Cronico Ristretto: I Love You - Marco Ferreri (1986)

Film quasiment inconnu, I Love You de l'irrévérencieux Marco Ferreri fait immédiatement office d'ovni dans la filmographie de notre Totophe national. Mais pouvait-il en être autrement de la part du cinéaste (fatigué) de La grande bouffe ?

Sorti en 1986 entre Highlander et Le Sicilien de Michael Cimino, soit au plus fort de la popularité de Christophe Lambert, le long-métrage tendrait à prouver, si l'on se réfère aux témoignages de l'époque, le souhait précoce de l'acteur de casser son image, une envie comme tant d'autres d'alterner films grand public et projets plus personnels... perspective mis à mal par la suite tant la carrière de Lambert aura prouvé, en dépit du réel capital sympathie qu'il dégage, son incapacité à faire rarement les bons choix, entre insouciance et don manifeste (quoique inconscient) pour l'auto destruction artistique.

La lettre du Kremlin - John Huston (1970)

A de très rares occasions le cinéma aura montré le visage des services de renseignement tel que pouvait le présenter un monsieur X chaque semaine : froid, calculateur, une partie d'échec où l'humain n'a pas sa place, chaque camp plaçant ses pions au gré ou en fonction de ses propres intérêts. Sans surprise, le 7ème art avec comme figure populaire le matricule 007 du MI6 britannique aura préféré misé sur l'aventure, le glamour et l'exotisme, images d'Épinal collant aux basques du parfait agent secret sur pellicule. En 1969, le grand John Huston adapte The Kremlin Letter, roman de Noel Behn [1], pour un résultat forcément plus proche d'une certaine réalité.

1969, deux hommes, un américain et un russe discutent dans un musée parisien. L'occidental veut récupérer quel qu’en soit le prix une lettre compromettante détenue par les soviétiques, lettre qui fut un temps dans les mains de cet intermédiaire nommé Polyakov. Mais celui-ci se suicide en prison après avoir été arrêté et emprisonné par les services secrets russes, condamnant implicitement à mort la sœur et la mère de ce traitre, à l'exception de son épouse, le colonel Kosnov (Max Von Sydow) ayant d'autres desseins... Quelque temps plus tard, l'officier Charles Rone (Patrick O'Neal) est révoqué de la Navy non sans amertume de la part de son supérieur (John Huston), ce dernier soupçonnant une manœuvre déguisée de la part de Washington. On propose effectivement à Rone d'intégrer un groupe d'espions indépendants, libre de toute administration ou agence gouvernementale.

Les frénétiques (The Last Horror Film) - David Winters (1982)

Parmi les bonnes recettes que tout bon producteur ou réalisateur se doit d'utiliser pour fructifier à moindre frais un succès, la suite ou assimilé [1] a toujours eu pour des raisons évidentes de facilité/rentabilité la primeur des comptables du 7ème art. Mais lorsque vous n'êtes pas le géniteur du long métrage, et déveine supplémentaire, la providence ou votre porte-monnaie n'a pu vous faire obtenir les droits du dit succès, les possibilités restantes sont désormais assez minces si l'envie vous poussent encore à reprendre à votre compte (et à moindre frais) cette réussite passée… à moins de s'allouer les services de l'ancien casting, et de leur proposer, ni plus ni moins, une version alternative du précédent film [2].

Intitulé à sa sortie dans les salles hexagonales, Les frénétiques, le film de David Winters convie, on l'aura compris, pour le meilleur et surtout pour le pire, pour la troisième fois le duo Joe Spinell et Caroline Munro. Les amateurs de Maniac de William Lustig apprécieront la démarche opportuniste de Winters et de son producteur Judd Hamilton. Mais n'allons pas trop vite.