Funky front covers Part IX

A l'heure de la traditionnelle dinde aux marrons et des cadeaux débordant par milliers, ouvrons notre boîte de Pandore annuelle, et célébrons (déjà) comme il se doit cette neuvième saison des Funky front covers ©, à la gloire du meilleur du pire des pochettes les plus insolites ou sexuées des musiques funk, disco et consorts des années 70 et 80.

En guise d'amuse-bouche avant de verser gaiement dans le stupre à paillette, offrons à notre lectorat une mise en abyme salvatrice en piochant dans le bac à vinyles du supposé sage jazzophile.

  

Jess Franco ou les prospérités du Bis - Alain Petit (2015)

Une bible. Trois kilos trois cent grammes sur la balance. Sept cent cinquante-deux pages au compteur. Jess Franco ou les prospérités du Bis s'inscrit dès à présent comme un livre incontournable pour tous les amateurs de Cinéma Bis, et cinéphiles en général. Après le remarqué et non moins remarquable livre consacré au metteur en scène culte italien Joe D'Amato, le réalisateur fantôme signé Sébastien Gayraud, Artus Films continue de faire œuvre de salubrité Bis [1] en permettant à Alain Petit de publier officiellement son deuxième projet, les « Manacoa Files », après la sortie en début d'année, par ce même éditeur, de son fan-book intitulé 20 Ans de Western Européen. Publié originellement en six volumes, dans un premier temps via un appel à souscription au mitan des années 90, puis par une seconde édition dans les cultes « Ciné Zine Zone » de Pierre Charles, célèbre éditeur de fanzines français et grand soutien de la cause Bis, Jess Franco ou les prospérités du Bis allait ainsi autant profiter du regain d'intérêt pour le réalisateur madrilène depuis une dizaine d'années, sous la forme de divers hommages [2] et autres rééditions (dans des copies décentes) de ses films en DVD, que du réseau bissophile qui a su mettre à profit les opportunités offertes par internet [3]. En somme, vingt-cinq ans après avoir germé dans l'esprit de son auteur, le livre connait enfin une réédition sous une forme idéale telle que l'avait souhaité Alain Petit depuis son origine.

Cronico Ritretto : Y'aura t'il de la neige à Noël ? - Sandrine Veysset (1996)

Prix Louis Delluc 1996 [1], le premier film de Sandrine Veysset, Y'aura t'il de la neige à Noël ?, fit figure d'OFNI lors de sa sortie en décembre de la même année. Produit par Humbert Balsan, ce long métrage dépasse le simple cadre de la chronique rurale durant les années 70. Du quotidien d'une famille d'agriculteurs maraîchers dans le Sud de la France, inspiré par les souvenirs de jeunesse de la réalisatrice, Y'aura t'il s'en écarte à dessein pour mieux plonger dans l'univers du conte à travers le portait, au fil des saisons, de cette mère et de ses sept enfants. Atypique, rare, le film a bénéficié d'une nouvelle restauration 4K supervisée et approuvée par Sandrine Veysset, et est désormais disponible depuis le 2 décembre en Blu-Ray et DVD collector.
  
Dans une ferme provençale, une mère (Dominique Reymond) élève ses sept enfants en dépit d'un travail dur et d'une vie rude. Au mieux absent quand il n'est pas avec sa seconde et légitime famille, le père (Daniel Duval), patriarche à l'ancienne, autoritaire et violent, y fait régner une discipline de fer. Rythmé au gré des saisons et du travail de la terre, le quotidien de la famille n'a pour seule issue que l'amour protecteur et dévoué de cette mère courage, avant qu'un événement tragique ne laisse place au désenchantement...
 

Body Double - Brian De Palma (1984)

Dans le cadre de la rétrospective Brian De Palma menée par Carlotta depuis quelques années, par les ressorties successives de Pulsions, Blow Out, Obsession ou plus récemment Furie en copie restaurée, s'ouvre une nouvelle collection, intitulée coffret Ultra Collector dont le premier numéro est consacré au culte Body Double. Fraîchement accueilli à sa sortie par la critique et le public, le long métrage a gagné au fil des années ses galons de joyau DePalmien pour devenir un des films les plus adulés de ses admirateurs, mais n'allons pas trop vite... 

Acteur aux cachets aléatoires vivant à Los Angeles, Jack Scully (Craig Wasson) est victime de claustrophobie lors du tournage d'un film d'horreur dans lequel il joue un vampire. Renvoyé par le réalisateur (Dennis Franz), Jack rentre chez lui et surprend sa petite amie au lit avec un autre. A la rue, sans travail, il écume les castings de la ville quand il fait la connaissance de Sam Bouchard (Gregg Henry) lors d'un cours où le professeur de théâtre tente d'exorciser sa claustrophobie. Autour d'un verre, Jack confie à Sam ses déboires, tandis que celui-ci lui fait une proposition intéressante: garder la luxueuse demeure d'un ami durant son absence, car il a décroché un rôle dans la pièce Private Lives à Seattle. La seule contrepartie qui lui est demandée, est de s'occuper des quelques plantes vertes de la maison, et de profiter de la vue panoramique, et en particulier, des jeux érotiques de sa riche et charmante voisine Gloria Revelle (Deborah Shelton) auxquels elle se livre chaque soir. Mais le voyeurisme va se révéler une activité plus dangereuse qu'il n'y paraît quand Jack découvre qu'un mystérieux indien rode autour de la belle…
   

Live report - Om au Divan du monde, Paris, 22 novembre 2015

Heureuse coïncidence ou hasard des calendriers, se sont produit la même semaine et au même endroit, les deux formations nées des cendres du groupe culte Sleep : Om et High On Fire (1), soit respectivement la section rythmique et le guitariste chanteur des auteurs du monstrueux Dopesmoker. Mené désormais par le bassiste Al Cisneros, le batteur originel Chris Hakius s'étant retiré des affaires musicales, Om faisait escale à Paris dans le cadre d'une mini tournée européenne (débutée le 14 novembre en République Tchèque), soit trois ans et demi après leur dernière venue à La Maroquinerie en avril 2012, trois mois avant la sortie de leur dernier album, Advaitic Songs.

En guise de préambule, avant les mantras soniques d'Om, les belges de The Black Heart Rebellion, en provenance de Gant, avaient pour tâche de faire patienter un public venu en masse (concert complet) pour Cisneros and co. Venu présenter leur nouvel album, People, when you see the smoke, do not think it is fields they're burning sorti le 29 octobre dernier, la musique de TBHR s'inscrivait idéalement dans le sillage de leurs « grands frères » étasuniens par leur goût prononcé d'insuffler à leur post-rock des influences world depuis leur précédent disque de 2012, Har Nevo. Riche sans être pompier, la prestation augurait du meilleur, leurs derniers disques évoquant par moment les ambitions des derniers Master musicians of bukkake en plus rock. Las. Si les disques et le mixage arrivaient à cacher les faiblesses du chanteur, sa voix dans les conditions du live plomba durablement la prestation du groupe. Sans épaisseur ou relief, doté d'un charisme anonyme, avouons que leur musique pour éviter ce goût d'inachevé aurait mieux fait de rester au stade instrumental. Dommage.
   

Garçon d'honneur | Salé sucré - Ang Lee (1993-1994)

Avant d'entamer une carrière hollywoodienne couronnée de succès et commencée en 1995 par le très remarqué Raison et sentiments, ou l'adaptation d'un des classiques de l'auteure britannique Jane Austen, le réalisateur taïwanais Ang Lee débuta en 1992 par Pushing Hands, premier volet de sa trilogie sur la famille intitulée « Father Knows Best ». Ce cycle connait aujourd'hui une nouvelle actualité par la sortie le 25 novembre prochain, par les bons soins de Carlotta, du deuxième et troisième chapitre de cette trilogie, Garçon d'honneur et Salé sucré, en support Blu-ray et DVD collector.

