1987: bilan d'une année musicale

Non parce que bon, qui dit fin d'année, dit bilan toussa... Du coup tout le petit monde fermé des blogueurs va nous pondre (enfin je dis ça, tous les vendeurs de papier vont faire de même) son best of de l'année 2007. Refusant de faire comme tout le monde, histoire de faire mon intéressant et ayant une réputation de c****** à tenir (encore que ces derniers temps, ça serait plutôt une réputation de psychopathe), voici donc non pas un bilan forcément subjectif de l'année musicale passée, mais plutôt un petit coup de rétroviseur sur l'année 1987 (tout aussi subjectif en passant puisque je ne retiens que ce que je veux! sinon allez sur wikipedia et me bavez pas sur les rouleaux).

Déjà comme on peut le laisser supposer, nous situant dans les 80's, aucun album des anciennes gloires des 70's n'a réussi à créer quelque chose qui marquera les esprits. Dans les demi-surprises, Carlos Santana sortira un Blues for Salvador honorable hormis cette satanée production made in 80's... Pour le reste, Bowie nous gratifie de Never Let Me Down, Neil Young de Life et le Pink Floyd de David Gilmour d'A Momentary Lapse of Reason... Bref merci pour ce tiercé gagnant, mais ça sent le sapin.

Pour continuer dans le mauvais esprit, j'ai voulu regarder parmi les grands succès de cette année (ouais là je fais mon snob...), bah là aussi c'est du bon, on retiendra Los Lobos et leur La Bamba et Rick Astley et son fumeux Never Gonna Give You Up (à froid je ne me rappelais pas de ce truc... après un passage éclair via deezer, j'ai compris ma douleur... Je connais ce machin qui attaque méchamment les neurones!!). Sinon il parait que U2 aurait cassé la baraque avec un With or Without You issu d'un certain The Joshua Tree, mais moi ça me dit rien (mauvais esprit mais aussi de mauvaise foi...).

1987 rime surtout avec l'apparition de deux classiques du rap (les vieux comme moi n'oublieront pas d'ajouter la mention "old school"...), à savoir le Paid in Full d'Eric B & Rakim (ce dernier ayant un flow d'une "coolitude" exceptionnelle) et le premier méfait de Public Enemy Yo! Bum Rush the Show. Au rayon musique groovy, difficile aussi de faire l'impasse sur le Sign 'O' the Times du nain pourpre, qui même si personnellement la production datée fait partie des points faibles du disque de Prince, reste parmi les plus belles réussite de la pop des 80's. Au rayon funk à vocation plus punchy et histoire de rajouter une couche sur l'autel de la snob attitude, on écrasera une larme sur le dernier album enregistré par Hillel Slovak (et accessoirement le dernier album des Red Hot Chili Peppers qui m'intéresse, quel snob je fais).

En parlant de musique punchy, ceci me permet de faire le lien sur ce qui fut une bonne année en matière de musique pop/rock à forte valeur ajoutée en saturation et assimilés. 1987 voit ainsi l'émergence des Pixies avec leur premier LP Surfer Rosa mais aussi les confirmations avec les seconds albums des Jesus & Mary Chain, Darklands, ou celui des Hüsker Dü, Warehouse: Songs and Stories. Du côté de NYC, la bande à Thurston Moore n'est pas en reste puisque Sister, second volet d'une trilogie entamée l'année suivante par Evol, est l'un des meilleurs albums enregistrés par Sonic Youth. De même, Jello Biafra and co offre, en 1987 en guise de conclusion à une des meilleures formations punk US qui soient, les Dead Kennedys, une excellente compilation gavée d'inédits, Give Me Convenience or Give Me Death. Et puis après la causticité des textes de Jello, ne pas oublier aussi les fous en provenance du Texas, les classieux Butthole Surfers et leur Locust Abortion Technician, un album qui mixe allégrement le punk, le rock psychédélique, des rythmes déconstruits et quelques riffs métalliques (si à la lecture de ceci vous vous dites que ça annonce Mr Bungle, vous n'avez pas tord!).

Le niveau de virulence ayant monté d'un cran, intéressons nous à ce qu'il convient d'appeler la musique des jeunes qui voudraient se faire passer pour des méchants... Finalement, on serait tenté de dire que 1987 fut une petite année comparée à 1986. Faut dire que lorsque la même année, on nous gratifie d'un Master of Puppets et d'un Reign in Blood, difficile s'il en est de faire aussi bien. Néanmoins, il reste encore quelques petites rognures à grignoter, et non des moindres pour l'amateur de musique extrême! A commencer déjà par la première véritable pierre angulaire du death metal, le premier album de Death, Scream Bloody Gore, et aussi le premier monument du grindcore par les jeunots de Napalm Death, Scum. On soulignera aussi l'album des suisses Celtic Frost, Into the Pandemonium, avec la fameuse pochette issu d'un tableau de Jérome Bosch. Album qui à défaut d'avoir franchement bien vieilli, montre que l'on peut être l'un des pères du black metal et s'intéresser au gothique ou à l'électro.

La transition est donc toute choisi pour cette partie, vous l'aurez deviné! 1987 présente ainsi le premier chef d'œuvre du duo Gerrard/Perry à savoir Dead Can Dance et leur fabuleux Within the Realm of a Dying Sun, une œuvre intemporelle. Du côté de chez les allemands aussi les musiques nouvelles ont le vent en poupe puisque les papes de la musique industrielle, Einsturzende Neubauten, nous gratifie d'un Fünf Auf Der Oben Offenen Richterskala mémorable, plus implicite, plus froid et mélodique. En guise de mélodie et d'électro/pop, 1987 voit l'ascension de plus en plus irrésistible de Depeche Mode avec Music for the Masses qui depuis leur sombre album précédent et l'apport visuel de Corbijn efface définitivement les errements des jeunes années.

Pour finir et sans transition aucune, en cette année apparait un hommage sincère à Lady Day par l'une de ses plus grandes admiratrices, Abbey Lincoln, avec son Abbey sings Billie. Au rayon jazz mainstream, Pat Metheny signe un Still Life (Talking) certes grand public mais bluffant, ce dernier ayant assimilé magnifiquement l'apport de la musique brésilienne.



Le corps et l'âme selon Trane & Lady Day

Depuis aujourd'hui, j'ai récupéré une fameuse vidéo pirate de Led Zeppelin datant d'un concert de 1977 à Seattle. Alors vous ajoutez les quelques commentaires de soutien que j'ai reçu et le concert de Page, Plant, Jones et Bonzo, ça écarte un moment mon vague à l'âme (faut être réaliste, du mal à croire que ça se ne repointe pas assez rapidement quand même...).

Bref ce concert à Seattle m'a rappelé au bon souvenir d'un disque live de Trane enregistré dans cette même ville un soir de 30 Septembre 1965. Il faut tout de même se remémorer que 1965 fut l'année riche pour Trane et son quartet. Certes, 1964 aussi, pourra me rétorquer à juste titre le connaisseur. En effet, difficile de faire l'impasse sur cette mythique année puisqu'est paru en 1964 l'un des plus beaux disques qui soit, A Love Supreme.

Or justement, que ce soit dans la famille du jazz ou d'un point de vue plus restreint, à savoir Trane et ses musiciens, il y a eu et il y aura toujours un avant et un après A Love Supreme. Maladroitement, on serait même tenté de parler de fuite en avant, Trane a découvert quelque chose de si grandiose qu'il ne peut plus reculer désormais. Aller encore plus loin, se remettre en cause perpétuellement. Dès lors, ses musiciens auront toutes les difficultés à le suivre, en particulier le batteur Elvin Jones et le pianiste McCoy Tyner, mais là je vais un peu trop vite en besogne...

Ainsi en 1965 entre les disques sortis cette année où ceux qui furent enregistrés cette même année mais qui sortiront un peu plus tard, on dénombre pas moins de 11 albums environ. Une année riche dirons nous. On retiendra son attirance pour la musique africaine sur Kulu Sé Mama (amour qu'il avait déjà avoué sur des disques précédents comme Africa/Brass en 1961) avec l'intervention du chanteur percussionniste Juno Lewis, disque qui permet aussi d'agrandir pour l'occasion le quartet de Trane et d'inviter d'autres musiciens. 1965 voit aussi naître l'autre manifeste du free jazz, Ascension, un monstre, 40 minutes de musique sans aucun compromis où chaque invité (et non des moindres: Archie Shepp, Marion Brown, Freddie Hubbard, Dewey Johnson, John Tchicai et le fils prodigue Pharoah Sanders) a droit à son espace de liberté (Trane n'y joue en effet qu'un seul solo de sax).

Mais comme je le disais plus haut avec cet amour effréné pour la découverte, les sidemen de Trane ont quelques difficultés à suivre les traces du maître. Faut dire que ce dernier est loin, très loin... Entre un Meditation en studio qui en remet une couche (Trane s'adjoint les services d'un deuxième batteur Raschied Ali) et des performances live toujours plus proche de l'abstraction, McCoy et Elvin jetteront définitivement l'éponge...

