Proto rap

Vendredi dernier, je vous parlais de Chuck D, et bien aujourd’hui un p’tit post pour un monsieur qui influença énormément le MC de Public Enemy, Gil-Scott Heron.

Ce personnage apparaît au bon moment dans le paysage musical noir, à savoir au début des années 70’s: après les assassinats de Malcom X, Martin Luther King et les émeutes à Watts. En effet, hormis quelques exceptions, on peut dire que les blacks US musicalement sont assez propret (j’entend en musique dite populaire, je ne parle ni de jazz ni de blues et ni de Little Richard!), le plus bel exemple est la maison de disque Motown, dans le genre consensuel... Heureusement, la fin des années 60 va réveiller les consciences. Deux genres noires vont naître le funk initié par Sly et le dr funkenstein Georges Clinton et ce qu’on peut appeler le proto-rap, avec comme créateur Gil et the last prophet.

On notera qu’après avoir signé ses disques en solo, Gil les signera avec Brian Jackson, pour une très bonne collaboration, Jackson apportant une richesse musicale que n’avaient pas ses premiers disques. Puis ce fut la séparation (d’après le père Jackson, un problème d’égo, sans compter qu’il n’aurait jamais vu les sous venir...), et une bonne grosse traversée du désert pendant les années 80 (tiens comme c’est original), puis finalement un retour dans les années 90 (re-tiens comme c’est original…).

Par contre, aujourd’hui, je ne sais pas s’il est sorti de prison, quelques problèmes de shit…

Le Lou Reed du mois

Comme je l’avais souligné le 15 Septembre, les années 80 ont été moins préjudiciables à Lou Reed qu’à d’autres dinosaures issus des années 60 ou 70. Il faut dire que la production made in 80’s est déjà indigente et si vous ajoutez à cela une panne d’inspiration, on se retrouve avec des albums type Landing on the water du père Young (je crois que je m’y ferais jamais à sa période Geffen...).

Or Lou, justement, s’en tire pas trop mal. Après avoir quitté la décennie 70’s avec un album mariant son rock urbain et le jazz libertaire The Bells (avec le support de Don Cherry quand même), et un album très moyen en 1980, le sieur revient en 1982 sous les meilleurs hospices (une cure de desintox aidant).

En cette année, fini les égarements de production, on revient au bon vieux son rock sans fioritures et à la formule basique guitares/basse/batterie. Du coup l’album sonne intemporel si on le compare aux disques de l’époque, la facilité aurait été de se coller au son actuel, ce bon vieux rock FM, avec comme étendard Dire Straits, oui mais non…

Quand on pense qu’à pratiquement la même époque Dylan se fait produire par Mark Knopfler, sic...

Pour le seconder le bonhomme fait appel en plus à de très bons musiciens dont le guitariste Robert Quine, qui officia précédemment chez l’une des pointures du punk new-yorkais Richard Hell & the Voidoids.

Par contre seul fausse note de l’album, sa pochette, on reprend Transformer, on recadre et on rajoute du bleu... Mais bon, ce n’est qu’une pochette…

L’ancien décadent chauve

Avant de commencer, vous noterez que cette semaine c’est une spéciale 1982, année qui m’est cher pour une raison bien particulière d’ailleurs. Et justement, c’est à cette époque que Brian Eno clôt sa quadrilogie Ambient, commencée quatre ans plus tôt, avec On land. D’ailleurs l’album regroupe justement des enregistements qui datent de ces quatres années, histoire de finir et de synthétiser en beauté cette quadrilogie.

Eno est donc à l’origine de la musique dite ambient, à la fois dans la continuité finalement de la musique minimaliste d’un Steve Roach ou celles composées par les allemands de Kraftwerk ou Tangerine Dream. Pour la filiation dans le meilleur des cas, on retrouve l’influence d’un Eno chez the Orb ou les premiers Aphex Twin, et de manière putassière malheureusement dans la New Age.
Personnellement, c’est mon préféré dans cette série d’albums, le plus sombre en tout cas.

Le patron dépouillé

Y’a quelques temps, le magazine US Rolling Stone a sorti un numéro spécial avec le classement des 500 meilleurs albums. Déjà, le principe des classements je trouve ça complètement ridicule. Et on en revient toujours au principe du prêt à penser, et finalement à un résultat consensuel. Et ça, j’exècre.