Œuvres d'un réalisateur tardif [1], ces deux longs métrages n'ont rien de juvéniles. Mieux, dépassant le simple cadre de la comédie, elles permirent à Ang Lee de faire résonner sur grand écran les mutations de la société taïwanaise. Fil conducteur de ces évolutions sociétales, l'acteur Lung Sihung fut l'interprète pour ces trois films de la figure paternelle, témoin involontaire des évolutions des relations entre les parents, garants de la culture traditionnelle, et les jeunes générations. Premiers films de la durable collaboration entre Ang Lee et le scénariste James Schamus [2] (Ice Storm, Tigre et Dragon, Lust, Caution), Garçon d'honneur et Salé sucré révélèrent au public international un réalisateur prometteur, dont le talent à croquer avec finesse le portrait de ses personnages fut auréolé au festival de Berlin en 1993 par l'Ours d'or.

Comédie de mœurs abordant le thème de l'homosexualité, Garçon d'honneur retrace l'histoire de Wei-Tong (Winston Chao), taïwanais naturalisé américain, vivant à New York avec son compagnon Simon (Mitchell Lichtenstein). Suite aux multiples pressions de ses parents, le jeune homme, sur l'idée de Simon, décide d'épouser Wei-Wei (May Chin), sa locataire chinoise à la recherche d'une carte verte. Les choses se compliquent quand les parents de Wei-Tong débarquent à New-York...

Live report : The Jon Spencer Blues Explosion - La Gaîté lyrique, Paris, 04 novembre 2015

Réapparu après un long hiatus au début des années 2010, d'abord par la sortie discrète du EP Black Betty enregistré conjointement avec Buzz Osborne et the Melvins, puis par celle de leur nouvel album Meat + Bone en 2012, huit années après leur précédent LP, le trio The Jon Spencer Blues Explosion signait cette année avec Freedom Tower: No Wave Dance Party 2015, un retour remarqué en mars dernier. Disque hommage à leur ville originelle New-York, l'album s'éloignait définitivement des orientations Stoniennes époque Plastic Fang (2002) pour revenir à l'énergie brute de leur début : un rock primal à l'urgence salvatrice. Mieux, jamais en studio les trois musiciens ne s'étaient tant rapprochés sur la forme de l'intensité qui caractérise leurs performances publiques. De quoi pousser aisément le préposé à la chronique à se déplacer à la Gaîté lyrique, et trouver par la même occasion la réponse à une des questions existentielles qui taraudent le rock critic aujourd'hui: est-il possible de pratiquer encore en 2015 du rock'n'roll en mocassins blancs ? Mais n'allons pas trop vite.
  
 
   

Cronico Ristretto : Within the Woods - Sam Raimi (1978)

Œuvre culte, Evil Dead a gagné rapidement ses galons de film d'horreur référentiel à classer aux côtés de Massacre à la tronçonneuse ou La nuit des morts-vivants. Savant cocktail de gore et d'humour noir, le premier long métrage de Sam Raimi marqua une nouvelle étape dans la production cinématographique à l'ère de la VHS. Ce que l'on sait moins, c'est que ce premier volet de la franchise fut précédé par un court métrage intitulé Within the Woods, dont le but était de permettre à lever suffisamment de fonds pour en financer un long. Produit par le trio Bruce Campbell, Sam Raimi et Rob 'RIP' Tapert pour la modique somme de 1 600 $, cette version de travail ne fut jamais officiellement éditée [1] et encore moins réellement exploitée dans les salles obscures [2]. Toutefois, magie des internets, des copies pirates de ce « prototype » sont disponibles sur la toile...

Deux couples d'étudiants passent leur weekend dans une cabane perdue dans les bois. Tandis que Shelly (Mary Valenti) et Scotty (Scott Spiegel) jouent au Monopoly, leurs amis Bruce (Bruce Campbell) et Ellen (Ellen Sandweiss) partent pique-niquer. Chemin faisant, Bruce indique à sa dulcinée qu'ils vont déjeuner dans un cimetière indien maudit (?!). Or quelque temps plus tard, malgré sa propre mise en garde, le jeune homme profane la tombe d'un sorcier et y déterre un poignard, au risque de réveiller les mauvais esprits environnants. Après manger, le couple s'endort. A son réveil, seule, Ellen décide de rejoindre ses amis pensant y retrouver Bruce. Mais le weekend vire au cauchemar quand celle-ci découvre dans la forêt le cadavre mutilé de son compagnon. Poursuivie par une présence maléfique, Ellen retourne, tant bien que mal, à la cabane...

Friedkin connection - William Friedkin (2013)

Des réalisateurs estampillés Nouvel Hollywood, William Friedkin est sans conteste le plus controversé, tant par les films qu'il a réalisé que par les histoires qui entourent leurs productions. Riche d'une filmographie où se côtoient de nombreuses œuvres emblématiques (réévaluées pour certaines avec le temps), le cinéaste a publié en 2013 ses mémoires intitulées Friedkin connection (éditées en France en 2014 par les Éditions de la Martinière). En omettant ses souvenirs les plus intimes, ce qui aurait de son propre aveu interdit le livre aux moins de dix-huit ans, Friedkin revient sur sa carrière de réalisateur : sa famille, ses débuts à la télévision, ses (rares) succès, mais également les périodes difficiles qui suivirent. Comme présenté par l'éditeur en dos de couverture, gloire, disgrâce, et renaissance sont au menu de cette autobiographie sans concessions.

Avec en introduction la liste de ses plus mémorables erreurs de jugement, tel son manque de discernement vis à vis de ses jeunes comparses nommés George Lucas et Steven Spielberg [1], qui le fit refuser la proposition de devenir l'un des producteurs de Star Wars [2], la mise à la benne d'une œuvre offerte par un anonyme admirateur nommé Jean-Michel Basquiat, ou encore sa fin de non recevoir de la demande d'un jeune auteur-compositeur-interprète, Prince, le sollicitant à tourner le clip d'une de ses chansons pour la juvénile MTV, William Friedkin met rapidement les pieds dans le plat en pointant son incapacité à avoir su prendre la mesure du talent des autres à cause de sa « vision disproportionnée ». Autobiographie autant qu'autocritique, Friedkin connection dresse le bilan d'un cinéaste dont l'ego et les erreurs passées lui firent manquer plusieurs occasions notables, sans toutefois, l'empêcher de tourner paradoxalement, compte tenu de ses nombreux échecs, le plus cinglant étant son adaptation du Salaire de la peur. Mais n'allons pas trop vite.

Cronico Ristretto : Repentless - Slayer (2015)

Continuer ou arrêter, statu quo ou transition, telles étaient les possibilités qui s'offraient à Slayer, et à son duo originel, depuis la disparition de Jeff Hanneman. Le choix d'un remplaçant, Gary Holt, du vivant du guitariste blond et les certitudes de Kerry King après l'annonce du décès indiquaient, tout d'abord, en dépit des doutes premiers de Tom Araya, la volonté de ne pas mettre un terme au groupe trentenaire. Point plus délicat, l'absence d'Hanneman, compositeur principal de la plupart des classiques de Slayer, pouvait-elle être comblée ? En d'autre terme, leur musique n'allait-elle pas perdre de sa substance sachant que l'une des forces de la paire formée par Hanneman et King [1] était leur complémentarité. Moins probable, mais sous-jacente, était enfin l'évolution, du moins la direction, que prendrait Slayer compte tenu de la nouvelle position dominante de Kerry King. Autant de questions existentielles qui n'appelaient pas forcément de réponses immédiates avant l'annonce de la sortie (maintes fois repoussée) de Repentless, leur onzième album et premier signé sur le label allemand Nuclear Blast (après quasiment trois décennies passées chez American Recording), le 11 septembre dernier, soit la même date que... celle de God Hates Us All... en 2001 (mais n'allons pas trop vite).

Album du deuxième retour du batteur Paul Bostaph suite au renvoi médiatisé de Dave Lombardo, et premier disque avec le guitariste d'Exodus, l'écoute de Repentless inspirait autant une certaine crainte, le contractuel [2] World Painted Blood sorti six années plus tôt n'ayant pas laissé un souvenir mémorable (doux euphémisme), qu'elle pouvait susciter une curiosité plus ou moins malsaine pour l'auditeur (et le préposé docteur) du fait des précédentes interrogations.

