Cronico Ristretto: Wo!Man - Archie Shepp & Joachim Kühn (2011)

Jeune loup de la New Thing dans les années 60, le désormais patriarche Archie Shepp n'en demeure pas moins en 2011 un artiste dans l'air du temps: un éternel jeune homme au service de la great black music, à l'image de sa dernière oeuvre Wo! Man en duo avec le pianiste Joachim Kühn.

Après un précédent album remarqué, Phat Jam in Milano (2009), où le géniteur de Blasé reprenait d'une manière méconnaissable le classique de Led Zeppelin Kashmir en s'adjoignant les services du rappeur Napoleon Maddox, Shepp quitte deux ans plus tard le spoken word et l'univers urbain du rap pour d'autres horizons: celui du jazz minimaliste.

Quant à Joachim Kühn, ce dernier est connu pour être un grand pianiste de jazz outre-Rhin, mais à la lecture de son parcours, également un artiste aventureux, multipliant au cours de sa vie musicale les rencontres diverses, du free jazz de Don Cherry au jazz fusion d'un Jean-Luc Ponty, Billy Cobham en passant par des jouxtes au piano avec le radical Martial Solal ou le batteur Daniel Humair. 

Cronico Ristretto: 777 Sect(s) - Blut Aus Nord (2011)

Dans la mémoire du préposé, la musique de Blut Aus Nord pouvait se résumer à une introduction froide et lugubre, et à un riff, ou plutôt correction, LE riff : répétitif, imposant, majestueux (Slaughterday (the heathen blood of ours)), soit la quintessence du black metal viking des 90's, celui des formations biberonnées aux élans épiques de Bathory... au détail près que Blut ne provenait pas de Scandinavie mais de l'hexagone, c'était en 1996, et la fin de leur première période.

Dix ans passèrent, Blut Aus Nord enregistra son œuvre : MoRT (Metamorphosis of Realistic Theories), fruit d'une mutation amorcée cinq années auparavant, un condensé de malaise noir en huit chapitres désincarnés, déchiquetés, véritable maelström black metal déstructuré aux confins de l'industriel et du dark ambient.

Cronico Ristretto : Marco Perrin - Jérémy Kaplan (2011)

Rares sont les occasions de pouvoir chroniquer l'oeuvre d'un de ses plus vieux lecteurs : un documentaire mais aussi et surtout le fruit d'une aventure humaine et d'une obstination, celle d'un jeune passionné de cinéma décidé à rendre hommage à l'un des seconds rôles oubliés du cinéma français, Marco Perrin.

Figure récurrente du cinéma populaire hexagonale des années 60 jusqu'au début des années 80, Jean Marco Markovitch dit Marco Perrin comme bon nombre de ses pairs habitués aux rôles mineurs (1), aura marqué l'inconscient collectif par sa bonhomie et son accent méditerranéen. Cet homme de théâtre compte ainsi une filmographie gargantuesque, de la figuration la plus improbable (Les Vikings de Richard Fleischer), à des seconds rôles plus consistants (Les Valseuses, Comme la lune de Joel Séria) et une ribambelle de navets croisés nanar qui ferait déborder d'émotions le premier préposé déviant à la chronique venu, c'est à dire moi (Prends ta rolls et va pointer, Belles, blondes et bronzées, Le gendarme et les extra-terrestres). Mais en 1983, frappé d'hémiplégie, Marco fut contraint et forcé de mettre un terme à sa carrière...