Zuma: pour le petit oiseau diurne insomniaque

C'est pas pour dire mais quand vous aspirez à un peu de calme, il faut toujours un énergumène dans le cas présent un oiseau, mi-pic vert mi-choucas (bonjour le mélange... ceci dit on a vu pire par le passé, souvenez vous d'un certain Gonzo the great, fruit des amours d'un renard argenté et d'une dinde, ok je m'égare un peu...), pour vous rappeler que ça fait déjà plus de dix jours que vous n'avez pas posté le moindre billet. En même temps, avec les vacances...

Après avoir bien plombé l'ambiance ainsi que les ventes de ses albums, Neil Young publie le 10 Novembre 1975 l'album Zuma. Il faut rappeler que notre Loner préféré revient d'une période plutôt difficile à savoir la mort de son ami Danny Whitten, guitariste du Crasy Horse, en Novembre 1972. Young excédé par les abus du guitariste, héroïnomane depuis la fin des 60's, et déjà viré par ses anciens collègues du Crasy Horse, se fait aussi remercié par Young, lui donnant au passage un billet d'avion pour Los Angeles et 50 dollars... Whitten qu'on retrouve plus tard à L.A.... mort par overdose. Ainsi naquit par extension, la "fameuse" Ditch trilogy de Neil Young, soit sa période la plus sombre artistiquement, fruit de son état dépressif, nourrit par son sentiment de culpabilité.

Il aura fallu ainsi plus d'un an à Neil Young, entre juin 1974 et août 1975, pour enregistrer un successeur au brillant mais terriblement noir, Tonight's the Night. Ceci dit, le label Reprise ne sorti cet album (datant en fait de 1973) que le 20 Juin 1975, soit 5 mois avant Zuma. Du coup, la différence entre les ambiances de ces deux LP est pratiquement abyssale en comparant les deux titres qui ouvrent ces deux albums, à savoir le crépusculaire et éponyme Tonight's the Night et l'accrocheur Don't Cry No Tears.

Mais attention, ne pas croire non plus que le grand Young ait changé son fusil d'épaule, on retrouve toujours les ambiances mélancoliques d'une exquise finesse propre au Loner. Preuve ultime sur l'excellent (et peut-être ma chanson préférée de Zuma) Danger Bird, où Young nous gratifie de solos aériens tout simplement sublimes (secondé en rythmique par le remplaçant de Whitten, Frank Sampedro).

Le reste du LP nous présente ainsi, un peu à l'image de Don't Cry No Tears, un album de Neil Young orienté rock, plus "jovial", en tout cas plus mélodique et immédiat que ses précédents et torturés LP. On note la présence tout de même de deux chansons acoustiques, tout aussi indispensables, Pardon My Heart et Through My Sails avec la présence de ses compères Crosby, Still & Nash.

Et puis bien sûr, Zuma contient l'un des célèbres hymnes de Neil Young, Cortez the Killer (tout est dans le titre... disque interdit en Espagne sous Franco... étonnant, non?). Chanson qui une fois de plus démontre le talent guitaristique du garçon, un chef d'oeuvre.

Cronico Ristretto : Roberta Flack & Donny Hathaway

Découvert sur le tard par le préposé, voici quelques lignes consacrées à l’un des plus beaux duos qu’aient connu la soul music, Roberta Flack et Donny Hathaway.

Donny Hathaway n’aura attendu que son second album pour connaître le succès public en 1971. La même année, il collabore pour la première fois avec Roberta Flack sur la reprise You’ve got a Friend (de Carole King). Le succès étant au rendez-vous (classée 8 dans les US R&B charts), le duo enregistre et sort l’année suivante un album éponyme, Roberta Flack & Donny Hathaway, LP contenant le tube Where is the Love ? (élu meilleure performance vocale aux Grammy de 1972). Le succès du single You’ve got a Friend aidant, l’album se classe finalement troisième au Billboard (et deuxième US R&B charts).

36 ans après la sortie de l’album, la production n’a pas trop mal vieillie, bien au contraire ! Mais surtout, l’émotion est toujours présente, et celle-ci ne se fait pas prier dès le premier morceau, I (Who Have Nothing), chanson qui nous rappelle une fois de plus que Donny avait l’une des plus belles voix soul masculine (sinon la plus belle). Comme écrit plus haut, l’album contient le tube qui les a fait connaître à savoir You’ve got a Friend. Si celle-ci est réussie, son aspect calibré souffre néanmoins de la comparaison avec Be Real Black for Me par exemple. Comme dans ses enregistrements précédents, Donny fait quelques légères incursions vers le funk, comme sur l’intro groovy de You’ve Lost That Lovin’ Feelin’. Autre moment fort, Mister Hathaway chante seul sur le sublime For All We Know, seul au piano et accompagné par quelques cordes vers la fin en guise de conclusion. Histoire de faire tomber un peu la pression, le reste du LP est un peu plus léger (encore que…), voire frais comme sur Where is the Love ?, tube évoquant par son ambiance celui de Stevie Wonder You Are the Sunshine of my Life.

Le duo n’oublie pas cependant ses racines Gospel sur le poignant Come Ye Disconsolate. L’album se clôt par l’instrumental et mélancolique Mood, titre annonciateur des futures années de dépression du talentueux Donny.

Au final, un album à classer à part parmi les œuvres de Donny Hathaway mais qui contient quelques moments forts.