Live report : Public Image Ltd. - Le Trianon, Paris, 06 octobre 2015

Dans le cadre de leur nouvelle tournée en soutien à leur dixième et nouvel album, What the World Needs Now..., John Lydon et son Public Image Limited étaient de passage à Paris en automne. Pouf pouf. De leur deuxième disque faisant suite à leur reformation de 2009, un constat s'était rapidement imposé, Lydon avait fait le deuil de ses jeunes années chaotiques post-punk symbolisées par le triptyque  First Issue, Metal Box, et The Flowers of Romance. Dont acte. Si la musique se veut plus proche sur le fond de la production de la fin des années 80, à l'image du guitariste barbu Lu Edmonds et du batteur Bruce Smith présents à cette époque, reste pour PiL aujourd'hui un capital sympathie globalement intact, et de pair, un discours corrosif non dénué d'humour toujours aussi pertinent.

 

La taverne de la Jamaïque (Jamaica Inn) - Alfred Hitchcock (1939)

Dernier film d'Alfred Hitchcock réalisé sur le sol anglais avant son départ pour Hollywood, La taverne de la Jamaïque est un cas à part dans la riche filmographie du maître britannique. Première adaptation d'un roman de Daphné du Maurier, avant Rebecca l'année suivante puis Les Oiseaux deux décennies plus tard, le grand Alfred surprenait en s'écartant de ses précédents longs métrages, du thriller Jeune et innocent au récit d'espionnage Une femme disparaît, pour mettre en scène un film d'aventures en costumes. A l'initiative de l'acteur Charles Laughton qui acheta les droits du roman et produisit le film par sa nouvelle société Mayflower Pictures, La taverne de la Jamaïque souffre depuis du statut, peu enviable, de film mineur hitchcockien, en dépit d'un réel succès public à sa sortie. Une mauvaise réputation somme toute exagérée qu'il conviendra de modérer à l'occasion des 75 ans du film, et de sa ressortie en version restaurée 4K dans les salles à partir du 15 octobre prochain.

Abandonnant son Irlande natale pour les Cornouailles depuis la mort de sa mère, Mary Yellard (Maureen O'Hara) part rejoindre sa tante Patience (Marie Ney) et son mari Joss (Leslie Banks). En chemin, Mary apprend que la taverne, dont son oncle par alliance est le tenancier, est un repaire de brigands. Nullement découragée, celle-ci requiert l'aide du juge Pengallan (Charles Laughton) afin de pouvoir s'y rendre dans les plus brefs délais. Une fois arrivée, Mary constate rapidement que la sinistre notoriété du lieu n'a rien d'usurpé. Au cours de cette soirée riche en désillusions, la jeune orpheline sauve la vie d'un des malfrats, Jem Trehearne (Robert Newton), accusé d'avoir volé une part de leur dernier butin. Tout deux parviennent néanmoins à s'échapper et trouvent refuge chez l'excentrique juge, qui n'est autre que le véritable responsable des naufrages et chef des pilleurs d'épaves.

Yor, le chasseur du futur - Anthony M. Dawson (1983)

Mis en scène par Antonio Margheriti, dissimulé sous son immuable pseudonyme Anthony M. Dawson, Yor, le chasseur du futur s'inscrit, de prime abord, dans le sillage des nombreuses productions bis italiennes, dont le premier but était de suivre les modes du moment. A un détail près. Adaptation d'une bande dessinée argentine, Henga, el cazador, éditée au mitan des années 70 et signée par la paire Juan Zanotto / Ray Collins, l'œuvre originelle dépassait, déjà, la simple retranscription d'une préhistoire fantaisiste, pour plonger son personnage principal dans un univers science-fictionnel. Pas étonnant, dès lors, en dépit du fait que sa sortie ne soit pas étrangère au succès de La guerre du feu ou de Conan le Barbare, que le film soit dirigé par l'italien Antonio Margheriti, cinéaste ayant démontré maintes fois par le passé son goût pour l'hybridation des genres (au hasard La brute, le colt et le karaté). Hélas, pour le réalisateur, et sans déflorer trop vite le contenu de ce film devenu rapidement culte pour de mauvaises raisons, si Yor, le chasseur du futur fut, d'après le propre fils de Margheriti, un succès inattendu Outre-Atlantique, celui-ci se fit surtout à son détriment, à l'image des trois nominations reçues lors de la quatrième cérémonie des Razzie Awards [1].

Grand, blond et musclé, Yor (Reb Brown) vit dans un monde préhistorique. Arborant un mystérieux médaillon doré, cet étranger sauve des griffes d'un vorace dinosaure herbivore la belle et jeune Ka-Laa (Corinne Cléry) et son protecteur Pag (Luciano Pigozzi). Accueilli et célébré comme un héros par leur village, la fête tourne court après l'apparition d'hommes des cavernes qui massacrent les habitants. Capturée lors de sa fuite, Ka-Laa est conduite vers le chef de la tribu, mais Yor réussit à s'introduire dans la grotte et la libère. Ka-Laa et Pag décident alors d'accompagner Yor et de le suivre à la recherche de ses origines...

Scalps - Werner Knox (Bruno Mattei & Claudio Fragasso) (1987)

Homonyme d'un des premiers films de Fred Olen Ray réalisé quatre ans plus tôt, ce Scalps signé par un mystérieux Werner Knox est, comme le signale magistralement l'affiche ci-contre, un western aux arguments solides, sinon prometteurs. Sans plus attendre, dévoilons l'identité secrète du, ou plutôt, des metteurs en scène qui se cachent derrière ce pseudonyme aux accents germano-anglophones, un duo qui marqua de son empreinte la décennie 80 par leur foi inébranlable dans le cinéma et le portnawak, en signant [1] des œuvres aussi subversives que Virus Cannibale ou Les rats de Manhattan : Bruno Mattei / Claudio Fragasso. Davantage réputés pour leur opportunisme et la qualité controversée de leurs productions, nos deux compères, responsables d'un précédent western nommé Bianco Apache sorti également en 1987, déjouent les pronostics cette année-ci avec un diptyque inattendu. Mieux, à une époque où le western spaghetti est mort et enterré depuis bien longtemps, Scalps devance de quelques mois, sans évidemment l'éclipser, le retour du personnage culte interprété par Franco Nero dans la séquelle Django 2: il grande ritorno, en proposant une héroïne vengeresse sachant manier l'arc et les flèches explosives. Tout un programme.

Tandis que la fin de la Guerre de Sécession signe la défaite des états confédérés, l'irréductible colonel texan Connor (Alberto Farnese) et sa poignée de soldats perdus résistent encore et toujours à l'envahisseur yankee. Dirigeant d'une main de fer son camp et les contrées aux alentours, le colonel brûle d'avoir une nouvelle maîtresse à ses côtés en la personne de Yari (Mapi Galán), fille aînée du chef indien Aigle noir (Charly Bravo). Pour se faire, ils demandent à ses hommes d'aller récupérer, de gré ou de force, l'objet de son désir en échange de quelques bouteilles de whisky, fusils et autres munitions. Las, devant le refus et l'obstination des autochtones, les soldats obéissent aux ordres reçus, et massacrent la tribu Comanche afin de leur rappeler, une toute dernière fois, qui est le maître des lieux. Désormais prisonnière, Yari est sur le point d'être conduite à son futur amant psychotique, quand celle-ci réussit à s'échapper et trouve refuge dans le ranch de Matt (Vassili Karis), un ancien soldat confédéré qui voue une haine envers les indiens depuis la mort de son épouse...

Ultime combat (Deadly Prey) - David A. Prior (1987)

Disparu le 16 août durant la post-production de son dernier long métrage Assassin's Fury, le réalisateur étasunien David A. Prior aura laissé une trace indélébile dans le cinéma bis. Davantage connu outre-Atlantique, l'homme fut pourtant l'un des artisans du genre, ou plutôt des genres. A partir de la moitié des années 80 et pendant une décennie, ce passionné, sous la multi casquette de scénariste réalisateur (voire producteur), fut l'auteur de plus d'une vingtaine de bisseries, où se croisèrent tueur psychopathe, zombies vengeurs, et nombre de films de guerre fauchés qui occupent la majeure partie de cette filmographie au service d'une série B louchant vers le Z. Si Prior dirigea au cours de sa vie plusieurs figures récurrentes et abonnés aux productions déviantes : Michael Ironside, Joe Spinell, William Smith, David Carradine, Charles Napier, Richard Lynch, Robert Z'Dar, Jan-Michael Vincent, Traci Lords et même Pamela Anderson, le réalisateur reste toutefois indissociable de son cadet, Ted, qui aidera jusqu'à cette triste fin son frère, à la fois devant et derrière la caméra. 