Aujourd'hui, enfin cette nuit, rapport aussi à une thématique soulevée par Thom, voici donc le titre Body & Soul joué par Trane et son quartet (plus le clarinettiste Donald Rafael Garrett et Pharoah Sanders au sax ténor) ainsi que la version intemporelle de 1940 chantée par Lady Day (là je soupire... un ange passe comme dirait l'autre), miss Billie Holiday.

Street Hassle : Lou Reed, Parrain du Punk ?

Non content d'être indissociable du punk, comme pouvait l'être le twist à St Tropez, New-York fut pendant très longtemps un véritable bouillon de culture. Et tandis que les Television et autres Ramones foutaient le feu au CBGB, Lou Reed ne pouvait regarder ces drôles énergumènes, rejetons du VU, que d'un drôle d'œil, qui plus est depuis son sobriquet de parrain du Punk, soit le genre de titre et récompense qu'on file aux artistes finis.

Dès lors, après avoir écrit son album le plus délicat, Lou prend tant bien que mal le train en marche et très (trop) rapidement, lâche en novembre 1976, Rock and Roll Heart, ou son premier album pour le label Arista. Mais l'album est une déception. Bâclé, à vouloir surfer sur la vague naissante, Lou se plante lamentablement : mauvaises critiques et vente insignifiante (Lou n'a jamais vendu des masses, mais là, c'est moins que moins !).

Dans ces cas là, une petite remise en cause est de bon aloi. Et justement, Lou Reed met à profit un temps de réflexion pour concocter un album qui fleure bon la misanthropie et le retour d'une ambition artistique qu'il avait plus ou moins mise en veille depuis le suicidaire Berlin. En somme, Lou laisse passer la vague punk, et en profite pour enregistrer un nouveau disque volontairement mal léché, cru et sombre : Street Hassle.
 

Bertold Brecht cover

Je dois vous avouer quelque chose (vous avez droit de passer les deux premiers paragraphes, ça risque d'être à mon image...), j'ai un certain don pour me pourrir le cerveau tout seul comme un grand. Certes, j'en tire aucune gloire, premièrement parce qu'il serait étonnant d'en tirer une quelconque gloire: "ouais super, je suis miné" et grâce à quoi? "grâce à ma stupéfiante et ô combien envieuse capacité à me flinguer les neurones" (Mr Coué is back) et comment? (oui car en bon scientifique (?!), LA question n'est pas "pourquoi" je vous le rappelle, mais l'ultime "comment?"... J't'en pose des questions c******! Sauf que là, précisément, c'est moi qui ait posé la dite interrogation, alors bon, passons...)

Disons, pour faire simple, qu'il me faut pas grand chose, le vol d'un papillon, une mouche atteinte de flatulence, et pif paf pouf, je sors ma pioche... Secondement (oui petit rappel, il y avait un premièrement), la gloire que je pourrais en tirer est loin d'être viable socialement (ni commercialement d'abord, fichtre! pourtant payer quelqu'un pour miner le moral des autres ça me plairait assez comme reconversion, le métier de bourreau n'étant plus à la mode...), alors au final, on attends que ça passe en tentant de faire le moins de remous possible (n'étant pas à l'abri d'un dommage collatéral), comme toujours...

Dans ces cas là, on s'écoute How Fortunate The Man With None de Dead Can Dance chanté par Bendan Perry, issu de l'album Into The Labyrinth de 1993 d'après un poème de Bertold Brecht datant de 1928 Die Ballade von den Prominenten.

Ghost Rider on the road

Vu que certains font dans le réchauffé, à savoir je vous sers une louche d'une ancienne chro que j'agrémente d'une nouvelle version, histoire de prouver selon les cas que "j'ai décidément bon goût" ou cas contraire "la vache, mais comment j'ai pu apprécier un truc pareil", j'ai décidé de faire encore plus fort! A savoir resservir une ancienne chronique que j'avais non pas posté mais envoyé par mail il y a quelques temps (durant mon fumeux périple asiatique). L'intérêt pourrait être limité, en particulier pour ceux qui connaîtraient déjà la dite chro, et pourtant il serait dommage de faire l'impasse sur ce merveilleux billet (la méthode Coué est ma meilleure alliée). D'abord, il faut faire preuve d'altruisme, et pourquoi mes lecteurs (enfin ceux qui daignent user de leur précieux temps sur ce misérable blog... tiens la méthode Coué n'aura guère duré longtemps...) n'auraient ils pas le droit de subir cette missive? Et puis pour les autres, les destinataires du mail, au final, pas certains qu'ils lisent encore ou qu'ils ont déjà lu ce blog... De toute façon, je vous propose la version 2.0 de la chronique de Ghost Rider, alors hein bon, me baver pas sur les rouleaux!

Si mes souvenirs sont exacts, c'est au mois de Mars que j'ai décidé d'aller voir un navet au doux nom de Ghost Rider, enfin navet... il faut le dire vite, car derrière cette plante potagère se cachait en fait un délicieux nanar! Et puis que voulez vous, à cette époque, j'étais encore jeune et naïf, j'allais même préparer mon dossier de candidature pour les postes de maîtres de conférence (c'est dire à quel point j'étais ingénu)...

Premier point, même en sachant qu'on risque de perdre son temps, il est bon de garder ses anciens réflexes de pseudo-cinéphile et de chercher dès lors quelques renseignements à propos de l'œuvre artistique que vous allez admirer. De ce fait, j'eus l'agréable surprise de constater que cette relecture du comics de la Marvel était de nouveau réalisé par un spécialiste du genre... celui qui a réglé son compte à la franchise Dardevil, réalisateur dont de je tairais le nom, non par respect pour sa famille mais parce que j'ai tout simplement la flemme d'aller chercher son patronyme. Puisqu'on est dans les amabilités, je note que contrairement au film précédent, le Ghost Rider n'est pas joué par Ben Affleck, quel dommage! Certes, la fan du jeune premier au charisme d'huitre asthmatique et au talent discutable (tout le contraire du frangin Casey en passant) pourrait faire la mou, et pourtant on est loin de perdre au change, car entre un acteur qui cabotine à tout va et un autre qui tente d'avoir autant de réactivité qu'une tranche de foie de veau, ma préférence penche pour le premier...

Et justement, dans la catégorie, acteur qui se fourvoie dans un nombre incalculable de navets, qu'on a du mal à croire que ce dernier à jouer pour Lynch ou les frères Coen, je voudrais Nicolas Cage. En plus d'enfiler les daubes avec une rapidité qui force le respect, le neveu de FFC va ainsi cabotiner à un rythme frénétique, un régal pour les rétines. Dans Ghost Rider, Cage prends ainsi un malin plaisir à nous rejouer son personnage de Sailor (Wild at heart, dommage car finalement c'est peut-être le moins bon Lynch, enfin bon...), c'est à dire je pointe mon index vers le méchant et lui dis en gros à la Chuck, toi "tu va finir avec la bite dans un tupperware" (on notera tout de même que le garçon est sévèrement burné, car faire ça devant le Diable ou son rejeton, ouah, quel courage!). On oubliera pas non plus la propension à faire des grimaces du père Cage, à croire qu'il était en manque de quelque chose le gars...

Et l'histoire me direz vous? Car oui, le plus incroyable, c'est qu'il y en a une histoire... étonnant, non? En gros, un adolescent pactise avec le cornu pour que son paternel ne meurs point du cancer. Scène banal dirons nous, pour toi le jeune avide d'un Faust de supermarché. Sauf que... il ne porte pas le surnom de Malin (joué par Peter Fonda, tout en brushing) pour rien notre bouc préféré, le lendemain le papa meurt lors de son numéro de cascade à moto... C'est ballot! Du coup, le gamin est vénère, il a vendu son âme pour des bonbecks (ce qui expliquerai pourquoi 15 ans plus tard le personnage n'arrête pas de manger des bonbons, enfin je ne vois pas d'autre explication...). Alors il laisse tomber sa petite copine et part sur la route, raaaaaaaaaaaah tel un loner de la route, un vrai rebelle de l'asphalte... Tiens en parlant de la copine du loser, j'ai apprécié la scène bucolique où notre apprenti Faust d'opérette grave sur un tronc d'arbre "J & R forever", j'en ai usé tout mon paquet de kleenex tellement c'était émouvant... (le pire c'est que la dernière scène, ils nous refont le coup, le même champ de fleurs, le même arbre, âmes sensibles s'abstenir svp). Bref il laisse tomber sa girlfriend (encore un grand moment d'émotion, prévoir plusieurs paquets de mouchoirs en papier), puis devient un cascadeur reconnu (c'est papa qui serait fier de junior si le Diable avait pas été si méchant... un vrai mélodrame ce film), mais le Malin lui rappelle au bon souvenir du funeste contrat. Et c'est ainsi que va naître le fumeux Ghost Rider.

En effet, le rejeton de Mephistopheles fait des siennes, il veut sa part du gâteau, quel enfant ingrat (il convient au passage de pointer les lacunes de Belzebuth en matière d'éducation). Sans compter que c'est une grosse faignasse ce cornu, car il ne veut même pas botter le cul de junior lui-même (trop salissant?), et c'est à Johnny blaze de le faire (oui c'est le nom du heros, ca tape! j'attendais un moment avant de vous donner le patronyme du gars, ça se mérite...)! Bon on est rassuré car à la fin le fiston devient un tas de cendre, et Johnny pointe de nouveau du doigt le Diable en lui disant "bah ton contrat tu peux te le mettre où je pense, je vais rester un Ghost rider rien que pour te faire chier! Na! Et maintenant je serais là pour contrecarrer tes plans, et toc!".

