Le temps des gitans (Dom za vesanje) - Emir Kusturica (1988)

Lauréat en 1981, pour son premier long métrage, Te souviens-tu de Dolly Bell ?, du Lion d'or de la Première œuvre à La Mostra de Venise, puis de sa première Palme d'or à Cannes, à tout juste 30 ans, quatre ans plus tard, pour Papa est en voyage d'affairesEmir Kusturica, ancien étudiant de la prestigieuse Académie du film (FAMU) de Prague [1], revint en 1988 avec Le temps des gitans. En compétition officielle au Festival de Cannes l'année suivante, ce troisième long métrage, non content d'inscrire une nouvelle fois son nom au palmarès avec le Prix de la mise en scène, ouvrit cette fois-ci à Emir Kusturica les portes de la reconnaissance publique internationale. Pierre angulaire de son cinéma liant réalisme social et imaginaire débridé, Le temps des gitans est disponible depuis le 22 mai en Blu-ray et DVD.

Né d'un soldat slovène et d'une mère rom, Perhan (Davor Dujmovic) et sa jeune sœur infirme Danira (Elvira Sali) sont élevés par leur grand-mère maternelle Khaditza (Ljubica Adzovic) en périphérie de Skopje en Yougoslavie. Il aimerait épouser son amour d'enfance, Azra (Sinolicka Trpkova), mais la mère de la jeune fille s'y oppose fermement, Perhan n'ayant ni argent ni situation. Un jour, Ahmed (Bora Todorovic), qui a fait fortune en Italie, revient avec ses frères dans le bidonville. Pour avoir sauvé son jeune fils Roberto, Ahmed promet à Khaditza d'emmener Danira dans un hôpital à Ljubljana pour qu'elle se fasse soigner. Accompagnant sa sœur durant le trajet, Perhan se fait convaincre par Ahmed arrivé à destination de ne pas rester auprès de Danira à Ljubljana, mais de venir avec lui à Milan pour travailler...
  

The Dead Don't Die - Jim Jarmusch (2019)

L'annonce faite au détour d'une interview de Bill Murray, en printemps 2018, ressemblait à une (mauvaise) blague. Après s'être penché sur le mythe du vampire, avec (le mitigé) Only Lovers Left Alive (2013), Jim Jarmusch allait réaliser un nouveau film fantastique, autour d'une autre figure incontournable du cinéma d'horreur, à la mode depuis les années 2010's, celle du zombie. Doté d'un casting prestigieux, la majeure partie des actrices et acteurs ayant déjà collaboré [1] par le passé avec le réalisateur de Down by Law, le dénommé The Dead Don't Die était également annoncé en avril dernier comme le long métrage qui ferait l'ouverture, en compétition officielle, du Festival de Cannes 2019. Sorti en France simultanément à la première mondiale du film le 14 mai, les morts-vivants façon Jarmusch pouvaient débarquer dans les salles obscures hexagonales.

Dans la sereine petite ville de Centerville, quelque chose cloche. La lune est omniprésente dans le ciel, la lumière du jour se manifeste à des horaires imprévisibles et les animaux commencent à avoir des comportements inhabituels. Personne ne sait vraiment pourquoi. Les nouvelles sont effrayantes et les scientifiques sont inquiets. Mais personne ne pouvait prévoir l'évènement le plus étrange et dangereux qui allait s'abattre sur Centerville : les morts sortent de leurs tombes et s'attaquent sauvagement aux vivants pour s'en nourrir ! La bataille pour la survie commence pour les habitants de la ville.

The Satanist - Zoltan G. Spencer (1968)

Longtemps considéré comme perdu, The Satanist, long métrage de Spencer Crilly, plus connu sous le pseudonyme de Zoltan G. Spencer, fut exhumé et projeté un soir de juillet 2014 en clôture du Forgotten Film Festival de Philadelphie. Fort du succès de la projection, la société Garagehouse Pictures édita deux ans plus tard, en octobre 2016, le jour d'Halloween, une version inédite restaurée 4K en Blu-ray de cet obscur film déviant. Invisible auprès des initié.e.s depuis plus de quatre décennies, ce croisement sulfureux entre l'érotisme débridé de Russ Meyer et les préceptes prônés par Anton LaVey, fondateur de l'Église de Satan, avait tout pour attiser la curiosité du préposé. Mieux, en dépit de ses limites intrinsèques, The Satanist demeure une bonne surprise. Mais n'allons pas trop vite.

Un romancier, prénommé John, s'installe avec son épouse Mary (Mary Bauer) à la campagne, afin de se remettre de sa précédente dépression et quitter l'agitation urbaine. Un jour, par mégarde, au volant de sa voiture, John renverse une jeune femme à vélo, Shandra (Pat Barrington), qui n'est autre que la voisine du couple. Celle-ci, nullement rancunière, les invite à prendre un verre chez elle. Au cours de la soirée, Shandra qui se présente comme une "élève de l'occulte" offre à John un ancien livre sur la sorcellerie... 
  

Shampoo - Hal Ashby (1975)

Quatrième long métrage du réalisateur étasunien Hal Ashby, deux ans après La dernière corvée avec Jack Nicholson, Shampoo fut l'un des plus grands succès publics de ce réalisateur, quelque peu oublié [1], longtemps associé au Nouvel Hollywood. Produit, coécrit et interprété par Warren Beatty, cette comédie, supposée capillaire, si on en croit son titre, narre les aventures d'un Don Juan contemporain à Los Angeles à la veille de l'élection présidentielle de 1968. Disponible en Blu-ray et DVD le 6 mai prochain, dans sa version restaurée 4K, Shampoo n'en demeure pas moins, sous son verni faussement léger, une critique douce-amère des mœurs sexuelles et sociales de la fin des années 1960. Mais n'allons pas trop vite.

Novembre 1968. Coiffeur pour femmes dans un salon de Beverly Hills, George Roundy (Warren Beatty) a toujours usé de ses charmes pour séduire sa clientèle. C'est par ce biais-là qu'il a rencontré sa petite amie Jill (Goldie Hawn), sa maîtresse Felicia (Lee Grant) et son ex-petite amie Jackie (Julie Christie). Sexuellement comblé, George est pourtant professionnellement frustré : simple employé, il ambitionne d'ouvrir son propre salon de coiffure...