Longtemps inédit en DVD (le Blu-Ray sort aux USA le 13 octobre prochain), Ultime combat est sans conteste le film le plus marquant de la fratrie Prior, ce dernier ayant même droit, vingt-cinq ans plus tard, à une séquelle toujours signée par Prior, nommée Deadliest Prey, avec de nouveau la paire Ted Prior et David Campbell dans leur rôle respectif (l'année 2013 sonnant son grand retour après une timide réapparition dans les années 2000). A l'instar de Strike Commando mis en scène par l’inénarrable Bruno Mattei, et sorti la même année avec le sémillant Reb Brown, Ultime combat puise son inspiration du côté de la franchise Rambo, tout en y apportant une once d'originalité (osons le l'écrire), le scénario lorgnant également vers le classique des années 30, La chasse du comte Zaroff (1), ou quand un Rambo blond devient la proie de méchants mercenaires commandés par un colonel tout aussi sinistre. Mais n'allons pas trop vite.

Flic ou ninja - Godfrey Ho (1986)

S'il est communément admis que feu Menahem Golan fut a l'initiative de la mode du film de ninja dans les années 80 à partir de L'implacable ninja (1981) avec Franco Nero [1], force est de constater, et ceci en dépit de ses louables efforts et de sa franchise American Ninja et ses quintuples volets, que le genre trouva à Hong Kong une réponse encore plus paroxystique en la personne du duo Joseph Lai / Godfrey Ho, respectivement producteur et réalisateur du film qui nous intéresse, Flic ou ninja. Prenant comme toile de fond le même schéma, à savoir une intrigue tournant autour d'un occidental rompu aux arts martiaux, ou « la revanche du petit blanc » pour reprendre les termes de Jean-François Rauger pour décrire ces séries B destinées au public occidental, le genre va pourtant connaitre un sérieux ravalement de la part des deux hongkongais pré-cités.

Adeptes de méthodes de production éprouvées, en recyclant au besoin plusieurs parties d'anciens films pour en créer un nouveau, Lai et Ho apportèrent par leur audace un vent nouveau au cinéma d'exploitation. Ecrit par un Godfrey Ho qui ne ménagea pas, comme à l'accoutumée, ses efforts, la richesse de Flic ou ninja en éblouira encore aujourd'hui plus d'un, tant le scénario aime à brouiller les pistes. Faire cohabiter deux histoires qui à l'origine n'ont aucun rapport peut déjà apparaître comme une gageure, mais quand celles-ci appartiennent à deux films différents, on touche au génie! Certes, certains esprits chagrins pourront toujours rétorquer qu'un tel procédé a ses limites, et qu'il s'agit de méthodes de margoulins, toutefois tout ceci n'est que peccadilles et autres billevesées de la part de cuistres incapables de reconnaître les améliorations stylistiques apportées par le cinéma bis.

Dragon Inn - King Hu (1967)

Première production taïwanaise de King Hu, après son départ de Hong Kong et le contrat qui le liait à la Shaw Brothers, Dragon Inn est le second wu xia pan de son auteur et son premier grand succès en Asie. Libre de toutes contraintes artistiques, Hu profita de l'autonomie que lui offrait la compagnie taïwanaise Union Film pour révolutionner, rien de moins, le film de sabre en cette année 1967 [1]. Deux semaines après la ressortie remarquée de A Touch of Zen, ce second long métrage de King Hu distribué par Carlotta ressort pour la première fois en version intégrale restaurée 4K. 

Chine du XVème siècle, durant la Dynastie des Ming, le loyal Yu Qian, précepteur du Prince et Ministre de la défense, est victime d'un complot et accusé à tort d'avoir aidé des étrangers. Yu Qian condamné à mort par Cao Shaoqin (Bai Ying), chef des eunuques qui se sont emparés du pouvoir à la Cour, ses trois enfants sont bannis à l'exil près de la frontière mongolienne. Mais celui qui contrôle la police secrète a d'autres plans, il prévoit en réalité de les exterminer en chemin. Sauvés une première fois par un inconnu, Shaoqin ordonne à ses deux fidèles commandants de préparer une embuscade à l'Auberge du dragon. L'endroit, habituellement désert en la saison, est bientôt envahi par les membres de la police secrète et par de mystérieux combattants…

Intimate Night with Stanley Clarke Band - New Morning, Paris, 26 juillet 2015

Habitué des salles de plus grande taille, le bassiste Stanley Clarke faisait une fois n'est pas coutume entorse à la règle, comme le soulignait l'intitulé du concert du dimanche 26 juillet, en se produisant au New Morning. Non sans une certaine appréhension, celle-ci confortée le soir même en écoutant d'une oreille distraite les propos passionnés des fans de jazz fusion présents, le préposé s'était toutefois résolu, et vite décidé, à assister à ce concert dès son annonce officielle, et ceci, quelque soit les supposés risques encourus...

Riche d'une quarantaine d'albums, la production discographique de ce quadruple récompensé aux Grammy Awards est à l'image de ce multi-instrumentiste, compositeur, chef d'orchestre, interprète, arrangeur, producteur, et compositeur de musiques de films (Boyz N the Hood) : versatile, au risque de s'aventurer très souvent dans des territoires éloignés du jazz, et d'apparaître paradoxalement comme un jazzman qui œuvra davantage en dehors de son cercle musical au grand dam des amateurs de la Great Black Music. En faisant fi donc des nombreux avertissements qui parsèment la discographie du bassiste, son lucratif virage funk dans les 80's ou plus cruellement, le manque de disques notables postérieurs à sa production 70's, l'envie de découvrir en chair et en os ce talentueux musicien se fit toutefois plus forte. 

 

A Touch of Zen - King Hu (1971)

Premier film chinois récompensé au Festival de Cannes en 1975, par l'obtention du Prix de la Commission supérieure technique, A Touch of Zen valut à son réalisateur King Hu une reconnaissance internationale, tout en faisant découvrir au monde le wu xia pan, ou le film de sabre chinois, soit l'illustre parent du film de kung-fu déjà popularisé quelques années auparavant à travers le globe par un certain Bruce Lee. Œuvre magistrale dont l'influence n'aura de cesse d'inspirer la jeune génération (Tsui Hark [1] et Ang Lee pour les plus connus), ce long métrage dont le tournage fut étalé sur plus de trois ans faillit pourtant connaitre un autre dessein. Tronqué lors de son exploitation, échec considérable lors de sa (première) sortie [2] à Taïwan, A Touch of Zen dut toutefois son salut à la ténacité du français Pierre Rissient, déterminé à reconstituer une copie entière du film, avant de le proposer au festival susmentionné, et de lui offrir par extension une nouvelle sortie sur ses terres en juillet 1975. Pour la première fois en version intégrale restaurée 4K, le film distribué par Carlotta ressort sur grand écran à l'occasion des quarante ans de sa projection cannoise.

Chine du XIVème siècle, durant la Dynastie des Ming, Gu Shengzai (Shih Chun), trentenaire vivant encore avec sa mère, exerce la profession de peintre et d'écrivain public, au grand désespoir de cette dernière, celle-ci aspirant à le voir devenir fonctionnaire et marié. Habitant à côté d'une vieille citadelle, Gu craint depuis peu qu'elle ne soit hantée, avant d'apprendre par sa mère la venue d'une nouvelle voisine Yang Huizhen (Hsu Feng). Si la jeune femme ne laisse pas indifférent Gu, il apprend également qu'il n'est pas malheureusement le seul à s'y intéresser. Yang n'est autre que la fille d'un dissident du mouvement Donglin assassiné par la police politique du grand eunuque Wei, et depuis recherchée pour trahison par Ouyang Nin (Tien Peng), capitaine de la sinistre Chambre de l'Est...

