Live report : Napalm Death + Brujeria + Lockup @ Glazart, Paris, 13 mai 2017

Inoxydable. Imputrescible. Insubmersible. Immortel ? Ok, pause, c'est fini. Au-delà de cette série d'adjectifs emphatiques, Napalm Death n'en demeure pas moins un des rares groupes de rock, au sens généraliste du terme, à ne pas connaître les ouvrages néfastes du temps. Ou si peu. Trois décennies après la sortie du séminal Scum, acte de naissance du grindcore, le groupe britannique continue d'enregistrer des disques à un rythme quasi-régulier, avec une rigueur jusqu'au-boutiste et une absence de compromis forçant le respect, sinon l'admiration. Auteur en janvier 2015 d'un seizième album, l'excellent Apex Predator – Easy Meat, qui synthétisait au mieux leur abécédaire punk death métallique, la formation culte multiplie depuis deux ans et demi les dates à travers la planète prêchant la bonne parole grind. A l'affiche de l'actuel Campaign for Musical Destruction tour, Napalm Death traverse le vieux continent depuis le 25 avril dernier en compagnie des joyeux drilles Brujeria, des thrashers Power Trip, et enfin de Lock Up, side-project du bassiste Shane Embury. Le 13 mai, ces quatre groupes faisaient escale à Paris au Glazart. Mais n'allons pas trop vite...

Comptant désormais au micro Kevin Sharp, ex-Brutal Truth, après non des moindres Peter Tägtgren (Hypocrisy) et Tomas Lindberg (At The Gates), Lock Up version 2017 ouvrait ainsi la dix-septième date de cette « campagne pour la destruction musicale ». En support à leur dernier disque, Demonization, six années après leur troisième album, ce premier set servit autant de tour de chauffe aux spectateurs parisiens venu chercher leur dose d'adrénaline qu'à l'endurant Shane Embury, ce dernier n'enquillant rien de moins que trois sets par soirée au cours de cette tournée (il joue également avec Brujeria sous le délicieux sobriquet de Hongo). Complété par l'imposant batteur Nicholas Barker et le guitariste Anton Reisenegger, le supergroupe offrit comme on pouvait s'y attendre une prestation carrée, et bien plus marquante que les disques finalement anecdotiques enregistrés par Lock Up depuis 1999. Mention spéciale au nouveau venu, Kevin Sharp, pieds nus, impressionnant de maîtrise et à un Shane Embury qui lançait sous les meilleurs augures son marathon destructeur.

 


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Setlist :
01. Necropolis Transparent / 02. Feeding on the Opiate / 03. Detestation / 04. Blood and Emptiness / 05. Void / 06. Slaughterous Ways / 07. After Life In Purgatory


En sautant la prestation des texans Power Trip qui laissa une impression des plus mitigées (1), le gang Brujeria investissait enfin la scène un peu avant 20 h. Avec bandana de rigueur sur le visage de chacun des cinq musiciens, et machettes en sus, les quarante-cinq minutes du set pourrait se résumer de la sorte : du bourrinage dans les règles de l'art. Non dénué d'humour noir (leur ¡Viva Presidente Trump!), la performance de Juan Brujo et consorts fit la part belle principalement à un florilège des quatre albums du gang, dont deux titres du dernier Pocho Aztlan (sorti l'année dernière, soit un hiatus de seize ans après Brujerizmo). Provocateur, brutal, malgré les nombreux changements de line-up depuis leurs débuts (adios Dino Casares et Billy Gould), Brujeria avec l'appui d'une section rythmique des plus furibards (Embury donc et de nouveau Nicholas Barker à la mitraillette / batterie) enchaîna les brûlots épicés avec une facilité déconcertante avant de conclure avec leur « fumeuse » parodie de la Macarena. Seul (petit) bémol, dommage que le groupe n'ait pas joué leur reprise personnelle des Dead Kennedys, intitulée pour l'occasion California Über Aztlan

 


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Setlist :
01. Brujerizmo / 02. Colas de rata / 03. La migra (Cruza la frontera II) / 04. Hechando chingazos / 05. ¡Viva Presidente Trump! / 06. Seis seis seis / 07. Ángel de la frontera / 08. Satongo / 09. Desperado / 10. Marcha de odio / 11. Revolución / 12. Consejos narcos / 13. El desmadre / 14. Matando güeros / 15. Marijuana (parodie de la Macarena)


Plus de deux cents dates depuis la sortie d'Apex Predator – Easy Meat, un chiffre qui donne le tournis. Infatigable, voici un autre adjectif que le préposé aurait dû ajouter à sa liste en préambule, avec une moyenne d'environ 70/80 concerts par an depuis leur début. S'ouvrant par les cultes Evolved as One et It's a M.A.N.S. World! tirés de leur deuxième disque, From Enslavement to Obliteration (et premier album avec Shane Embury en 1988), le concert confirmait, si besoin est, la réputation scénique des britanniques menés par un Barney Greenway toujours aussi véloce et remuant en dépit de la chaleur ambiante qui régnait ce soir-là (le groupe fit une courte pause après Christening of the Blind afin de retrouver un peu de fraîcheur). Avec une set-list axée au premier tiers autour du dernier album, un second tiers autour des deux premiers albums grindcore, et enfin une dernière partie en guise de compilation des décennies 90 et 2000, Napalm Death ne pouvait que convaincre et ravir leurs différents fans. Intense.

 



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Setlist :
01. Evolved as One / 02. It's a M.A.N.S. World! / 03. Necessary Evil / 04. Smash a Single Digit / 05. Stunt Your Growth / 06. When All Is Said and Done / 07. Stubborn Stains / 08. Scum / 09. The Kill / 10. Deceiver / 11. You Suffer / 12. From Enslavement to Obliteration / 13. The Code Is Red... Long Live the Code / 14. Twist the Knife (Slowly) / 15. Dear Slum Landlord... / 16. Christening of the Blind / 17. How the Years Condemn / 18. Suffer the Children / 19. Nazi Punks Fuck Off (Reprise des Dead Kennedys) / 20. Adversarial/Copulating Snakes
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(1) Leur seconde position en ordre de passage permettant avant tout à Embury de se reposer un peu avant Brujeria et Napalm Death.

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