Funky front covers - Part XII

Chantons tous son avènement ! Depuis plus de dix ans, chaque année, nous attendons cet heureux temps, celui des Funky front covers ©. Ouvrons dès lors ensemble leur douzième édition, ou le meilleur du pire des pochettes les plus insolites ou sexuées des musiques funk, disco et consorts des années 70 et 80.

Depuis leur création en 2008, l'attentat dit capillaire est devenu au fil du temps un passage obligé, du moins un hors d'œuvre pictural à consommer sans modération :


Cronico Ristretto : Assmonster - Bill Zebub (2006)

Le cas a déjà été examiné par le passé. Bill Zebub a débuté au mitan des années 2000 une filmographie des plus improbables, située entre la comédie dite transgressive, la sexploitation et le film d'horreur supra-fauché. Conjuguant musique métallique et obsession mammaire, les productions Zebub se plaisent, si on en croit le premier intéressé, à jouer avec l'intransigeance monomaniaque des puristes. Soit. Délaissant un temps l'horreur, après Jesus Christ: Serial Rapist et le bien nommé The Worst Horror Movie Ever Made, le metalfreak natif du New-Jersey réalisait en 2006 sa nouvelle comédie intitulée Assmonster. Présenté par Zebub comme son premier long métrage parodiant les productions indépendantes, le film, sous-titré The Making of a Horror Movie, s'inscrivait comme le nouvel avatar dégénéré du King of the B Movies (?!). Avis aux amateurs.

Rencontré dans un parc, Bill (Bill Zebub) fait la connaissance de Lou Siffer (Fred Barnes), qui se présente comme réalisateur de films d'horreur et lui donne le DVD de son dernier long métrage, Vampire Suck, dans l'espoir qu'il en fasse la chronique pour son magazine The Grimoire of Exalted Deeds. De retour chez lui, Bill invite ses amis à le regarder. Film amateur vendu dans les conventions horrifiques pour la somme de trente dollars, Vampire Suck n'a rien de professionnel et s'avère être finalement une arnaque. De ce constat, Bill décide de faire de même et se lance dans la réalisation d'un film d'horreur...
  

A Brighter Summer Day - Edward Yang (1991)

Figure de la nouvelle vague taïwanaise, au côté de Hou Hsiao-hsien et de Tsai Ming-liang, Edward Yang, disparu à seulement 59 ans en 2007, aura donc attendu l'an 2000 et son dernier long métrage, Yi Yi, Prix de la mise en scène au festival de Cannes de cette même année, pour obtenir enfin une reconnaissance internationale. Salué par ses pairs dès son premier long métrage, Hai tan de yi tian, en 1983, Edward Yang réalise en 1991, sans conteste, son chef d'œuvre, A Brighter Summer Day. Primé au festival des Trois continents dans la catégorie Prix de la mise en scène [1], ce quatrième long métrage se démarque des films réalisés lors de la décennie précédente par son ampleur affichée. D'une durée de presque quatre heures, avec la participation de près d'une centaine d'acteurs, Edward Yang livre avec cet ambitieux A Brighter Summer Day autant une fresque romanesque qu'un témoignage cru sur un pan occulté de l'histoire de Taïwan. Disponible désormais En Blu-ray et DVD le 5 décembre 2018 en version intégrale inédite et restaurée 4K

Taïwan, 1960. Le jeune Xiao Si’r (Chen Chang) entre au lycée et fait les quatre cents coups avec ses amis. Autour d'eux s'affrontent deux bandes rivales, les Bensheng Ren du 217 et les Waisheng Ren des Garçons du Petit Parc, mais Xiao Si’r se tient éloigné de leurs agissements, jusqu'au jour où il fait la connaissance de Ming (Lisa Yang), dont il tombe amoureux. Or celle-ci est la petite amie de Honey (Lin Hong-ming), leader du second gang…

Au gré du courant - Mikio Naruse (1956)

L'affaire a déjà été évoquée précédemment. Des quatre maîtres japonais (Kenji Mizoguchi, Akira Kurosawa et Yasujiro Ozu), Mikio Naruse fut sans conteste celui dont l'œuvre, fort de plus de quatre-vingt films, du début des années 30 à la fin des années 60, fut la plus discrète en dehors de l'archipel. Longtemps méconnue en Occident, celle-ci se caractérise, à l'instar de celle du réalisateur de Fin d'Automne, comme le témoignage privilégié des bouleversements de la société nippone d'après-guerre, prenant la forme d'une peinture subtile de portraits de femme. Présentés pour la première fois dans un coffret collector Blu-ray édité par Carlotta, cinq films majeurs de Mikio Naruse [1], tournés entre 1954 et 1967, dont Au gré du courant, sont désormais disponibles depuis le 21 novembre dernier. 

Otsuta (Isuzu Yamata) est la tenancière d'une maison réputée de geishas à Tokyo. Envoyée par l'agence pour l'emploi, Oharu (Kinuyo Tenaka) est embauchée comme la nouvelle servante. Dévouée, discrète et polie, Oharu assiste aux difficultés de sa nouvelle patronne endettée, tandis que s'amorce inexorablement le déclin des maisons de geishas...

Adaptation du roman éponyme de l'écrivaine Aya Kōda, Au gré du courant se démarque en premier lieu par son casting essentiellement féminin, regroupant les plus grandes actrices du cinéma nippon du moment, comme Hideko Takamine, muse du cinéaste, qui interprète ici Katsuyo, la fille d'Otsuta, ou les égéries de Mizoguchi, Isuzu Yamada et Kinuyo Tanaka, la grande actrice de théâtre Haruko Sugimura, et la nouvelle venue Mariko Okada, future muse de Kiju Yoshida, qui jouera quatre ans plus tard dans Fin d'Automne.