Ikarie XB 1 - Jindrich Polák (1963)

Adaptation d'un roman de Stanisław Lem, le long métrage tchécoslovaque Ikarie XB-1, d'après Le nuage Magellan (Obłok Magellana), est un film unique dans la production science-fictionnelle des années 60. Pouvait-il en être autrement ? Pourtant rien n'indiquait au départ une telle singularité, à l'instar de la première adaptation de Lem, sévèrement critiquée par l'écrivain polonais, L'Étoile du silence (Der schweigende Stern) [1], d'après Astronauci (1951) et mise en scène trois années plus tôt en 1960 par l'est-allemand Kurt Maetzigpar. Or si le futur auteur de Solaris [2] fut connu, sauf l'exception Przekładaniec (1968) signée par son compatriote Andrzej Wajda, pour ses positions intransigeantes vis à vis de ses histoires transposées [3], admettons qu'Ikarie XB 1 a le premier mérite de se démarquer du caractère naïf (et propagandiste) qui prédominait dans la science-fiction de l'époque. A considérer à juste titre comme l'un des premiers films adultes de SF. Rien de moins.

2163, le vaisseau spatial Ikarie XB-1 et son équipage international constitué de quarante scientifiques ont pour mission de découvrir des traces de vies dans le système de l'étoile Alpha du Centaure. Tandis que la vie de cette petite ville spatiale s'organise, l'équipage croise le chemin d'un autre vaisseau spatial d'apparence primitive : une ancienne fusée terrienne. Deux cosmonautes y sont dépêchés et découvrent à bord des membres à l'apparence endormie, empoisonnés par un gaz toxique datant de la fin du XXème siècle. Mais les deux hommes périssent en déclenchant accidentellement l'explosion d'un des nombreux missiles nucléaires dont la navette est équipée. Peu de temps après, l'équipage se voit exposer au rayonnement mystérieux d'une étoile noire qui cause la somnolence de la plupart des membres, les deux membres ayant été directement exposé aux radiations à l'extérieur du vaisseau souffre quant à eux de graves troubles mentaux.

Laserblast - Michael Rae (1978)

Seule et unique réalisation de Michael Rae, Laserblast traîne dans son pays d'origine la peu envieuse réputation d'être l'un des pires long métrages produits sur le sol étasunien, qui plus est depuis sa diffusion en 1996 dans l'émission culte outre-Atlantique  Mystery Science Theater 3000, cette dernière ayant placé le dit long métrage à la sixième position du palmarès de leurs plus mauvais films [1]. A noter que si Laserblast sauve d’une certaine manière les meubles en étant placé dans cette liste derrière Manos the Hands of Fate, l'absence remarquée d'Hobgoblins indiquerait par conséquent un niveau de déviance et de portnawak exceptionnel. Sans en dévoiler davantage, notons dès à présent que le préposé à la chronique se garderait bien, après visionnage, de situer Laserblast à un tel degré. La déviance a ses raisons, que la raison ignore…

Billy Duncan (Kim Milford) est un jeune homme timoré dont la vie apporte peu de moments réjouissants. Habitant seul avec sa mère, celle-ci le quitte une fois de plus pour aller à Acapulco ; s'ajoute à cet abandon maternel somme tout relatif (à constater sa déception et compte tenu de son âge, on en vient à s'interroger sur la véritable nature de sa relation avec sa mère…), sa disposition à être le souffre-douleur de ce que compte de plus plouc sa communauté : le verbalisateur précoce de contraventions et adjoint du shérif, le bedonnant Pete Ungar (Dennis Burkley), et l'improbable duo redneck personnifié par le rebelle post-néandertalien Chuck (Mike Bobenko) et son faire-valoir Froggy (Eddie Deezen), qui tenteront rien de moins que de violer sa petite amie Kathy (Cheryl Smith) lors d'une fête. Face à cet environnement hostile et l'apathie quasi pathologique de Billy (même le grand-père sénile de Kathy, incarné par Keenan Wynn, le ridiculise), celui-ci soigne son mal-être à travers la solitude et la quiétude que peut lui apporter le désert californien. Or un jour, il y fait une découverte qui changera radicalement son existence : un fusil laser d'origine extra-terrestre. Une fois passé le temps de l'enthousiasme enfantin à grand renfort de « pa pa pow ! » plus explosion de cactus, l'heure de la revanche a désormais sonné. Mais ce que Billy ignore, c'est que cette arme et le collier qui l'accompagne vont le transformer à mesure en alien, jusqu'à prendre possession totalement de lui.

Live report : Eyehategod • Herder • Joe Buck Yourself - Glazart, Paris, 30 juin 2015

Depuis leur précédent passage parisien au Glazart en première partie d'Orange Goblin en août 2013 (photos sur notre tumblr), le retour de la formation culte et originaire de la Nouvelle Orléans, Eyehategod, était des plus attendus. Un retour sur scène d'autant plus espéré depuis la sortie, l'année dernière, de leur album éponyme, nouveau disque mettant un terme à un hiatus discographique (1) long de quatorze années depuis leur précédent effort studio, Confederacy of Ruined Lives. Une éternité.

Dans le cadre des Stoned Gatherings, et en support à la tournée européenne des louisianais, du 6 juin au 4 juillet, la soirée parisienne du 30 juin s'annonçait ainsi des plus chaudes, en sus des températures caniculaires qui frappaient la capitale : pas moins de quatre groupes allaient ainsi précédés la venue tardive d'Eyehategod.

Une fois n'est pas coutume, l'horaire annoncé sur le billet disait vrai. A 19h tapante, non loin de la scène extérieure LaPlage, le psychobilly de Tony Bones / Joe Buck aka Viva Le Vox ouvrit les hostilités, suivi dans la foulée par le trio rock'n'roll bluesy Hooten Hallers. Si la seconde formation convainquit à moitié, la faute à un saxophone baryton timide et à un chanteur trop porté à imiter Tom Waits, le premier duo n'eut pas son pareil pour faire vivre ce délicieux mélange de rockabilly originel et d'attitude punk. Le temps de rejoindre la salle de concert, et Joe Buck pouvait investir les lieux, délaissant sa contrebasse pour une guitare et son étui faisant office de grosse caisse.

 
Joe Buck Yourself 

Le prince de Hombourg - Marco Bellocchio (1997)

Depuis son adaptation [1] d'Enrico IV de Luigi Pirandello en 1984, Le Prince de Hombourg, d'après la pièce homonyme de Heinrich von Kleist [2], signait après treize ans d'absence le grand retour du cinéaste italien Marco Bellocchio au Festival de Cannes. En compétition officielle, le film ne fut pourtant jamais distribué dans l'hexagone. Une injustice, du moins un oubli, enfin réparée grâce à Carlotta qui distribue une œuvre majeure du maître italien, après un long sommeil de presque deux décennies, ce mercredi 1er juillet. 

A la veille de la bataille de Fehrbellin, entre la Suède et le Brandebourg, le Prince de Hombourg (Andrea Di Stefano) est surpris en pleine crise de somnambulisme dans le jardin d'un château. A son réveil, il découvre dans sa main le gant de Nathalia (Barbora Bobulova), nièce de l'Électeur (Toni Bertorelli). Encore troublé par ce rêve devenu réalité, le Prince écoute distraitement le lendemain les instructions dictées par l’Électeur, chef de l'État et de l'armée. Il lui est ordonné de ne pas attaquer avant les ordres, sa fougue ayant déjà faire perdre auparavant deux victoires. Durant la bataille, le jeune commandant de la cavalerie brandebourgeoise apprend la mort de l'Électeur. Il décide de devancer l'ordre en attaquant l'infanterie suédoise, et remporte la victoire. Or l'oncle de sa future fiancée n'est pas mort, et souhaite que son indiscipline, malgré la victoire, soit punie en le mettant aux arrêts, avant que celui-ci ne soit jugé par une cour martiale. 

It follows - David Robert Mitchell (2014)

Présenté à Cannes en mai 2014, avant de faire la tournée des différents festivals internationaux, dont deux escales françaises en septembre, à L'étrange festival puis à Deauville, It follows aura autant suscité l'admiration des festivaliers, que la critique d'une partie du public. Film singulier dans la production horrifique des années 2010, ce second long métrage du jeune cinéaste David Robert Mitchell se démarque, à son avantage, des sempiternelles histoires de possession qui hantent les actuelles salles obscures. L'auteur du méconnu The Myth of the American Sleepover y propose ainsi une relecture des grands films d'horreur (pre-)eighties, Halloween et Les griffes de la nuit, inspirée par le minimalisme du japonais Ring. De quoi décontenancer les amateurs de frissons formatés. Las. Les meilleures intentions ne font pas toujours les meilleurs films, mais n'allons pas trop vite...

