A Touch of Zen - King Hu (1971)

Premier film chinois récompensé au Festival de Cannes en 1975, par l'obtention du Prix de la Commission supérieure technique, A Touch of Zen valut à son réalisateur King Hu une reconnaissance internationale, tout en faisant découvrir au monde le wu xia pan, ou le film de sabre chinois, soit l'illustre parent du film de kung-fu déjà popularisé quelques années auparavant à travers le globe par un certain Bruce Lee. Œuvre magistrale dont l'influence n'aura de cesse d'inspirer la jeune génération (Tsui Hark [1] et Ang Lee pour les plus connus), ce long métrage dont le tournage fut étalé sur plus de trois ans faillit pourtant connaitre un autre dessein. Tronqué lors de son exploitation, échec considérable lors de sa (première) sortie [2] à Taïwan, A Touch of Zen dut toutefois son salut à la ténacité du français Pierre Rissient, déterminé à reconstituer une copie entière du film, avant de le proposer au festival susmentionné, et de lui offrir par extension une nouvelle sortie sur ses terres en juillet 1975. Pour la première fois en version intégrale restaurée 4K, le film distribué par Carlotta ressort sur grand écran à l'occasion des quarante ans de sa projection cannoise.

Chine du XIVème siècle, durant la Dynastie des Ming, Gu Shengzai (Shih Chun), trentenaire vivant encore avec sa mère, exerce la profession de peintre et d'écrivain public, au grand désespoir de cette dernière, celle-ci aspirant à le voir devenir fonctionnaire et marié. Habitant à côté d'une vieille citadelle, Gu craint depuis peu qu'elle ne soit hantée, avant d'apprendre par sa mère la venue d'une nouvelle voisine Yang Huizhen (Hsu Feng). Si la jeune femme ne laisse pas indifférent Gu, il apprend également qu'il n'est pas malheureusement le seul à s'y intéresser. Yang n'est autre que la fille d'un dissident du mouvement Donglin assassiné par la police politique du grand eunuque Wei, et depuis recherchée pour trahison par Ouyang Nin (Tien Peng), capitaine de la sinistre Chambre de l'Est...

Ikarie XB 1 - Jindrich Polák (1963)

Adaptation d'un roman de Stanisław Lem, le long métrage tchécoslovaque Ikarie XB-1, d'après Le nuage Magellan (Obłok Magellana), est un film unique dans la production science-fictionnelle des années 60. Pouvait-il en être autrement ? Pourtant rien n'indiquait au départ une telle singularité, à l'instar de la première adaptation de Lem, sévèrement critiquée par l'écrivain polonais, L'Étoile du silence (Der schweigende Stern) [1], d'après Astronauci (1951) et mise en scène trois années plus tôt en 1960 par l'est-allemand Kurt Maetzigpar. Or si le futur auteur de Solaris [2] fut connu, sauf l'exception Przekładaniec (1968) signée par son compatriote Andrzej Wajda, pour ses positions intransigeantes vis à vis de ses histoires transposées [3], admettons qu'Ikarie XB 1 a le premier mérite de se démarquer du caractère naïf (et propagandiste) qui prédominait dans la science-fiction de l'époque. A considérer à juste titre comme l'un des premiers films adultes de SF. Rien de moins.

2163, le vaisseau spatial Ikarie XB-1 et son équipage international constitué de quarante scientifiques ont pour mission de découvrir des traces de vies dans le système de l'étoile Alpha du Centaure. Tandis que la vie de cette petite ville spatiale s'organise, l'équipage croise le chemin d'un autre vaisseau spatial d'apparence primitive : une ancienne fusée terrienne. Deux cosmonautes y sont dépêchés et découvrent à bord des membres à l'apparence endormie, empoisonnés par un gaz toxique datant de la fin du XXème siècle. Mais les deux hommes périssent en déclenchant accidentellement l'explosion d'un des nombreux missiles nucléaires dont la navette est équipée. Peu de temps après, l'équipage se voit exposer au rayonnement mystérieux d'une étoile noire qui cause la somnolence de la plupart des membres, les deux membres ayant été directement exposé aux radiations à l'extérieur du vaisseau souffre quant à eux de graves troubles mentaux.

