Joë Caligula - Du suif chez les dabes - José Bénazéraf (1966)

Cinéaste atypique, José Bénazéraf n'aura pas attendu la décennie 70, et son glissement progressif vers la pornographie, pour connaitre les affres de la censure. Tourné en 1966, Joë Caligula, sous-titré Du suif chez les dabes, fut interdit [1] par la Commission de contrôle des films cinématographiques en date du 22 juin 1966, celle-ci goûtant peu sa violence, ses tortures et son érotisme. Ressortie toutefois dans l'hexagone en janvier 1969 dans une version expurgée de ses scènes les plus « immorales », le long métrage originel s'inscrit idéalement dans le style anticonformiste des jeunes années de son auteur où se croisent truands et marginaux.

Joë Silverstein surnommé Caligula (Gérard Blain) et sa bande ont quitté Marseille pour semer le trouble sur Paris. Décidés à mettre sous leur coupe la Capitale, leurs méthodes expéditives mettent à mal les affaires de la pègre locale. Entre jeunes branchés sans foi ni loi et vieux caïds rangés, la guerre est rapidement déclarée.

Shakti - Shakti with John McLaughlin (1976)

1975, le Mahavishnu Orchestra est à bout de souffle. Depuis 1971 et sa création par John McLaughlin avec Billy Cobham, Jerry Goodman, Jan Hammer et Rick Laird, ne reste plus que son leader guitariste. Si la seconde formation du groupe n'a pas sorti de disques foncièrement mauvais, la troisième et ultime expression, responsable de l'album Inner Worlds, affiche désormais un groupe fatigué, à l'instar du genre jazz-rock / fusion dont ils furent les grands initiateurs, soit quatre années seulement après le séminal The Inner Mounting Flame. En attendant la sortie officielle de ce dernier enregistrement début de l'année suivante, McLaughlin s'attelle déjà en 1975 à un nouveau projet, quitte à surprendre et dérouter les amateurs de jazz électrique pompier : Shakti.

Accompagné à présent de musiciens indiens, Zakir Hussain au tabla, L. Shankar (neveu de Ravi) au violon, R. Raghavan au mridangam et T.S. Vinayakaram au ghatam et mridangam, McLaughlin souhaite rendre hommage à la musique traditionnelle indienne. Délaissant sa célèbre guitare électrique à double manche, les préceptes du gourou Sri Chinmoy et son patronyme Mahavishnu, le gentleman anglais n'aura jamais été aussi proche de l'Orient.

Cause of Death - Obituary (1990)

Auréolé du succès de leur remarqué premier album sorti une année plus tôt, Slowly we rot, le nouveau disque d'Obituary était sans conteste un des plus attendus par le petit, et néanmoins turbulent, monde du death metal. Pouvait-il en être autrement ? Propulsés nouveaux hérauts du genre en cette fin de la décennie 80, nos cinq rednecks en provenance de Tampa avaient, à forte raison, marqué les esprits. En poussant d'un cran l'extrémisme metal [1], les floridiens devinrent dès leur premier opus l'un des leaders naturels de cet émergent et bruyant genre musical, Cause of Death devant dès lors confirmer les espoirs nécrologiques portés en eux.

Or la tâche pouvait s'avérer sinon ardue, du moins apparaître compliquée, le groupe perdant coup sur coup deux de ses membres avant l'enregistrement de ce deuxième album : leur bassiste Daniel Tucker parti on ne sait où, et plus grave, leur guitariste soliste Allen West. Pour les remplacer, le trio central du groupe, formé par les frères Tardy et Tevor Peres, jette leur dévolu sur le bassiste Frank Watkins et sur le guitariste James Murphy, à savoir l'étoile filante du death, tout juste remercié par le parrain Chuck Schuldiner après Spiritual Healing.

Sacco et Vanzetti - Giuliano Montaldo (1971)

Ancien assistant de l'engagé Gillo Pontecorvo pour Kapò et La bataille d'Alger, le cinéaste et scénariste italien Giuliano Montaldo s'attela à mettre en scène pour son sixième long métrage un sujet controversé, en échos aux sinistres « années de plomb » que traversèrent la péninsule italienne à l'orée des années 70 : la controverse judiciaire qui vit condamner à mort pour meurtres et vol à mains armées, cinq décennies plus tôt, deux anarchistes italiens en raison de leurs convictions politiques. Incarnés par Riccardo Cucciolla, qui remporta le prix d'interprétation au Festival de Cannes en 1971, et par la figure du cinéma politique italien des années 70, Gian Maria Volontè [1]Sacco et Vanzetti retrace le destin tragique de ces deux hommes. A redécouvrir en salle ce mercredi en copie restaurée. 

Avril 1920, Massachusetts. Deux employés d'une manufacture de chaussures située à South Braintree perdent la vie suite à un braquage. La police trouve rapidement une piste du côté d'un réseau d'anarchistes italiens. Nicola Sacco (Riccardo Cucciolla) et Bartolomeo Vanzetti (Gian Maria Volontè), respectivement cordonnier et marchand de poissons ambulant, deviennent les principaux suspects de ce double meurtre. Soupçonnés sans aucune preuve de leur implication directe, les deux hommes assistent impuissants à leur procès. Il sont condamnés à la peine capitale. Or les nouvelles de preuves et les approximations des témoins découvertes par leurs avocats pourraient basculer leur prochain appel en leur faveur...