Cronico Ristretto : End of the World Party (Just in Case) - MMW (2004)

Apres les excellents Combustication ou Uninvisible, le trio new-yorkais formé par John Medeski, Billy Martin et Chris Wood remettaient le couvert en 2004 avec End of the World Party (Just in Case).

Comme l'avait maintes fois démontré par le passé ce trio de jazz atypique, ces musiciens aguerris pouvaient se targuer de faire le lien entre musiques dites actuelles et d'autres plus anciennes. En d'autres termes, Medeski, Martin & Wood avaient la capacité de faire cohabiter en un tout plusieurs générations de jazz : le post-bop, le soul-jazz des 60's, le jazz-funk des 70's avec le hip-hop par exemple. Ainsi l'amateur éclairé ne devrait pas être totalement surpris de savoir que le trio s'est attaché les services du producteur John King, membre des Dust Brothers, pour ce nouvel album, King ayant collaboré auparavant à certains albums des Beastie Boys ou de Beck.

Le son se veut ainsi plus compact, plus dense, certains diront même plus efficace. Plus léger sans être policé ou adouci, la "popisation" redouté n'a pas eu lieu. L'album est certes plus directe, mais sans verser dans la facilité. Si on peut regretter la richesse d'un Combustication, ce End of the World Party permettra aux novices d'apprécier une musique qui pourrait à tord rebuter le quidam (cf. la liste musicale à la Prévert précitée). Le trio nous offre ainsi une musique toujours aussi aventureuse, des rythmes latins sur les excellents Reflector ou Mami Gatoaux multiples nappes de claviers du premier morceau, Anonymous Skulls. Quant à la section rythmique incarnée par Martin et Wood, la formule reste égale à elle-même : un batteur toujours aussi inspiré et un bassiste toujours aussi délicieusement groovy.

Au final, un album qui ne détrône en aucune manière les albums précédemment cités mais qui peut servir d'introduction à cet inventif trio.



Facelift - Alice in Chains: Seattle 1990

Groupe issu de la fameuse scène de Seattle, si Alice in Chains ne fut pas le premier à sortir son premier album (Soundgarden ou Nirvana les ayant devancés), la bande à Jerry Cantrell furent néanmoins ceux qui connurent en premier une reconnaissance aussi bien publique que critique.

Après un contrat avec la major Columbia au cours de l'année 1989, les Alice in Chains signent en juillet 90 leur premier EP, We Die Young, dont la chanson éponyme écrite par Jerry Cantrell (comme la majeure partie des titres du répertoire du groupe) fut inspirée par des gamins désœuvrés d'une dizaine d’années dealers (le jeunisme touche tous les métiers ma bonne dame). Sur leur lancée (le label misant pas mal sur le combo) apparaît environ un mois plus tard leur premier album, Facelift, le 21 août 1990.

Le disque débute ainsi par la chanson qui ouvrait leur premier EP, We Die Young. Cette chanson délicieusement rampante tend à prouver en préambule qu'Alice in Chains est bien le seul groupe de Seattle à suivre les traces de Black Sabbath, Cantrell en profitant le temps du solo à faire son Iommi. Deux minutes trente plus tard, Man In The Box quant à elle permit à la formation de connaitre le succès publique, bien qu'étant tout sauf facile d'accès. Les ventes du LP démarrant doucement, 6 mois après sa sortie, seulement 40 000 copies ont trouvé preneur sur le territoire US, et voici que MTV s'entiche de cette chanson matraquant ainsi le clip sur son antenne... Résultat : 400 000 copies vendues (on ne sera pas trop critique mais ça en dit long tout de même sur le pouvoir de la chaîne musicale). Puis par ordre d'apparition, on retiendra les autres classiques du LP à savoir : Sea of SorrowBleed the Freak et Love, Hate, Love, les deux derniers titres prenant une dimension particulière en concert.

Comme bon nombre de premier album, celui-ci ne déroge pas à la règle : de bonnes intentions limitée par une production maladroite (un son sans relief) et des compositions qui n'ont pas encore atteint un niveau d'efficacité suffisante (au même titre que cette pochette, on est encore bien loin du toutou à trois pattes). Pourtant le groupe est déjà bien en place. La voix de Layne Staley est reconnaissable entre mille, les ambiances lourdes, poisseuses et maladives, marque de fabrique d'Alice in Chains, sont déjà présentes pour le plus grand bonheur (?!) des auditeurs sur bon nombre de plages.

