acte, le cas présent, de méchanceté facile. Le titre du post étant suffisamment éloquent, hormis vouloir (de nouveau) se poser en un garant d'une pose cinéphile pseudo élitiste [1], rédiger un post sur Twilight n'apporte rien. A l'image de ce long-métrage.
     
Twilight ou l'histoire de la jeune Bella qui du haut de ses dix-sept printemps doit désormais vivre chez son père, sa mère [2] désormais trop occupée à suivre sur les routes de la belle Amérique son second mari, joueur de baseball de son état. Non contente de devoir quitter l'Arizona et Phœnix pour déménager dans l'un des états les plus pluvieux des USA, l'état de Washington, (Isa)Bella se retrouve ni à Seattle ni à Twin Peaks, mais dans une bourgade appelée Forks, où l'on n'y décompte pas moins de 3000 âmes. Très vite intégrée au lycée local, Bella fait la connaissance du mystérieux Edward Cullen, un jeune homme lunatique, qui vit pratiquement en vase clos avec sa fratrie, ce qui n'empêche pas les deux jeunes gens de se sentir attirés l'un vers l'autre...
  

Avec ou sans bras... Chocolat, Claire Denis (1988)

Il serait dommage de ne retenir que les films les plus expérimentaux de la talentueuse Claire Denis à savoir Trouble Every Day ou L'intrus, quand bien même dans le premier cas, celle-ci filme à merveille les couloirs d'hôtel ou les assassinats sauvages dans les pavillons de banlieue.

D'autre part, en guise de préambule, on pourrait rappeler que Chocolat n'est autre que le premier film de l'ex-assistante réalisateur de Wim Wenders et de Jim Jarmusch... voilà de quoi éveiller normalement le cinéphile, n'est-ce pas (1)? Ainsi sur le tard, encouragée par le cinéaste de L'ami Américain, Claire Denis se lance dans l'écriture et la réalisation de son premier long-métrage, film qui comme c'est souvent le cas chez certains auteurs, retrace une part plus ou moins autobiographique de sa vie. Claire Denis va dès lors puiser dans ses souvenirs d'enfance, ceux de la petite fille qui grandit en Afrique coloniale lorsque son père était encore administrateur en Haute-Volta, au Cameroun et à Djibouti (2).

Alphaville : une étrange aventure de Lemmy Caution - Jean-Luc Godard (1965)

1965, neuvième film de Jean-Luc Godard en cinq ans, en attendant Pierrot le Fou la même année. Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution, ou le projet audacieux de retranscrire un univers déshumanisé, à la croisée du film d'anticipation, de la Science-Fiction et du polar. Un Godard qui dès son premier chef d'œuvre, A bout de souffle, s'était déjà essayé à une variation autour du film de genre, mais avec cette fois-ci en guest, l'un des héros populaires du cinéma de genre des 50's, Eddie Constantine.

Lemmy Caution, sous le nom d'emprunt Ivan Johnson journaliste au Figaro-Pravda [1], enquête pour le compte des pays extérieurs dans la cité futuriste Alphaville. Dès son arrivée à son hôtel, d'étranges phénomènes se produisent, il se fait agressé dans sa chambre par un inconnu et reçoit les avances d'une demoiselle... une séductrice d'ordre 3. Caution a pour mission de retrouver l'agent Henry Dickson (Akim Tamiroff), porté disparu, puis de ramener voire d'éliminer le créateur d'Alphaville, le professeur Von Braun (Howard Vernon). Au cours de son investigation, Lemmy Caution rencontre la fille du professeur (Anna Karina) et découvre un monde où les sentiments et la poésie sont bannis. Un monde où tout est dicté par une autre création du professeur Von Braun, l'ordinateur omnipotent Alpha 60. Les habitants y sont conditionnés. Nulle émotion ne doit apparaître sous menace de mort. Cette dernière étant considérée comme illogique. Un monde où on ne pose jamais la question "Pourquoi ?" mais où l'on doit toujours répondre "parce que".

