The Exterminator (Le droit de tuer) - James Glickenhaus (1980)

Davantage associé au cinéma d'auteur dit de patrimoine, ce qui ne les empêche nullement à l'occasion de soutenir et distribuer dans les salles des films récents (Alleluia de Fabrice du Welz ou Mad Love in New York des frères Josh et Benny Safdie), Carlotta Films étoffe désormais son catalogue en initiant cette année une nouvelle série intitulée Midnight Collection, qui ravira les amateurs de cinéma d'exploitation. Référence évidente aux fameux Midnight movies des séances de minuit new-yorkaises où se rassemblaient une faune hétéroclite de cinéphiles venus se délecter de séries B (et autres films en marge), cette collection se remémore au bon souvenir du glorieux temps de la VHS avec la sortie d'une première vague de films au format DVD et Blu-ray le 6 juillet prochain, comprenant The Exterminator et Blue Jean Cop de James Glickenhaus, Maniac Cop de William Lustig et Le scorpion rouge de Joseph Zito, avant une seconde vague le 24 août avec une spéciale Frank Henenlotter à travers sa trilogie Basket Case et son Frankenhooker.

Auteur d'un premier film au mitan des années 70 The Astrologer, avant de quitter le cinéma pour le monde de la finance vingt ans plus tard, le metteur en scène étasunien James Glickenhaus apparaît être le fil conducteur de cette Midnight Collection. Réalisateur des deux films précités, ce dernier fut également producteur de quatre autres longs métrages de la dite collection dont les deux séquelles de Frank Henenlotter [1].

Panique à Needle Park - Jerry Schatzberg (1971)

Après un premier coffret consacré au Body Double de Brian De Palma, puis un deuxième dédié à L'Année du dragon de Michael Cimino en mars dernier, Carlotta poursuit sa remarquable collection ultra Collector avec, cette fois-ci, le deuxième film de Jerry Schatzberg, Panique à Needle Park, film qui propulsa la carrière de son jeune acteur principal, Al Pacino [1], et offrit à sa partenaire, Kitty Winn, le prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes en 1971. Un classique disponible le 22 juin prochain en version restaurée, supervisée et approuvée par le metteur en scène.

New-York, Helen (Kitty Winn) vient de subir un avortement clandestin. Dans l'appartement de son petit ami Marco (Raul Julia), elle fait la rencontre de Bobby (Al Pacino). Victime d'hémorragies, Helen est hospitalisée, où elle reçoit la visite surprise de Bobby, qui l'attendra peu après à sa sortie. Ils passent un après-midi ensemble dans les rues de New-York, c'est le coup de foudre. Bobby lui propose de s'installer avec lui non loin de la 72ème rue et de Broadway, près de Sherman Square, lieu de rencontre interlope des toxicomanes et dealers new-yorkais baptisé Needle Park. Helen y découvre la vie de son compagnon, accro à l'héroïne depuis de longues années, un quotidien fait de rapines, d'addictions, et de panique, quand l'héroïne vient à manquer.
   

Live report : Bongripper + Suma + Ghold - Glazart, Paris, 30 mai 2016

Pour paraphraser Pierre Desproges, « Tout dans la vie est une affaire de choix ». Or un dilemme cornélien s'offrait au préposé docteur à la chronique le 30 mai sur Paris : le concert des chicagoans Bongripper, ou bien celui des montréalais Sunns dans le cadre du festival Villette Sonique. Les papes du doom instrumental ayant dégainé les plus vites, l'issue était prévisible, ce qui n'empêcha nullement une pointe d'amertume et une légère déception face à cette prise de décision arbitraire : préférer une formation n'ayant jamais posé auparavant un pied sur le sol français, au détriment des géniteurs de Hold-Still ou l'un des albums marquants de l'année 2016. Fort heureusement cette soirée au Glazart du 30 mai allait faire oublier cette mésaventure (1).

Apparu au mitan des années 2000 à Chicago, Bongripper (clin d'œil décalée au Dopesmoker de Sleep) sont devenus au fil du temps une référence en matière de metal lourd dans le milieu underground. En 2010, les quatre musiciens gagnent en popularité après la sortie de leur cinquième album, le très remarqué Satan Worshipping Doom (chroniqué par nos soins à l'époque ici), soit la synthèse de leur doom dronien avec un black metal originel. Mieux, le disque leur ouvre enfin les portes de l'Europe en étant à l'affiche pour deux concerts au festival néerlandais Roadburn du 14 au 15 avril 2012, où fut joué le premier jour l'intégralité de SWD, avant de retraverser l'Atlantique l'année suivante pour leur première tournée sur le seul sol britannique. Quatre ans plus tard, une éternité pour un groupe qui enregistra pas moins de quatre albums entre 2006 et 2008 (2), Bongripper sort en juillet leur dernier album en date, Miserable, confirmant autant leur statut culte que la quintessence de leur art doom (avec en sus un nouveau passage au Roadburn en 2015 pour deux dates et l'intégralité de Miserable). 2016, Bongripper débute dix ans après leur début sa première et véritable tournée européenne, huit dates passant par la France, la Belgique, l'Allemagne, les Pays-Bas et enfin la Grande-Bretagne, du 29 mai à Nantes au 5 juin à Manchester.
           

Kamasi Washington à la Cité de la Musique, Villette Sonique, Paris, 1er juin 2016

Dans le cadre de l'édition 2016 de Villette Sonique, le saxophoniste étasunien Kamasi Washington venait conclure le festival parisien par un concert des plus attendus à la Cité de la Musique. Annoncé complet quelque temps avant le jour J, la venue du jazzman d'Inglewood, avortée une première fois suite aux attentats du 13 novembre (1), draina comme on pouvait s'en douter une foule nombreuse et hétéroclite, alléchée par la musique de ce disciple et nouvel ambassadeur de la Great Black Music. Révélation jazz de l'année passée, Washington fut l'auteur d'un monumental album solo, The Epic, triple disque sorti chez Brainfeeder Records, le label de Flying Lotus (alias Steven Ellison - neveu d'Alice Coltrane), dont Washington collabora sur son remarqué You're Dead ! en 2014. Fruit d'une monstrueuse session d'un mois avec les membres du collectif West Coast Get Down, The Epic allait enfin rayer d'un trait toutes ces années de frustration, limité au seul rôle de sideman et collaborateur de luxe (2), pour mieux permettre à l'ancien saxophoniste des Young Jazz Giants de prendre définitivement et durablement son envol.