De bonnes chansons qui finalement ne marquent pas suffisamment les consciences ? En quelque sorte. Cependant l'album contient tout de même cinq futurs classiques (sur 12 titres proposés, pour un premier essai, c'est plus qu'honorable). Dommage ces cinq chansons se suivent pratiquement... une fois passée la sixième piste, le dantesque Love, Hate, Love, on s'ennuie quelque peu.

A une époque où Layne Staley n'était pas encore handicapé par ses nocives addictions, le groupe tourna ainsi pour promouvoir ce premier jet, en première partie de l'Iguane Iggy Pop mais aussi et c'est suffisamment étrange pour être souligné, en première partie de Van Halen (allez passe encore), Poison ou Extreme ! Ceci dit dans un sens, on peut admettre que de tourner sur le territoire US avec Slayer, Anthrax et Megadeth lors du culte Clash Of The Titans (la version européenne ayant pour affiche Slayer, Megadeth, Testament et les Suicidal Tendencies) peut sembler aussi hors sujet pour certains (Alice parmi des groupes de thrash, drôle de mélange, n'est ce pas ?)

Toujours est-il, bien maligne la personne qui aurait devinée la nouvelle direction musicale d'Alice in Chains sur leur prochain EP Sap...


Charly Oleg: ouais fooooooormidable!!

Une fois n'est pas coutume, je débuterai ce billet par la conclusion... honte à vous mademoiselle Rx Queen! (les explications vont suivre je rassure mon lectorat, mais il s'agit dans un premier temps de trouver une accroche, et quoi de mieux comme cible que celle qui goûta de mon fiel dans un post précédent... mouais bon...). En effet, lancer un pari douteux dans le but de ridiculiser un personnage populaire et de laisser la sale besogne à quelqu'un d'autre, c'est pas du joli joli! Surtout en soudoyant la personne innocente après avoir complimenté un de ses précédents posts... RxQueen aurait elle Machiavel comme pygmalion? Sauf que fallait pas baver sur les rouleaux à Charly d'abord!

Aussi loin que je m'en souvienne, ma première rencontre télévisuelle avec le charismatique Charly doit dater de l'année 1985 voire 1986. A vrai dire, pendant une courte durée, durant ma primaire (profitez car je livre rarement des bribes de ma vie personnelle... fichtre, elle est diabolique la Rx...), revenant manger le midi à la maison, j'eus la surprise de découvrir une nouvelle émission, Tournez Manège (non parce que voyez vous, loin de moi l'idée de mettre en doute les qualités de l'Académie des neuf, mais à moins d'être un habitué, le concept me semblait déjà plus hermétique... certes Bernard Menez faisait parti quelque fois des invités, mais à l'époque, son charme me laissait quelque peu dubitatif). Et là, attention, je vous parle du véritable Tournez Manège, le vintage, celui qui durait presque une heure, la dernière partie étant consacrée au débonnaire Jean Amadou (on dira ce qu'on voudra, mais je viens de perdre le peu de crédibilité qui était encore en ma possession...).

Bref, pour les plus jeunes, cette sympathique émission au doux parfum de naphtaline débutait par la prestation ô combien merveilleuse du talentueux Charly Oleg, le tout diriger bien évidemment par la délicieuse Évelyne Leclercq. Ainsi, deux duos de candidats avaient pour tâche de reconnaître les chansons interprétées de mains de maître par Charly et son fidèle orgue Hammond. Et c'est ainsi que je fus frapper par le célèbre "formidable!" que Charly n'hésitait pas à répéter inlassablement pour encourager les candidats... ce mot magique résonne encore en moi après toute ces années.

Ceci dit, faudrait pas non plus réduire notre sémillant Charly à sa prestation lors de ce show quotidien qui dura tout de même huit années. Alors certes, notre sémillant organiste continu de jouer pour quelques galas à travers l'hexagone, j'ai même trouvé ce site si vous souhaitez louer les services de notre ami pour quelques soirées privées, mariages, animation dans les restaurants, clubs et discothèques, mais aussi pourquoi pas, soutenance de thèse! On notera le jeu de mot impérial: "le karaoké devient le kara oleg!"

Enfin bon, il ne faudrait pas non plus oublier que tout ceci, même s'il en a point honte, sert surtout à remplir sa gamelle, car le saviez vous mais Charly Oleg a un prix d'excellence au Conservatoire. Dernièrement, ce dernier a même sorti un album qui est bien loin des ambiances festives qu'on lui connait! Nous sommes plutôt à la croisée d'une musique influencée par le classique et quelques touches de jazz. En aparté, ça me fait penser que la chatoyante Yvette Horner avait aussi joué avec des musiciens de free jazz, alors hein bon...