Sepultura: Under Siege (Live in Barcelona)

Formé autour de l'ossature fraternel des Cavalera, Igor et Max, Sepultura nait en 1984 à Belo Horizonte alors que les deux frangins n'ont même pas encore 15 ans. Ainsi après des débuts fortement influencé par Hellhammer, Venom ou Sodom, le jeune groupe propose un thrash metal des plus véloces, et ceci jusqu'au début des années 90. Et il est vrai qu'à la différence des groupes américains de thrash, en particulier la fameuse scène de la Bay Area, Sepultura se distingue par des rythmes plus brutaux ou une voix écorchée. Dès lors, bien que restant dans un domaine purement thrash, le groupe de Belo Horizonte reste souvent affilié à la scène death US. Parallèle appuyé s'il en est, leur album Beneath The Remains et Arise étant produit par l'un des producteurs incontournables de la scène death en provenance de Floride, Scott Burns.

Après donc le coup de massue Beneath The Remains qui permit à Sepultura de se faire connaitre sur la scène internationale, avec en point d'orgue une participation marquante au Dynamo Open Air d'Eindhoven, les quatre brésiliens reviennent deux ans plus tard avec Arise en 1991. Album plus mature et mieux produit qui marque encore un peu plus la patte de Sepultura avec leur style à la contrée du thrash et du death. Néanmoins quelques évolutions musicales pointent à l'horizon, un léger virage expérimental qui aboutira au phénoménal Chaos A.D. Ainsi, Sepultura s'ouvre un peu plus à la musique industrielle et a la judicieuse idée d'ajouter quelques percussions, mettant à jour (sommairement certes) leur identité brésilienne. Mais Arise, c'est aussi une tournée dantesque de deux ans, où pas moins de 39 pays eurent droit aux assauts des Cavalera and co. Pays, il faut le souligner pour un groupe de metal ou de rock, ne se résumant pas seulement aux pays occidentaux.

Anges et démons: quand Robert joue avec le feu au Vatican

En attendant la prochaine adaptation de The Lost Symbol de Dan Brown, troisième volet des aventures capillaires du bon professeur Robert Langdon, les studios hollywoodiens ont eu la "riche" idée de défier la chronologie narrative et de sortir Anges et démons après Da Vinci Code [1] .

Mais commençons en préambule en faisant amende honorable [2]. Précisons qu'il ne s'agit que de la critique du film, et non du roman de Dan Brown. Le préposé à la chronique ne doute pas une seule seconde que le roman originel ne fait état d'aucune incohérence.

Le Vatican est en danger mes biens chers frères, mes chères sœurs. Et avant d'accuser les fondamentalistes de l'église évangéliste ou autres joyeux extrémistes que nous offrent gracieusement les trois grandes religions monothéistes, il convient de pointer tout suite cette infâme et rancunière société secrète, les Illuminati. Certes, par le passé le Vatican a eu la main lourde, il n'était guère populaire de prôner les vertus de la Science face à la foi catholique. Ainsi les Illuminati, après avoir subi une répression sanglante, se sont jurés d'anéantir l'Église catholique un jour ou l'autre. Or la bête, c'est bien connu, tapis dans l'ombre, choisit toujours le moment propice pour arriver à ses fins. A la mort du souverain pontife, comme le veut la tradition, le conclave doit se dérouler pour élire le nouveau pape. Les Illuminati décident alors de kidnapper les quatre cardinaux favoris et menacent d'en tuer un par heure à partir de 20h... en attendant minuit où le Vatican périra par le feu. La société secrète a en effet l'intention d'utiliser l'antimatière qu'elle a subtilisée au CERN de Genève pour offrir à Rome une nuit enflammée mémorable. Seule solution, envoyer prestement un émissaire du Vatican à Harvard pour demander l'aide du bon professeur Langdon...

Funny Games - Michael Haneke : l'horreur avec des gants blancs (1997)

Une semaine après la Palme d'or décernée à son dernier film, Le ruban blanc, intéressons nous à l'un des films marquants du controversé [1] cinéaste autrichien Michael Haneke, Funny Games. Film qui eut droit, dix ans plus tard, à son remake américain, et réalisé, une fois n'est pas coutume, par Haneke lui-même.

