Funky front covers II

Les habitués du RHCS se souviendront qu'en février dernier (ICI), l'auteur de ces lignes s'amusa à décrire quelques pochettes de funk très rafraîchissantes dirons nous, et bien en voici la suite, tout en lorgnant cette fois ci aussi vers le disco. Mais comme toute bonne séquelle qui se respecte, il faut en donner encore plus au public avide de chair fraîche (amis des formules ampoulées, nous vous saluons). Vous vouliez plus de provocation, plus de mauvais goût, la finesse trash est votre crédo : ce second volet est pour vous !


La période estivale touchant bientôt à son terme, quoi de mieux pour débuter que de se remémorer cette saison qui rime pour le mâle avec pin-up en maillot. Deux exemples, la pochette proposée par le groupe disco A Taste of Honey, célèbre pour son tube Boogie Oogie Oogie, qui tout en restant sobre (comparé à ce qui va suivre, c'est limite chaste), invite tout de même à une ambiance des plus moites... Avec Bohannon, on retrouve toute l'atmosphère joviale et colorée des 80's avec un titre qui résume assez bien le propos, Summertime Groove... mais la pochette de ce LP date de 1978, comme quoi... et puis la dite chanson est tout sauf un exemple de concision, 8 minutes de mid-tempo groovy qui à défaut d'être aussi indispensable qu'un bon vieux Parliament des familles, reste suffisamment plaisant aux oreilles (et à celle de Lenny Kravitz qui pour changer s'est encore très fortement inspiré du guitariste...).

In the mood for fall

Si ces temps ci l'envie de pratiquer une "Mike Brant" vous démange, histoire de prouver aux réticents (enfin s'il en reste...) que le père Isaac Newton était tout sauf un charlot, ou que du haut de votre 5ème étage l'appel du bitume se fait de plus en plus pressant (on fait avec les moyens du bord, pensez bien que si c'était plus haut, la démonstration serait plus magistrale), voici une dédicace qui vous est spécialement dédiée.


Black Moses is dead

Bon alors j’étais parti pour lancer une fumeuse et hypocrite diatribe envers la gent féminine, rappelez vous, celle qui vous pousse à boire lorsque vous avez du vague à l’âme, profitant ainsi d’un de vos rares accès de faiblesse (et je ne vous parle pas de celle qui préfère les fish & chips au chou…). Et puis ce matin, entre une médaille totalitaro-sino-olympique et un bombardement russe, j’apprends que le Black Moses nous a quitté à l’âge de 65 ans.

Elevé par ses grands-parents, Isaac apprends en autodidacte à jouer du piano, de l’orgue et du saxophone, puis part pour Memphis jouer dans différents clubs de la capitale de la country. Ceci dit Memphis est aussi connu à l’époque (tout du moins des afro-américains) pour avoir en son sein le fameux label Stax Records. Il est à noter que Hayes passa nombres d’auditions pour le label avec diverses formations, passant du doo-wop au Rhythm & Blues… et échoua à chaque fois, avant de lui proposer un contrat en tant que musicien de studio (offre difficile à refuser à 20 ans…). Durant ces années, Isaac Hayes accompagné de David Porter, ces derniers prénommés the Soul Children pour l’occasion, vont écrire pour Stax pas moins de 200 chansons, et non des moindres tel que le tube Soul Man pour le duo Sam & Dave.

En 1967, Hayes débute sa carrière solo en publiant le bien nommé Presenting Isaac Hayes, annonçant déjà le style Hayes, à savoir un savoureux mélange de jazz, de soul baroque et de blues. Entre temps le 4 avril 1968, Martin Luther King se fait assassiné à Memphis, évènement tragique qui aura pour conséquence de plonger l’inspiration de Hayes au niveau zéro. Il faudra ainsi attendre 1969 pour avoir un nouvel enregistrement d’Isaac Hayes, et pas n’importe lequel, Hot Buttered Soul. Album atypique, ne contenant que 4 titres où derrière le canevas de chanson pop, Hayes brode de longues plages instrumentales gorgées de groove, de cuivre et de cordes, le tout magnifié par la voix grave du monsieur. Album dont la pochette montre aussi les nouveaux codes vestimentaires d’Isaac, chaîne en or et lunette noire.

Dès lors c’est la consécration, le succès, Hayes sortant encore quelques albums marquants tels que To be continued ou The Isaac Hayes Movement en attendant la célèbre bande originale du film Shaft en 1971, gagnant un oscar pour la meilleure BO au passage; la popularité d'Isaac Hayes atteignant son paroxysme lors du fameux Wattstax le 20 aout 1972, festival ayant pour but de commémorer le 7ème anniversaire des émeutes à Watts.




Isaac Hayes - Walk on by (version single pour un show tv)

Draconian Times ou la fable de la carpe gothique et du lapin métallique

En cette année 1995, un certain microcosme fut en émoi lorsque le groupe anglais Paradise Lost publia son cinquième album, Draconian Times. Beaucoup de superlatifs et de critiques élogieuses tombèrent sur les épaules des géniteurs d'As I Die (leur premier « tube »), ces derniers réussissant enfin à concrétiser sur un album entier tout le potentiel qui apparaissait sur leurs deux précédents disques (Shades of God et Icon).

A leur corps défendant, Nick Holmes et Greg Mackintosh (les têtes pensantes du quintet) furent dès lors les instigateurs d'un mouvement (qui avec le recul aurait du rester mort né) : le gothic metal [1]. Combiner la tristesse froide et les atmosphères lugubres avec des guitares lourdes et agressives ressemblait à une chimère fort séduisante (encore qu'à l'écoute du titre éponyme de Black Sabbath, tout était déjà là…). Dommage que le dit mouvement n'ait retenu que l'aspect théâtral et grotesque du goth allié à la « finesse » d'un heavy metal pompier (non ce n'est pas un pléonasme !).
  
Treize ans après sa sortie, que penser du dit album ? Draconian Times garde encore un charme indéniable en dépit de plusieurs imperfections. Paradise Lost nous ayant habitué à changer de mue à chaque album (en attendant les prochains One Second et Host), ce disque de 1995 permit au groupe un nouvel éclairage, et surtout une nouvelle popularité (le disque est leur plus grand succès critique et commercial).