Pink Floyd: You Gotta Be Crazy

Encore plus que pour le clip de mardi dernier, à moins de n'y connaître que dalle en musique, l'album avec le prisme et le spectre de la lumière, appelé plus communément Dark Side of the Moon doit dire quelque chose à pas mal de monde... Album de la démesure, qui permis du jour au lendemain de rendre les membres du groupe millionnaires, Dark Side restant même 15 ans dans le billboard! Certes, il serait regrettable de ne retenir que les chiffres de vente de cet album (30 millions, ava...) mais en même temps, n'étant pas mon album préféré du Floyd, loin de moi l'idée de faire une tonne de compliments...

Album qui définie le mieux le Floyd nous dirons, le plus convenable aussi, le meilleur pour tester les qualités d'une chaîne hi-fi surtout... et à part ça? Mouais, la dernière remarque est volontairement provocante et de mauvaise foi.

Bref durant l'année 74/75, le groupe tourne à plein régime et au lieu de surfer complètement sur quelque chose de prévisible, les Pink Floyd décident d'entamer leur concert chaque soir par presque une heure de musique inédite. La set-list restant toujours la même, les concerts s'articulent en deux parties, la première inédite, avec dans l'ordre de passage les chansons suivantes: Raving & Drooling; You Gotta Be Crazy; Shine on You Crazy Diamond part 1; Have a Cigar et Shine on You Crazy Diamond part 2. La seconde partie étant la plus attendue du public à savoir, l'intégralité de l'album Dark Side of the Moon, puis en rappel le classique Echoes, mais cette fois ci contrairement aux versions studio ou live antérieures, le saxophone est de la partie (rappelant ainsi finalement le son de l'album de 1973).

Les quelques connaisseurs du Floyd reconnaîtront que dans la première partie inédite, on aperçoit deux chansons qui apparaîtront dans Wish You Were Here, LP qui sortira en Septembre de l'année 1975. Ceci dit, les deux autres titres apparaîtront aussi dans un autre album du Floyd le mésestimé Animals sorti deux années plus tard (à l'origine ils devaient aussi faire partie du LP de '75). Sauf qu'entre temps, les paroles de Raving & Drooling et You Gotta Be Crazy vont changer (tout comme leurs titres, Sheep et Dogs), pour s'inscrire dans la thématique du roman de George Orwell, La ferme des animaux. D'ailleurs, passage à la trappe qui ne sera pas du goût du guitariste David Gilmour... et si vous ajoutez à cela le despotisme de Waters, ça commence à sentir la discorde (ou le paté selon les affinités du lecteur) au sein du groupe...

Rooty: To my green fairy

En attendant les joies d'admirer une mer grise-bleue demain, petite ode à toutes les cinglées, celles qui ont un grain, dont une en particulier...

Deux ans après un Remedy détonnant dans la planète house, le duo Ratcliffe & Buxton nous sort enfin une suite, Rooty, en 2001. Même si le précédent avait vocation à plaire aux clubbers, ce second LP est encore plus destiné à faire la fête... ce qui explique peut-être pourquoi j'ai eu plus de difficulté à rentrer dedans contrairement à Kish Kash au début. Mais bon, toussa n'enlève rien aux qualités de la dite galette, bien au contraire, car comme toujours chez cette paire de DJs producteurs, on a droit à un album diversifié.
Ainsi musicalement, Ratcliffe & Buxton nous gratifient toujours autant de musique profondément sexy tels que SFM, le bien nommé Jus 1 Kiss ou l'obsédant et moite Get me off. Comme sur Remedy, on a droit à quelques interludes toujours aussi bien senties en guise d'avant propos comme Kissalude et Freakalude en intro de l'acid house Crazy girl. Le duo n'oublie pas non plus de sampler quelques musiciens plus ou moins obscures pour la jeune génération, tel que Kenny Baron sur Do your thing ou les Tijuana Brass (si vous voulez briller dans les dîners mondains, sachez que le leader de cette formation, Herb Alpert, n'est autre que l'un des fondateurs du label A&M, vous savez maintenant d'où vient le "A" ;)) sur Broken Dreams. Finalement, comme sur le précédent LP, Basement Jaxx clot le disque sur une chanson calme, histoire de refaire tomber un peu la vapeur, avec le minimaliste et excellent All I Know.

