Ogroff - N.G. Mount (1983)

Présenté en avant-première mondiale lors de la première édition du festival du Super 8 organisé par la revue Mad Movies à Paris en 1983 [1], le film Ogroff jouit depuis cette date d'un culte, certes modeste, mais non démenti. Auréolé du titre de premier slasher français, cet OFNI, dans le paysage hexagonal, est l'œuvre de N. G. Mount, alias Norbert Moutier, créateur de Monster Bis, ou l'un des fanzines les plus connus de l'époque au côté du Ciné Zine Zone de Pierre Charles. Rêve insensé d'un amateur de cinéma bis décidé à tourner un long métrage d'horreur en Super 8, nanar gore invraisemblable réalisé avec une économie de moyens frôlant l'indécence, témoignage d'une époque révolue, Ogroff est tout à la fois, et bien plus encore. Diffusé par la suite dans les années 80 en VHS sous le titre Mad Mutilator, le film a été édité depuis en DVD par Artus Films dans une version collector trentième anniversaire. Culte.

Malheur à l'imprudent qui viendrait perturber la quiétude du résident et seigneur de la forêt Orléanaise : Ogroff. Pour ce bûcheron masqué, la Seconde Guerre mondiale n'est pas encore terminée. Nul peut échapper à sa folie meurtrière : homme, femme, enfant, pour chacune de ses victimes, la même sentence, mutilation, démembrement, puis la mort. 
  

The Witch - Robert Eggers (2015)

Remarqué et récompensé au festival de Sundance de 2015, lauréat du prix de la mise en scène pour Robert Eggers, The Witch aura autant suscité l'admiration que l'aversion du public, tant ce long métrage s'éloigne des films d'horreur contemporains. Une position qui n'est pas sans rappelée l'une des révélations, ou présentée comme telle, de l'année 2014, It Follows. A l'instar du second film de David Robert Mitchell, le scénario écrit par Robert Eggers se démarque des usuelles histoires de possession qui font encore florès Outre-Atlantique, pour revenir sinon aux sources du mal, du moins, aux prémices des hallucinations hystériques qui envahirent l'ancienne colonie britannique, et qui aboutirent au procès des sorcières de Salem en 1692 dans le Massachusetts. Entre thriller psychologique et film fantastique, le film promettait beaucoup. Trop. A l'image de sa bande annonce. Les meilleures intentions ne font pas toujours les meilleurs films, mais n'allons pas trop vite...

Nouvelle Angleterre, 1630. La famille de la jeune Thomasin (Anya Taylor-Joy), ses parents et ses frères et sœur, est menacée d'être bannie par la communauté de colons à laquelle il appartient, le père William (Ralph Ineson) ayant une autre interprétation de la bible. La famille décide de quitter la colonie et de vivre à l'orée de la forêt voisine. Quelques temps plus tard, la famille étant désormais installée, la mère, Katherine (Kate Dickie), donne naissance à un cinquième enfant, Samuel. Tandis que celui-ci était sous la surveillance de Thomasin, Samuel disparaît mystérieusement non loin du bois... 
   

The Sand - Isaac Gabaeff (2015)

Évoqué en conclusion de notre chronique du déjà navrant Blood Beach de Jeffrey Bloom, The Sand d'Isaac Gabaeff n'échappe pas à la règle, qui veut que la relecture d'un mauvais film a peu de chance d'être une bonne surprise. Présenté en avant-première lors du festival britannique FrightFest en 2015, ce long métrage accumule les tares que son seul budget restreint ne pourrait justifier. Une raison suffisante, en somme, pour le préposé à la chronique de faire l'éloge déviante de ce sable meurtrier, qui conjugue effets spéciaux numériques ratés et ressorts dramatiques grotesquement boursouflés. Gare à la vorace plage tueuse de spring breakers...

La nuit tombée sur une plage américaine, un groupe d'étudiants font la fête, quand deux d'entre eux découvrent, par hasard, un énorme œuf. Le lendemain matin, remis de leurs divers excès, plusieurs jeunes se réveillent : Kaylee (Brooke Butler) et Mitch (Mitchel Musso) sont dans la loge du maître-nageur, Jonah (Dean Geyer) le petit-ami de Kaylee est dans une voiture accompagné de Chanda (Meagan Holder), et d'un couple d'amis à l'arrière du véhicule, Vance et Ronnie, tandis que Gilbert (Cleo Berry) est coincé dans une poubelle. Or des autres compagnons de la soirée, il ne reste plus que leurs sacs de couchage vides. A son réveil, Kaylee aperçoit sur la plage une mouette qui se fait happer par le sable...
   

Propriété privée - Leslie Stevens (1960)

Protégé d'Orson Welles à ses débuts [1], dramaturge puis scénariste pour le cinéma (il adapta la pièce de Gore Vidal, Le gaucher, pour Arthur Penn), producteur et réalisateur, dont une majeure partie de son travail fut consacré au petit écran (il est le créateur de la série de science-fiction Au-delà du réel entre 1963 et 1965), le prolifique Leslie Stevens, à l'instar de son illustre Pygmalion, dût rapidement composer avec une industrie cinématographique, rarement conciliante avec les créateurs épris d'indépendance. Écrit à une époque où le puissant code Hays régissait encore la production des films aux États-Unis, le premier film de Stevens, Propriété privée, n'eut d'autre choix d'être produit sans l'appui des grandes majors hollywoodiennes. Thriller aux références sexuelles explicites et au voyeurisme revendiqué, condamné par la Ligue pour la vertu, l'odeur de soufre laissée par Propriété privée dispensa sans surprise en 1960 un parfum de scandale. Film noir longtemps considéré comme perdu, invisible depuis sa sulfureuse sortie, Propriété privée ressort dans les salles ce 7 septembre 2016 dans une version restaurée en haute définition 4K. 

Émergeant d'une plage longeant l'océan pacifique, deux vagabonds nommés Duke (Corey Allen) et Boots (Warren Oates) font escale dans une station-service de la Pacific Coast Highway. Ils y font la connaissance d'Ed Hogate (Jerome Cowan) venu faire le plein de sa rutilante Buick Skylark. De la même manière qu'ils l'avaient fait avec le patron de la station-service, les deux marginaux intimident le directeur commercial. Or peu de temps après, ils remarquent une élégante femme blonde (Kate Manx) dans une belle auto blanche. Ils obligent le représentant de commerce, sous la menace de leurs couteaux, à suivre la jeune femme jusqu'à une villa cossue dans les hauteurs de Los Angeles. Sur place, ils découvrent que la maison d'à côté est inhabitée. Ils décident alors de s'y installer incognito pour épier leur nouvelle voisine, Ann, qui passe ses journées au bord de la piscine à attendre son mari...