Lycéenne vivant dans la banlieue de Detroit, Jay (Maika Monroe) va au cinéma avec son nouveau petit ami, Hugh (Jake Weary). Dans la salle, en attendant la projection du film, Hugh aperçoit une femme à l'entrée. Or Jay ne la voit. Effrayé, Hugh demande à sortir de la salle immédiatement. L'adolescente ne prête pas attention à cet étrange comportement, et sort une seconde fois avec son compagnon. Lors de ce rendez-vous, Jay et Hugh font l'amour sur la banquette arrière de la voiture, garée près d'un immeuble abandonné. Peu de temps après, le jeune homme la séquestre dans le bâtiment voisin et lui révèle à son réveil qu'il lui a transmis sexuellement une malédiction. Désormais elle sera suivie par une entité, jusqu'à ce que mort s'en suive. Sa seule issue, transmettre par voie sexuelle à un autre partenaire, cette malédiction. 

Cronico Ristretto : The Flight Of Sleipnir - V (2014)

Des nombreuses et obscures nouveautés sorties en 2014 dans le genre doom metal, le cinquième album, sobrement intitulé V, de The Flight Of Sleipnir aura marqué les esprits de bon nombre d'amateurs de riffs plombés, tant ce nouveau disque s'inscrit comme leur essai le plus probant. Gageons que leur signature chez le label européen Napalm Records puissent leur offrir davantage de visibilité. Mais n'allons pas trop vite...
 
Formé en 2007 à Arvada dans le Colorado par la paire Clayton Cushman (guitares, basse, synthétiseurs et chants) / David Csicsely (batterie, guitares et chants), The Flight Of Sleipnir, tiré du nom du cheval à huit jambes d'Odin, fruit des amours divino-zoophiles entre le fripon Loki et l'étalon Svadilfari [1], est comme son nom l'indique davantage attiré par la mythologie nordique que par le far west. 

Requiem pour un vampire - Jean Rollin (1971)

Quatrième long métrage de Jean Rollin, Requiem pour un vampire, fut considéré par le réalisateur français, de son vivant, comme l'un de ses préférés, à l'instar de ses Lèvres de sang, mises en scène quatre ans plus tard. Non sans raison. Dernier volet momentané de sa série vampirique (avant la brève reprise 70's mentionnée précédemment), ce film connu également sous le patronyme, Vierges et vampires, peut être vu comme la première synthèse du cinéma Rollinien. Non content de rassembler ici la majeure partie de ses thématiques, les éléments les plus souvent raillés, narration confuse et amateurisme ambiant, sont cette fois-ci sinon inhibés, du moins suffisamment limités pour ne pas réduire la portée onirique souhaitée par le cinéaste. Dont acte.

Deux jeunes femmes, Marie (Marie-Pierre Castel) et Michelle (Mireille Dargent), grimées et habillées en clown s'échappent en voiture avec leur complice. Le trio est poursuivi à travers les routes de campagne. Mais le conducteur est finalement abattu par ces mystérieux assaillants. Après avoir fait brûler le cadavre dans l'automobile, et quittées leur maquillage et costumes, les filles trouvent, à l'endroit indiqué par l'homme sa moto à l'abri dans un château d'eau. A court d'essence, elles se cachent momentanément dans un cimetière, avant découvrir le soir venu les ruines d'un château d'apparence abandonné...

La bête dans l'espace - Al Bradley (Alfonso Brescia) (1980)

Figure oubliée de l'âge d'or du cinéma d'exploitation italien, dont il fut l'un des témoins privilégiés en réalisant pas moins d'une quarantaine de longs métrages entre les années 60 et 80 [1], Alfonso Brescia, plus connu des initié.e.s sous le pseudonyme Al Bradley, méritait bien que l'on s'y attarde davantage. Après avoir fait ses gammes avec trois péplums, dont le bien nommé Goldocrack à la conquête de l'Atlantide (1965), Brescia fit sa révérence aux culturistes en jupette pour se lancer, par la suite, dans le western. La mode passée, les pistoleros cédèrent leur place à des thématiques plus dispersées (dont en 1971 la sexy comédie La vie sexuelle de Don Juan avec la débutante et prometteuse Edwige Fenech), avant que n'arrive sur les écrans du monde entier Star Wars, et sa cohorte de clones fauchés. Responsable d'une trilogie fleurant bon la récupération et l'opportunisme [2] entre 1977 et 1978 : La guerre de l'espace, La bataille des étoiles et La guerre des robots, Brescia continua néanmoins à diversifier en parallèle ses sujets, tel le polar camorriste, autre sujet de prédilection du romain. Au plus fort de sa production, l'homme signa ainsi pas moins de quinze films entre 1978 et 1981, dont en 1979 et 1980, deux nouvelles incursions dans la SF bon marché, Space Odyssey, et celui qui nous intéresse : La bête dans l'espace (La bestia nello spazio).

Dans le futur, Larry Madison (Vassilli Karis), capitaine de la flotte spatiale, reçoit pour mission de conquérir la planète Lorigon afin d'y trouver un des métaux les plus précieux, l'Antalium, élément nécessaire pour fabriquer les armes à neutrons. Parmi les membres d'équipage qui lui sont présentés, Madison croise par surprise la dénommée Sondra (Sirpa Lane), officier de route, que le capitaine avait séduit quelques temps plus tôt dans un bar. Après leur étreinte passionnée, la jeune femme lui avait ainsi confié qu'elle faisait chaque soir le même cauchemar. Au début, perdue dans une forêt inconnue, Sondra rejoint un château où elle est conviée à un banquet. Puis le maître des lieux l'invite à sortir dans les bois, et commence à la caresser, à l'embrasser, puis à la déshabiller avant qu'elle ne se réveille à chaque fois terrorisée. Or une fois atterrie sur Lorigo, Sondra constate que la planète ressemble étrangement à son rêve...

Commando - Mark L. Lester : Tribute to Bennett (1985)

Que sait-on finalement du capitaine Bennett ? Peu de choses. Des bribes. A nous de les recomposer et de rendre un hommage appuyé à cet homme dont la réputation fut ternie par un ex-allemand de l'Est, à la solde de l'impérialisme nord-américain, un colonel des Forces spéciales à la retraite connu sous le nom d'emprunt de John Matrix.

Resté à jamais gravé dans la mémoire des fans de gilet en cotte de mailles, Bennett, dont l'extrême modestie le poussa à ne jamais divulguer son prénom, souffre d'un procès d'intention qui a bien trop duré depuis plus de trois décennies. Il était temps de mettre en lumière, et avec une objectivité certaine, les qualités mais également les coups bas reçus par cet héroïque soldat, qui rappelons le, n'avait pas besoin d'arme à feu pour battre ses ennemis. 

Rappel des faits. Expulsé par Matrix de son unité au cours d'une périlleuse mission à Val Verde, dont le dessein était de destituer le bon président Arius au profit du fantoche et servile Velásquez, Bennett n'eut pas droit à une retraite dorée pour services rendus à la nation. Pire. Professionnel et passionné par son travail, le capitaine Bennett ne récolta qu'incompréhension et jalousie auprès de ses supérieurs. Rendu à la ville civile, notre homme entama une nouvelle carrière. Désormais marin pêcheur, propriétaire d'un modeste bateau, Bennett attendait patiemment que la destinée lui offre une seconde chance en la personne du président destitué Arius.
 

L'invention de Morel - Claude-Jean Bonnardot (1967)

Adapté du roman argentin du même nom, La invención de Morel, édité en 1940 et signé par l'auteur Adolfo Bioy Casares, L'invention de Morel s'inscrit comme un cas relativement unique dans le paysage culturel français. Produit et réalisé pour la télévision, ce film diffusé en décembre 1967, non content d'être un des tout premiers tournés en couleur, fait figure d'OTNI (Objet Télévisuel Non Identifié) tant son contenu s'éloigne des usuelles fictions produites par jadis l'ORTF. Edité en DVD par l'INA depuis 2012 sous la collection Les inédits fantastiques [1]L'invention de Morel n'est pas sans évoquer les autres essais fantastiques et science-fictionnelles qui seront réalisés quelques années après par d'autres auteur français à l'instar du Je t'aime je t'aime d'Alain Resnais ou Le temps de mourir d'Alain Farwagi. Mais n'allons pas trop vite.