Pour finir dans les vingt premiers albums doit y avoir au moins quatre albums des Beatles et des Stones… choix qui me parait plus ce que discutable… Sans compter qu’il ne s’agit que d’artistes anglo-saxons…et que de pop-rock en général…

Quand je vois que Kind of Blue et Love Supreme sont très loin dans le classement, on sait déjà qu’on a à faire à des guignols… Idem pour Bowie, son premier album est Ziggy, hors tout bon fan de David Jones choisirait soit Low ou Hunky Dory… Et là, j’en viens au post d’aujourd’hui, pour le Boss, les deux premiers sont Born to Run et Born in the USA… Hors, si y’a bien un album qui me parait intouchable de Springsteen c’est bien Nebraska. J’ai jamais vraiment aimé la musique du Boss, jamais accroché à son rock, idem pour ses arrangements. Mais en 1982, le bonhomme nous pond une merveille de folk intimiste, parlant déjà des laisser pour comptes, album sombre, une perle noire.

Seul avec sa guitare sèche et son harmonica, les compos sont toutes excellentes. A noter qu’à partir d’un folk, il arrive à rendre hommage au groupe électro-punk Suicide sur le titre State Trooper, fort le gars.

Weimar 1919

Ça fait déjà trois ans que ces quatre anglais se sont fait connaître par leur premier et déjà cultissime disque Bela Lugosi’s Dead sorti en 1979. Bauhaus, car c’est d’eux dont il s’agit, font parti de ces groupes cultes que finalement peu de personnes connaissent mais qui ont eu une influence dans la musique inde. En effet, avec Joy Division, ces derniers sont les géniteurs d’un courant musical que l’on appellera plus tard gothique, enfin j’entends par leur progéniture, car ces deux groupes ne sont pas goth.

Tout comme le Ian Curtis band, Bauhaus fut influencé par le thin white duke (David Bowie), mais autant les mancuniens ont surtout retenu sa période berlinoise, nos quatre gaillards penchent plutôt pour sa période glam (ils reprendront d’ailleurs Ziggy Stardust). En effet, Bauhaus joue un rock nerveux, decadent reprenant le glam à leur propre compte, une version plus sombre, chaotique, torturé (le punk est passé par là). On retrouve le même gros son de basse que Joy Division, mais avec cette fois ci une batterie plus humaine et une guitare bien plus saturée et expérimentale. Et l’autre grosse différence vient du fait que Peter Murphy n’est pas neurasthénique, son chant est habité (c’est un admirateur d’Antonin Artaud).

Leur troisième album, The Sky’s Gone Out, dont est issu le titre proposé d’aujourd’hui, n’est sans doute pas leur meilleur album mais finalement celui qui synthétise le mieux leur style, la batcave. On retiendra que cet album s’ouvre sur une reprise d’un autre grand monsieur, Brian Eno, pour un Third Uncle, qui finalement fait plus fort que l’original (a mon avis).

Au final, Billy Corgan (The Smashing Pumpkins) peut les remercier…

Ne rien entendre, ne rien voir, ne rien dire

Un peu de punk ça manquait dans ce blog ! En 1982 sort un album qui fera date dans le petit monde du keupon illustré Hear Nothing See Nothing Say Nothing. Discharge fait parti de la seconde scène anglaise celle de l’apres Pistols et autre Clash, celle qui naît quand finalement le mouvement ou plutôt la mode punk disparaît, car le punk ne meurt jamais comme le clamera en ’79 Wattie Buchan « Punk’s not dead ».

La fin de l’utopie punk voit donc l’émergence de groupes tel que Discharge, The Exploited ou Crass. A la différence de leurs aînés, ces derniers sont plus radicaux, plus politiques et musicalement plus violents. Dans le cas qui nous intéresse, Discharge est à l’origine d’un style appelé le crust, à savoir un punk sale, lourd, minimaliste et rapide qui annoncera une autre évolution du punk encore plus extrême le grindcore. Il est aussi intéressant de noter qu’à la même période aux USA, le punk évolue de manière relativement similaire (en moins crade et politique quand même), on l’appellera le hardcore.

Apres avoir sorti bon nombre d’Ep’s, le combo se décide de sortir enfin son premier album en 1982. Et pour le coup, soit 24 ans après sa sortie, on comprend l’influence qu’a pu avoir l’album sur toute la scène extrême anglaise voir outre-atlantique. Le disque est violent, âpre, les morceaux sont basiques, courts mais en contre partie très efficaces et le disque a un son tout bonnement énorme, puissant, même encore aujourd’hui. Les vocaux de Cal sont à l’image de la musique, violents, très vindicatifs et les paroles ressemblent à des slogans politiques.
Un classique du punk donc, j’adore.