Funny Games narre le calvaire d'une famille venue passer quelques jours de vacances près d'un lac. Tout avait pourtant bien commencé pour Georg (Ulrich Mühe), Anna (Susanne Lothar) et leur fils. Ces derniers arrivent en voiture dans leur lieu de villégiature habituel tout en saluant leurs voisins au comportement étrangement absent. Une fois installés, en attendant de défaire leurs bagages, Georg et junior mettent à l'eau leur embarcation, le petit s'interrogeant sur l'absence de la petite Sissi. Pendant ce temps, Anna reçoit la visite de Peter (Frank Giering), un des hôtes de leurs voisins croisés précédemment, lui demandant, de la part de la maîtresse de maison voisine, quatre œufs. De sa supposée maladresse à son extrême politesse, le malaise s'accroît rapidement entre Anna et Peter, tension qui atteint sa première limite à l'arrivée de Paul (Arno Frisch), le partenaire de Peter. L'escalade de la violence est déclenchée. Le conflit larvé entre la famille et les jeunes étrangers explose, la famille devenant désormais l'otage des deux jeunes hommes.

Capitaine Orgazmo - Trey Parker (1997)

Populaire outre-Atlantique [1], le film parodique reste encore marginal en France, avec quelques exceptions telles que La cité de la peur ou les deux derniers OSS 117. A la décharge du genre, avouons toutefois que la parodie ressemble le plus souvent à un gloubiboulga, juste bon à accumuler les références cinématographiques, au détriment d'une certaine cohérence. Or, le film qui nous intéresse joue la carte du faux nanar, et flirte entre l'hommage et la parodie. Enfin, celui-ci peut-il être foncièrement mauvais quand le héros porte une magnifique combinaison rose et un orgazmo-rayon à son bras droit ? Petit rappel des faits. 1997 fut une année mémorable pour la paire Trey Parker et Matt Stone. En plus d'avoir enfantés le monstre South Park, ces derniers écrivent Orgazmo (VF: Capitaine Orgazmo), soit un délire potache hommage à la série Z, aux comics et... au porno de seconde zone.

Joe Young (Trey Parker), jeune missionnaire mormon ayant quitté son Utah natal se voit confier la mission délicate de prêcher la bonne parole à Los Angeles. Une tâche difficile, face à l'hostilité de la population locale, qui plus est lorsque votre chère et tendre est restée à la maison. Au détour d'une propriété, soit les joies du porte à porte, Joe se voit proposer grâce à ses talents en arts martiaux, le premier rôle dans une production porno pour jouer le rôle du charismatique Capitaine Orgazmo. Certes, tout ceci va à l'encontre de la morale mormone, mais les 20 000 $ que lui propose Maxxx Orbison (Michael Dean Jacobs) pourraient bien financer le mariage de notre héros. Et puis comme le souligne fort justement ce producteur (véreux ?), on ne demande à Joe que de jouer la comédie, pour le reste, on peut très bien faire appel à une "doublure-bite". Et c'est ainsi que Joe va se laisser emporter par le succès (troisième plus gros succès au box-office US entre Jurassic Park et E.T. svp), Orbison le soudoyant encore un peu plus pour tourner une suite. Mais le Capitaine Orgazmo n'est-il seulement qu'un personnage de fiction ?

Master : le corned-beef du death metal ?

En référence au non moins célèbre Bâfrons des Chroniques de la haine ordinaire de Pierre Desproges, le préposé n'est pas fait pour écouter continuellement une musique de haute tenue. Car un peu de sauvagerie primaire n'a jamais tué personne, qui plus est quand cette dernière vous est servie par tonton Paul Speckmann.

Formé par le bassiste Paul Speckmann et le batteur Bill Schmidt à Chicago en 1983, la même année que Death ou Morbid Angel, Master [1] fut l'une des premières formations de la jeune scène extrême à trouver un label au mitan de la décennie. Or, cruelle désillusion, leur contrat avec Combat Records, fin 1985, fut rendu caduc devant les exigences financières de leur manager de l'époque et d'une partie du groupe [2], laissant la place libre à Possessed, premier groupe de death metal à publier un album, le dénommé Seven Churches. Durant la seconde moitié des 80's, Speckmann and co purent dès lors « à loisir » constater l'étendu des dégâts. Master avait certes le statut de groupe culte, le groupe pouvait s'enorgueillir d'être les parrains de la scène extrême de Chicago, mais était devenu surtout spectateur de ce nouveau tourbillon musical. Fin de la décennie, le groupe signait finalement avec Nuclear Blast.