Vous aurez compris, moi j'ai adoré ce film. Et encore j'ai fait quelques raccourcis osés, j'en conviens. Par contre pour un film de ce genre, je constate quand même peu d'action, et puis il dézingue rapidement ses ennemis le Johnny. Faut dire ils sont pas finauds, le Johnny est immortel, et ils veulent quand même lui péter sa gueule, y'sont cons ces démons, je vous jure... Et puis histoire de garder une certaine continuité dans les posts, Eva Mendes (l'homme lubrique appréciera au passage ses décolletés) joue dans ce nanar, comme quoi, on peut passer de Ghost Rider à We own the night.

La nuit nous appartient...

Ou la devise de l'unité criminelle de la police new-yorkaise chargée des crimes sur la voie publique, mais aussi et surtout le nouveau long métrage de James Gray, We own the night.

Bobby Green (Joaquin Phoenix) n'a pas suivi la tradition familiale. Ce dernier n'est pas policier comme son père ou son frère, mais gérant de la célèbre boîte de nuit El Caribe à Brighton Beach dans Brooklyn (le quartier russe, remember Little Odessa du même James Gray). Bobby a d'ailleurs décidé de changer de nom de famille, histoire de ne pas être reconnu comme le fils ou le frère de... Bobby flambe, joue, profite de la vie accompagné de sa petite amie porto-ricaine (Eva Mendes).

Mais 1988 sonne l'escalade de la violence entre le NYPD et les trafiquants de drogue (on compte à l'époque 2 policiers morts chaque mois). Bobby devra ainsi faire des choix, celui de rester en bon terme avec le gangster russe, neveu de Buzhayev, propriétaire du El Caribe, qui deale dans sa boîte de nuit et soupçonné d'être le plus gros trafiquant de la Big Apple ou bien abandonner cette famille d'adoption et aider son frère Jospeh (Mark Wahlberg) et son père Burt Grusinsky (Robert Duvall) à coincer ce réseau de dealers. Bobby va se retrouver ainsi au centre d'un jeu où le juste milieu n'a pas lieu d'être, et où son impuissance sera le reflet de son incapacité à maîtriser son destin et celui de ses proches.

Troisième film du petit génie James Gray (trois films en 13 ans, c'est peu me direz vous... certes, mais à chaque fois, nous avons droit à un film exceptionnel, le premier réalisé à 25 ans... comme un certain Welles, ça tombe bien, Gray est fan du grand Orson), qui après The Yards en 2000 sort enfin La nuit nous appartient où cette fois ci, sous le canevas d'un film noir vont s'entrecroiser le destin tragique d'une famille réduite à sa plus simple expression, un père et ses deux fils. Après s'être fortement inspiré de la tragédie grecque, Gray lorgne vers le côté Shakespearien du film noir, l'impuissance de l'homme, l'amour ou la vie de ceux qu'on aime broyés par le destin.

Après quelques années de traversée du désert, The Yards n'étant pas du goût du patron de Miramax, Gray peaufinera le scénario de son nouveau film, s'inspirant de son parcours personnel. N'étant pas en odeur de sainteté à Hollywood, le financement de son nouveau film aurait pu être problématique, mais durant The Yards, Gray s'est lié avec Joaquin Phoenix et Mark Wahlberg. Or depuis 2000, ces deux anciens jeunes premiers sont devenus fortement bankable (comme on dit dans le métier coco), avec Walk the Line pour l'un et The Departed pour l'autre, et vont ainsi aider James Gray à produire son nouveau film. On note que pour son précédent film, Gray avait réussi à obtenir les services de Santino Corleone, alias James Caan, pour We own the night, le réalisateur de Little Odessa fait jouer désormais Tom Hagen, alias Robert Duvall, le fan du Parrain qu'est Gray ne peut être que comblé... Duvall et Caan n'étant pas les derniers pour louer le talent du petit, le comparant ainsi à Coppola. Et pourtant, si on devait aussi faire un parallèle ce serait aussi du côté de l'autre italo-américain, Martin Scorsese, le même savoir-faire pour nous présenter des communautés, la même passion pour la musique (Blondie croise the Clash ou encore Bowie), le même talent pour diriger ses acteurs...

Bref un film noir au charme classique mais intemporel. Le film de l'année?

Live Dead - Grateful Dead

C'est pas pour dire, mais j'ai la rancune tenace ma bonne dame. Et en bon disciple du moustachu roi de la santiag et du sidekick vengeur, quand on me bave sur les rouleaux, je ne puis crier qu'une seule chose :"raaaaaaaaaaaaah mais je vais me le faire celui là!!!". Ceci dit, et j'entends déjà railler les cuistres, Chuck en grand philosophe, ne pourrait accepter ce genre de traitement. Enfin, disons que le sidekick à base de santiag ne saurait être la solution véritable au problème soulevé, ce châtiment est certes juste mais point suffisant. Il convient en effet, vous, mes chers fidèles, (bah quoi, y'en a bien qui ont rêvé de devenir président et le sont devenus... c'est ça le pire, alors pourquoi pas gourou...) une fois le vilain corrigé de lui faire admettre son erreur, sous peine de lui faire savourer (certains diront infliger... pfffff) l'intégrale de Walker Texas Ranger (d'une traite je précise... mmmmmmh, quelle délicieux supplice n'est ce pas, surtout quand Chuck/Washo a des visions et qu'il se prend pour un aigle survolant la forêt... désolé...). Bref le vilain personnage s'est reconnu lors du dernier post, alors sache que ce billet t'es dédicacé (oui je suis machiavélique et ultra crédible)!

Après cette intro une fois de plus inutile (que voulez vous, il faut parfois se faire violence pour satisfaire son fan-club... qui ne contient qu'un membre... je signale au passage que je ne me compte pas comme membre de cette association à but lucratif), voici quelques lignes d'un groupe qui restera comme l'archétype du combo hippie issu de Frisco. Encore que je me dois déjà de calmer le jeu, oui j'aime la musique du Dead, mais surtout celle des jeunes années, avec en point d'orgue l'album live présenté aujourd'hui. Il faut déjà se replacer dans le contexte (formule passe-partout je l'avoue...), le groupe du guitariste Jerry Garcia peut difficilement être mis à l'écart de la scène psychédélique de la côte ouest, le fameux (ou fumeux...) summer of love, le LSD, la vie en communauté, bref le mouvement hippie quoi... Dès lors, je suis le premier à être moins intéressé par la suite de la discographie du Grateful Dead. Loin de moi l'idée de porter un jugement, mais force est de constater que musicalement à partir les années 70, le groupe pourra porter le sobriquet de has been... Comme tout artiste qui reste attaché volontairement ou non à un mouvement artistique, et là pour le coup, entre les morts célèbres et les mutations que va connaître le rock à l'aube des 70's, il est certain que la musique du Dead va perdre au fur et à mesure en popularité. Ceci dit, d'un point de vue personnel, il convient aussi d'admettre que l'évolution que prend le groupe, à savoir un virage plus folk country n'a pas été une réussite non plus (n'est pas Neil Young qui veut).

Après 3 albums studio qui sentaient gentiment les expérimentations (et pas que musicales les expérimentations... sans compter qu'elles ont coûté cher au label, à force d'être déchirés et de squatter les studios, ils ont tout de même laissé une ardoise de 100000 dollars... vous me direz quand on vend des albums comme du papier toilette c'est pas génant, mais là justement...) où on retiendra sur le dernier sorti en 1969, Aoxomoxoa, l'excellent What's Become a Baby et son chant particulier rappelant celui du muezzin; le Dead sort déjà un album live cette même année. Artistiquement, ce disque enregistré est une réussite, du fait des prestations scéniques du Dead, spécialistes des jams sessions les musiciens sont désormais libres, et commercialement c'est loin d'être une mauvaise opération pour la Warner, un album live permet en général de rentrer dans ses frais pour un minimum d'investissement...

Live/Dead représente ainsi selon moi la quintessence du groupe, un feeling et une mise en place impeccables, bref le classique du Dead en 6 titres pour 75 minutes de musique (oui je sais, on compte 7 chansons, mais And We Bid You Goodnight ne dure que 36 secondes...). Et puis, ce live contient tout de même l'hymne du Dead, Dark Star, 23 minutes de jam épique inspiré et qui a le mérite de passer justement très vite, comme quoi jam ne rime pas forcément avec dodo... A noter que la bande à Jerry Garcia aura écouté A Love Supreme de Trane pour s'en inspirer, ce qui au final n'a rien d'étonnant quand on sait qu'à l'inverse Dark Star fut repris aussi par des jazzmen comme David Murray.