11 janvier 1935. Débarqué depuis la veille, Luis (Alain Saury) est venu se cacher sur une île lointaine, Villings, dans l'archipel des Ellice. L'île est désormais abandonnée de tous, et nul ne s'y approche depuis que l'équipage et les passagers d'un bateau furent retrouvés morts, atteints d'une « maladie mystérieuse qui tue de la surface vers le dedans ». Dans cette île déserte subsiste néanmoins d'anciens vestiges modernes ; s'y dresse au nord, non loin d'un oasis, un hôtel particulier qualifié de « musée » avec piscine construit en 1925. Prisonnier et seul, n'ayant plus aucun moyen de repartir, Luis s'adapte tant bien que mal à cette nouvelle vie. Deux semaines après son arrivée, il découvre par surprise la présence de visiteurs. Habillés de vêtements semblables à ceux que l'on portait dix ans plutôt, ces derniers ne lui prêtent aucune attention. Invisible aux yeux de tous, Luis s'éprend au fil du temps d'une jeune femme, Faustine (Juliette Mills). Mais celle-ci, à l'instar de ses compagnons, ne le voit pas. Détail encore plus troublant, les faits et gestes de ses visiteurs se répètent et se déroulent de manière identique chaque semaine. Un soir, le maître des lieux, le dénommé Morel (Didier Conti), avoue lors d'un dîner avoir créé une machine qui enregistre la vie dans toutes ses dimensions...
   

Live report : Dave Holland & Prism - New Morning, Paris, 5 mai 2015

Vu une première fois par le préposé à la chronique il y a tout juste dix ans, quand le contrebassiste Dave Holland était accompagné de son quintette (1) constitué du vibraphoniste Steve Nelson, du tromboniste Robin Eubanks, du batteur Nate Smith et de son fidèle saxophoniste Chris Potter, son passage annoncé au New Morning et l'excellent souvenir de ce mémorable concert rouennais pouvaient difficilement laisser indifférent. Dont acte.

Premier britannique à compter dans les rangs de la formation électrique de Miles Davis au tournant des années 60-70, quand le trompettiste enregistra les retentissants et fondateurs In A Silent Way et Bitches Brew (2), le musicien Dave Holland signa justement en 2013 avec Prism un disque d'autant plus notable, que celui-ci rappelait le groove davisien de ses jeunes années, sans céder toutefois aux sirènes d'une stérile nostalgie.

Cinquante nuances de Grey - Sam Taylor-Johnson (2015)

Fort du succès littéraire de la trilogie, il était évident que Cinquante nuances de Grey allait être vite adapté sur grand écran, et pouvait-il en être autrement, les droits ayant été cédés dès mars 2012 à Focus Features et Universal (le premier roman a été publié aux États-Unis en juin 2011). Aussi générationnel, du moins vendu comme tel, que pouvait l'être Twilight [1], certaines mauvaises langues allant jusqu'à insinuer que le public visé serait le même, à savoir de jeunes dames ayant troqué leur désir frustré pour le vampire d'obédience mormone Edward Cullen pour une bonne fessée prodiguée par le jeune et fringuant tycoon cynique Christian Grey (mais n'allons pas trop vite), Cinquante nuances de Grey - le film fut présenté en avant-première à la Berlinale avant d'envahir stratégiquement les cinémas du monde entier la semaine de la saint Valentin [2]. Deuxième film le plus rentable à l'heure actuelle pour l'année 2015 [3], et ceci en dépit d'un bouche-à-oreille catastrophique et sanctionné par une chute notable des fréquentations (plus de 70%) pour sa deuxième semaine en salle aux USA, ces Cinquante nuances auront au moins eu le mérite de remplir les bourses de certains, à défaut d'émoustiller les autres. 
 
Etudiante en littérature anglaise, Anastasia Steele (Dakota Johnson) remplace au pied levé sa colocataire et amie Kate, et part interviewer l'homme d'affaires Christian Grey (Jamie Dornan) pour le journal de son université. Séduite et intimidé par cet homme de six ans son aîné, celui-ci va rapidement proposer à la naïve et innocente Ana une relation particulière, basée sur la domination et la soumission, et régie par les clauses d'un contrat qui lui est demandé de signer. Ana lui avoue être encore vierge. Décidé à « rectifier la situation » avant d'aller plus loin, Christian lui offre sa première relation sexuelle...

Il était une fois en Amérique - Sergio Leone (1984)

Ressorti par Carlotta dans les salles françaises en version restaurée en juin 2011 [1], le dernier chef d'œuvre de Sergio Leone, Il était une fois en Amérique, réapparaît de nouveau sur grand écran mercredi prochain, par l'intermédiaire du même éditeur avisé, dans une version inédite incluant vingt deux minutes supplémentaires. Disponible depuis septembre dernier outre-Atlantique en DVD et Blu-Ray, cette ultime version se rapproche au mieux de celle souhaitée par le réalisateur. Perdues, puis retrouvées à partir d'une pellicule positive utilisée comme copie de référence, et enfin restaurées par L'Immagine Ritrovata et la Cineteca di Bologna, ces scènes coupées furent réinsérées avec l'aide des collaborateurs de l'époque et de la famille du metteur en scène. 

Tourné entre le 14 juin 1982 et le 22 avril 1983, et présenté en avant-première à Cannes l'année suivante dans une version de 229 minutes, l'exploitation d'Il était une fois en Amérique connut des fortunes diverses. Devant par contrat livrer un métrage d'environ 2 heures et 45 minutes, les distributeurs étasuniens [2] coupèrent drastiquement le film pour n'en retenir qu'une version expurgée d'environ 139 minutes. Pire, non contents d'ôter des scènes, les studios changèrent également la structure narrative pour ne retenir que l'ordre chronologique de l'histoire. Victime de cette purge, l'enfance des personnages fut sacrifiée au profit des scènes relatant l'âge adulte. Ironie du sort, cette version aseptisée étasunienne, assainie de toutes volutes opiacées, et au récit supposé clarifié, fut un véritable échec critique et public, tandis que la version européenne de 229 minutes fut célébrée comme le parachèvement de l'œuvre de Leonienne et un sommet de l'histoire du cinéma

Les gladiateurs de l'an 3000 - Allan Arkush|Nicholas Niciphor (1978)

1975. Non sans talent et opportunisme, Roger Corman devance de quelques mois le Rollerball de Norman Jewison pour sortir Death Race 2000, série B d'anticipation inspirée par le thème du sport futuriste ultraviolent. Avec à l'affiche David Carradine, tout droit sorti de la série à succès Kung Fu, et accompagné d'un dénommé Sylvester Stallone, cette Course à la mort de l'an 2000 avait le précieux avantage de gagner en transgression et en satire, là où Rollerball se perdait en conjecture prétentieuse. Fort de ce succès et de celui d'un blockbuster sorti en 1977 (mais n'allons pas trop vite), le fameux producteur remet le couvert trois ans plus tard. De par son titre, Deathsport, et la présence de sa vedette télévisuelle [1], celui-ci pourrait résolument se présenter comme une séquelle du précédent, or il n'en est rien. De cette classique méthode de margoulin, qui revient à semer la confusion dans l'esprit quelque peu embrumé des amateurs de bisseries, faisons abstraction, et soulignons au contraire la perspicacité du roi de la série B. Ébauche de ce qui constituera au début de la décennie suivante un genre à part entière après la sortie de Mad Max 2 et de New York 1997, repris à la chaîne par bon nombre de sympathiques tâcherons transalpins, Les gladiateurs de l'an 3000 [2] annonce avec quatre ans d'avance le raz-de-marée post-apocalyptique eighties. De quoi nous faire oublier les nombreuses défauts de Deathsport ? Faut voir...

