Commando - Mark L. Lester : Tribute to Bennett (1985)

Que sait-on finalement du capitaine Bennett ? Peu de choses. Des bribes. A nous de les recomposer et de rendre un hommage appuyé à cet homme dont la réputation fut ternie par un ex-allemand de l'Est, à la solde de l'impérialisme nord-américain, un colonel des Forces spéciales à la retraite connu sous le nom d'emprunt de John Matrix.

Resté à jamais gravé dans la mémoire des fans de gilet en cotte de mailles, Bennett, dont l'extrême modestie le poussa à ne jamais divulguer son prénom, souffre d'un procès d'intention qui a bien trop duré depuis plus de trois décennies. Il était temps de mettre en lumière, et avec une objectivité certaine, les qualités mais également les coups bas reçus par cet héroïque soldat, qui rappelons le, n'avait pas besoin d'arme à feu pour battre ses ennemis. 

Rappel des faits. Expulsé par Matrix de son unité au cours d'une périlleuse mission à Val Verde, dont le dessein était de destituer le bon président Arius au profit du fantoche et servile Velásquez, Bennett n'eut pas droit à une retraite dorée pour services rendus à la nation. Pire. Professionnel et passionné par son travail, le capitaine Bennett ne récolta qu'incompréhension et jalousie auprès de ses supérieurs. Rendu à la ville civile, notre homme entama une nouvelle carrière. Désormais marin pêcheur, propriétaire d'un modeste bateau, Bennett attendait patiemment que la destinée lui offre une seconde chance en la personne du président destitué Arius.
 

L'invention de Morel - Claude-Jean Bonnardot (1967)

Adapté du roman argentin du même nom, La invención de Morel, édité en 1940 et signé par l'auteur Adolfo Bioy Casares, L'invention de Morel s'inscrit comme un cas relativement unique dans le paysage culturel français. Produit et réalisé pour la télévision, ce film diffusé en décembre 1967, non content d'être un des tout premiers tournés en couleur, fait figure d'OTNI (Objet Télévisuel Non Identifié) tant son contenu s'éloigne des usuelles fictions produites par jadis l'ORTF. Edité en DVD par l'INA depuis 2012 sous la collection Les inédits fantastiques [1]L'invention de Morel n'est pas sans évoquer les autres essais fantastiques et science-fictionnelles qui seront réalisés quelques années après par d'autres auteur français à l'instar du Je t'aime je t'aime d'Alain Resnais ou Le temps de mourir d'Alain Farwagi. Mais n'allons pas trop vite.

11 janvier 1935. Débarqué depuis la veille, Luis (Alain Saury) est venu se cacher sur une île lointaine, Villings, dans l'archipel des Ellice. L'île est désormais abandonnée de tous, et nul ne s'y approche depuis que l'équipage et les passagers d'un bateau furent retrouvés morts, atteints d'une « maladie mystérieuse qui tue de la surface vers le dedans ». Dans cette île déserte subsiste néanmoins d'anciens vestiges modernes ; s'y dresse au nord, non loin d'un oasis, un hôtel particulier qualifié de « musée » avec piscine construit en 1925. Prisonnier et seul, n'ayant plus aucun moyen de repartir, Luis s'adapte tant bien que mal à cette nouvelle vie. Deux semaines après son arrivée, il découvre par surprise la présence de visiteurs. Habillés de vêtements semblables à ceux que l'on portait dix ans plutôt, ces derniers ne lui prêtent aucune attention. Invisible aux yeux de tous, Luis s'éprend au fil du temps d'une jeune femme, Faustine (Juliette Mills). Mais celle-ci, à l'instar de ses compagnons, ne le voit pas. Détail encore plus troublant, les faits et gestes de ses visiteurs se répètent et se déroulent de manière identique chaque semaine. Un soir, le maître des lieux, le dénommé Morel (Didier Conti), avoue lors d'un dîner avoir créé une machine qui enregistre la vie dans toutes ses dimensions...
   

Live report : Dave Holland & Prism - New Morning, Paris, 5 mai 2015

Vu une première fois par le préposé à la chronique il y a tout juste dix ans, quand le contrebassiste Dave Holland était accompagné de son quintette (1) constitué du vibraphoniste Steve Nelson, du tromboniste Robin Eubanks, du batteur Nate Smith et de son fidèle saxophoniste Chris Potter, son passage annoncé au New Morning et l'excellent souvenir de ce mémorable concert rouennais pouvaient difficilement laisser indifférent. Dont acte.