La seule chanson apparaissant sur un album studio n'est autre que St Stephen, le classique d'Aoxomoxoa, chanson qui fait la part belle au psychédélisme (la guitare mais aussi le break proche du conte) mais aussi au bluegrass cher à Garcia. The Eleven est quant à elle un bel exemple de la complémentarité du combo tout comme le groovy et soul (Turn On Your) Love Light, reprise d'un titre chanté quelques années plus tôt par Bobby "blue" Bland. On retrouve d'ailleurs cette même ambiance et même goût pour la musique noire sur le sombre et bluesy Death Don't have No Mercy (l'ombre de Robert Johnson n'étant pas loin). Le groupe à l'époque avait l'habitude de finir ses messes (quand un concert peut durer 3h voire plus, on peut utiliser ce genre de qualificatif je pense...) par le morceau Feedback qui comme son nom l'indique fera la joie (j'en fais partie en tout cas) des aficionados de bruit blanc et d'ambiance lugubre (dans la continuité du titre précédent) servant ainsi de pont au And We Bid You Goodnight.

En guise de vidéo (la chanson du jour étant The Eleven), une petite performance live du Grateful Dead pour le talk show de Hugh Hefner, Playboy After Dark, où le groupe joue l'excellent St Stephen... tout une époque...



Elle est partie...

En attendant la semaine prochaine, où je risque de me friter avec quelqu'un, histoire de rappeler à cette vile personne que le groupe de Jerry Garcia a quand même sorti quelques jolies galettes, j'entame après une pause suffisamment longue un coup de projecteur sur la vénérable exception culturelle française.

Sauf erreur de ma part, après mon vibrant hommage à Bézu, cela faisait quelques mois que nous nous étions pas intéressés à enfin de la chanson consistante, française donc... à quoi ça rime toutes ces chroniques sur des artistes inconnus... et même pas français qui plus est... C'est vrai quoi, nous aussi on a des artistes qui peuvent faire le poids (Carlos forever...) et même la nique aux productions anglo-saxonnes. Alors back to the eighties si vous le voulez bien!
Fin 1983, deux fans de new wave alias Dominique Delaby et Eric Fettweis fondent LE groupe de pop électronique que notre pays attendait avec impatience, Partenaire Particulier. Les choses s'accélèrent rapidement ensuite avec l'arrivée d'un troisième membre, Pierre Béraud-Sudreau, entre les concerts donnés en Gironde et la première démo, le trio se fait repérer et signe un contrat avec WEA pour ce qui deviendra le tube du groupe, l'éponyme Partenaire Particulier. Et là, ceux qui raillaient la capacité des français à nous servir une electro-pop de qualité peuvent se casser les dents! Ah ah ah, Les Erasure et autres Pet Shop Boys ou OMD ont trouvé leur maître. Il faut dire, que nos amis germaniques avaient montré la voie avec les excellents Modern Talking, prouvant une fois de plus que l'hégémonie anglo-saxonne devait cesser! Encore que, Dieter et Thomas chantent en anglais... je sais...

Ainsi notre trio restera pas moins de 25 semaines consécutives dans le Top 50 culminant ainsi à la troisième position. Mais il s'agit quand même de relativiser, certes reste à ce jour le plus grand succès du groupe, mais en aucun cas leur plus belle chanson. La chanson éponyme reste, avouons le, un peu fofolle, nos compositeurs ont écrit leur Just Can't Get Enough, mais il manque quelque chose. Et ma foi, on ne peut que s'agenouiller devant tant de talent puisqu'il ne faudra qu'attendre une année pour avoir leur chef d'oeuvre Elle est partie.

Dominique Delaby quittant la formation, le duo a débauché un certain Laurent Letrillard qui n'apparaîtra finalement que sur leur deuxième 45 tours Je n'oublierai jamais. Entre temps, le duo restant travaille d'arrache pied quant à l'écriture du tant attendu premier album qui sort finalement en 1986 le bien nommé Jeux interdits. Parmi les nombreuses pépites que regorge ce disque, on retiendra donc le magnifique et poignant Elle est partie. Et je me permettrai de faire un parallèle un peu osé mais en aucun cas fallacieux, quand on pense que Martin Gore aura attendu 6 ans pour nous sortir une chanson aussi abouti que Question of Time alors que nos deux amis ont mis moins de temps pour nous sortir une telle perle, je pouffe...

"là tu vois coco, avec mon 48 pistes on va faire la nique à Daniel Miller"

Parallèle qui se retrouve sur la vidéo proposée aujourd'hui, Anton Corbijn leur a tout piqué lui aussi... décidément, je retiens celui qui, il y a quelque temps, disait tant de bien de Black Celebration... Forcément je vous ajoute le clip de Partenaire Particulier avec en prime le logo de la cinq de Berlusconi... culte...

Elle est partie
Si loin d'ici
Dans la nuit, nuit de folie
Elle s'est enfuit
Elle est partie
Si loin d'ici
Dans la nuit, nuit de folie
Elle s'est enfuit
Elle est partie seule dans la nuit


Partenaire Particulier - Elle est partie


Partenaire Particulier - Partenaire Particulier

It's Just Begun - Jimmy Castor

Autre artiste peu connu, voire même sous-estimé, dont nombre de ses chansons furent pourtant samplées par la jeune génération hip-hop : Jimmy Castor.

Notre futur producteur a commencé dans les 50's comme chanteur puis saxophoniste dans diverses formations de doo-wop tel que Jimmy & the Juniors et surtout Frankie Lymon & the Teenagers. A cela s'ajoute quelques sorties en solo dans les 60's jusqu'à la fatidique année 1966. En effet, le doo-wop commence à sentir gentiment le renfermé, une autre musique populaire, un nouveau son fait parler de lui à Harlem : la musique latine des communautés cubaine et portoricaine de NYC met le feu au poudre avec l'une de ses futurs stars, le talentueux Ray Barretto.

Dès lors, notre Castor adepte du rhythm'n blues va se lancer dans la production d'une soul latino avec son premier grand tube en 1966 Hey Leroy, Your Mama's Callin' You sur Smash Records. Après quelques disques sur Capitol, Decca ou Compass, Jimmy Castor trouve chez RCA un label qui va enfin publier son premier véritable LP, It's Just Begun, disque à l'image de son auteur, versatile, groovy et généreux.

L'album s'ouvre et se clôt par des morceaux instrumentaux où l'ambiance orchestrale donne l'impression qu'on n'a pas entre les mains un disque de funk mais plutôt la bande originale d'un film dramatique. Étrange ? C'est d'autant plus étonnant que déboule à la fin du premier morceau quasi post-apocalyptique, le premier tube funk de l'album. Niveau transition, le Castor fait très fort. It's Just Begun est un morceau funk au groove imparable, une basse émoustillante avec un saxophone accrocheur. A cela vous ajoutez un toucher hendrixien et des percussions latines et voici un morceau culte... Et ensuite paf ! Que nous arrive t'il ? Le MORCEAU de Jimmy Castor où notre ami nous narre à partir d'un spoken word dantesque, les aventures d'un homme des cavernes à la recherche de LA femme, miss Bertha Butt, un des samples préférés d'Afrika Bambaataa (rien que ça). Que dire des "sock it to me" et autres "I'll sock it to ya, Daddy". Plus une rythmique torride, ce fameux Troglodyte mérite lui aussi haut la main la dénomination de morceau culte.

Après ces deux morceaux là, forcément, le reste de l'album fait un peu pale figure. Sur You Better Be Good,Castor garde son groove certifié AOC, le savoir faire de Jimmy faisant le reste. Psyche et L.T.D. quant à eux ne dépareilleraient pas chez un Santana funky. Et c'est finalement là où le LP pèche un peu. Jimmy aime les musiques, et au lieu d'en faire un mix complet, il nous propose au contraire trois morceaux de funk, puis du rock latino et enfin un morceau de soul très pop My Brightest Day. Ne boudons cependant pas notre plaisir, la générosité du Castor fera taire les esprits les plus grognons, et si notre ami est versatile, jamais il nous sert une musique aseptisée et sans saveur.

La fin de l'album se caractérise par un Bad que n'aurait pas renié ce bon vieux Sly et un I promise to remember nous rappelant au bon souvenir de son passé doo-wop.

En guise de vidéo, voici celle de Troglodyte avec le comique US Lil' John Rinaldi dans ses œuvres.


Pizzaiolo et Mozzarel: Aldo et l'amour de la pizza



Ainsi vendredi dernier, j'ai eu l'insigne privilège de regarder le film de Christian Gion, Pizzaiolo et Mozzarel avec l'une des mes anciennes idoles, Aldo "la classe" Maccione. Autant vous dire tout de suite, pour celui ou celle qui serait un peu lent à la détente, NRJ 12 ne m'a pas gratifié d'un des "meilleurs" Aldo, au contraire, ce film de 1985 sentait le sapin à plein nez...

