Entombed - Wolverine Blues : Death ‘n’ Roll Attitude (1993)

1990, une bande de gamins suédois jettent un pavé dans la mare. Premier méfait d'Entombed, Left Hand Path, enregistré l'année précédente, redéfinit d'un seul trait le métal extrême européen, créant par la même occasion à la fois un nouveau son et initiant une nouvelle scène. Alternative crédible à la vague death metal floridienne naissante, tant au niveau des structures que du son (création des désormais fameux studio Sunlight), les cinq scandinaves allaient marquer durablement la décennie.

Révolutionner un courant musical quand l'âge moyen des protagonistes dépasse de peu celui de la majorité, l'étiquette aurait pu être dure à porter. Deux possibilités s'offraient aux suédois : creuser le même sillon jusqu'à la caricature, ou aller de l'avant afin d'éviter une mort lente. Si ce genre de remise en cause peut apparaît à terme, Entombed embraye la seconde aussi vite que Left Hand Path était apparu. Une année après la sortie de leur premier album, Entombed prouve que le surplace n'est point de mise et enregistre Clandestine, un album plus compact et technique, avec toutefois comme fil conducteur le fameux son Sunlight.

666 - Aphrodite's Child (1972)

Pour ceux qui l'ignoraient, sachez vils brigands qu'il ne faut pas réduire certaines personnes à leurs casseroles. On peut très bien vivre de nos jours en ayant une affection particulière pour les synthés bontempi et David Hasselhoff, mais il serait dommage de réduire l'interprète de Quand je t'aime à ses autres niaiseries. Ceci dit, même si Demis Roussos (car c'est de lui dont il s'agit) attire sans difficulté une sympathie toute naturelle du fait de sa bonhomie (ça doit venir du syndrome du gros barbu), vous aurez toutefois toutes les difficultés lors d'un quelconque dîner des plus mondains de convaincre votre interlocuteur (qui ne sera sans doute ni gros, ni barbu) sinon un retour en grâce, du moins un nouveau regard sur ce chanteur bassiste ventripotent hellénique. Et pourtant.

Fin 60's, les Aphrodite's Child de passage à Paris (quelques pavés volant au dessus du quartier latin...), ces derniers s'y installent et rencontrent Boris Bergman. Il leur écrit les paroles de leur premier tube Rain and Tears, viendront ensuite d'autres 45 tours comme It's five o'clock ou I Want To Live qui permirent aux quatre musiciens grecs de surfer sur la vague du patchouli pop. Mais assez rapidement Vangelis, le compositeur principal du groupe, décide de voir plus loin, et décide de composer un concept album comme il était de bon ton en cette année 1969. Histoire de ne pas suivre les aventures d'un garçon sourd et muet champion de flipper, Papathanassiou décide ni une ni deux (ni trois) de s'atteler à un projet démentiel, ô combien mégalomane, l'Apocalypse du père Jeannot (rien que ça...) sur leur prochain album, 666.

Comme pour un opéra, Vangelis demande ainsi au poète Costa Ferris de s'occuper des paroles, qui s'inspirent aussi bien de l'Evangile de Jean que de la culture des 60's (la tragédie d'Altamont, la Guerre du Vietnam, la télévision...). Pendant ce temps Vangelis va rester cloîtrer pendant 3 ans dans un studio pour écrire ce magma sonore. En plus des musiciens habituels, Demis Roussos au chant et à la basse, Lucus Sideras à la batterie et Silver Koulouris à la guitare, viennent se greffer Michel Ripoche et Harris Halikitis au sax ténor et percussions mais aussi les acteurs Vannis Tsarouchis et Irene Papas (pour une performance qui restera dans les annales). Au final, voici un album dantesque, un psychédélisme brutal (résultat d'un mauvais trip ?), du rock progressif mystique mal embouché, qui remue les tripes sans jamais verser dans les travers du style (Emerson Lake and Palmer ou les futurs albums de Yes). L'album est en effet extrêmement versatile et complexe, passant d'un morceau pop, à une plage expérimentale à de la musique traditionnelle, voire du hard-rock 70's. De même certaines personnes seraient tentées de ne retenir que le morceau Infinity pour son côté bordélique et pour la prestation d'Irene Papas (un orgasme de six minutes), mais quand bien même ce titre s'insère parfaitement dans ce concept casse-gueule, il serait dommage d'occulter la maîtrise des musiciens et l'unité de la dite oeuvre.

Pour la petite histoire, le LP eu quelques soucis de distribution. Mercury Records n'appréciant guère les divagations orgasmiques d'Irene Papas, le bébé fut dirigé vers la filiale Vertigo. De même, on demanda à Vangelis de couper les quelques minutes choquantes du joyeux disque. La morale resta sauve pendant encore un an, le disque ne sortant qu'en 1972 officiellement. Sinon commercialement, le disque fut un bouillon... étonnant, non ?


