Elves - Jeffrey Mandel (1989)

Conte de noël pervers, série Z improbable, Elves de Jeffrey Mandel ne manque pas d'arguments pour l'amateurice de friandises déviantes. Produit par le trio "maléfique", John Fitzgerald, Jerry Graham et Dale Mitchell, coupable la même année du retentissant Alien Seed, avec Erik Estrada en journaliste chasseur d'aliens inséminateurs de sperme messianique extra-terrestre, Elves s'inscrit dans la lignée d'un sous-genre, à la croisée de la fantasy et du film d'horreur inspiré par le succès des Gremlins du génial Joe Dante. Faisant suite (en quelque sorte) au déjà bien croquignolet, Troll de John Carl Buechle, et en attendant la décennie suivante le début de la franchise Leprauchaun, ce premier long métrage du scénariste Jeffrey Mandel laisserait supposer que nous ayons à faire à une cohorte de créatures malfaisantes aux oreilles pointues, derniers avatars d'une famille de bestioles dégénérées, lointaines parentes des Ghoulies, des Munchies et autres Hobgoblins. C'était sans compter cette première déception, car de représentant de la race elfique, le film n'en dénombrera qu'un seul. Fort heureusement très méchante. Mais n'allons pas trop vite.

Un soir, Kirsten (Julie Austin) et ses deux amies Amy et Brooke se livrent à une cérémonie occulte dans une forêt voisine. Par mégarde, Kirsten se coupe et ramène à la vie, sans le savoir, un elfe démoniaque. Durant la nuit, celui-ci s'introduit chez Kirsten, dans la chambre de son jeune frère Willy...
 

Cronico Ristretto : Broken Limbs Excite No Pity - Bruce Lamont (2018)

Sept années après son fort remarqué premier effort solo [1], Feral Songs For The Epic Decline, Bruce Lamont mettait fin à ce long hiatus le 23 mars dernier avec la sortie de son deuxième album, Broken Limbs Excite No Pity, sur le label War Crime Recordings. Depuis Beyul (2012), dernier album en date de Yakuza, l'homme n'a pas pourtant pas chômé. Au contraire. Fort de sa participation à de multiples side-projects, de Corrections House, avec Scott Kelly (Neurosis), Mike IX Williams (Eyehategod) et Sanford Parker (Minsk), à Brain Tentacles, Bloodiest, en passant par son récréatif groupe de reprises Led Zeppelin 2 Live, cette figure de la scène underground chicagoienne, on l'aura compris, a plusieurs cordes à son arc. Dès lors, Broken Limbs Excite No Pity n'avait aucune raison de réfuter les expérimentations passées ou de cadenasser la versatilité de cet explorateur des genres et homme-orchestre [2]. Folk, drone, électro, ambient, jazz, noise, rock, etc., tous ont été conviés. Dont acte.
  

Black Moon - Louis Malle (1975)

Dernier film français de Louis Malle, avant son départ et le début de sa carrière étasunienne, Black Moon ne déroge pas à la filmographie hétéroclite du réalisateur du Feu follet. Mis en scène juste après le controversé Lacombe Lucien, cette lune noire suit la règle établie que chaque film de Malle se dresse contre le précédent. Ainsi, après le semi-autobiographique récit d'un jeune paysan qui bascule dans la Collaboration, Black Moon se place « en marge de la réalité » pour reprendre les mots de son auteur, ce dernier signant ici son unique essai fantastique, teinté de surréalisme. 

Dans un futur proche, sur une route de campagne isolée, la jeune Lily (Cathryn Harrison) fuit au volant de sa voiture la guerre qui oppose les hommes contre les femmes. Arrêtée à un barrage, elle est témoin de l'exécution de combattantes par des soldats portant des masques à gaz. Vite confondue par ses longs cheveux blonds, Lily réussit toutefois à s'échapper en coupant à travers le champ voisin. En chemin, elle fait la connaissance d'une licorne et découvre une maison retirée où vivent, à l'écart de ce monde déchiré, une étrange famille composée d'une vieille femme et de ses deux enfants, un frère (Joe Dallesandro) et une sœur (Alexandra Stewart), prénommés tout deux Lily...
  

La chute des aigles - Jess Franco (1989)

Fort du succès de leurs deux précédentes productions Dark Mission et Esmeralda bay, réalisées chacune par Jess Franco, Eurociné et son emblématique patron Marius Lesoeur décidèrent de battre le fer pendant qu'il est encore chaud en produisant leur superproduction, celle qui devait asseoir l'essor de la société domiciliée au 33 Champs-Elysées, La chute des aigles, avec, excusez du peu, Christopher Lee, Mark Hamill et... Ramon Estevez, fils de Martin Sheen, et cadet de la fratrie. Or ce changement d'ambition notable se solda par un échec cuisant, marquant la fin de l'aventure eurocinéenne trois décennies après sa création. Pire, ce film maudit qui précipita la « Chute de la maison Eurociné » [1] fut également responsable d'une brouille durable entre le réalisateur madrilène et la famille Lesoeur. Une triste fin, en somme, à l'image de ce film démodé, éloigné des fondamentaux de la société, qui produisit Le Lac des morts vivants, son plus grand succès. Mais n'allons pas trop vite...

Berlin, 3 septembre 1939. Le banquier Walter Strauss (Christopher Lee) organise une réception pour fêter l'anniversaire de sa fille unique Lilly (Alexandra Ehrlich). Épris par Peter (Mark Hamill), brillant officier, et Karl (Ramon Estevez), musicien et compositeur, Lilly choisit le jeune artiste, leur amour de la musique étant plus fort que les diatribes de Karl envers l'idéologie du parti au pouvoir. Tenu en haute estime par les dirigeants nazis, les officiers présents lors de l'anniversaire annoncent à l'assistance, dans l'allégresse, la bonne nouvelle tant attendue, la France et le Royaume-Uni viennent de déclarer la guerre à l'Allemagne. Mobilisé sur le front d'Afrique du Nord, Peter n'a d'autre choix que de s'engager...