Pour commencer, petit résumé (c'est vite dit...) de cette farce... attention dès le début ça attaque les neurones! C'est l'histoire de deux frères, des demi-frères pour être exact, bon en général on peut considérer ceci comme un détail, sauf que l'un est blanc et l'autre noir... Pourquoi pas me direz vous? Certes, certes, sauf que le premier est joué par Aldo et le second par Sidney! Mais qui est Sidney tentera l'insolente jeune personne (pour rappel, 21 ans et moins...)? Mais Sidney c'est l'émission H.I.P. H.O.P.!!! diffusée sur TF1 qui permis de faire découvrir à la jeunesse le smurf et toute la nouvelle culture urbaine en provenance des USA... bref émission culte, pour nostalgiques avertis... Mais je m'égare, donc nos deux gus sont frangins, par quelle pirouette scénaristique? Notre mamma, interprétée par Marthe Villalonga (toute en nuance, comme d'hab' quoi) fut mariée au départ par un italien pur jus, et naquit ainsi de cette tendre union le beau Carlo, et puis à la mort de son défunt mari, notre mamma plus pied-noir que napolitaine, fit la rencontre durant un Paris/Dakar (oui déjà là au niveau des dates, ça vaut son pesant de cacahuètes, vu que la compétition créée par Thierry Sabine date de la fin des 70's, enfin bon, vu ce qui suit, on peut fermer les yeux sur cet écart...) du futur papa de Mozzarel (no comment). Avant d'aller plus loin, petite déception au niveau des accents, autant notre délicieuse Marthe tente de camoufler son accent pied-noir avec un simili accent italien bâtard, autant Sidney ne fait pas d'effort! Pfffffffff...

Ainsi nos charmants garçons travaillent sur une plage dans la pizzeria tenue par la délicieuse Maria (jouée finement par Valentina Gras... on fera pas de jeu de mot sur son patronyme, mais tout de même, vu le niveau de vulgarité de la dame, elle le porte bien son nom...). Mais qui est Maria? Disons que cette dernière se dit fiancée à notre bel étalon, ce qui n'est point réciproque, je rassure tout de suite les fans d'Aldo. Effectivement, entre deux séances de gym (durant cette scène, le quota plan mammaire est évidemment respecté), car Carlo est prof de remise en forme mais aussi Mitch Buchannon transalpin du pauvre, notre pizzaiolo n'oublie pas de besogner vaillement toutes les demoiselles qui en font plus ou moins la demande... Quelle tombeur ce Carlo...

Sauf que notre brave Carlo a un but dans la vie (ça fait partie des différences entre lui et moi), et ô combien facilement réalisable... rencontrer et se faire entretenir par une belle et jeune milliardaire! Fastoche! Pour le commun des mortels, je l'avoue, même avec un karma sans malus, c'est loin d'être gagné... oui mais on parle d'Aldo la classe là! Bref, notre étalon va faire la rencontre justement de la belle Edwige (hommage à la troublante Edwige Fenech? partenaire d'Aldo dans Tais toi quand tu parles), qui correspond à ses critères... (quand même, y'en a un qui a du bol!) Sans aller trop loin, je ne voudrais point vous gâcher ce plaisir, cette rencontre était tout sauf le fruit du hasard (oui, c'est dur, je sais... mais rassurez vous, y'aura tout de même un happy end). En effet, notre brave Carlo est le sosie parfait du dictateur du Malaguena, enfin général-président à vie Gonzales y Ramirez pour être exact. Et Face à l'infâme Jérôme, le grand chancelier, Carlo devra prendre la place du véritable général-président, pour permettre l'accession au pouvoir du méchant... Quelle histoire! Quel suspense! Merci monsieur Wolinski!

Pour ceux qui sont encore restés à lire ce post, qui risque d'être plus long qu'à l'accoutumé, je dois vous avouer que le reste est à l'avenant, la réalisation et le jeu des mmmh... je vais être indulgent, des acteurs, est aussi marquant. Hormis Speed qui, si mes souvenirs sont exacts, voue une certaine admiration pour Les diplômés du dernier rang, difficile de reconnaître à Christian Gion une once de talent... n'est pas Max Pecas ou Philippe Clair qui veut! Peu de folie dans ce film, les plans nichons se font rares, et la vulgarité est loin d'atteindre des niveaux acceptables... Que reste t'il alors? Et bien j'y viens! Le jeu, ou plutôt le non-jeu des acteurs et les gags que ces derniers s'évertuent à produire, car dans ce domaine, si vous êtes comme moi, fan de Jean-Michel Pasdechute, vous risquez la crise d'apoplexie à chaque instant. Attention les gags foireux sont de mises, à cela vous ajoutez un Aldo en roue libre (à un tel point qu'on en vient à louer les talents de directeur d'acteurs de Philippe Clair, c'est dire...), qu'on atteint un niveau délicieux de portnawak!

A cela, il convient d'émettre une réticence au jeu d'Aldo, tout de même... En effet, notre brave général-président à vie Gonzales y Ramirez a la particularité de ne point avoir d'attirance pour la gente féminine... dès lors, on serait tenter d'espérer un jeu tout en finesse de notre Aldo, comme dans Tais toi quand tu parles (au passage Wolinski ne s'est pas foulé, il reprend le gag du sosie pédéraste... un classique, hum hum hum...), et bien non, la déception fut grande pour moi. Au moins chez Philippe Clair, Aldo nous gratifiait d'une Zaza Napoli croisée James Bond, alors que dans Pizzaillo et Mozzarel, le jeu reste suffisamment superficiel... une grande frustration pour ma part... sauf que dans ce long-métrage Aldo joue un dictateur... Ouais bah là aussi, y'a pas de miracle et même avec une casquette de SS sur la tête (c'est plutôt rassurant finalement)... Notre pauvre Aldo cabotine à tout va, et s'essouffle surtout, la fin est proche mes amis je vous le dis... snif... Pour les nostalgiques, on notera aussi la présence d'anciens camarades de jeu d'Aldo dans les 70's, les Tontos, mais pour en rajouter une couche, ces derniers aussi sont sous-employés... la fin d'une époque donc...

Au final, Christian Gion et Aldo Maccione nous servent un nanar assez navrant, qui manque cruellement de souffle (ou de vulgarité à voir)... à vous demander comment vous avez pu accrocher à tel truc durant vos jeunes années... Ça vaut pas un Philippe Clair ma bonne dame! Donc si vous cherchez un film où Aldo est en tête d'affiche, piochez plutôt dans la filmo du pied-noir fou, y'a matière... rien que Plus beau que moi tu meurs ou Tais toi quand tu parles, vous en reviendrez pas...

Les promesses de l'ombre - David Cronenberg (2007)

Aujourd'hui sort dans les salles obscures le dernier long métrage du canadien David Cronenberg. Pour le cinéphile averti ou pire l'admirateur du réalisateur de The Brood ou Crash, cette seule phrase devrait suffire, nul besoin d'argumentation en fait, l'homme a rarement déçu, fidèle à ses principes cinématographiques, dès lors juste de savoir que Cronenberg nous propose une nouvelle offrande, devrait étancher la soif de sang de frais de toute personne avide de sensations brutes... Ceci dit, je m'en vais développer un peu plus mon propos pour les quelques néophytes qui errent sur ce blog... quelle bonté, n'est ce pas (remarquez dans le cas présent, pas sur que ce soit moi qui fasse preuve de bonté, mais plutôt ceux qui perdent leur temps à lire ce torchon...bref...).

Si Alzheimer ne vous a pas encore planté une paille dans le cerveau pour vous aspirer la mémoire qui est la votre, vous devriez vous souvenir qu'il y a quelque temps je me suis évertué à vous faire la publicité du premier film de James Gray, à savoir Little Odessa. Or justement, le dernier Cronenberg a pour sujet la mafia russe, mais cette fois ci non pas celle exilée à NYC, celle installée à Londres, dans les beaux quartiers qui plus est.

Ainsi Tonton David nous narre un joli conte de fin d'année, celle de la naissance d'un bébé le soir de Noël...  la jeune mère de 14 ans mourant en couches. La sage-femme (Naomi Watts) en récupérant le journal intime de la jeune fille décide de retrouver la famille du nouveau-né. Manque de bol me direz vous, le carnet est écrit en russe (ouf, notre héroïne est d'origine russe), et avec l'aide de son oncle celle-ci découvre que le propriétaire d'un luxueux restaurant, le Trans-Siberian, serait mêlé à cette affaire. Or le brave entrepreneur Semyon (Armin Mueller-Stahl) et son psychopathe de fils Kirill (Vincent Cassel) sont à la tête d'une famille d'affranchis. Nikolai le chauffeur, comprendre l'homme de mains (Viggo Mortensen), se doit t'intervenir, avec pour mission de récupérer le dit journal, ultime preuve de l'implication du boss dans cette sombre affaire de viol...

Deuxième collaboration entre Cronenberg et Mortensen, et difficile de ne pas constater que le réalisateur canadien a trouvé un allier au service des thématiques chères à l'auteur. Tout comme dans le précédent film, A history of violence, Mortensen dégage une animalité profonde, une réelle puissance mais cache aussi son jeu, un rôle qui fait la part belle à la composition d'une personnalité complexe. On retiendra forcément l'une des scènes qui restera sans doute dans les annales du cinéma dans les années à venir, celle où Nikolai se bat nu dans un hammam contre deux assaillants, et pourtant ce serait réduire la performance de Mortensen et le style cru de Cronenberg. La scène où Nikolai est intronisé dans sa nouvelle famille est tout aussi importante, à savoir renier sa famille de chair, scène toute aussi violente que la précédente finalement.

Cronenberg tisse ainsi un thriller qu'on peut aisément qualifier de dostoievskiens tout en gardant sa vision crue du monde, de l'être humain (physique et psychologique) ou de la violence. Et le happy end du film cache au final bien des choses (voir le dernier plan du long-métrage)...

