Hell Driver (Drive Angry) - Patrick Lussier (2011)

A quoi reconnait-on un grand acteur ? A sa capacité à surprendre ? Nicolas Cage, l'homme par qui le scandale capillaire arrive, celui qui ose maltraiter ses maigres cheveux pour mieux habiter ses rôles, nous livre de nouveau une performance poignante dans son nouveau film, que les distributeurs franchouillards ont eu le bon goût de renommer Hell Driver. De quoi nous faire patienter avant la suite des aventures du flamboyant Johnny Blaze ? On peut l'espérer.

John Milton (Nicolas Cage) est souffrance, John est douleur, mais Milton est surtout vengeance. Sa fille bien-aimée vient d'être assassinée par une secte satanique. Pire, sa petite-fille nouvellement née va devoir payer les errements de sa génitrice, ex-adepte et adoratrice du grand bouc. Être sacrifiée à la gloire d'une nouvelle ère, en voici un beau destin, mais qui n'est pas au goût de grand-papa... au détail prêt que Milton, futur bouffeur de satanistes en toc, devra s'évader de sa prison actuelle pour sauver la petite. Un pénitencier très chaleureux et en proie aux flammes : l'Enfer. Bref, Milton revient des morts et il est très en colère.

Cronico Ristretto: Inserts - John Byrum (1975)

Parmi les diverses recherches qui régissent la vie palpitante d'un préposé en cinéphilie, celle de trouver des films rares, de qualité acceptable et plus si affinités, reste l'une des plus accaparantes et néanmoins gratifiantes... tout du moins lorsque le dit long métrage appartient à cette catégorie. Or méfions nous des faux amis; l'aura culte d'un film est loin d'être en soi une raison suffisante. Le long-métrage britannique Inserts (Gros plan) avait pourtant de nombreux arguments pour constituer une proie honorable au tableau de chasse, en premier lieu son casting: un jeune Richard Dreyfuss post-American Graffiti et pré-Jaws, la belle Jessica « Phœnix » Harper post Phantom of the Paradise et dans une moindre mesure la paire Bob Hoskins/Veronica Cartwright [1]. Las...

Hollywood des années 30. Le réalisateur surnommé Boy Wonder (Richard Dreyfuss) vit reclus dans sa villa. Mis au ban par la Mecque du cinéma, peu enclin à supporter les divers excès, artistiques et éthyliques, de l'ex-enfant prodige, notre agoraphobe pestiféré des plateaux continue néanmoins de tourner... pour un public d'initiés, celui des "pervers syphilitiques" selon ses propres mots. S'enfonçant encore un peu plus dans un état d'ébriété avancé après les performances calamiteuses et l'intelligence limitée de son premier rôle masculin, la journée du cinéaste éthylo-porno vire encore un peu plus au fiasco après l'apparition du producteur en chef, Big Mac (Bob Hoskins).

Cronico Ristretto: Berlin 1885, la ruée sur l'Afrique - Joël Calmettes (2011)

Si l'existence de la conférence de Berlin (qui débuta le 15 novembre 1884 pour se conclure le 26 février de l'année suivante) est connue des spécialistes, son histoire et son déroulement le sont beaucoup moins. Quatre mois au cours duquel les grandes puissances européennes, ainsi que l'Empire Ottoman et les États-Unis, conviées par le chancelier allemand Bismarck, vont décider du sort d'un continent: l'Afrique. Si des comptoirs et territoires côtiers africains furent déjà annexés avant cette date par la France, le Portugal ou le Royaume-Uni, la conférence aura le privilège néfaste de codifier la future main mise ou l'exploitation de cette terra incognita, et bien sûr (les bienfaits de) sa mission civilisatrice (sic), sans qu'aucun africain ne soit invité à cette conférence...

Voilà environ un quart de siècle que l'idée trottait dans la tête du réalisateur Joël Calmettes, s'intéresser à cette page méconnue dont l'influence et les conséquences tragiques sont encore palpables aujourd'hui [1]. Or, si l'on connait bien la résultante de cette conférence, les débats et autres négociations restaient quant à eux introuvables. Calmettes se mit dès lors à la recherche des archives diplomatiques, trouvées à Coblence par des documentalistes. Le voile de l'histoire pouvait enfin tomber.