My love supreme

J-C, initiales d’un prêcheur vivant il y a deux milles dont les apôtres putassiers ont perverti son message. Oui, mais pas seulement, ce sont aussi les initiales d’un génie de la musique, autant incompris qu’adulé en son temps et de nos jours.

En ce vendredi, je voulais poster une musique à la fois sereine, poignante mais aussi puissante. Et le choix d’Alabama de John Coltrane me paraissait judicieux. Enregistré en novembre 1963, sorti sur l’album Live at Birdland, ce titre fait référence à une tragédie perpétrée à Birmingham, en Alabama où quatre fillettes noires furent tuées dans un attentat à la bombe visant une église baptiste.

Moins d’une semaine après cet enregistrement, un président américain qui s’était battu pour les droits civiques du peuple afro-américain était abattu à Dallas...

John Coltrane – Alabama

Amour perdu

Aujourd’hui je rendrai hommage à un artiste qui s’est brûlé les ailes (un de plus), et qui est mort le 3 août dernier. Arthur Lee (et oui la feinte, c’est pas Syd Barrett) fonda dans les années 60 le groupe de rock psychédélique Love. Après un premier album influencée par les Byrds, le gars va nous sortir un disque qui à défaut de se vendre comme des petits pains va influencer tout une scène psyché encore naissante et qui en récoltera d’ailleurs les fruits.

Da Capo (1967), le bien nommé, comprend deux faces bien distinguées, la première des chansons psychédéliques à format court, contenant à la fois de la pop baroque et quelques espagnolades. La seconde face ne comporte qu’un titre de 19 minutes. Il faut savoir qu’a cette époque, il s’agit d’une première pour un groupe pop, le rock prog n’existant pas encore, personne n’avait osé faire exploser les structures de la sorte sur une face entière. On retrouvera l’influence du groupe chez les Doors voir même chez Hendrix, qui était fan du jeu de guitare d’Arthur Lee. Après cet album, Arthur et son groupe sortiront leur chef d’oeuvre Forever Change, mais ça, c’est une autre histoire (ouais la fin était facile, mais je pouvais pas m’en priver) ...

Love – Seven & Seven Is
Love – The Castle

La division de la joie

En attendant que je m’intéresse au cas Layne Stayley, occupons nous plutôt du cas Ian Curtis. Ah, si y’a bien un groupe que j’affectionne c’est bien Joy Divison, qui résume parfaitement ce qu’est la joie de vivre, la foi en l’homme, et tralala itou...

Pour ceux qui ne le sauraient pas la division de la joie n’étaient autre que le nom qu’on donnait aux prostitués offertes aux SS, on est déjà dans l’ambiance... Ça calme un peu.

Ce groupe résume parfaitement l’évolution du punk, ou plutôt la philosophie qui en découlait. La rage du No future s’est muée en désolation, en désillusion. Et le meilleur vecteur de ce sentiment est la voix du chanteur Ian Curtis car dans le genre désespéré le type est un modèle du genre. Musicalement, c’est un punk qui a muté, une grosse basse, une guitare qui brode autour et une batterie mécanique, le tout enrobe dans un espace clinique, froid.

On constate d’ailleurs encore le génie musical de Bowie qui avec sa trilogie berlinoise annonçait justement ce qu’on appellera plus tard la cold wave...

Pour la petite histoire, Ian Curtis s’est pendu en 1980, juste avant la sortie du second album du groupe.

Joy Division – She’s Lost control (BBC sessions)

Le président Fela

Dans la culture populaire on cite souvent Bob Marley comme le meilleur porte parole musical tiers-mondiste. Or il serait dommage d’oublier l’autre grande figure de la musique noire du XXeme siècle (en occultant celle provenant des USA), à savoir, le nigerien Fela Kuti. Et pourtant le bonhomme est aussi important pour sa musique que pour son engagement. Dans ses textes, il dénonçait la corruption des régimes africains et prônait le panafricanisme, la réunion à partir des valeurs africaines des africains et descendants d'africains dispersés sur la planète.

Fela est l’inventeur de l’afrobeat, un mélange de funk, de jazz et de musique africaine, à savoir le pont originel entre James Brown et John Coltrane. Le morceau Buy Africa est issu d’un de ses premiers disques Fela's London Scene enregistré a Londres au studio Abbey Road avec le support de l’ancien batteur de Cream, Ginger Baker.