Premier britannique à compter dans les rangs de la formation électrique de Miles Davis au tournant des années 60-70, quand le trompettiste enregistra les retentissants et fondateurs In A Silent Way et Bitches Brew (2), le musicien Dave Holland signa justement en 2013 avec Prism un disque d'autant plus notable, que celui-ci rappelait le groove davisien de ses jeunes années, sans céder toutefois aux sirènes d'une stérile nostalgie.

Cinquante nuances de Grey - Sam Taylor-Johnson (2015)

Fort du succès littéraire de la trilogie, il était évident que Cinquante nuances de Grey allait être vite adapté sur grand écran, et pouvait-il en être autrement, les droits ayant été cédés dès mars 2012 à Focus Features et Universal (le premier roman a été publié aux États-Unis en juin 2011). Aussi générationnel, du moins vendu comme tel, que pouvait l'être Twilight [1], certaines mauvaises langues allant jusqu'à insinuer que le public visé serait le même, à savoir de jeunes dames ayant troqué leur désir frustré pour le vampire d'obédience mormone Edward Cullen pour une bonne fessée prodiguée par le jeune et fringuant tycoon cynique Christian Grey (mais n'allons pas trop vite), Cinquante nuances de Grey - le film fut présenté en avant-première à la Berlinale avant d'envahir stratégiquement les cinémas du monde entier la semaine de la saint Valentin [2]. Deuxième film le plus rentable à l'heure actuelle pour l'année 2015 [3], et ceci en dépit d'un bouche-à-oreille catastrophique et sanctionné par une chute notable des fréquentations (plus de 70%) pour sa deuxième semaine en salle aux USA, ces Cinquante nuances auront au moins eu le mérite de remplir les bourses de certains, à défaut d'émoustiller les autres. 
 
Etudiante en littérature anglaise, Anastasia Steele (Dakota Johnson) remplace au pied levé sa colocataire et amie Kate, et part interviewer l'homme d'affaires Christian Grey (Jamie Dornan) pour le journal de son université. Séduite et intimidé par cet homme de six ans son aîné, celui-ci va rapidement proposer à la naïve et innocente Ana une relation particulière, basée sur la domination et la soumission, et régie par les clauses d'un contrat qui lui est demandé de signer. Ana lui avoue être encore vierge. Décidé à « rectifier la situation » avant d'aller plus loin, Christian lui offre sa première relation sexuelle...

Il était une fois en Amérique - Sergio Leone (1984)

Ressorti par Carlotta dans les salles françaises en version restaurée en juin 2011 [1], le dernier chef d'œuvre de Sergio Leone, Il était une fois en Amérique, réapparaît de nouveau sur grand écran mercredi prochain, par l'intermédiaire du même éditeur avisé, dans une version inédite incluant vingt deux minutes supplémentaires. Disponible depuis septembre dernier outre-Atlantique en DVD et Blu-Ray, cette ultime version se rapproche au mieux de celle souhaitée par le réalisateur. Perdues, puis retrouvées à partir d'une pellicule positive utilisée comme copie de référence, et enfin restaurées par L'Immagine Ritrovata et la Cineteca di Bologna, ces scènes coupées furent réinsérées avec l'aide des collaborateurs de l'époque et de la famille du metteur en scène. 

Tourné entre le 14 juin 1982 et le 22 avril 1983, et présenté en avant-première à Cannes l'année suivante dans une version de 229 minutes, l'exploitation d'Il était une fois en Amérique connut des fortunes diverses. Devant par contrat livrer un métrage d'environ 2 heures et 45 minutes, les distributeurs étasuniens [2] coupèrent drastiquement le film pour n'en retenir qu'une version expurgée d'environ 139 minutes. Pire, non contents d'ôter des scènes, les studios changèrent également la structure narrative pour ne retenir que l'ordre chronologique de l'histoire. Victime de cette purge, l'enfance des personnages fut sacrifiée au profit des scènes relatant l'âge adulte. Ironie du sort, cette version aseptisée étasunienne, assainie de toutes volutes opiacées, et au récit supposé clarifié, fut un véritable échec critique et public, tandis que la version européenne de 229 minutes fut célébrée comme le parachèvement de l'œuvre de Leonienne et un sommet de l'histoire du cinéma