Live report : Tindersticks - Théâtre des Bouffes du Nord, Paris, 20 avril 2016

Du mardi 19 au jeudi 21 avril, les Tindersticks faisaient escale à Paris au théâtre des Bouffes du Nord, dans le cadre de leur tournée européenne (1) en soutien à leur dixième album, The Waiting Room, sorti le 22 janvier dernier. Salué par la critique internationale, le nouveau disque avait, avouons-le, quelque peu déçu le préposé lors des premières écoutes ; quitte à le laisser de côté, en attendant le concert du 20 avril, et ainsi pouvoir le réévaluer dans de meilleures conditions. A la sortie de la salle inscrite au monument historique, le constat était sans appel, The Waiting Room méritait bien une seconde chance. Mais n'allons pas trop vite, comme le veut l'adage...

De leur collaboration avec la réalisatrice Claire Denis, depuis le long métrage Nénette et Boni en 1996, pour lequel les Tindersticks signèrent la musique (tirée majoritairement de leur second album éponyme), le cinéma aura très souvent inspiré ces gentlemen du rock, nombre de leurs chansons pouvant à juste titre est considéré comme la bande originale d'un film imaginaire. De ce constat, il n'est dès lors pas étonnant d'apprendre que le groupe, pour ce Waiting Room, fut à l'initiative d'un projet en collaboration avec le festival international du court métrage de Clermont-Ferrand : proposer pour chaque titre de l'album un film mis en scène par un réalisateur différent (2). Mieux, ce Waiting Room Film Project qui n'avait nulle vocation à jouer bassement les utilitaires promotionnelles, allait offrir une immersion inédite en tant qu'élément scénique.
 

La plage sanglante (Blood Beach) - Jeffrey Bloom (1980)

Continuons notre périlleux voyage vers cette contrée peuplée de films d'horreur oubliés (et fauchés) avec, cette fois-ci, cette Plage sanglante signée par le dénommé Jeffrey Bloom. Sortie en DVD en 2012 aux États-Unis [1], Blood beach dans sa version originale marche, on l'aura vite deviné, dans le sillage du succès des Dents de la mer de Steven Spielberg au mitan des années 70, et sa cohorte de contrefaçons plus ou moins improbables dont les abracadabrantesques productions italiennes de l'ami Ovidio Assonitis (Tentacules, Piranha 2 - Les tueurs volants). Enfin, de cette catégorie de films dont l'affiche promet davantage que son contenu, La plage sanglante aura néanmoins, à défaut de passer à la postérité, su trouver malgré elle une certaine immortalité en apparaissant (certes subrepticement) dans le Blow Out de Brian de Palma [2]. Mais n'allons pas trop vite.

Californie, Santa Monica. Lors de sa baignade matinale, Harry Caulder (David Huffman) est témoin de la disparition de son amie Ruth Hutton (Harriet Medin), littéralement happée par le sable de la plage, sous les yeux impuissants de son compagnon à quatre pattes. Or, chargés de l'enquête, le lieutenant Piantadosi (Otis Young) et le sergent Royko (Burt Young) n'ont pas le moindre début de piste en absence de cadavre. Tandis que les cas d'agression, de mutilation et de disparition s'accumulent, les médias baptisant le lieu désormais de "plage sanglante", Harry et la fille de Ruth, Catherine (Marianna Hill), décident de découvrir l'origine de ce mystère face à l'impuissance de la police.
   

Cronico Ristretto : Hold/Still - Suuns (2016)

Écrivons-le sans ambages et autres circonlocutions, le troisième album des montréalais Sunns [1], Hold/Still, qui sort ce 15 avril, s'inscrit dès à présent comme un des albums de l'année 2016. C'est dit. Et c'est un peu court. Alors développons.

Formé il y a presque une décennie, en 2007, par la paire originelle, les guitaristes Ben Shemie et Joe Yarmush, avant de s'adjoindre les services d'un batteur Liam O'Neill et d'un bassiste/claviériste Max Henry, Suuns revient aux affaires courantes en 2016, après leur précédente collaboration avec Radwan Ghazi Moumneh alias Jerusalem in My Heart l'année dernière. Et quelles affaires. Sombre. Froid. Dissonant. Mécanique. Présenté avant sa sortie comme le croisement réussi entre le minimalisme pervers des pionniers Throbbing Gristle et la radicalité pop du Kid A de Radiohead, Hold/Still avait de quoi sur le papier attirer l'attention du préposé docteur. Mais n'allons pas trop vite.
  

Live report : Overkill - Trabendo, Paris, 3 avril 2016

Deux jours après leur venue en territoire lyonnais, ouvrant le début de leur mini-tournée européenne printanière (1), le groupe de thrash culte du New Jersey, Overkill, débarquait au Trabendo ce dimanche 3 avril. En attendant la sortie de leur dix-huitième album en octobre prochain (acté au 28 sur le label Nuclear Blast), le groupe profite de ces quatorze dates pour faire le plein de vibrations scéniques avant d'entrer en studio le mois suivant.

Leur précédent effort, White Devil Armory (2014), avait confirmé au besoin l'état de forme du groupe, souvent nommé à raison le Motörhead du thrash metal : inusable, infatigable, à l'image de la paire originelle formée du chanteur Bobby "Blitz" Ellsworth et du bassiste D.D. Verni. Fidèle à leurs influences punk/hardcore et heavy metal, la formation n'a ainsi jamais dévié d'un iota de leur ligne thrash initiale, que ce soit au gré des divers changements de guitaristes et batteurs (dont le fracassant départ du guitariste Bobby Gustafson en 1990) ou des diverses modes musicales du moment. Sortant à un rythme régulier un album quasiment tous les deux ans depuis le séminal Feel the Fire en 1985, si Overkill n'a jamais eu sa place auprès des grands noms du Big Four, ces artisans du thrash n'ont cependant jamais démérité au cours des 35 ans d'existence du groupe, signant au passage quelques disques que tout bon thrasher se doit de connaitre et d'apprécier (au hasard la triplette des jeunes années Under the Influence (1988) / The Years of Decay (1989) / Horrorscope (1991)).