Bref voici un extrait de son album solo et puis quand même, en souvenir du glorieux 1D20, en bonus je ne peux m'empêcher de vous offrir le duo que le monde entier nous a envié, Charly Oleg et le professeur Choron pour un dantesque Formidable.


Découvrez Charly Oleg!



Watershed - Opeth (2008)

Depuis 1995 et leur album Orchid, Opeth convie l'auditeur à un mélange des genres qui sur le papier appelle à la vigilance. « Hybride casse-gueule » ou pire produit « Appellation d'Origine Indigeste », cette rencontre entre un death metal racé made in Sweden et un rock progressif n'a pourtant fort heureusement peu de liens avec son cousin scabreux, le metal symphonique. Loin d'être pompeuse, la musique proposée par Opeth évite les pièges et caricatures liées au terme progressif.

Watershed se démarque en premier lieu par la présence de deux nouveaux membres, le batteur Martin Axenrot et le guitariste Frederik Åkersson. Après un Ghost Reveries qui divisa une partie des fans, Opeth continue donc de creuser le sillon progressif avec cette fois-ci une incursion plus 70's voire psychédélique tant au niveau du son que de l'instrumentation. A vrai dire, pour celui qui connaîtrait déjà un minimum son manuel du rock progressif des 70's, avec un tel descriptif, un début d'appréhensions sembleraient légitimes, non ?

L'album s'ouvre par l'inhabituel Coil, inhabituel car ce titre est totalement acoustique (avec en supplément quelques arrangements un peu « flonflons » qui auraient gagnés à être évité), monsieur Åkerfeldt de sa belle voix clair étant accompagné pour l'occasion par la dénommée Nathalie Lorichs. Mise en bouche sinon discutable, du moins étrange, mais vite oublié par Heir Apparent où nous retrouvons l'Opeth classique : une belle introduction aux guitares rugissantes croisant un piano discret mais mélancolique, quelques changements de rythmes bien sentis avec une guitare acoustique, une flûte et des growls death (seule chanson à ne contenir que des growls, les autres chansons de Watershed alternent voix clairs et growls), le tout avec suffisamment de classe pour que le mélange ne nous donne pas d'indigestion. Bon point.

Il en est tout autre de The Lotus Eater. Certaines parties viennent « polluer » la dite chanson. Si vouloir s'inspirer de ses aînés est une louable idée, encore faut il bien savoir choisir ces derniers. Et dans ce cas, le préposé n'a pas, semble t-il, les mêmes affinités. Le morceau est bon (du moins sa première partie), le break à partir de la quatrième minute l'est tout autant, mais il en est tout autre des claviers deux minutes plus tard (Åkerfeldt aurait-il trop écouté Deep Purple ? Dommage, mais n'allons pas trop vite). Certes, ceci ne dure pas bien longtemps, à peine quelques secondes, il n'empêche. Quant au titre suivant, Burden, il confirme la touche Deep Purple et ce lyrisme maladroit. S'inspirer du travail de John-Paul Jones aurait sans doute été plus louable que reprendre les plans de Jon Lord.

Histoire de se calmer un peu avec les quelques expérimentations, la chanson Porcelain Heart, choisie à juste titre comme single (par son aspect mainstream), recadre les égarements précédents, au même titre que le riche et mélodique Hessian Peel. L'album se clôt par un honnête Hex Omega, où cette fois-ci l'influence 70's se veut beaucoup moins présente que sur les chansons incriminées (cependant le morceau est vite oublié).

L'édition spéciale contient à ce propos trois autres chansons en plus d'un DVD incluant un making of, un titre inédit Derelict Herds et deux reprises, Bridge of Sighs de Robin Trower (ancien guitariste de Procol Harum) et Den ständiga resan de Marie Fredriksson (de Roxette. No comment).

Un album qui comblera sans doute bon nombre de fans mais qui se trouve handicapé par quelques maladresses. Malheureusement, ces dernières sont le fruit de la nouvelle évolution de la formation scandinave. Reste quelques chansons plus "classiques" pour faire passer la pilule. Difficile de classer ce LP parmi les indispensables d'Opeth. Très loin d'un Still Life...



PS: Opeth sont en concert au Hellfest ce dimanche 22 juin avec à l'affiche: Slayer, Motörhead, NOFX, Morbid Angel, My Dying Bride, the Dillinger Escape Plan, etc...


Cro-Mags: hare Krishna in your face...