Abel Ferrara

Un des personnages les plus sympathiques qui soient. Un réalisateur complètement allumé. Un fou de musique. Un new-yorkais. Je suis fan.
Parmi les nombreux films que le bonhomme a réalisé, The addiction, est un cas à part. Tout d’abord, il est à noter que ce dernier est plus le bébé de son ex-scénariste attitré Nicholas St John que du géniteur de Bad Lieutenant. Mais ne nous arrêtons pas là, en effet ce long métrage reste cependant intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord, addiction, oui mais à quoi ? Au sang ! Ou comment faire un parallèle entre l’addiction subie par un junkie et celle d’un vampire. Nous suivons donc les pérégrinations d’une doctorante (Lili Taylor) en philosophie (ce qui fait que par moment, le film est assez baveux, on note alors au passage la vampirisation du réalisateur par le scénariste …) qui se fait croquer la jugulaire un soir (en même temps, j’en conviens, les vampires attaquent rarement en pleine journée). On assiste donc à sa transformation, à son devenir et à ses nouvelles rencontres (mention spéciale à Christopher Walken en vampire ascète et a la belle Annabella Sciorra).
Ma scène préférée ? Le pot de thèse qui finit en carnage.


Vincent Gallo

Ah !! Ce bonhomme je l’adore ! Il s’est mis presque tout le monde a dos dans le circuit très ferme du ciné inde US, du coup ça fait un bail qu’il a pas tourne... Une grande gueule, avec un ego, ma foi, conséquent, et même temps on sent chez le personnage des fêlures.
Le type veut qu’on l’aime, cherche une certaine reconnaissance, et même temps fait tout pour provoquer l’inverse. Personnage complexe donc...
Et en plus, notre gars souffre du syndrome Alain Delon, acteur, scénariste, producteur, et compositeur interprète... A savoir s’il parle a la troisième personne du singulier...
En 1998 sort son premier long métrage Buffalo ’66, qui n’a rien à voir avec la route du même numéro, mais plutôt avec l’équipe de Buffalo de 1966... L’expression qui me vient à l’esprit à la vision de ce film est « les loosers magnifiques », car dans ce film, on en a une sacrée brochette ! Deux trentenaires qui n’ont pas quitter l‘enfance, une mère fan de l’équipe de foot US, qui se repasse sans cesse la finale perdue de son équipe favorite...
Le résume du film est assez simple, après cinq années de prison, Billy Brown, libéré, kidnappe une lolita et lui demande de jouer le rôle de sa femme le temps d’un après-midi, notre homme rendant visite a ses parents.
Je retiens plusieurs moments forts, comme ceux ou le personnage joue par Christina Ricci fait des claquettes dans un bowling accompagnée par la musique de King Crimson « Moonchild », le père joue par Ben Gazzara qui reprend du Sinatra ou qui pète un câble pour une histoire de couteau pose sur une table, toutes les apparitions d’Anjelica Houston, complètement a la masse, ou la scène d’ouverture du film...
Parmi les deux extraits sonores, le second correspond justement à la première scène. Le personnage sort juste de prison, et apparaît des instantanés de sa vie en prison sur l’écran sous forme de post-it qui s’ajoute au fur et a mesure. La musique ressemble quant a elle, a du Brian Eno, période ambiant, mais jouée au piano, top délire mega cool comme dirait l’ami Boris donc.
Le premier extrait accompagne la première image du film, une photo de Billy Brown a l’age de cinq ans. Finalement, avec une musique pareille, on est déjà dans le bain...

« When I was a boy
All my life I've been this lonely boy »



on sent deja que le type a un leger probleme...

Vincent Gallo – Lonely Boy
Vincent Gallo – A Cold And Grey Summer Day

Michael Mann

Vivant dans un pays où la cinéphilie est aussi développée que l’amour que je porte à mon prochain, j’ai décidé, par nostalgie, cette fois-ci de faire cette semaine une thématique bande originale de film.
Et comme on est lundi, on va s’écouter quelque chose de bien barré (enfin plus que la normale).
Michael Mann, dont le dernier film est sorti il y a quelques semaines, Miami Vice (bel objet mais sonnant un peu creux), est surtout connu pour son film Heat, ou la rencontre (encore que, une seule scène ensemble) entre deux icônes du cinéma US, Al Pacino et Robert De Niro.
Or ce réalisateur, à l’instar d’un Martin Scorsese, a un talent certain pour choisir des chansons pour ses BO. En effet, peu de réalisateurs auraient eu l’audace d’ajouter a leur film un titre des « bâtiments neufs qui s'effondrent », groupe berlinois considéré comme un des précurseurs de la musique industrielle au même titre que Throbbing Gristle ou Cabaret Voltaire. Le groupe est surtout connu pour ses performances scéniques mélangeant instruments conventionnels (guitare, basse) et divers objets, utilisés comme matériaux sonores surtout pour les percussions. Beaubourg se souvient encore de ce jour ou, en 1987, le groupe jouait avec un marteau-piqueur...
Armenia est paru en 1983 sur l’album Zeichnungen des Patienten O.T.


Einstürzende Neubauten – Armenia