Saint Tony Williams priez pour nous

Décidément on va penser que je passe mes journées à Delft à regarder la TV... (et attendez de voir la prochaine chronique). Dimanche matin, en attendant la messe, je suis tombé sur une de ces délicieuses publicités que seul le cable ou le satellite peuvent nous offrir, à savoir les compilations proposées par Timelife. Mais petit rappel des faits, ouvrons la boîte à souvenirs! (mode journal intime mode ON) A l'époque où j'avais droit de me délecter des programmes télévisuels en provenance du satellite ASTRA (raaaaaah les bonnes émissions de variété allemande, le téléachat US doublé en allemand (mmmh le Chef Tony et ses supers couteaux, "là voyez vous ça sert à rien (juste à épater la sauterelle à l'oeil vitreux et au sourire "ultrabrite" qui lui sert de complice) mais avec ce couteau je peux trancher une boîte de conserve" (j'avais l'air moqueur envers la potiche blonde (le premier qui me sort que c'est un pléonasme n'a qu'a voir les programmes de la Rai pour se persuader que la greluche qui sert de faire valoir pourrait tout aussi bien être brune, ce qui pour une italienne semblerait plus facile à trouver j'en conviens) mais cette dernière était tout sauf malpolie, une vraie professionnelle, appelons la Cindy, puisqu'elle n'a à aucun moment voulu casser la baraque à notre chef cuistot américano-italien de seconde zone, et lui avouer que pour ouvrir une boîte de conserve, il aurait été plus judicieux d'utiliser un ouvre-boîte... sauf que dans ce cas, ses couteaux il les met où notre Tony s'il ne peut même pas les refourguer à la ménagère germanique?).

Bref, à cette époque je savourais déjà les délices des réclames pour les compilations Timelife, en particulier celle qui étaient présenté par mon ami Bobby Vinton, l'immortel interprète de Blue Velvet. Et comble du bonheur, ce dimanche matin (en attendant la messe je vous le rappelle), je suis tombé sur la même mise en scène surannée (mais sans les bougies, la cheminée et le piano cette fois ci, dommage...). Pour se faire, vous prenez un ancien chanteur prêt à cachetonner pour n'importe quoi, une greluche (encore! bah oui je sais bien mais j'y suis pour rien moi, je ne fais que reporter les faits) qui va nous jouer à la fois sa fan et servir de passe-plats car il va falloir la vendre la tambouille, et c'est pas gagné, va y'avoir du taf! Les dites compilations suivent toujours une thématique pré-établie, pour Bobby, nous avions droit à un florilège des chansons romantiques des 50's-60's, et aujourd'hui et bien une spéciale "power ballads" made in 70's-80's, en résumé quand le rocker (tatoué ou permanenté, rayez la mention inutile) se fait romantique (méééeuh partez pas tout de suite!).

Avant de débuter ce pathétique réquisitoire (et inutile?), rien que la mention "power ballads" mériterait à elle seule la rédaction d'un mémoire... à voir dans un prochain post si Alzheimer ne m'atteint pas encore. Ainsi donc, en espérant d'avoir réveillé la curiosité de quelques lecteurs, vous vous demandez tous (je met au pluriel, je mise sur au moins deux personnes... soyez chic quoi) mais après Bobby Vinton, qui Timelife a choisi pour nous vendre cette compilation indispensable et abordable (80 euros les 150 chansons, sic...). Attention... je lâche le morceau... roulement de tambours... le chanteur des célèbres: REO Speedwagon of course!!! (bon avec la photo c'était plus facile, d'ailleurs je ne sais même pas s'ils ont eu droit à vendre leur soupe dans notre jolie(?!) contrée ces yankees).

Bref, tout est l'avenant après ça. Quand vous avez un "has been" qui fait la réclame pour une compilation invendable (même le grand Pierrot se casserait les dents c'est vous dire), à quoi pouvons nous nous attendre en terme de chansons proposées? Réponse: au meilleure du pire du rock FM anglophone de ces deux décennies. Alors pour changer, étant donné qu'à l'origine ce genre de compil est destinée aux publics américains on a droit à tous ses groupes qui bien qu'ayant eu une carrière longue ne sont finalement reconnus que par un tube, ouvrez votre porte-monnaie pour entendre Kansas, Boston, Chicago, Styx (ça me rappelle un épisode de That 70's Show ) ou REO Speedwagon (vous doutiez qu'on échappe à eux sérieusement?). Enfin je dis ça, les demoiselles sont aussi à l'honneur, toi le ou la fan de Bonnie Tyler, Pat Benatar ou Elton John (oui elle est facile et de mauvais goût...) régalez vous! Le pire c'est que cette publicité doit durer dans les quinze minutes, les cochons vous passent en boucle en effet les mêmes extraits de chansons (bien calés sur le refrain, histoire de pas louper le coche) et histoire d'en remettre une couche, on a droit à l'intervention de comédiens (oui je sais, allez peut-être que ce sont des vrais gens comme dans les micros trottoirs de JP Pernaut) pour nous assurer de la qualité du truc. Au bout de 5 minutes, la bave (ou un rire nerveux ou choix) commence ainsi à apparaître, mais comme tout bon produit toxique, c'est à la fin qu'on savoure le plus la chose... Un peu de courage que diable!

