Le journal intime d'une nymphomane - Clifford Brown (1972)

Si Daniel Lesoeur, Harry Alan Towers et Erwin C. Dietrich restent irrémédiablement associés à la filmographie de Jesús Franco, on aurait tort d'oublier l'autre grand mécène de la cause déviante francienne, Robert de Nesle et sa société le Comptoir Français du Film Production (CFFP). Véritable pourvoyeur de cinéma en tout genre, le producteur rouennais rencontra le cinéaste madrilène peu avant la mort accidentelle de sa muse Soledad Miranda. Après une première rencontre en qualité de producteur associé pour Les cauchemars naissent la nuit (1970), les deux hommes entamèrent une série de collaborations fructueuses et frénétiques de 1972 à 1978, des Ébranlées aux Emmerdeuses, en passant par la trilogie "culte" récemment réédités par Artus films : La comtesse perverse, Plaisir à trois et Célestine... bonne à tout faire [1], puis le film qui nous intéresse ici : Le journal intime d'une nymphomane (édité depuis en Blu-ray par les bons soins du Chat qui fume en 2018).

Ortiz (Manuel Pereiro) assiste dans un club au show lesbien de Linda Vargas (Montserrat Prous) et Maria Toledano (Kali Hansa). Bientôt rejoint par Linda, ils profitent de l'instant en buvant plusieurs bouteilles de champagne jusqu'au petit matin. Fortement éméché, l'homme est conduit par la jeune femme vers une chambre d'hôtel non loin du port, où croit-il, elle lui proposera ses faveurs. Passé quelques caresses, Ortiz s'écroule de sommeil. Linda en profite pour téléphoner à la police, et lui indique le meurtre d'une femme, puis elle se tranche la gorge avec le poignard qu'elle dissimulait dans son sac à main. Arrivés sur les lieux, les deux inspecteurs constatent les faits : une jeune femme nue allongée contre son présumé assassin tient l'arme du crime dans sa main gauche. Suspecté immédiatement du meurtre, Ortiz clame son innocence à l’inspecteur Hernandez (Jesús Franco), ainsi qu'à sa femme Rosa (Jacqueline Laurent). Ecoeurée par ce mari qu'elle croyait connaitre, cette dernière accède néanmoins à sa demande d'aide. Sur une information donnée par l'inspecteur, Rosa part rencontrer l'une des connaissances de Linda, la comtesse Anna de Monterey (Anne Libert), afin de prouver l'innocence de son époux.

L'ultimatum des trois mercenaires - Robert Aldrich (1977)

Tiré des paroles de l'hymne américain et de ses « dernières lueurs du crépuscule », Twilight's Last Gleaming [1] s'inscrit de prime abord dans un genre sinon propre, tout du moins lié aux années 70 (Les trois jours du Condor, Conversation secrète), celui de la remise en cause de la sacralisation du pouvoir exécutif étasunien, après les scandales du Watergate et les révélations des Pentagon Papers par Daniel Ellsberg [2]. Librement adapté du roman de Walter Wager, Vipère 3, connu également pour ses romans Telephon et 58 minutes qui furent adaptés en 1977 par Don Siegel (Un espion de Trop) et base de la deuxième séquelle des aventures de John McClane par Renny Harlin en 1990, L'ultimatum des trois mercenaires aura longtemps traîné derrière lui une réputation d'œuvre polémique. Avec comme toile de fond l'intervention au Vietnam, que Lancaster contesta publiquement, cette quatrième et dernière collaboration avec le cinéaste Robert Aldrich ne tarda pas à être taxé, par certains conservateurs, comme étant le « produit idéologique » de son acteur principal. Accueilli fraîchement lors de sa sortie aux États-Unis, le film fut rapidement amputé d'une heure, gommant pour l'occasion la part controversée de politique-fiction du récit, pour se recentrer sur les seules scènes d'action [3]. C'est avec une nouvelle restauration en numérique que Carlotta nous propose en salles, le 1er mai prochain, la version intégrale d'origine et inédite en France de ce thriller d'anticipation « anti-hollywoodien ». 

Dimanche 16 novembre 1981, mené par un ancien général de l'US Air Force condamné pour meurtre, Lawrence Dell (Burt Lancaster), quatre évadés de prison s'infiltrent dans une base militaire du Montana, afin de prendre le contrôle de neuf missiles nucléaires. Déterminé à faire éclater la vérité sur les véritables raisons de l'intervention étasunienne en Asie du Sud-Est, Dell aidé de Garvas (Burt Young), Powell (Paul Winfield) et Hoxey (William Smith [4]), s'introduit avec succès dans le silo 3. Il contacte l'état-major en imposant ses conditions : de l'argent pour ses compagnons ainsi qu’une extradition à bord d’Air Force One, et la révélation télévisuelle par le président David Stevens (Charles Durning) du document confidentiel 9759 portant sur la guerre du Vietnam. En cas de refus, Dell promet d'envoyer les neuf missiles Titan vers l'Union Soviétique.

Live report : Supuration au Divan du monde Paris - 5 avril 2013

Après leur première date à domicile, au Splendid de Lille, le 24 février dernier, la tournée en support à CU3E de Supuration prit donc escale vendredi dernier au Divan du monde.

Les échos lillois, les informations postées par le groupe sur leur page facebook et enfin la discussion avec le guitariste Fabrice Loez en dédicace avec les trois autres membres à Gibert en mars dernier, annonçaient un concert parisien marquant à plus d'un titre : 1/ synthèse scénique de la trilogie, 2/ intégralité du premier album et culte The Cube, et 3/ le retour sur scène d'un groupe rare (1). Trois raisons évidentes pour aller donc les voir.

Jesús Franco (1930-2013)

Il est des nouvelles qui touchent plus que d'autres, celle de la mort du réalisateur espagnol Jesús Franco en fait partie. Un an après le décès de sa muse, celui qui était plus connu sous le pseudonyme Jess Franco a donc rejoint Lina Romay ce 2 avril. A défaut d'écrire une sempiternelle biographie, le Rocky Horror Critic Show lui rendant un hommage perpétuel depuis la chronique de Doriana Gray, le préposé docteur vous propose plutôt un petit diaporama des différents rôles ou apparitions du génial cinéaste madrilène au cours de sa faramineuse filmographie (presque 200 films).
  

Pickpocket - Robert Bresson (1959)

« Ce film n'est pas du style policier. L'auteur s'efforce d'exprimer, par des images et des sons, le cauchemar d’un jeune homme poussé par sa faiblesse dans un aventure de vol à la tire pour laquelle il n’était pas fait. Seulement cette aventure, par des chemins étranges, réunira deux âmes qui, sans elle, ne se seraient peut-être jamais connues. »

Avec cette mise au point introductive typiquement Bressonienne, Pickpocket appartient aux films les plus influents de son auteur, et boucle une décennie riche, commencée par un Journal d'un curé de campagne (1951) d'après Georges Bernanos, et Un condamné à mort s'est échappé (1956). On notera d'ailleurs en préambule, le film ne faisant pas ombrage du destin dramatique de son personnage principal, que ce dernier, et en guise de faux fil conducteur, se conclue à l'inverse de son aîné de 1956 par la prison et la fin de la liberté.