Liquid hip-hop - DJ Cam (2004) : ça coule de source (1)

En attendant une prochaine chronique musicale à la gloire de la carne en boîte et une autre au bon souvenir du cinéma ultra bis hong-kongais des 80's, voici la critique sans prétention d'un album d'Abstract hip hop qui du reste est lui aussi sans prétention. Liquid hip hop soit le retour d'un bon vieux hip hop old school des familles (2), histoire de faire plaisir aux blogueurs trentenaires et autres quadras (3) nostalgiques du Golden Age.

En 2002, on avait laissé Laurent Daumail alias DJ Cam avec son album fortement teinté de soul jazz Soulshine qui lui valut un succès mondial avec le single Summer in Paris (à défaut de succès critiques, celles-ci étant plutôt mitigées). Mais Cam l'avait déjà montré par le passé, plus ce dernier s'éloigne de ses racines, plus il a besoin de s'y replonger. En 1998, Cam avait ainsi sorti The Beat Assassinated, le voici donc en 2004 avec Liquid hip hop.

US Go Home - Claire Denis (1994)

Après lui avoir offert une courte apparition dans un de ses précédents moyens métrages Keep It for Yourself (1991), Claire Denis proposa à Vincent Gallo en 1994 un rôle secondaire plus conséquent dans US Go Home produit par la chaîne Arte dans sa collection Tous les garçons et les filles de leur âge [1]. Comme peut le laisser supposer le titre de la collection citée précédemment, l'histoire de ce moyen-métrage cerne les affres de l'adolescence.
 
1965. Martine (Alice Houri) vit avec son frère et sa mère en banlieue non loin de Paris : "pour y aller c'est tout une expédition, alors on n'y va pas". A cet âge où l'idée d'être considérée comme une adulte prévaut, la jeune Martine n'a qu'une idée en tête : perdre sa virginité. Sa mère accepte que cette dernière aille à une soirée à la seule condition que son frère Alain (Grégoire Colin) l'accompagne. D'abord réticent, Alain accepte de servir de caution à Martine et à sa meilleure amie Marlène (Jessica Tharaud), leurs chemins se séparant en cours de route, chacun allant dans des soirées différentes. Déçues par leur soirée initiale (les parents étant présents), les filles, et en particulier Martine, décident de rejoindre Alain à sa soirée adulte : "ici on couche".
 

Depeche Mode ou les mikados multicolores

Il faut admettre qu'en général je ne suis pas du genre à attendre grand chose des nouveaux disques sortis par les groupes qui viennent de fêter leurs 30 ans d'existence (1). Le nouveau Cure, le nouveau U2? Un peu de sérieux. A moins d'avoir oublié tout sens du raisonnable, défendre mordicus des groupes qui ont perdu lentement (mais surement) toute crédibilité au cours de ces 15-20 dernières années (2) relève de la pathologie, tout du moins du sacerdoce voire du sacrifice, à vous faire passer pour la nouvelle Sainte Rita. Concernant Depeche Mode, je dois avouer que depuis la douche froide Exciter (3), je suis loin de jouer les midinettes en attendant le cœur serré les nouveaux râles de Dave Gahan. Dès lors, même si Playing the Angel m'avait réconcilié avec l'ancien groupe de garçons coiffeurs, contrairement à certains admirateurs encore nombreux, j'étais loin de piaffer en attendant la sortie de leur nouvelle offrande au titre faussement arrogant, Sounds of the Universe.

Comme je l'annonçais dans mon introduction et contrairement à ce qu'on serait tenté de penser dans mon entourage, la question de savoir si Depeche était encore capable de sortir un album valable me parait suffisamment louable, qui plus est après trois décennies dans les pattes. Leur avant-dernier album ayant été une bonne surprise, un album qui rassura en grande partie les fans, les qualités de songwriter de Martin Gore étant de retour (4). Néanmoins, ma nature méfiante restait tout de même sur ses gardes concernant le nouveau Sounds of the Universe. Gore pourrait-il maintenir le cap?