On notera aussi le grand soin apporté par le duo à leurs clips, tel que le groovy Romeo et sa parodie des productions made in Bollywood ou celui d'un de leurs plus gros tubes Where's Your Head At? et ses petites expérimentations sur nos amis les primates...
En ce mardi, en guise de dédicace pour ceux qui auraient vécu sur une autre planète, le clip de l'énorme Where's Your Head At? basé sur un sample de Gary Numan.


Horace Andy: un rasta, une reprise et un soleil couchant

Pour clore cette thématique, quoi de mieux que la chanson qui vient immédiatement à l'esprit quand on vous susurre à l'oreille le mot "sunshine"... oui la fameuse chanson de Bill Withers, Ain't no Sunshine. Sauf qu'il aurait été trop facile de vous proposer l'original, connu par toutes les personnes de bon goût (quota provocation ^^'), donc intéressons nous à un artiste qui en fit une reprise dans les années 70, Horace Andy, deux après la sortie de l'original, en 1973 sur son album You are my Angel.
A vrai dire, et je ne dois pas être le seul je suppose, j'ai entendu parler d'Horace Andy quand ce dernier fit parti des guests sur les albums du collectif de Bristol, Massive Attack. Ceci dit, pour les autres, aficionados du reggae roots, Horace est loin d'être un inconnu. Déjà, la particularité qui marque le plus l'auditeur, c'est justement l'organe vocal du garçon, une sorte de Jimmy Scott en provenance de Kingston en somme.
Horace Andy commence dans la musique relativement jeune puisqu'il commence à enregistrer son premier single à l'âge de 16 ans en 1967. Mais il faudra attendre 1971 pour qu'Andy fasse son trou grace au producteur Coxsone Dodd (c'est même ce dernier qui lui donna le patronyme "Andy" pour se démarquer du cousin d'Horace, le chanteur de ska, Justin Hinds, et rendre un hommage indirecte à l'ancien chanteur des Paragons, Bob Andy).

Max Roach RIP

Bon je viens d'apprendre une triste nouvelle, le monde du jazz est en deuil, monsieur Max Roach vient de mourrir. snif... Après le géant qu'était Elvin Jones, voici donc l'un des batteurs les plus talentueux et charismatiques qui vient de tirer sa révérence.

Parmi le CV de ce géant, on retiendra qu'il joua à ses débuts avec les étoiles du bop, comme Charlie "Bird" Parker ,Thelonius Monk ou Dizzy Gillespie. Puis ce génie de la percussion joua ensuite avec la valeur montante de la jeune génération, Miles Davis, pour qui il enregistra le culte Birth of the cool, puis ensuite le suivi ainsi que les musiciens qui graviteront plus ou moins autour, dans ce qu'il deviendra le hard bop tel que Sonny Rollins.

Pis Max cultivait l'éclectisme, jouant ainsi avec des jazzmen tel que Stan Getz, Charles Mingus, Duke Ellington ou Clifford Brown. En 1958, sa conscience politique se montre au grand jour en s'engageant activement pour la défense des droits civiques des afro-américains, à ce titre on retiendra son manifeste We insist! Freedom Now Suite en 1960, brûlot montrant son intérêt pour la toute jeune scène free jazz. Puis après son mariage avec la sublime Abbey Lincoln, Max joua avec les musiciens d'avant-garde Archie Shepp, Cecil Taylor ou Anthony Braxton dans les 70's et forma aussi M'Boom, une formation entièrement comprise de percussions. Ce génie toujours à la recherche de nouvelle expérience tenta ainsi la rencontre entre un quartet jazz avec celui d'un quatuor à corde dans les 80's.
Max Roach est mort dans son sommeil à l'âge de 83 ans des suites d'un cancer...

RIP.

Cream: un soleil, des hippies et un chou (à la crème?)

Depuis juillet, la chaîne franco-allemande officiant sur le canal numéro 5 s'amuse à faire revivre le summer of love, alors j'y vais de ma petite contribution. Encore que... à noter que ça colle surtout avec la thématique abordée par François Deguelt. Besoin d'un petit flashback (petit clin d'oeil aux fans d'Imagination)?