In Sadness, Silence and Solitude - Raison d'être : tristesse, silence et solitude

Restons sur la même ligne directrice que précédemment, à savoir une musique dédicacée à tous les consommateurs de prozac insomniaque, le dark ambient de Raison d'être, le projet d'un seul homme, monsieur Peter Andersson.

En 1997 sort ce qui doit être le quatrième album de mister Andersson, le bien nommé In Sadness, Silence and Solitude. Raison d'être officie dans le dark ambient, dès lors point de surprises, format long, musique sombre ou éthérée selon l'envie de l'auteur, mais aussi froide (pour un suédois, quelle surprise vous pourriez me dire) et contemplative (pour continuer dans les clichés, avec les paysages et la neige propre à la Scandinavie, quoi de plus normal).

Le premier titre, Reflecting in Shadows, s'ouvre par des infra basses grondantes au fur et à mesure que le morceau s'étire, la claustrophobie n'étant jamais loin du fait de l'utilisation de sons aquatiques (provenant d'une voûte, d'une grotte ?), quand soudain on distingue une lumière un court instant, des chants grégoriens (enfin assimilé) fantomatiques font leur apparition. Pour le second titre, In Absence of Light, sous un climat lourd joué par des nappes de claviers planants se greffent une légère rythmique tribale. The Well of Sadness rappelle le titre d'ouverture, une ambiance sombre où s'intègre parfaitement un chant féminin sorti de nulle part lors de la première partie du morceau pour ensuite nous offrir quelques minutes de sérénité, le temps d'un moment. Deep Enshroudred comme son nom l'indique fait quant à lui la part belle à une partition très sombre, les ambiances profondes et répétitives soulignant un peu plus l'oppression qui se dégage du titre. L'album se clôt par Passing Inner Shield, où durant les 13 minutes de la dite ritournelle, Andersson nous convie à nous reposer l'esprit, nous proposant ainsi sa partition la plus planante.

Âmes sensibles s'abstenir.

Godspeed You Black Emperor! - Slow Riot

L'humeur sombre aidant, voici quelques news du front (bien barrées au passage, le décodeur étant en option, bon courage)... Les canards, non contents de représenter une certaine idée de la perfection chez David Lynch, auraient décidé après visionnage de Portés Disparus III de faire régner l'ordre et la discipline dans chaque plan d'eau... commander une gerboulade entre deux tranches de pain mou en Belgique peut s'avérer plus difficile qu'on ne le croit, si l'on ne parle pas couramment plus de trois langues vivantes... l'addiction supposée au Chou aurait des conséquences graves sur le système neurologique humain... est-ce que la découverte d'un nombre de Reynolds critique pour un corps d'Ahmed d'angle d'inclinaison de 25° peut influencer notablement les statistiques de l'ANPE?

Formé en 1994 à Montréal, le futur collectif canadien Godspeed You Black Emperor! (au départ on ne dénombrait en effet que Mauro Pezzente, Mike Moya et Efrim Menuck) sort la même année sur cassette leur démo All Lights on the Hairy Amp Drooling (on notera déjà leur goût pour des titres bien space), qui ne sera distribuée qu'à 33 exemplaires... Il faudra attendre 1997 pour que le collectif (on compte entre la période 95-96 le passage de pas moins de quatorze musiciens...) sort finalement son premier album F♯A♯∞, où l'influence d'un rock progressif se fait sentir quant à la construction des morceaux. Sur ce premier essai, qui connaîtra une réédition l'année suivante (agrémentée de deux titres et un album réarrangé pour l'occasion), on reconnaît déjà l'empreinte du groupe, à savoir une attirance pour les formats instrumentaux longs teintés de bruitisme et de lyrisme (qui a dit que ces deux là de toute façon étaient antagonistes? pas moi en tout cas!!) servis par les assauts saturés d'une guitare électrique et de l'apport de cordes (violon et violoncelle). L'admirateur de post-rock ou d'avant garde était ainsi désormais au courant qu'il se passait quelque chose à Montréal...

Fin 1998, le line-up se stabilise et neuf personnes font partie du noyau dur du collectif canadien anticapitaliste. Ces derniers en profitent pour enregistrer et sortir l'année suivante le EP Slow Riot for New Zero Kanada. Ce maxi, comprenant les deux titres Moya et Blaise Bailey Finnegan III, est en plus d'être considéré comme leur premier oeuvre marquante, va les faire sortir un peu plus de leur anonymat (John Peel, le fameux, leur ouvrant ses bras pour quelques sessions), et leur permet ainsi d'offrir au plus grand nombre durant leur tournée leur barnum multimédia.

Sur ce EP on retiendra le morceau Moya qui comme son nom l'indique porte le patronyme de Mike Moya qui quitta le collectif courant 1998. Définir le morceau en tant que tel est assez subjectif, on parlera de touches, d'impressions, tantôt sombre et mélancolique, tantôt lyrique et rageur. Bref les Sigur Ros, à l'écoute de leur (), ont du pas mal écouter et s'inspirer de ce EP selon moi.

En ce mardi, je vous propose une vidéo trouvée sur le net qui reprend en partie la dite chanson.




Joshua Shapira tribute

Pour les habitués de ce blog qui ne seraient pas encore touchés par Alzheimer, je me suis intéressé il y a quinze jours au film de David Lynch, Blue Velvet. Pour continuer sur ma lancée, aujourd'hui le billet aura pour thème un film sorti en 1995, couronné par le lion d'argent au festival de Venise, qui fut justement à l'époque présidé par le réalisateur d'Eraserhead. Ce film comme nous le montre l'affiche se nomme Little Odessa, premier long métrage d'un jeune cinéaste surdoué de 25 ans dénommé James Gray.

L'action du film, comme le laisse supposer le titre, se déroule à Little Odessa, quartier d'enfance du héros Joshua Shapira joué par Tim Roth, connu aussi pour être le quartier juif de la communauté russo-ukrainienne. Shapira, devenu tueur à gages, doit revenir à Brighton Beach (autre nom du quartier) exécuter une mission pour le moins délicate puisque des années auparavant ce dernier tua le fils du parrain local, Volkoff (alias Paul Guifoyle qu'on retrouva quelques années plus tard dans le rôle du Capt. Jim Brass dans CSI, pour les fans de série). Ces quelques lignes nous introduisent l'ambiance d'un film noir somme tout assez classique hormis l'aspect géographique et la particularité qu'il s'agit d'un des premiers films à dépeindre la mafia russe.

Mais James Gray a tout sauf oublié ses classiques et en tout bon admirateur d'opéra et de théâtre antique, va tisser autour de cette histoire de règlement de compte une tragédie familiale qui n'est pas sans nous rappeler quelques drames antiques. Joshua revenant sur les traces de son passé, aura l'occasion de revoir son jeune frère Reuben (Edward Furlong) et de renouer avec un amour de jeunesse (Moira Kelly, qui joua auparavant dans Twin Peaks, Fire walk with me de Lynch). Pour les autres retrouvailles, cela se fera dans la douleur, le père reniant ce fils assassin et la mère mourante (Vanessa Redgrave) est atteinte d'un cancer.

Pour un jeunot de 25 ans, James Gray étonne par tant de maîtrise, ne jouant à aucun moment la carte du pathos, il filme crûment et sans artifice cette famille en voie de décomposition, vouée à un destin tragique. De même, on reste bluffer par la performance des acteurs, soulignant un peu plus les qualités de direction de Gray. Tim Roth est en effet loin de tout cabotinage, sobre, froid, tout en retenu comme son personnage. Edward Furlong représente quant à lui l'archétype du jeune homme naïf adulant ce grand frère qu'il n'a pas suffisamment connu; ce dernier ayant réaliser le vœux du cadet, à savoir quitter la maison familiale et par extension le joug paternel. Dans le rôle de la mère, la grande actrice Vanessa Redgrave marque à jamais ce long métrage en dépit d'une présence assez courte. Irina Shapira reste le dernier lien indéfectible entre les membres de la famille, aimée par ses deux fils, sa mort n'aura d'autre effet que de faire voler en éclat le destin des survivants.

Au final, un grand film qui compte bon nombre de scènes marquantes (la méchante rouste que prend le père Shapira par son fils ainé Joshua ou la dernière scène du film) et qui annonce le goût de Gray, dans son prochain film The Yards, pour les destinées tragiques du théâtre antique.
En bonus, voici la bande-annonce de Little Odessa.

Erykah Badu - Baduizm

Après un groupe de jeunes hollandais qui n'en veulent, voici le retour d'une musique plus sensuelle, surtout plus soul... et d'un chant des plus langoureux à l'occasion.

Le 30 Janvier dernier j'avais introduit la nu-soul par le premier album de D'Angelo, Brown Sugar, première pierre angulaire du mouvement datant de 1995. Aujourd'hui, place aux dames, avec un autre album tout aussi important de 1997, Baduizm, de la diva Erykah Badu. Repérée par le manager de D'Angelo, Kedar Massenburg, après avoir enregistrée une démo, la demoiselle se voit proposer la reprise de Precious Love en duo avec l'interprète de Shit, Damn, Motherfucker sur la bande originale du film Hign School High en 1996.