Azuma-San!!! (Sono Otoko, Kyobo Ni Tsuki)

Violent Cop, soit ma troisième rencontre cinématographique avec Takeshi Kitano mais chronologiquement sa première réalisation, ce long-métrage étant sorti au Japon il y a tout juste vingt ans. Cela dit, il aura fallu attendre la consécration du metteur en scène nippon lors de la Mostra de Venise en 1997 et son film Hana-Bi, récompensé par un Lion d'Or, pour qu'en Europe, et plus précisément en France, on daigne ENFIN distribuer ses films antérieurs. C'est-à-dire ceux datant d'avant son premier coup de poing cinématographique qui le fit connaitre hors de l'archipel japonais, Sonatine.

Azuma est un policier assez particulier: individualiste, jusqu'au-boutiste. Il use de méthodes peu orthodoxes et se laisse facilement envahir par des accès de rage incontrôlée. Au cours d'une enquête sur la mort d'un dealer sans envergure, Azuma découvre un trafic de drogue orchestré par la pègre dont la source proviendrait directement de la police (1).

C.O.C. : Animosity Against Conformity (1985)

Formé au début des 80's en Caroline du Nord, Corrosion of Conformity n'a pas toujours officié dans un registre metal sudiste. Bien au contraire. En 1983, à l'instar des Suicidal Tendencies ou des Dirty Rotten Imbeciles (D.R.I.), C.O.C. enregistrait son premier album Eye for an Eye avec comme line-up : Eric Eycke au chant, le bassiste Mike Dean, Woody Weatherman à la guitare et Reed Mullin à la batterie. Musicalement, l'album évoquait les débuts de D.R.I, un hardcore agressif conjuguant rapidité avec durée expéditive.

En 1985, le bien nommé Animosity montrait un Corrosion au rang serré, Dean se plaçant derrière le micro pour les vocaux, avec Mullin en appui, Eric Eycke ayant quitté la jeune formation. Désormais en trio, C.O.C. a paradoxalement étoffé sa musique, ou plutôt épaissi celle-ci. La nouvelle scène extrême de la côte ouest ni étant sans nul doute étrangère, Animosity surprend immédiatement par sa nouvelle approche sonique. Dès les premières secondes, l'influence d'un Kill'em All parait ainsi évidente. Or si le morceau d'ouverture Loss For Words rappelle le son abrasif du premier Metallica, C.O.C. restait ancré toutefois dans un hardcore des plus féroces, en somme un des meilleurs représentants du crossover naissant, loin des griefs habituels que laissent poindre ce sous-genre par définition bâtard (soit une formation masquant ses lacunes par un mur de guitares thrashy).

Dünyayı Kurtaran Adam - Çetin Inanç (1982)

Mettons les choses au clair, tout de suite, pourquoi tant d'amour pour le dénommé film Dünyayı Kurtaran Adam, littéralement en anglais The Man Who Saves the World, appelé plus communément Turkish Star Wars ? Avant de développer quelque peu mon propos, la réponse parait limpide, car on a rarement vu un film atteindre un tel niveau de n'importe quoi! Le genre de film où l'on en viendrait à émettre des doutes sur la santé mentale des protagonistes, à croire que l'équipe technique était totalement shootée au rakı, un film qu'on rapprocherait avant tout aux délires d'une bande de gamins de 7 ans fan de science-fiction. Sauf que...

Le scénario, écrit par la star turc Cüneyt Arkın qui s'offre pour l'occasion le premier rôle (on y reviendra car là aussi, il y a matière à discussion... et à critiques élogieusement nanars), recycle grossièrement une histoire à la gloire de la SF naïve post-Star Wars. Deux pilotes de vaisseaux spatiaux après une bataille de stock-shots intergalactiques contre les vils méchants de l'Empire se retrouvent perdus sur une planète (interdite ?) envahie de stock-shots de pyramides de Gizeh. Sur cette planète moyennement hospitalière (au bout de cinq minutes nos deux héros se font tout de même attaqués par des cavaliers squelettes en mousse), Murat et Ali se font capturés et découvrent le triste sort réservé par l'Empereur à la population locale. Mais grâce à leur bravoure, nos pilotes venant d'une autre galaxie terrassent les pleutres aux ordres de l'Empereur et sauvent ainsi cette population asservie. Ce qui n'empêchera pas malheureusement le meurtre d'un enfant par le cousin éloigné de Robby le robot (Forbidden Planet). A noter, on en est pas moins homme, pendant que nos deux mâles se font panser leurs blessures, notre héros Murat (Cüneyt Arkın) tombe sous le charme d'une blonde à très forte... personnalité.