Comme le résumait parfaitement l'ami François, "il y a le ciel, le soleil et la mer"... pour le premier j'en fais mon affaire la semaine prochaine, pour le second, ai je besoin d'être plus précis pour vous définir le thème abordé cette semaine?

On n'est pas là pour jouer les agents comptables, mais force est de constater que la chanson de Cream, Sunshine of your Love fait partie des chansons labellisées hit de l'année 1967, une chanson culte pour un album qui ne l'est pas moins au passage, Disraeli Gears (encore que l'album n'est sorti qu'en novembre '67 donc pour l'été de l'amour on passera... m'enfin bon...).

Alors quid du groupe Cream, bref petit cours d'histoire musicale pour celles (et ceux) qui n'en voient que par les années synthétiques (je vise personne en particulier là... quoique...). Alors Cream fut connu comme le premier power trio du rock (cela dit les fans du talenteux irlandais Rory Gallagher lui donne la paternité de ce type de formation avec son groupe Taste... mouais petite querelle pour animer les longues soirées d'hiver pour rock critiques bedonnants). Et dans cette formation, là aussi on a du beau linge! D'ailleurs pour continuer dans le pinaillage, on peut aussi considérer Cream comme le premier supergroupe de l'histoire du rock, à savoir Eric Clapton, Jack Bruce et Ginger Baker. A noter que Clapton était déjà à l'époque loin d'être un inconnu, le premier bluesman blanc estampillé made in by perfide Albion même, tout juste sorti de ses expériences avec les mythiques Yardbirds et les Bluesbreakers de John Mayall.

Bref après un très bon premier album teinté de blues et de rock sort en novembre '67 le deuxième album de Cream, Disraeli Gears, qui cette fois-ci ajoute une bonne louchée de psychédélisme dans ce blues-rock racé. Et vous savez quoi? On tient dans les mains un des meilleurs albums de cette année 67! La science guitaristique de sieur Clapton fait des merveilles, le talent de compositeur et de chanteur de Jack Bruce fait la différence et Ginger Baker derrière ses futs va marquer à jamais une future générations de batteurs fous. Parmi les pépites, on retiendra Strange Brew qui ouvre le LP, Tales of Brave Ulysses (et sa fameuse wah-wah), We're going wrong, l'enchanteresque Dance the Night Away et bien sur la chanson qui nous intéresse en ce mardi, le cultissime Sunshine of your Love.

C'est d'ailleurs sans doute le titre le plus reconnaissable du trio, un riff qui ne vous quitte plus, et la batterie de Ginger massive et inspirée par le rythme tribal de la musique amérindienne. Bref avant l'heure, on a finalement quelque chose qui ressemble au premier tube de heavy metal avant l'heure (Black Sabbath a du pas mal écouté Cream). Mais ce ne furent pas les seuls, puisque le célèbre gaucher repris Sunshine plusieurs fois durant ses concerts entre 1968 et 1969. On notera d'ailleurs au passage que c'est à partir de cette époque que les concerts du trio ressemblèrent de plus en plus à des jam sessions, avec des titres allant jusqu'à 20 minutes (vu le background des garçons, y'avait pas de soucis à se faire).

Nils Petter Molvær: un bistouri, des bivalves et Miami...

Décidément les séries US inspirent mes posts... ou c'est l'inverse, n'ayant plus d'inspiration je me raccroche à mon quotidien de raté.

Alors après mettre penché sur le cas, "je résous des affaires vieilles de plus de cinquante ans, rah la vache on est trop fort à Philadelphie", changeons de registre voulez vous... Maintenant, à nous le soleil, les bimbos, le luxe, Sony Crockett (zut c'est pas la bonne série ^^'), non je voulais dire le duo improbable, l'étalon Christian Troy et le boy-scout Sean McNamara... bref la série Nip/Tuck... En effet, lors de l'épisode de la semaine dernière, v'la t'y pas que j'entends la musique d'un trompettiste norvégien... Déjà, la saison 4 vaut son pesant de cacahuètes, il nous manque plus qu'une touche de fantastique et on pourrait bien se retrouver à Sunset Beach avec ma copine, la méchante Annie...

Bref, lors du dit épisode, j'eus le plaisir d'entendre deux morceaux de Nils Petter Molvær issus de son premier album en tant que leader pour ECM, l'excellent Khmer de 1997. Alors pourquoi cet intérêt pour ce musicien de jazz scandinave?