Dans la série groupe méconnu qui eut une influence non négligeable sur un courant musical (voire deux présentement ici), je voudrais aujourd'hui celui d'Harley Flanagan, les Cro-Mags. A vrai dire c'est en réécoutant le premier album de Machine Head, le puissant et insurpassable Burn My Eyes (Rob Flynn n'ayant jamais réussi à faire mieux et ce n'est pas son dernier essai, The Blackening, qui viendra me contredire...) que je me suis souvenu de la place importante que pouvait avoir leur premier LP, le culte Age Of Quarrel sorti en 1986 (décidément cette année... aussi bien musicalement que personnellement on y reviens toujours).

Avant 1986 il existait déjà de nombreux liens entre la jeune scène metal américaine, la NWOAHM menée tambour battant par les groupes thrash Metallica ou Slayer. Ces derniers n'hésitant pas à apprécier des formations officiant dans le hardcore ou assimilé (les Dead Kennedys, les Misfits, Agnostic Front (d'après vous d'où vient le titre du LP des four horsemen ...And Justice For All?), DRI ou Verbal Abuse... et y incorporer ainsi leur influence dans leur musique (Slayer dans les 90's bouclant la boucle avec leur excellent Undisputed Attitude, sans doute leur meilleur album des 90's (bien que sorti en 90, je classe Seasons in the Abyss plutôt dans les 80's, album résumant et clôturant parfaitement la dite décennie)).

N'empêche arrivé en 1986, on attendait encore le premier véritable mélange des genres provenant d'une formation hardcore, appelé aussi crossover par certains (en attendant justement le virage thrashisant des DRI (en 1987 ces derniers sortant l'album Crossover, CQFD) et autres Suicidal Tendencies, Corrosion of Conformity). Et c'est ainsi que se pointent sans prévenir Harley et ses Cro-Mags en provenance de NYC (pas franchement étonnant non plus que les garçons viennent de New York...).

Habitué de la scène punk US (premier groupe à 10 ans...), Harley qui gravite autour des formations de hardcore telles que les Stimulators ou les fameux Bad Brains au début des 80's forment en 1982 les Cro-Mags, groupe aussi connu pour son nombre élevé de musiciens utilisés (le jeu des chaises musicales...). Apres une démo qui sera éditée quelques années plus tard (en 2000 sous le patronyme Before the Quarrel), c'est avec son line-up le plus connu que les Cro-Mags signent ce qui va devenir l'un des albums de chevet de ce qu'il conviendra d'appeler plus tard le hardcore metal.

Le groupe connait en son sein John Joseph au chant, Harley Flanagan à la basse, Kevin "Parris" Mayhew et Doug Holland aux guitares et Mackie Jayson à la batterie. Gardant des racines avant tout ancrées dans le hardcore, la musique se veut virulente, concise (en moyenne un morceau dure 2 minutes) mais avec aussi, détail novateur, de nombreux breaks supplées par une rythmique plombée (l'apport des deux guitares...). Ceci dit, les Cro-Mags savent aussi varier les plaisirs, ces derniers n'hésitant pas à jouer des chansons mid-tempo telles que Malfunction, Seekers of the Truth ou Life of my Own.

Malheureusement après une tournée avec Motörhead et Megadeth, le groupe changea encore de line-up, ne put dès lors capitaliser le buzz autour d'eux, le prochain album Best Wishes ne sortant que 3 ans plus tard...

Cro-Mags - We Gotta Know

PS: Pourquoi ce post a un titre pareil? Tout simplement parce qu'on peut jouer du hardcore et verser dans Krishna and co (tout comme bien plus tard Shelter).

The Roots : Rising Down (2008)

En préambule à cette chronique, le nouvel album des Roots est sorti officiellement le 29 avril, et force est de constater que, depuis cette date, peu d'articles ont été rédigés sur la toile à propos de Rising Down. Ceci dit, le souvenir d'un énorme regain médiatique concernant la sortie de leur précédent album n'apparait pas non plus à l'esprit du préposé.

Après l'excellent Game Theory sorti en septembre 2006, voici donc le petit dernier des Roots from Philly, Rising Down. Première question ô combien prévisible, après un tel brûlot, le nouvel album peut-il être du même acabit ? Et bien, non. Merci et au revoir. Enfin n'allons pas trop vite, car les Roots restent quoiqu'il arrive de toute façon au dessus de la mêlée.

Alors quoi de neuf me direz-vous chez Black Thought, ?uestlove et consorts ? Le petit dernier se veut plus politique mais aussi plus sombre, à l'image du morceau 75 Bars (Black's Reconstruction) ou du paranoïaque I Can't Help It. Quand bien même l'impression générale semble faire passer l'album pour une oeuvre plaisante mais pas mémorable (compte tenu du passif du combo), nombre de chansons pourraient faire office de futurs classiques.
 

