Flic ou ninja - Godfrey Ho (1986)

S'il est communément admis que feu Menahem Golan fut a l'initiative de la mode du film de ninja dans les années 80 à partir de L'implacable ninja (1981) avec Franco Nero [1], force est de constater, et ceci en dépit de ses louables efforts et de sa franchise American Ninja et ses quintuples volets, que le genre trouva à Hong Kong une réponse encore plus paroxystique en la personne du duo Joseph Lai / Godfrey Ho, respectivement producteur et réalisateur du film qui nous intéresse, Flic ou ninja. Prenant comme toile de fond le même schéma, à savoir une intrigue tournant autour d'un occidental rompu aux arts martiaux, ou « la revanche du petit blanc » pour reprendre les termes de Jean-François Rauger pour décrire ces séries B destinées au public occidental, le genre va pourtant connaitre un sérieux ravalement de la part des deux hongkongais pré-cités.

Adeptes de méthodes de production éprouvées, en recyclant au besoin plusieurs parties d'anciens films pour en créer un nouveau, Lai et Ho apportèrent par leur audace un vent nouveau au cinéma d'exploitation. Ecrit par un Godfrey Ho qui ne ménagea pas, comme à l'accoutumée, ses efforts, la richesse de Flic ou ninja en éblouira encore aujourd'hui plus d'un, tant le scénario aime à brouiller les pistes. Faire cohabiter deux histoires qui à l'origine n'ont aucun rapport peut déjà apparaître comme une gageure, mais quand celles-ci appartiennent à deux films différents, on touche au génie! Certes, certains esprits chagrins pourront toujours rétorquer qu'un tel procédé a ses limites, et qu'il s'agit de méthodes de margoulins, toutefois tout ceci n'est que peccadilles et autres billevesées de la part de cuistres incapables de reconnaître les améliorations stylistiques apportées par le cinéma bis.

Dragon Inn - King Hu (1967)

Première production taïwanaise de King Hu, après son départ de Hong Kong et le contrat qui le liait à la Shaw Brothers, Dragon Inn est le second wu xia pan de son auteur et son premier grand succès en Asie. Libre de toutes contraintes artistiques, Hu profita de l'autonomie que lui offrait la compagnie taïwanaise Union Film pour révolutionner, rien de moins, le film de sabre en cette année 1967 [1]. Deux semaines après la ressortie remarquée de A Touch of Zen, ce second long métrage de King Hu distribué par Carlotta ressort pour la première fois en version intégrale restaurée 4K. 

Chine du XVème siècle, durant la Dynastie des Ming, le loyal Yu Qian, précepteur du Prince et Ministre de la défense, est victime d'un complot et accusé à tort d'avoir aidé des étrangers. Yu Qian condamné à mort par Cao Shaoqin (Bai Ying), chef des eunuques qui se sont emparés du pouvoir à la Cour, ses trois enfants sont bannis à l'exil près de la frontière mongolienne. Mais celui qui contrôle la police secrète a d'autres plans, il prévoit en réalité de les exterminer en chemin. Sauvés une première fois par un inconnu, Shaoqin ordonne à ses deux fidèles commandants de préparer une embuscade à l'Auberge du dragon. L'endroit, habituellement désert en la saison, est bientôt envahi par les membres de la police secrète et par de mystérieux combattants…

Intimate Night with Stanley Clarke Band - New Morning, Paris, 26 juillet 2015

Habitué des salles de plus grande taille, le bassiste Stanley Clarke faisait une fois n'est pas coutume entorse à la règle, comme le soulignait l'intitulé du concert du dimanche 26 juillet, en se produisant au New Morning. Non sans une certaine appréhension, celle-ci confortée le soir même en écoutant d'une oreille distraite les propos passionnés des fans de jazz fusion présents, le préposé s'était toutefois résolu, et vite décidé, à assister à ce concert dès son annonce officielle, et ceci, quelque soit les supposés risques encourus...

Riche d'une quarantaine d'albums, la production discographique de ce quadruple récompensé aux Grammy Awards est à l'image de ce multi-instrumentiste, compositeur, chef d'orchestre, interprète, arrangeur, producteur, et compositeur de musiques de films (Boyz N the Hood) : versatile, au risque de s'aventurer très souvent dans des territoires éloignés du jazz, et d'apparaître paradoxalement comme un jazzman qui œuvra davantage en dehors de son cercle musical au grand dam des amateurs de la Great Black Music. En faisant fi donc des nombreux avertissements qui parsèment la discographie du bassiste, son lucratif virage funk dans les 80's ou plus cruellement, le manque de disques notables postérieurs à sa production 70's, l'envie de découvrir en chair et en os ce talentueux musicien se fit toutefois plus forte.