En guise de conclusion, l’homme est mort en 1997, usé par les séjours en prison, les tortures et finalement rongé par le SIDA.

Fela Kuti – Buy Africa

Chuck RIP

En ce début de semaine, j’entame une spéciale « à nos chers disparus ».

Et désormais, comme lundi ne rime plus avec ravioli mais plutôt « viens par ici que j’t’explose les tympans à coup de tisonnier ! », nous allons nous recueillir sur la dépouille de Chuck Schuldiner. Alors vous allez me dire mais qui c’est ce type ? Bon premièrement ça commence mal, il porte le même nom qu’un acteur (?!) connu pour ses rôles mémorables de Bradock et autre Walker. Mais il ne faut pas s’arrêter à cela, en tout cas, pas encore. Le dit monsieur est simplement le géniteur d’un groupe Death et d’un genre musical apprécié par la ménagère de moins de 50 ans à savoir le death metal. En lisant ça, je me doute déjà que le peu de personne qui lise ces lignes, la grand majorité, ce sont déjà barrée, mais ce serait dommage.

Bon je ferais pas l’historique complet du genre, mais pour faire simple c’est dans la continuité de ce qui faisait au début des années 80 avec les ménestrels Slayer, à savoir plus vite, plus lourd, plus agressif. Après des débuts primaires, le style c’est étoffé, devenant plus technique, plus mélodique s’ouvrant même à d’autres styles musicaux.
Dans le cas qui nous intéresse, Schuldiner (car Death était son projet, et autour se greffait des musiciens) a toujours cherché à faire évoluer ce style, en particulier quelque chose de plus progressif tout en voulant garder un aspect émotionnel intact (pour les p’tits malins, je rappelle que la colère est une émotion…).

En 1991 sort l’album Human considéré comme son meilleur avec la fine fleur du techno-death, à savoir les musiciens de Cynic. On navigue entre violence maîtrisée et rigueur instrumentale (par moment on frôle le démonstratif, je l’admet…). Je voulais pour commencer proposer un instrumental, histoire de se familiariser avec le style, me disant que pour les vocaux particuliers on attendrait un peu. Mais, vu que le jugement de cette musique est déjà fait, pourquoi y mettre des gants. Donc le morceau proposé commence comme du prog, et après …

Pour finir sur une note gaie, Chuck est mort en 2001 des suites d’une tumeur au cerveau.

Death - Lack Of Comprehension

Lundi c’est carnage à tous les étages

Je vais tenter de maintenir le lundi comme une journée un peu spéciale, juste après le week-end, la tête encore embrumée, un peu de musique inécoutable pour le commun des mortels devrait vous réveiller.

J’aurai pu commencer par une berceuse contée par nos amis poètes berlinois Atari Teenage Riot, mais on va faire cette fois-ci dans le velu et le tatoué.

Nous voici donc à Brooklyn, à l’époque la grosse pomme n’avait pas encore perdu ses jumelles. En 1994, dans l’espace musicale pour les jeunes rebelles, le mélange rock et rap est encore à la mode. Le fer de lance, pas les premiers mais en tout cas les plus gros vendeurs, sont la rage contre la machine. Mais ils ne sont pas les seuls…

Biohazard officie dans un hardcore made in NYC accompagné de grosses guitares saignantes (dans la continuité des groupes cultes Agnostic Front ou Cro-Mags) avec incorporation de vocaux rap. Dans la grande tradition punk, les paroles sont assez engagées, et petite particularité, le groupe a deux vocalistes. A noter que pour l’album de cette année State of the world address, il y a en guest sur un titre Sen-Dog du groupe de rap Cypress Hill.

Personnellement, je considère ce deuxième album plus abouti que le premier, plus diversifié, moins linéaire avec d’ailleurs piano et guitare acoustique (pour un groupe à connotation punk, c’est assez original…). Apres le groupe laissera tomber cette « sophistication » pour un côté plus brut, plus direct, moins original et donc moins intéressant.


Quand j'avais dit du tatoué, j'ai pas menti! - Evan Seinfeld (basse/chant)
Biohazard – Tales From The Hard Side