Mille années après la grande guerre nucléaire, le monde connu se résume à de vastes étendus sauvages semi-désertiques d'où submergent de grandes cités, derniers vestiges de l'ancienne civilisation disparue. Le sort de l'humanité se divise entre s'entasser dans des cités surpeuplées, telle Helix City dirigée par le dictateur Lord Zirpola (David Mclean), ou bien errer sur cette terre, inhospitalière et contaminée, peuplée de mutants anthropophages. Devenu fou, le maléfique Zirpola demande à son bras droit, et âme damnée, Ankar Moor (Richard Lynch) de capturer les guides mystiques Kaz Oshay (David Carradine) et Deneer (Claudia Jennings) qu'ils considèrent comme une menace. Emprisonnés et torturés dans un premier temps, les deux rebelles sont condamnés à participer au Deathsport : dans une arène, ils devront combattre jusqu'à la mort les redoutables Death machines.

Live report : Godflesh - La Gaîté lyrique, Paris, 17 avril 2015

Si les reformations sont par nature sujet à caution, force est d'admettre que celle de Godflesh en 2010 emporta l'enthousiasme tant la disparition de ces pionniers du metal industriel laissa un vide immense à l'orée des années 2000. Certes, son leader Justin Broadrick n'avait jamais réellement disparu, et la création de son projet le plus connu Jesu, en 2004, soulignait que ce dernier n'en avait pas encore fini avec la musique. Mais Jesu n'avait pas vocation à remplacer Godflesh, et l'annonce d'un nouvel album en 2014, A World Lit Only by Fire, précédé de quelques mois d'un E.P., Decline & Fall, augurait le retour en force de ces précurseurs.

Après une tournée étasunienne au printemps 2014, puis un retour sur leurs terres natales en juin et en décembre, via un passage à Clisson au Hellfest, festival qui eut la primeur de leur reformation, le duo Broadrick et Green entamait entre le 9 et 21 avril une dizaine de dates à travers l'Europe du sud [1], et dans le cas qui nous intéresse sur Paris à La Gaîté lyrique.

 

Le cousin Jules - Dominique Benicheti (1973)

Film qui n'a jamais été distribué en son temps, Le cousin Jules est par définition un document(aire) rare. Tourné entre avril 1968 et mars 1973, l'œuvre du jeune réalisateur Dominique Benicheti, vingt-cinq ans au début de cette aventure, se démarque tant par son sujet que par les moyens qui ont été mis en œuvre pour capter ce portrait atypique d'un cousin éloigné. Filmer le quotidien d'’un couple d'octogénaires dans leur petite ferme isolée, voici l'ambition de Benicheti. Rien de plus. De ce point de départ minimaliste, faisant écho avec trois décennies d'avance à la trilogie de Raymond Depardon Profils paysans (L'Approche - 2001 ; Le Quotidien - 2005 et La Vie moderne - 2008), l'ancien élève de l’IDHEC, et futur enseignant à l'Université d'Harvard, adopte néanmoins une approche radicale par les moyens techniques employés : tourner en Cinémascope et enregistrer en stéréo ; le documentaire se fait fort d'utiliser les outils modernes du cinéma pour mieux capter l'intimité de ce monde rural voué à disparaître après la mort de ces derniers représentants.

Restaurée à partir de 2011 par Benicheti à partir du négatif original, Le cousin Jules, après une première distribution américaine en 2013, sort à partir du mercredi 15 avril dans les salles d'art et essai françaises, toutes désormais équipées pour projeter le film dans son format d'origine en son stéréo (soit une des raisons principales de son absence en 1973 en dépit de plusieurs présentations remarquées dans les festivals de l'époque : Locarno - Prix spécial du jury, Moscou ou dans les universités étasuniennes).

Live report : Al Foster : Tribute to Art Blakey - New Morning, Paris, 1er avril 2015

Batteur de formation, Aloysius, dit Al, Foster, a pour seule devise : Love, Peace and Jazz ! (1). L'homme  a grandi à Harlem après avoir quitté avec ses parents la Virginie. Premier disque en tant que sideman à vingt et un an avec un premier trompettiste, Blue Mitchell, celui-ci signant par la même occasion un de ses disques les plus marquants pour le label Blue Note, The Thing to Do (1964), puis la rencontre d'une vie un soir de 1972 au Cellar Club new-yorkais : Miles Davis. Ancien sideman de l'ombrageux souffleur, compagnon de route des années funk à partir du turbulent et psychotique On the Corner au come back 80's, de The Man with the Horn (1981) à Amandla (1989), Al Foster enregistra en parallèle et par la suite avec les plus grands, Sonny Rollins, Horace Silver, McCoy Tyner, Jackie McLean, Joe Henderson, etc.

Marqué par l'empreinte laissée par ces grands musiciens, Al Foster et son quartette sont venus un soir de premier avril au New Morning rendre hommage à un autre grand monsieur du jazz, et une des influences majeures du batteur : Art Blakey.

 

Live report : Roy Ayers - New Morning, Paris, 30 mars 2015


En paraphrasant le slogan d'une radio parisienne (celle-là même qui apparaît sur l'affiche du concert pour ne pas la nommer), le vibraphoniste étasunien Roy Ayers symbolise parfaitement l'idée du Grand Mix. Apôtre des musiques black 70's, à la croisée du jazz, du funk et de la soul, si Ayers n'atteignit pas la popularité d'un Stevie Wonder au près du grand public, son influence et sa notoriété, auprès des jeunes générations, ne s'est fort heureusement jamais démentie. Devenu parrain de la Neo-Soul au mitan des années 90, au même titre qu'un des artistes les plus samplés/remixés par les DJs du monde entier, l'homme n'usurpe pas, cinq décennies après ses débuts, son statut de légende.

Concert affichant complet le soir même, cet habitué du New Morning (neuf passages en moins de quinze ans) put une fois encore compter sur un public parisien assidu, répondant à l'appel de ce grand Passeur (1).

 

Héros (Hero and the Terror) - William Tannen (1988)

Il serait sans doute exagéré d'affirmer que les héros musclés made in USA des années 80 négocièrent un net virage dans leur filmographie à la fin de la dite décennie. Constatons toutefois que du trio Schwarzenegger / Stallone / Norris, chacune de ses stars du cinéma d'action tourna dans au moins un long métrage où leur image de tough guy s'édulcora, momentanément, à l'heure du reaganisme vieillissant. Des trois défenseurs du monde libre, le géant autrichien fut sans conteste celui qui s'en tira le mieux en 1988 avec la comédie d'Ivan Reitman, Jumeaux, un succès qui le conforta, pour le pire, à rempiler à deux reprises dans le genre, quelques années plus tard, avec le même réalisateur. Bien moins conseillé, le glissement de Stallone vers la comédie pourrait quant à lui se résumer à chaque fois par de mauvais choix : du méconnu New York Cowboy [1] avec Dolly Parton en 1984, à L'embrouille est dans le sac (remake d'Oscar avec De Funès), et Arrête, ou ma mère va tirer !, dans la foulée du simili accident industriel nommé Rocky 5 au début des 90's. Pire, boulimique, bipolaire, etc., Sly s'essaya, en parallèle au succès phénoménal de ses deux franchises, à de nombreux genres, devant ou derrière la caméra [2], enquillant par exemple entre 1986 et 1987 un film d'action policier supra-réac', Cobra, suivi de près par un hybride sportivolarmoyant, mélange subtil de sueur et de larmes, nommé Over the Top. Or détail qui n'en est pas vraiment un, ces deux navets pur jus furent produits par la sacrosainte Cannon, celle qui donna ses lettres de noblesse à celui qui nous intéresse : Chuck Norris.
 
Non content d'avoir donné un essor notable à la carrière internationale de notre karatéka moustachu au mitan des années reaganiennes [3], les cousins Menahem Golan et Yoram Globus furent ensuite les initiateurs d'un léger changement de direction dans sa filmographie. Pas de quoi remettre en cause les élans patriotiques droitiers et son envie de mettre les pieds où bon lui semble, mais plutôt le désir d'élargir le public de leur poulain en montrant une facette moins rigide. Film d'aventure portnawak directement pompé sur la série des Indiana Jones, Le temple d'or offrit au mieux à Norris un contre-emploi récréatif ; à l'inverse le déstabilisant Héros mit à mal son légendaire flegme martial en le transformant en personnage vulnérable. Un crime de lèse-majesté qui sera sanctionné par le retour en grâce de Scott McCoy deux ans plus tard. Mais n'allons pas trop vite...