Nu Bop - Matthew Shipp (2002)

Longtemps réduit à la scène norvégienne avec comme figures de proue : Nils Petter Molvær, Bugge Wesseltoft, Eivind Aarset ou Audun Kleive,  le croisement jazz et musiques électroniques a toutefois trouvé d'autres émules au début du millénaire, à l'image du pianiste étasunien Matthew Shipp et son album Nu Bop. Annoncé comme le nouveau Cecil Taylor, du fait de son jeu dense au piano et percussif à ses débuts, le jazzman eut droit à une autre filiation à la sortie de ce Nu Bop en 2002 : Herbie Hancock.

Matthew Shipp décrit Nu Bop par ces mots: “Je sais qu’il existe un nouveau monde à explorer entre le free-jazz et les rythmes programmés qui semblaient deux choses impossibles à associer. Mais il s’agit du même contexte urbain“. Finalement comme ses aînés, Shipp s'inspire des musiques actuelles pour broder autour, tel Miles Davis en son temps. Cela dit, pour en revenir à Mr Hands, Nu Bop par certains aspects rappelle plus l'album expérimental d'Hancock Sextant que son hymne au jazz funk de 1973... car, expérimental, Nu Bop l'est assurément. Et Shipp s'en donne aussi les moyens. Entouré par des musiciens free-jazz ayant souvent joués ensemble, et indissociables de la scène new-yorkaise tels que William Parker à la contrebasse (compagnon de route de Cecil Taylor (finalement on y revient...) mais aussi de Shipp sur des précédents albums) et le souffleur (flûte & saxophone) Daniel Carter. A cela s'ajoute le batteur Guillermo E. Brown et un certain Flam aux synthétiseurs et à la programmation (qu'on retrouvera plus tard comme ingénieur du son pour DJ Spooky).

A la recherche de Fu Manchu

C'est pas pour dire mais s'entendre dire qu'on se complait volontairement dans une attitude snob du fait de son manque d'attrait pour la pop music, ça laisse dubitatif...

Forcément, il est de bon ton et surtout facile de se moquer ou conspuer l'œuvre entière de Coldplay ou la dernière offrande du plus grand groupe du monde... U2 (ce qui n’enlève en rien aux quelques critiques que j’ai pu lire fort constructives… rien à voir avec l’énorme blague publiée par les Inrocks sous la plume du très "objectif" Michka Assayas...). Au passage, y'a pas à dire, qu'ils s'agissent de ces irlandais ou d'un quelconque groupe remplissant les stades, j'adore les superlatifs de ce genre... C'est constructif et ça ne mange pas de pain ma bonne dame. Le genre de formule basique qu'on croirait tout droit sorti d'une chronique musicale d'un journal télévisé franchouille (ou faussement branchouille comme le Grand Journal...). Et qu'on ne me sorte pas encore l'argument post-attardé que tout vient d'un rejet de la musique commerciale (combien de fois j'ai pu l'entendre celle-là:"ah ouais t'aime pas les groupes commerciaux" sic...). Mais toute musique est en soit commerciale, hormis la parenthèse du téléchargement dit illégal, un disque n'est pas gratuit. Qu'un disque se vende à plusieurs millions d'exemplaires ne détermine ni ses qualités (argument souvent sorti par certains pour décrédibiliser les artistes qui vendent peu... un argument qu'on ne doit pas seulement aux fans de Toto ou de Dire Straits pour faire taire leurs contradicteurs, faut-il le rappeler) ni ses défauts ("ouais tu comprends coco, depuis qu'ils ont vendu leur dernier album par palette entière sont devenus des vendus, tu vois..."), au mieux les chiffres de vente donne une impression. Et un exemple qui me vient à l'esprit pour les fans de boursouflure, le groupe The Wallflowers mené par Jakob Dylan (fils de Bob) a vendu plus de disques sur le territoire US que son paternel. Pourtant, en laissant de côté les qualités de Wallflowers, il me semble que l'empreinte laissée par Dylan est d'un tout autre niveau...