A partir de ce moment tout s'accélère puisque miss Badu va enregister dans la foulée son premier album et multiplier les participations chez des artistes aussi divers que Busta Rhymes, Outkast (faut dire qu'à l'époque elle était la compagne d'André 3000...), Common ou les Roots (sur le fameux You Got Me). Pour ce premier album, Erykah fut d'ailleurs plutôt bien entourée puisqu'on note la présence d'un certain Ron Carter (le mythique contrebassiste du second quintet de Miles qui comme son ancien leader garda un oeil sur la jeune garde dans les 90's, puisqu'il avait déjà collaboré avec les talentueux Tribe Called Quest) ou encore ?uestlove et les Roots à l'écriture et à la production. A cela, pour une fois, on constatera que le LP eu à la fois un succès critique et populaire (2ème au Billboard), ce qui ne gache rien...
Alors que reste t'il aujourd'hui de ce premier album, si l'on doit en garder quelque chose? Juste la découverte d'une chanteuse avec une forte personnalité qui a su créer un univers musical original... Ce qui caractérise aussi tout le bien fondé de ce premier album (et inégalé), c'est la capacité de la demoiselle à reprendre à son compte l'héritage soul des années 70 et hip-hop des 80's. On constate ainsi la présence de basses rondes, d'un groove typiquement urbain tout en restant organique mais aussi d'une sensualité qui n'est pas sans rappeler quelques chanteuses jazz d'antan.

Difficile en effet de faire l'impasse sur la voix fragile de miss Badu. On serait ainsi tenter de faire le raccourci Erykah Badu, la Billie Holiday soul des 90's? En plus d'être au final un peu trop facile et surtout réducteur, ce serait surtout maladroit... Les thèmes abordées par la demoiselle sont loin d'être aussi torturés que ceux chantés par Lady Day, on noterait au contraire cette fois ci l'influence d'une autre grande dame du jazz, Nina Simone, ou comment faire le lien entre le jazz et la musique populaire. Et puis à l'écoute de Baduizm, on reste dans un climat suffisament léger... alors qu'après Strange Fruit on est à la recherche d'anti-dépresseurs...

En ce mercredi, voici deux vidéos extraites d'un concert donné par la belle à Rome en 2001 (les deux chansons faisant parties du LP de '97).



Erykah Badu - Other side of the game (live Rome 2001)




Erykah Badu - On & On (live Rome 2001)

Malleus Maleficarum - Pestilence ou le marteau des sorcières

Depuis quelques semaines un des guitaristes les plus influents des 90's dans le petit monde fermé du death metal, Patrick Mameli, a fait un retour dans le music business avec la sortie du premier album de son nouveau projet C-187, qui permis à bon nombre de nostalgiques de se remémorer la glorieuses époques que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, à savoir l'histoire du groupe batave, Pestilence. Ceci dit, les vieux croulants ont dû être aussi surpris puisque le père Patrick s'éloigne fortement de ses racines musicales pour une musique qui s'est fortement hardcorisée...

Petit rappel des faits. Dans le milieu des années 80's, le metal extrême est en pleine ébullition. La révolution thrash fait parler d'elle depuis quelques années avec Slayer et Metallica, le black metal de Celtic Frost et Bathory sème ses mauvaises graines pour la génération future, et aux quatre coins du monde de jeunes formations de proto death metal apparaissent. Ainsi en 1986, une bande de jeunes bataves attirés par le tourbillon musical extrême, les guitaristes Patrick Mameli, Randy Meinhard et le batteur Marco Foddis, fondent Pestilence, rejoint rapidement par un certain Martin Van Drunen à la basse et au chant. A cette époque, le death metal en est encore à ses jeunes années, et même si désormais on peut mettre un nom sur ce genre depuis la sortie du EP de Possessed, Death Metal, il faudra attendre le premier album de Death, le fameux Scream Bloody Gore, pour obtenir une véritable pièce fondatrice du mouvement. La frontière entre death et thrash était encore suffisamment trouble, ce qui explique qu'à leur début bon nombre de formations de death ont débuté dans un thrash metal féroce annonciateur de quelque chose d'encore plus virulent.

Zeit: ça plane pour moi...

Avant de revenir la semaine prochaine avec quelque chose de sans doute plus péchu, on va débuter le week-end par ma première rencontre avec le groupe d'Edgar Froese, Tangerine Dream, à savoir l'album Zeit.
On a plus ou moins à juste titre conspuée la musique de ce trio germanique... l'archétype de la space music, les instigateurs de la musique new age, pourtant à l'époque où Peter Baumann faisait encore parti du combo et que Froese ne se prenait pas pour Roger Waters (la deadline étant la sortie de Stratosfear en 1976 pour les curieux), leurs albums m'ont toujours touchés... Par contre pour les 80's, on pourra passer son chemin personnellement...
Ainsi en 1972 sort leur troisième album avec désormais un line-up stabilisé en la présence d'Edgar Froese, Peter Baumaunn et Chris Franke. Au passage pour l'anecdote, le premier album, Electronic Meditation, des Tangerine Dream ne s'inscrit pas dans une approche planante, au contraire, on se rapproche des expérimentations rock de leurs compatriotes issus de la scène dite krautrock. Alors on pourrait résumer facilement cet album, Zeit, par la place occupée des chansons sur chaque face de ce double LP... c'est à dire un titre par face, soit au final: 4 titres pour 74 minutes de musique... Ça annonce déjà la couleur ^^'. Mais c'est pas non plus une nouveauté puisque deux années plus tôt, je vous rappelle que Soft Machine sortait son chef d'oeuvre Third...
L'album est intéressant à plusieurs titres, premièrement sous des structures relativement classique, le trio (accompagné par Florian Fricke, Steve Schroyder et un quartet de violoncelles) se plonge sans retenu dans l'expérimentation sonore. C'est vrai qu'à cette époque, au regard des instruments utilisés, le bidouillage était de mise... Ainsi les musiciens décident de multiplier les touches sonores, de privilégier les ambiances (l'utilisation par Froese de la guitare électrique sur Nebulous Dawn) et ainsi se rapprocher le plus possible d'une certaine abstraction.
En parlant d'ambiance plus haut, je constate aussi qu'il s'agit de leur album avec Rubycon le plus opaque, sombre qu'il soit... Bien sûr la bande n'a jamais joué dans la même catégorie qu'un Jean-Jacques Perrey, par exemple à l'écoute de Phaedra, l'envie de tourner les serviettes ne devrait pas traverser les esprits... mais Zeit se démarque du lot tout de même. La chanson qui ouvre ce LP, Birth of the Liquid Plejades, est un modèle du genre, les cordes apportent un côté perturbant voire malsain des plus savoureux tout comme les textures aquatiques (ou battements, ça reste à déterminer :p) et autres ambiances fantomatiques sur Origin of Supernatural Probabilities. Cela dit dans ces cas là, encore faut il être réceptif à cet art contemplatif et ne pas conseiller l'écoute de cette oeuvre à quelqu'un qui décide de prendre le volant ^^'.
En conclusion pour ce week-end, je vous propose en écoute le morceau éponyme de l'album, Zeit, 17 minutes d'ambiance sépulcrale et promis la semaine prochaine on fera péter les BPM.

Walkin': le hard-bop selon moi...

Bon comme j'ai promis la semaine dernière à un tire-bouchon qui se fait le chantre de la résistance contre les oranges sanguines, je m'y colle... voici donc un léger aperçu de ce que fut la révolution hard-bop dans l'Histoire du jazz.

L'aube des années 40 a vu l'émergence d'une nouvelle grammaire jazz, le bebop, qui connut son explosion médiatique lors de l'arrêt de la seconde Grande Guerre... A noter qu'aux USA, le bebop fut essentiellement populaire sur la côte Est, la côte Ouest restant insensible à ce séisme créé par les Charlie Parker, Dizzie Gillespie, Bud Powell ou Thelonius Monk. L'onde sismique traversa ainsi l'Atlantique puisque les GI's exportèrent avec eux cette nouvelle musique (le film de Corneau Le nouveau monde en est un témoignage personnel). De même l'engouement du bebop provient sans nul doute des thèmes relativement enjoués et surtout dansants (enfin dans un premier temps)! Quoi de mieux au moment de la Libération pour la vieille Europe après ces années de plomb...

Au crépuscule des 40's, le cool jazz sous l'influence de musiciens prestigieux comme Miles Davis, Stan Getz ou Lester Young devient le nouveau style populaire. Un style fortement léché qui conviens mieux aux canons musicaux de la dite côte Ouest, le cool jazz devenant ainsi le West Coast jazz... Ceci dit, la côte pacifique eut beau jouer sa bêcheuse, traita comme un moins que rien Charlie Parker & co (le film d'Eastwood Bird transcrit cruellement l'incompréhension du public vis à vis du bebop... en avance sur son temps ce cher Charlie), mais céda finalement aux sirènes d'une nouvelle variation du bop, le hard-bop...