Comme d'autres musiciens compatriotes tels que Audun Kleive, Eivind Aarset ou Bugge Wesseltoft, Nils Petter jette un pont entre le jazz et la musique électronique. J'eusse pu utiliser le terme qui fut en vogue il y a quelques années d'electro-jazz... mais en fait non. En effet, à cette définition, qui n'est finalement pas plus putassière que jazz-rock par exemple, il faut différencier le jazzman qui utilise des effets électroniques tout en restant dans un approche jazz, et le musicien issu de la scène électro, un DJ en somme, qui va sampler ou même faire appel à quelques jazzmen pour mener à bien son entreprise... Que Blue Note signe finalement St Germain, y'a pas de honte en soi, enfin y'en a plus, ils ont bien signé Norah Jones, donc de toute façon..., puis ils risquent plus de retrouver leur aura légendaire qu'ils avaient dans les années 50-60, de ce fait autant mettre du beurre dans les épinards... Et ils nous avaient déjà fait le coup dans les 90's avec US3 donc...

Enfin tout ce gloubi-boulga pseudo-élististe, pour appeler un chat, un chat... donc Nils ne joue pas dans la catégorie, jazz-house, mais fait bien du jazz, certes pas très académique, mais qui s'en soucie?

Parmi les trompettistes de jazz, difficile de faire l'impasse sur l'influence d'un Miles, et c'est ce qu'on très bien compris Molvær ou Truffaz. Attention, je ne parle point de la manière de jouer, même si forcément il y a des similitudes, non comme le prince of darkness, ces deux jazzmen savent humer l'ère du temps, non par opportunisme mais juste pour ne pas s'engluer dans la routine, pour aller de l'avant! Ainsi, à la différence d'un Truffaz qui va incorporé des rythmes drum & bass dans sa musique (mais qui seront joués en live par le batteur Marc Erbetta, aucune boîte à rythme je précise), Molvær n'hésite pas à utiliser l'art du sample dans sa musique et y incorporer ainsi des éléments issus de l'ambient, de la house mais aussi du hip-hop (en live on verra ainsi un DJ lors de ses prestations scéniques). Et c'est vrai que l'apparition de Khmer sur ECM fut tout de même une surprise, agréable voire même surprenante, autant pour l'artiste que pour le label en passant, prouvant ainsi qu'ECM n'était pas que le label où jouait Keith Jarrett...
Pour continuer de jouer avec le sable, voici donc en ce mercredi l'un des extraits qui est passé dans Nip/Tuck, Access - Song of the Sand I, où le travail du guitariste Eivind Aarset n'est pas sans rappeler au bon souvenir d'un Robert Fripp à l'époque où ce dernier s'acoquinait avec un certain Brian Eno...

A scene at the sea : les bivalves ne savent pas farter...


Quand un artiste protéiforme connu pour être à la fois le Guy Lux nippon et réalisateur de deux films coups de poing (Violent Cop et Jugatsu) décide en 1991 de tourner un film consacré au surf, à quoi pouvons nous nous attendre ?

De mémoire, quand Hollywood s'est intéressé de près ou de loin à la culture surf, deux choix s'offrait à nous : l'approche rigoureuse faite par John Milius en 1978 avec son Big Wednesday avec les tout jeunes Jan-Michael Vincent (encore sans son hélicoptère) et Gary Busey (à cette époque il ne jouait pas encore à se bruler l'avant bras pour épater la galerie), ou le blockbuster, Point Break, datant lui aussi de 1991, où les surfers jouent les as du braquage.

Kitano choisit une troisième voie pour nous décrire l'univers du surf. L'histoire nous relate la passion d'un jeune éboueur sourd et muet pour le surf après avoir découvert une planche abîmée parmi les ordures. Un synopsis qui confirme en somme cette approche non-hollywoodienne.

Le film permet à Kitano de développer dans un premier temps les atmosphères contemplatives qu'on pouvait constater par petites touches dans ses deux premiers films (comme la cueillette des fleurs par exemple dans Jugatsu). Autre aspect qu'on retrouve très souvent dans le cinéma de Takeshi, mais finalement dans bon nombre d’œuvres réalisées par des insulaires, la place importante de la mer, et par extension la prédominance de la couleur bleu dans A scene at the sea.