High Time - MC5 (1971) : Motor City Five is ending

Peut-on réduire la discographie du MC5 à leur premier album, le monumental Kick Out The Jams ? Bien sûr que non vous répond le préposé à la chronique. Certes, résumer leur discographie, réduite à trois albums, est loin d'être une gageure, quand bien même ce premier album a la particularité d'être un disque live, et qui plus est, l'un des meilleurs (sinon le meilleur) album live de l'histoire du rock. Après un Back In The USA qui se faisait le chantre de l'urgence rock'n'roll des 50's, les cinq garçons de Motor City sortaient l'année suivante en 1971, déjà, leur dernier album et injustement mésestimé High Time. Enregistré par un groupe (déjà) quasi-moribond, le disque pourrait précéder la chronique d'une mort annoncée, le MC5 se séparant l'année suivante. Or High Time est leur album le plus riche, le plus aventureux et, paradoxalement, le plus accessible, soit celui qui laisse le plus de regrets.

Premier point, contrairement à l'album précédent, la production de Geoffrey Haslam sur High Time revient à un son plus brut, loin de celui de Back In The USA qui se voulait plus proche du son vintage 50's. Exit la nostalgie des postes AM et retour, donc, à un son plus incisif pour adepte de fureur et de déflagration sonique ? Pas seulement. Mais n'allons pas trop vite.

Bloodrayne - Uwe Boll (2005)

Pour reprendre le titre d'une des chansons les plus célèbres du fameux sétois moustachu, il serait bon de temps à autre de pointer du doigt quelques préjugés qui collent à la peau de certains de nos contemporains. Uwe Boll est-il le plus mauvais réalisateur en circulation, sinon le plus détestable ?

Il faut rappeler pour les moins geeks d'entre vous que ce metteur en scène allemand s'est fait la spécialité de ne tourner pratiquement que des adaptations de jeux vidéos plus ou moins célèbres. Or le résultat étant pudiquement raté à chaque nouvelle fournée, notre bon Uwe, en plus de faire partie désormais des têtes de turc favorites du geek lambda, se voit ainsi traîner cette sale réputation de margoulin cynique juste bon à tourner tout, et n'importe comment ; toute franchise étant pour lui potentiellement intéressante et suffisamment populaire pour ramener du spectateurs naïfs en salle de projection et donc remplir son porte-monnaie. A cela vous pouvez ajouter une attitude, une modestie et un amour des critiques inversement proportionnels au PIB de l'Abkhazie. Quand un réalisateur ancien boxeur de son état en vient à défier physiquement ses contradicteurs autour d'un match de boxe, démontrant par A+B que la meilleure rhétorique est celle du poing dans la gueule, on en viendrait presque à regretter la posture de certains de nos compatriotes qui ont un goût démesuré pour leur propre victimisation (Patrice Leconte dit "l'homme blessé" étant l'un des champions toutes catégories).

American Warrior (American Ninja) - Sam Firstenberg (1985)

Ce n'est sans une certaine émotion que le préposé écrit sa seconde chronique consacrée à une production Cannon. Comment ne pas être en effet débordé d'émotion dès l'instant où vous fixez le sigle animé de la Cannon en préambule de toute bonne production Golan / Globus ? Un gage de qualité ? Une madeleine Proustienne ? Plus que ça à vrai dire. Un film où vous pouvez être certain que les valeurs de l'occident made in USA seront toujours chèrement défendues face à la vile menace terroriste, communiste, islamiste, etc.

Début des années 80, dans le sillage de la Bruceploitation qui connut son apogée lors de la décennie précédente, le film de ninjas a le vent en poupe dans le cinéma bis, après le séminal Enter the Ninja, produit par la Cannon, avec Franco Nero et Shô Kosugi, acteur d'origine japonaise qui tourna plusieurs films, toujours sous le sceau de la société des cousins susnommés, dont Ninja III et l'homonyme American Ninja (à ne pas confondre avec le film chroniqué intitulé pour l'export American Warrior). Or, à l'instar d'un Chuck Norris, maître en karaté customisé santiag et jean moulant, le meilleur moyen pour atteindre les sommets du box office US était de mettre en valeur un héros occidental (la moustache en option, ou l'un des attributs de Chuck N.). Dès lors, il s'agissait de trouver un blondinet suffisamment athlétique pour faire illusion... une star était née : Michael Dudikoff.

Pre-Electric Wizard 1989-1994 : Back to the roots (2006)

Dans la série compilations qui n'intéresseront que les aficionados, après le Muchas Gracias de Kyuss, continuons à creuser le sillon du rock ultra lourd, mais teinté cette fois-ci d'un psychédélisme occulte (de bon aloi), ou Pre-Electric Wizard 1989-1994 des anglais Electric Wizard.

Année 2006, entre deux albums studio, le label Rise Above Records ressort les démos des anciennes formations de Jus Osborn avant la création d'Electric Wizard, à savoir celle d'Eternal, Lucifer's Children de 1993, celle de Thy Grief Eternal, On Blackened Wings de 1992 et enfin celle de Lord of Putrefaction, Wings Over a Black Funeral de 1991. A la différence notable de Lee Dorian et de sa formation Cathedral, Jus Osborn mit plus de temps avant de trouver la formule qui lui siérait, le principal attrait de ladite compilation étant d'offrir une vue de l'évolution de pré-Electric Wizard, de leur début doom à consonance death dans la lignée des rénovateurs nommés Paradise Lost, My Dying Bride et Anathema, à un doom sabbathien comme The Obsessed par exemple.