A la différence de son cousin plus ancien, le hard-bop qui ne se veut pas une réaction contre le cool jazz, ralentit son tempo et s'ouvre à d'autres genres musicaux comme le rhythm & blues, le gospel ou la musique latine. On note aussi une approche différente quant à la participation du pianiste ou du contrebassiste, la rythmique se voulant plus élastique. Par contre, les artistes gardent à l'esprit les expériences de leurs aînés du bop, à savoir la place et l'utilisation du solo (en particulier le souffleur) dans leur musique et aussi une plus grand place donnée à l'improvisation... moins de mélodie pour plus de fraîcheur et de folie en somme.

Le hard-bop connaît ainsi son apogée aussi bien populaire qu'artistique entre le milieu des années 50 jusqu'à la fin des années 60, où durant ces quinze années cette musique puisa bon nombre d'influence diverses (citées plus haut) et connu bon nombre d'adeptes prestigieux tel que Miles Davis, John Coltrane, Art Blakey, Horace Silver, Sonny Rollins, Dexter Gordon ou Charles Mingus (la liste est incroyablement longue en fait).

En ce jeudi, je vous propose la vidéo (en deux parties) de To Build a New World d'Art Blakey & the Jazz Messengers (sans doute le plus fidèle porte drapeau du hard-bop) jouée à Copenhague en 1968.




Art Blakey & the Jazz Messengers - To Build a New World pt1 & pt2

Cole Porter cover - Joe Henderson

J'étais parti cette semaine pour faire une petite thématique spéciale cover avec Undisputed Attitude de Slayer pour débuter, puis avec l'âge, les neurones et en particulier la mémoire en prennent pour leur grade... du coup hier, me souvenais plus ce que je voulais poster (suppose que le coup de fil en provenance de Laval a dû joué aussi...). Bref aujourd'hui, ça m'est revenu, je me souviens de cette fameuse cover du standard de Cole Porter, et ainsi vous faire découvrir ou tout du moins vous rappeler au bon souvenir d'un souffleur talentueux, monsieur Joe Henderson.

A vrai dire la première fois que j'ai entendu le souffle généreux d'Henderson, ce fut non pas sur un de ses nombreux disques en tant que leader mais comme sideman... ceci dit il ne s'agissait pas d'un LP mineur, au contraire! Le premier album d'Herbie Hancock signé chez Warner, à savoir Fat Albert Rotunda (avec Joe au sax ténor et à la flûte alto). Oui bon, ça fait élitiste de ma part, sauf que je suis pas le seul à être en admiration pour la fameuse trilogie d'Herbie sorti chez Warner d'abord! Là aussi au passage je n'ai encore point écrit de billet sur ces 3 chefs d'œuvre... Remarquez Joe avait déjà collaboré sur le précédent LP cette fois ci signé sur Blue Note The Prisoner, mais bon là justement, c'est le moins bon d'Herbie sorti sur ce label, alors on peut passer son chemin les enfants.

Il faut dire que Joe Henderson avant d'embrasser une carrière en tant que leader, et comme tout jazzmen qui se respecte a fait ses gammes parmi des leaders renommés durant les 60's. Ainsi en plus d'enregistrer pour bons nombres de sessions pour Blue Note, ce dernier joua pour Kenny Dorham entre '62 et '63 (cf Abbey is blue), mais aussi Horace Silver entre '64 et '66. D'autre part dans les 50's, Joe étudia à la Wayne State University où il côtoya et non des moindres un certain Yusef Lateef et Donald Byrd.

Parmi les grandes influences, Lester Young (l'ami de Lady Day), Stan Getz et Charlie Parker eurent une grande importance durant ces premières années... puis vint la révolution Trane... A ce propos, au niveau du jeu on retrouve effectivement la même rondeur et la chaleur qu'on peut retrouver chez un Sonny Rollins ou un Stan Getz.

En 1967, Joe Henderson enregistre son deuxième LP, Tetragon, pour le label Milestone en compagnie de deux quartets, à savoir Kenny Baron ou Don Friedman au piano, l'inamovible Ron Carter (il a dû jouer sur la moitié des disques de jazz sortis dans les 60's, il est partout celui-là lol) et Louis Hayes ou Jack DeJohnette à la batterie. Avec cette formation, Joe nous gratifie d'un solide LP de post-Bop propre à cette période (fin des 60's) où l'on retiendra comme moment fort le titre éponyme, I've got you under my skin, ainsi que le morceau qui ouvre cet album, Invitation (standard repris plus tard par Jaco Pastorius avec son big-band le Word of Mouth).

Aujourd'hui je vous propose donc la reprise du standard de Cole Porter I've got you under my skin ainsi que la vidéo d'un morceau légendaire du jazz , Cantaloupe Island, composé par Herbie Hancock avec parmi les musiciens durant ce concert, Herbie au piano, Joe et Ron Carter, Freddie Hubbard à la trompette (très en verve) et Tony Williams derrière les fûts... soit le fameux VSOP sans Wayne Shorter... de l'ambroisie donc... Enjoy!



Undisputed Attitude - Slayer : in punk we trust

Auteur du cultissime Reign in Blood, pierre angulaire du thrash metal, ou en 1986 l'un des albums les plus virulents jamais sortis, Slayer conclut cette mémorable décennie par les disques South of Heaven et Seasons in the Abyss, les trois albums précités complétant une trilogie thrash tout aussi culte.

1994, leur nouvel album prénommé Divine Intervention, avec pour la première fois en studio le batteur Paul Bostaph (intronisé durant leur concert au festival Monsters of Rock à Donington deux ans plus tôt), confirmait l'imperméabilité des quatre californiens en cette première moitié des années 90. Loin des appels du pied au grand public de leurs pairs Metallica et Megadeth, avec en sus de la part du guitariste Kerry King quelques propos plein de compassion et de gratitude envers Lars Ulrich ou Dave Mustaine, Slayer gardait le cap d'un thrash sans compromis.

Madball: NYHC

Dernièrement un collègue bloggeur s'amusait à tirer à vue ou plutôt réglait ses comptes avec les supposées erreurs de jeunesse, à savoir un album de Bad Religion sorti en pleine vague "punk" revival (les guillemets sont volontaires en passant... car classer the Offspring comme punk c'est comme mettre l'étiquette rock à Kyo).

Comme je faisais remarquer dans mon commentaire qui suivait ce savoureux post, ce combo représente l'archétype du punk de la côte Ouest selon moi, enfin celui que je n'aime pas, on est loin des DK, des Germs, de Fear, de Black Flag ou du premier LP des Suicidal Tendencies. Et finalement, la parenté de Bad Religion et des combos à la mode de l'époque n'est que légitime selon moi... maintenant le fait d'ajouter de la pop au punk n'a rien de putassier en un sens, mais c'est pas my cup of tea... Et puis bon, ça me rappelle mes années lycée, ceux qui faisaient les braves en écoutant du soit disant punk... mais qui ne connaissaient ni Anarchy in the UK ou White Riot... bonjour l'ambiance donc...

Ainsi aujourd'hui, intéressons nous au groupe de hardcore new-yorkais par excellence des 90's, ou comme la pochette l'indique (que j'aime beaucoup au passage), Madball. Alors pourquoi tout ce culte autour de ce groupe pourrais me dire le cuistre impertinent. A vrai dire, c'est déjà une affaire de famille, car NYC a connu dans les 80's l'émergence d'un groupe de hardcore au combien important, Agnostic Front avec comme leader le chanteur Roger Miret... et vous savez quoi? le chanteur de Madball, Freddy Cricien n'est autre que le frangin du garçon...

A l'origine Madball était une sorte d'échappatoire pour l'aîné, ce dernier tenant le rôle de bassiste, avec son cadet au chant, Vinnie Stigma à la guitare et Will Shepler à la batterie. Le groupe reprenait essentiellement des chansons du répertoire d'Agnostic Front plus quelques compos originales. Parallèlement à la sortie de plusieurs maxis (Ball of Destruction et Droppin' Many Suckers) nos quatre garçons vont écumer les scènes de la région et ainsi consolider leur réputation scénique. En 1991 le line-up se stabilise avec un nouveau guitariste Matt Henderson et le remplacement de Roger Miret à la basse par Hoya Roc de Dmize.

En 1994 sort leur premier LP signé sur le label Roadrunner Records (le même qu'un certain Biohazard) l'excellent Set It Off. Alors comme toujours, quid de cet album? A la différence d'autres groupes de hardcore, le son du combo se veut plus ample et épais... ceci dit à la différence du quarteron mené par Evan Seinfeld, on reste en territoire punk, même si Madball a signé sur un label metal et que ce dernier use de grosses guitares, on ne s'acoquine pas avec le thrash par exemple. Et puis autre particularité, les chansons ne se caractérisent pas par la célèbre maxime "à fond à fond à fond"... non Madball sait aussi ralentir son propos, et on s'aperçoit qu'ils excellent aussi dans le format mid-tempo, ce qui ne les empêchent pas d'écrire quelques pépites concises durant moins d'une minute. Hormis ça, les paroles sont dans la grande tradition du NYHC, à savoir engagées et brutes de décoffrage, tout en finesse en somme.

En bonus, une vidéo live de Set it Off trouvée sur Youtube, qui a défaut d'avoir une qualité irréprochable, nous montre le moshpit et l'ambiance d'un concert de nos amis new-yorkais.