Vous aurez compris, ne pas s'attendre à des grands noms dans la compilation, ça doit pas rentrer dans le budget de nos amis... Une chose est sure, la chanson d'aujourd'hui (issue de leur premier album) ne fait pas partie de la dite compilation (remarquez ça fait partie des rares chansons que j'apprécie des toxic twins). Et puis en épilogue, je tiens à signaler qu'à cause d'eux j'ai aussi loupé la messe (crédible?).


en bonus: Bobby Vinton - Blue Velvet

Qui veut sentir mon gant?

Y'a quelques temps, je m'étais amusé à inclure dans un billet à but totalement lucratif (par moment il ne m'en faut pas beaucoup en matière d'amusement, je concède, ceci dit ces temps ci ma bonne dame, hein bon... enfin je me comprends...), la fausse photo promotionnelle des non moins artificiels Spinal Tap pour leur nouveau album au titre qui sent bon la sueur, le mâle, le vrai, avec des poils, bref Smell My Glove.

Je ne me lancerai pas dans la chronique complète de ce film (ma rigueur m'en empêcherai voyez vous, n'ayant vu que la seconde moitié du faux documentaire de Rob Reiner), mais il est à noter tout de même que toute ressemblance avec des groupes de heavy metal qui ont sévit dans les 70's-80's et qui continueront à sévir lors des prochaines décennies est plus que judicieuse (des noms, des noms! ... patience!). Ce qui est assez marrant c'est qu'à la sortie du film en 1984, les toxic twins (Steven Tyler et Joe Perry d'Aerosmith surnommés aussi affectueusement les "avions renifleurs"...) qui étaient bien dans le creux de la vague (allez les gars encore deux ans avant le retour en grâce par Run DMC) se sentir visés par cette pochade. Pas parano nos deux gaillards. Pourtant..
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Disons que cette fausse tournée de reformation d'un groupe britannique de hard rock qui accumule les galères en plus d'être filmé sous l'oeil de la comédie, pointe les travers et autres caricatures de ce mouvement musical. Petite déception tout de même, j'aurai aimé voir un peu plus de cuir ou l'arrivée d'une moto sur scène (oui je suis fan du look de Judas Priest), mais ne gâchons pas notre plaisir, on a droit à un moustachu qui porte virilement la peau de bête (Manowar poussera le concept encore plus loin puisque ces derniers penseront à huiler leurs corps de mâles... MMMMmmmmmmhhhhhhhHHHH). Puis pour les décors de scène, une mention spéciale pour les faux cocons (quand ils veulent bien s'ouvrir) ou la scénographie en hommage à Stonehenge (deux nains qui dansent autour d'une pierre de 45 cm de haut...ridicule? pfff mééé non c'est la magie celte!). Sur ce point, ça m'a fait penser aux décors gigantesques utilisés par Iron Maiden lors du World Slavery Tour (inspirés par l'Egypte Antique avec momie de 3 mètres de haut qui se balade lors du morceau Powerslave) ou pour leur tournée en support à leur disque Seventh Son of the Seventh Son (cette fois ci la scène ressemble à un immense glacier). Bref vive la démesure... sauf que chez nos amis les Tap, ça sent le sapin, faute de moyens... L'amateur de black metal pourra toujours émettre quelques réticences, on peut très bien avoir une scénographie attractive avec peu de moyens. Il est vrai que certains scandinaves n'hésitent pas à cracher du feu (Immortal), empaler des têtes de cochons (Dark Funeral) ou le fin du fin, mettre à disposition de son public quelques rats morts (certifiés AOC je précise) en tête de gondole (qu'on hésitera pas à balancer en fin de set dans le public).


Pour finir mention spéciale aux solos joués par l'un des guitaristes, qui en plus de jouer dans la catégorie prisée des branleurs de manche (une espèce qui est loin d'être en voix de disparition dans le heavy metal classique), réussit à jouer simultanément sur une deuxième guitare avec ses bottes mais aussi et surtout, se sert d'un violon comme archer (oui parce que Jimmy Page n'a pas poussé le concept assez loin, quel petit joueur ce Jimmy...)
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