Live report : Master Musicians of Bukkake / Swans / Neurosis à Villette Sonique - 25 mai 2013

L'affiche du 25 mai du festival Villette Sonique avait de quoi faire saliver l'amateur de musique alternative, avec une mention spéciale pour les initiés en matière de musique barrée et en décharges bruitistes et telluriques : Master Musicians of Bukkake, Michael Gira et ses Swans, et enfin le retour de Neurosis après cinq ans d'absence.

Débuter une telle soirée annonciatrice de saturation pouvait compliquer l'appréciation des néophytes à la performance de MMOB. Offrir en guise de préliminaire, une dose de psychédélisme sous la forme d'un show ésotérique (avec cierges en supplément) et de parodie transcendantale avait en effet de quoi déconcerter l'assistance (encore qu'avec un tel patronyme, le public pouvait légitimement s'attendre à quelque chose de particulier). Et alors ? Bien que scindé en deux sets distincts, le premier n'était pas à proprement parlé celui des Master Musicians (seulement trois membres non déguisés étaient présents sur la scène, cachés derrière leurs synthés plus ou moins vintage). Avec en toile de fond, des animations psyché accompagnées d'une musique électronique 70's misant sur les basses (1), cette première partie d'une vingtaine de minutes laissa rapidement sa place au plat de résistance avec son atmosphère décalée et ses costumes moyen-orientaux. Ouvrant le (véritable) set avec People Of The Drifting Houses issu de Totem One (2009), premier chapitre de leur trilogie, le ton était donné. Avec une partie de la playlist centrée sur leur prochain disque (qui sortira le 10 juin), le concert annonçait la prochaine évolution du groupe, un peu moins borderline musicalement. A suivre. 

Des diamants pour l'enfer (Women Behind Bars) - Rick Deconnink (1975)

Nouvelle (et dernière ?) visite du préposé dans l'univers merveilleux du Women in Prison francien, Des diamants pour l'enfer signé par un énigmatique patronyme flamand Rick Deconnink (pour les besoins de cette co-production franco-belge) aura à l'instar de Frauen für Zellenblock 9 davantage marqué les esprits des prudes censeurs britanniques du BBFC (British Board of Film Censors) que le grand public. Grave erreur se targuera de souligner le cinéphile déviant tant ce Women Behind Bars apporte un éclairage original, à la fois sur l'oeuvre du cinéaste madrilène, et sur son association avec le producteur Daniel Lesoeur et Eurociné. Film de transition en attendant des lendemains encore plus excessifs avec l’helvète Erwin C. Dietrich, ce long métrage propose toutefois moult détails qui rassureront les amateurs du genre : production fauchée, jeunes femmes nues et tortionnaires sadiques en toc. A-t-on dès lors besoin d'ajouter la présence du duo francien, Lina Romay et Martine Stedil, pour convaincre les derniers récalcitrants ?

Quelque part en Amérique Centrale, trois hommes masqués, dont Perry Mendoza (Raymond Hardy), volent dans une jonque chinoise une valise contenant une grande quantité de diamants. Peu désireux de partager ce trésor, Mendoza abat froidement sur une plage ses comparses, puis part rejoindre sa petite amie, Shirley Fields (Lina Romay) dans leur nightclub. Découvrant la disparition des diamants de la mallette  la jeune femme tue à son tour son compagnon, et avoue dans l'instant son méfait à la police par téléphone (?!). Condamnée à six ans pour crime passionnel, Shirley est envoyée dans la prison dirigée par le colonel Carlo de Bries (Ronald Weiss). Rapidement accueillie par le directeur des lieux, celui-ci ayant eu vent des circonstances de la mort de Mendoza, de Bries n'a qu'un but : découvrir par tous les moyens nécessaires où les diamants ont été cachés. Il demande dans un premier temps à sa maîtresse, et détenue (interprétée par Martine Stedil), de sympathiser avec Shirley afin de lui soutirer des informations, tout en n'hésitant pas à passer à des méthodes plus coercitives si besoin. Pendant ce temps, Milton Warren (Roger Darton) qui travaille pour une compagnie d'assurances, cherche également la trace de ses précieuses pierres...

Live report : The Melvins au Trabendo Paris - 10 et 11 mai 2013

En préambule et en avant-première du festival Villette Sonique qui se tiendra du 23 au 26 mai prochain [1], était convié le groupe culte the Melvins a rejoué en intégralité plusieurs albums (et autres E.Ps) fondateurs enregistrés durant la première moitié des 90's : Eggnog (1991), Lysol (1992), Houdini (1993) le vendredi, et Bullhead (1991) et Stonerwitch (1994) le samedi. 

Batteries au centre de la scène, Buzz paré de son habituelle robe de mage à gauche et le doux dingue Tevor Dunn dans son habit de super-héros en carton et bouteilles en plastique en sus [2], les quatre sets au total [3], comme pouvait le laisser présager le contenu des disques proposés, allaient brosser les différentes et multiples palettes soniques des Melvins : du drone au noise dans un premier temps, à une décharge rock métallique dans un grand raout punk, stoner et grunge pour les derniers albums en date.

Un anniversaire bruyant [4], massif, loin de l'idée d'un jubilé tranquille pour nostalgiques en charentaises, où le quatuor démontra sans grand difficulté, à une foule acquise à leur cause, leur pertinence tellurique et bruitiste après trois décennies d'existence.

Live report : Pharoah Sanders quartet au New Morning Paris - 6 mai 2013

Annoncée l'année dernière, puis annulée quelques semaines avant, se tenait hier (enfin) le retour du fils prodigue, Pharoah Sanders, à Paris au New Morning. Concert paradoxal où la magie expressionniste du disciple de Trane aura eu quelques ratés... la faute à un leader saxophoniste quelque peu récalcitrant et grognon !

Pourtant la playlist et son introduction annonçait une prestation inoubliable : ouverture progressiste tirée de ses disques fin 60's - début 70's, puis en deuxième entrée, un hors d'oeuvre post-bop soutenu par un quartet de qualité. Et pause saxophonique après seulement vingt minutes de musique. Mécontent de l'intensité des retours, le saxophoniste quittera longuement la scène une première fois, avant de revenir par intermittence le temps de lancer le standard de Cole Porter Everytime we say goodbye, puis une première version de son classique The creator has a master plan en guise de conclusion à ce premier set fantomatique. Fort heureusement, le trio restant su, sinon faire oublier son leader taciturne, tout du moins s'accaparer de manière probante l'espace désormais laissé vacant. Le pianiste William Henderson, vieux compagnon de route de Sanders depuis une dizaine d'années, mena ainsi en l'absence de son souffleur en chef, un set alternatif remarquable, où ses camarades Oli Hayhurst à la contrebasse et Gene Calderazzo à la batterie purent montrer à l'assistance leur maîtrise instrumentale et leurs improvisations inspirées.