Pig Destroyer: Grouiiiiiiiiiiiiiiik! Scratch!!!!!!!!!!

Et un grand écart, un de plus! A vrai dire j'étais parti pour chroniquer le nouveau Roots, Rising Down, ou une de leurs excellentes compilations, aux titres affreusement mensongers, Home Grown! The Beginners Guide To Understanding The Roots, mais il s'est posé différents options que je ne pouvais pas refuser.

Premièrement, l'ami Dragibus ayant fait référence aux new-yorkais de Brutal Truth, l'envie de poster un peu de grindcore me titillait. Sans compter que Thom nous conviait à nous reposer sur la dépouille d'un des pères du metal pompier, bref l'envie de défouraillage devenait de plus en plus pressante, d'autant plus que le cas qui nous intéresse est loin de jouer dans la catégorie plan démonstratif indigeste (et avec ça ma bonne dame vous reprendriez bien une tranche de musique symphonique?). Et puis, quoi de plus éclectique que de passer de Guy Marchand à Pig Destroyer!!! (Fallait pas flatter mon éclectisme chère RxQueen...)

Comme je l'avais annoncé lors d'un précédent post consacré au premier album de Carcass, il m'est très difficile de trouver une quelconque attirance pour les combos officiant dans le grindcore (je me souviens encore du set d'Agathocles... la misère...), surtout quand ces derniers jouent la carte du gore, les groupes de qualité se comptant sur les doigts d'un lépreux manchot (ceci dit si vous aimez quelqu'un qui régurgite plus qu'il ne braille...). Mais quelque fois, des petits malins décident de pousser le grindcore dans ses derniers retranchements...

En 1997 voit apparaître première particularité un groupe de grindcore avec un vocaliste (J.R. Hayes), un guitariste (Scott Hull ancien du combo culte Anal Cunt) et un batteur Brian Harvey mais point de bassiste! Les esprits chagrins pourront toujours me rétorquer de toute façon dans ce style les bassistes étant limités, la non présence de basse ne doit pas tant changer la donne... Que nenni! Le fait d'avoir une seul guitare permet au trio d'avoir un son tranchant, rugueux et de ne pas s'empêtrer dans une lourdeur maladroite (qu'un chant d'outre tombe vomis par un décérébré viendrait parfaire).

Après divers EPs, un album et une compilation, Pig Destroyer sort en 2001 Prowler in the yard, qui en plus d'être considéré comme leur meilleur album, représente une nouvelle pierre angulaire du grindcore aventureux et intelligent, bref de l'ambroisie pour les orphelins de Brutal Truth. Et même si la pochette aussi rappelle les productions grindgore habituelle, Prowler in the yard est en fait un concept-album (et oui même les groupes de grindcore s'y mettent) nous narrant les aventures d'un joyeux rôdeur et de sa petit amie Jennifer... n'empêche ce qui nous intéresse surtout c'est la qualité de composition de Scott Hull, le jeu imposant de Brian Harvey et le chant hurlé de J.R. Hayes qui me réconcilie avec le chant grind.

Si vous appréciez en effet les guitares torturées ou autres plans syncopés et destructurés d'un Meshuggah ou d'un Dillinger Escape Plan et que l'idée d'écouter du grindcore ne vous fait pas peur (durée moyenne d'un morceau étant de 90 secondes), je vous conseille l'écoute de cet album. Hull prends un malin plaisir à distiller des plans à la fois malsain et noisy (Hyperviolet) tout en ayant parfaitement assimilé le quid du parfait terroriste sonore en employant une palette extrême qui va du death au thrashcore (remember Carnivore de Peter Steele) voire même rock (bon faut bien chercher j'admets). Et comme je le laissais supposer, la performance d'Harvey n'est pas en reste, on est très loin du sauvage qui empile les blasts à tout bout de champs, son jeu se veut suffisamment étoffé pour apparaître comme l'un des autres points forts du LP. Pour finir, quitte à radoter encore un peu plus, même si Hayes n'est pas Lee Dorian (LE vocaliste de Napalm Death, première période), on ne peut que le remercier d'avoir un chant hurlé dans les médium, évitant par la même occasion la fatigue auditive de l'auditeur.


Pig Destroyer - Piss Angel


PS: Au passage le nom du groupe n'est pas une référence gore (désolé pour les amis des ongulés) mais au contraire une piqure de rappel pour ceux qui auraient tendance à oublier que le grindcore n'est autre que du punk extrême: Pig Destroyer rimant en fait avec Cop Killer.