Dead Heat (Flic ou zombie) - Mark Goldblatt (1988)

Les genres hybrides ont souvent fait florès dans le bis, le cinéma d'exploitation nippon nous ayant montré il y a peu sa vitalité en matière de croisement hétéroclite. Réalisé en 1988 par Mark Goldblatt [1], Dead Heat ne déroge pas à la règle et s'inscrit dans l'un des genres qui caractérise le mieux cette décennie 80 : le buddy movie policier [2], avec comme parangon L'arme fatale dont il s'inspire directement [3]. Et comme l'indique explicitement son titre français [4], le premier long métrage de Goldblatt lorgne également vers les créatures moribondes chères à George Romero, pour créer rien de moins et sans aucun doute le premier (et seul ?) policier zombiesque. Enrobez le tout avec un soupçon de comédie fantastique qui firent les grandes heures du cinéma populaire étasunien durant cette même décennie, et Flic ou zombie apparaît vite comme l'archétype du produit typiquement eighties. Pour le meilleur et surtout pour le pire, mais n'allons pas trop vite.

Les détectives Roger Mortis (Treat Williams) et Doug Bigelow (Joe Piscopo) de la police de Los Angeles sont chargés d'enquêter sur une série de vols de bijoux aussi violente qu'énigmatique. Lors de la dernière attaque, les deux voleurs, bien que touchés mortellement, semblaient aussi invincibles qu'insensibles aux balles des policiers. Au cours de l'autopsie d'un des criminels, le médecin légiste Rebecca Smythers (Clare Kirkconnell) annonce qu'elle a déjà autopsié ce corps par le passé. Seul indice, la présence en forte quantité dans le tissu cutané des cadavres de sulfathiazole. Remontant cette piste, Mortis et Bigelow se rendent au siège de la compagnie pharmaceutique, Dante Laboratoire, et sont rapidement accueillis par un service d'ordre hostile, musclé et surtout mort-vivant. Malheureusement Mortis trouve la mort au cours de cette opération. Son coéquipier avec l'aide de sa collègue Smythers découvrent l'existence, dans les locaux de la compagnie, d'une machine pouvant ramener à la vie les morts. Bigelow décide de l'utiliser pour faire revivre son partenaire. Cependant si Mortis revient d'entre les morts, la machine ne peut éviter la décomposition inévitable de sa chair. Il a désormais moins de douze heures pour découvrir qui sont les responsables de son décès.

Lèvres de sang - Jean Rollin (1974)

Seconde véritable incursion du RHCS dans l'univers du réalisateur du Viol du vampire [1], Lèvres de sang est souvent considéré comme l'un des meilleurs films de Jean Rollin. Dernier volet seventies de sa chère thématique vampirique, avant un avenir alimentairement pornographique et d'autres horizons bisseux aux fortunes diverses, l'homme y synthétise, dans ce qu'il considéra à juste titre comme l'une de ses œuvres préférées, ses diverses aspirations et obsessions, dont un éternel goût pour les demoiselles aux dents longues en robes diaphanes et couleur pastel. Dont acte.

Lors d'une réception mondaine pour la promotion d'un nouveau parfum, Frédéric (Jean-Loup Philippe) aperçoit la photographie d'un château en ruine. Tel un électrochoc, celle-ci lui évoque un passé qu'il croyait à jamais oublié : un épisode de son enfance et en particulier sa rencontre vingt ans plus tôt avec la jeune et mystérieuse Jennifer (Annie Belle). Obsédé par ce souvenir, et contre l'avis de sa mère protectrice (Nathalie Perrey), Frédéric est décidé à retrouver la trace de ce château et de son occupante. D'abord réticente, la photographe ayant pris ce cliché lui donne rendez-vous à minuit à l'Aquarium de Paris, lui promettant de retrouver entre temps dans ses dossiers l'adresse de ces ruines. En attendant l'heure dite, Frédéric erre dans les rues sombres de la Capitale. Entrant dans un cinéma, il y distingue près de la sortie de secours l'image de celle qui hante ses esprits, l'invitant à la suivre...

Entrails of a Virgin / Entrails of a beautiful woman - Kazuo Komizu (1986)


Un passé récent nous avait démontré, si besoin est, que le cinéma d'exploitation japonais n'avait rien à envier à ses comparses italiens ou étasunien, et ceci bien au-delà des kaiju qui firent la renommée internationale de la Toho. Le bien nommé The Glamorous Life of Sachiko Hanai avait ainsi remémoré au préposé docteur le goût nippon pour les univers foutraques et le mélange des genres. En somme, une judicieuse piqûre de rappel tant la culture Bis endémique de l'archipel se veut des plus riches : du film de samouraïs aux yakuzas, du pinku à ses variantes plus extrêmes SM, etc. 

Remarqué à ses débuts en tant que scénariste du pinku dramatique Vierge violée cherche étudiant révolté (Yuke yuke nidome no shojo) en 1969, le cinéaste Kazuo Komizu attendit finalement le milieu de la décennie 1980 pour réaliser ses deux premiers films Entrails of a Virgin (Shojo no harawata) et Entrails of a beautiful woman (Bijo no harawata) en 1986. Deux longs métrages devenus cultes grâce, ou plutôt à cause, de leurs scènes mariant sexe et gore. Profitant du succès du genre slasher qui faisait à l'époque les beaux jours du cinéma d'horreur mondial, Komizu décida d'incorporer, au sens propre comme au sens figuré, un peu de sang frais aux habituelles productions crapoteuses softcore nippones.

Sorti en premier, Entrails of a Virgin narre les mésaventures sanglantes d'un groupe de jeunes mannequins et de photographes libidineux. Après une séance de shooting en pleine nature, l'équipe se perd dans la nuit brumeuse et trouve refuge dans une maison abandonnée. Tandis que les mâles se laissent envahir par leur pulsion et leur besoin d'assouvir leur domination sexuelle, un être surnaturel apparaît et commence à tuer les protagonistes ayant le malheur de croiser son chemin.
  

Je suis frigide... pourquoi ? - Max Pécas (1972)

Fausse séquelle de Je suis une nymphomane, sortie l'année précédente, Je suis frigide... pourquoi ? de l'inénarrable Max Pécas conte, de nouveau, les mésaventures érotiques d'une jeune provinciale, incarnée par la jeune Sandra Julien. Fort du succès de son premier conte moral [1], le réalisateur lyonnais récidivait et concluait son diptyque avec l'autre trouble sexuel ennemi du couple. Une œuvre salutaire, pédagogique et néanmoins divertissante, que le public Pompidolien put apprécier à sa juste mesure. A peu de chose près...

La jeune Doris (Sandra Julien) vit avec son père André (Georges Guéret) chez les Chambon, ce dernier étant le jardinier au service de ces notables du Sud de la France. Un jour, sous l'influence néfaste de sa sœur incestueuse, Carla (Marie-Georges Pascal), le fils de famille, Eric (Jean-Luc Terrade), viole l'innocente Doris dans la serre de la propriété. Afin d'éviter le scandale, la jeune femme est envoyée en pensionnat de jeunes filles. Réceptacle des pulsions sexuées de son entourage, son initiation forcée au saphisme par sa camarade de chambrée finit de rendre la demoiselle réfractaire à tout plaisir charnel. A la sortie de sa scolarité, Doris tombe rapidement amoureuse d'un metteur en scène de théâtre. Malheureusement pour la jeune femme, la frigidité dont elle souffre remet en cause sa relation avec la gent masculine...