Le choc des Titans - Louis Leterrier (2010)

Au-delà du fait que l'habitué des lieux devrait aisément deviner la teneur du texte proposé, le préposé à la critique ne risquant pas de récidiver après la jurisprudence Solomon Kane [1], on ne s'étonnera pas, de... de quoi au juste, que Le choc des titans soit une baudruche emphatique faisant la part belle aux scènes de bravoure ampoulées ? Développons...

Le défaut trop souvent évoqué, maintes fois entendu, et avouons-le facile, serait que le film de Louis Leterrier s'affranchisse trop de la mythologie grecque. Nos trois scénaristes en chef : Phil Hay, Matt Manfredi et Travis Beachnam n'ont-ils pas hésité au contraire une seule seconde à... dépoussiérer ces antiques histoires de coucheries, de trahisons et de combats homériques pour en tirer un film d'action haletant et sans temps mort ? De même, ce serait oublier un peu vite le premier Choc des titans réalisé par le vétéran Desmond Davis datant de 1981 et écrit par Beverley Cross (Jason et les Argonautes). Le mythe de Persée avait lui aussi subi quelques tranches sévères de la part du scénariste de l'époque [2], par soucis de simplicité sans aucun doute, la mythologie grecque n'étant pas non plus réputée pour sa cohérence. Cela étant, notre nouveau trio eut les coudées encore plus franches, n'hésitant pas à y inclure d'autres personnages mythologiques autres que grecques, quelques raccourcis scénaristiques en guise de clichés populo-hollywoodiens et une nouvelle histoire non plus basée sur le mythe originel de Persée, mais plutôt une réécriture (portnawak) du scénario de Cross.

Solomon Kane - Michael J. Basset (2009)

Il est bon (quelquefois) de ne jamais se fier aux idées reçues, quand bien même ce retournement de situation aurait tendance à vous faire jouer contre nature. Des mois de persistance rétinienne nanar à vous titiller le nerf optique après la vision de l'affiche française [1], voici où en était le préposé à la chronique. Ajoutez à cela une accroche au potentiel nanaro-naveton des plus alléchantes ("combattre le mal par le mal"), le dénommé Solomon Kane du britannique Michael J. Bassett avait de quoi (r)éveiller nos plus bas instincts en sommeil depuis bien trop longtemps. Las, après une introduction « prometteuse », et malgré quelques défauts, le cinéphile déviant est forcé, à son plus grand dam, de poser un genou à terre, et d'admettre sa défaite : ce long métrage lorgne du côté de l'honnête série B.

Solomon Kane, personnage créé à l'origine dans les années 20 par l'un des pères de la fantasy Robert E. Howard (écrivain prolifique à l'existence brève [2], et plus connu par les non initiés comme l'auteur de Conan le Barbare), se voudrait l'incarnation d'un puritanisme guerrier. Or mauvais timing pour le long métrage et ses producteurs, celui-ci tourné en pleine Obamania [3], ne pouvait décemment (?) pas profiter des scories de l'administration Bush et de sa politique post-11 Septembre.