Laserblast - Michael Rae (1978)

Seule et unique réalisation de Michael Rae, Laserblast traîne dans son pays d'origine la peu envieuse réputation d'être l'un des pires long métrages produits sur le sol étasunien, qui plus est depuis sa diffusion en 1996 dans l'émission culte outre-Atlantique  Mystery Science Theater 3000, cette dernière ayant placé le dit long métrage à la sixième position du palmarès de leurs plus mauvais films [1]. A noter que si Laserblast sauve d’une certaine manière les meubles en étant placé dans cette liste derrière Manos the Hands of Fate, l'absence remarquée d'Hobgoblins indiquerait par conséquent un niveau de déviance et de portnawak exceptionnel. Sans en dévoiler davantage, notons dès à présent que le préposé à la chronique se garderait bien, après visionnage, de situer Laserblast à un tel degré. La déviance a ses raisons, que la raison ignore…

Billy Duncan (Kim Milford) est un jeune homme timoré dont la vie apporte peu de moments réjouissants. Habitant seul avec sa mère, celle-ci le quitte une fois de plus pour aller à Acapulco ; s'ajoute à cet abandon maternel somme tout relatif (à constater sa déception et compte tenu de son âge, on en vient à s'interroger sur la véritable nature de sa relation avec sa mère…), sa disposition à être le souffre-douleur de ce que compte de plus plouc sa communauté : le verbalisateur précoce de contraventions et adjoint du shérif, le bedonnant Pete Ungar (Dennis Burkley), et l'improbable duo redneck personnifié par le rebelle post-néandertalien Chuck (Mike Bobenko) et son faire-valoir Froggy (Eddie Deezen), qui tenteront rien de moins que de violer sa petite amie Kathy (Cheryl Smith) lors d'une fête. Face à cet environnement hostile et l'apathie quasi pathologique de Billy (même le grand-père sénile de Kathy, incarné par Keenan Wynn, le ridiculise), celui-ci soigne son mal-être à travers la solitude et la quiétude que peut lui apporter le désert californien. Or un jour, il y fait une découverte qui changera radicalement son existence : un fusil laser d'origine extra-terrestre. Une fois passé le temps de l'enthousiasme enfantin à grand renfort de « pa pa pow ! » plus explosion de cactus, l'heure de la revanche a désormais sonné. Mais ce que Billy ignore, c'est que cette arme et le collier qui l'accompagne vont le transformer à mesure en alien, jusqu'à prendre possession totalement de lui.

Live report : Eyehategod • Herder • Joe Buck Yourself - Glazart, Paris, 30 juin 2015

Depuis leur précédent passage parisien au Glazart en première partie d'Orange Goblin en août 2013 (photos sur notre tumblr), le retour de la formation culte et originaire de la Nouvelle Orléans, Eyehategod, était des plus attendus. Un retour sur scène d'autant plus espéré depuis la sortie, l'année dernière, de leur album éponyme, nouveau disque mettant un terme à un hiatus discographique (1) long de quatorze années depuis leur précédent effort studio, Confederacy of Ruined Lives. Une éternité.

Dans le cadre des Stoned Gatherings, et en support à la tournée européenne des louisianais, du 6 juin au 4 juillet, la soirée parisienne du 30 juin s'annonçait ainsi des plus chaudes, en sus des températures caniculaires qui frappaient la capitale : pas moins de quatre groupes allaient ainsi précédés la venue tardive d'Eyehategod.

Une fois n'est pas coutume, l'horaire annoncé sur le billet disait vrai. A 19h tapante, non loin de la scène extérieure LaPlage, le psychobilly de Tony Bones / Joe Buck aka Viva Le Vox ouvrit les hostilités, suivi dans la foulée par le trio rock'n'roll bluesy Hooten Hallers. Si la seconde formation convainquit à moitié, la faute à un saxophone baryton timide et à un chanteur trop porté à imiter Tom Waits, le premier duo n'eut pas son pareil pour faire vivre ce délicieux mélange de rockabilly originel et d'attitude punk. Le temps de rejoindre la salle de concert, et Joe Buck pouvait investir les lieux, délaissant sa contrebasse pour une guitare et son étui faisant office de grosse caisse.

 
Joe Buck Yourself