Cronico Ristretto : Asia | Urban Dance | Warpath - Boris (2015)

Après leur précédent album très rock Noise en 2014, dans la lignée de Attention Please et New Album, trois ans plus tôt, qui avait vus Boris s'offrir une nouvelle mue shoegaze et dream pop, avant d'aborder à leur manière un rock alternatif post-Sonicyouthien, la formation tokyoïte créa la surprise en annonçant fin avril 2015, via le réseau social Zuckerbergien, la sortie imminente et simultanée d'une trilogie le 2 mai. Asia, Urban Dance et Warpath, soit leur vingtième, vingt-et-unième et vingt-deuxième album, promettaient, en sus de confirmer les poussées créatrices du trio (1), le retour de leurs aspirations expérimentales, comme semblait indiquer le choix d'éditer ces trois disques sur leur propre label, Fangs Anal Satan.

Shocking Dark - Vincent Dawn (1990)

Dernier film de la diabolique association de malfaiteurs connue sous le pseudonyme Vincent Dawn, Shocking dark a.k.a Contaminator, a.k.a Alienators, a.k.a Terminator 2 (?!), a.k.a Spectres à Venise, acta la fin de la fructueuse collaboration (Virus Cannibale et Les rats de Manhattan en tête) entre le metteur en scène Bruno Mattei et le scénariste Claudio Fragasso, après leurs récents Nato per combattere (1989) et Tre pesci, una gatta nel letto che scotta (1990). Chant du cygne d'un savoir-faire Bis crapoteux qui connut ses derniers soubresauts jusqu'au début des années 90, cette production italo-philippine réalisée fin 1988 - début 1989 se distingue toutefois à plus d'un titre. Premier indice, et mise en bouche avant de développer plus loin notre propos, illustré par l'affiche ci-contre, le film fut exploité et présenté au départ, dans la plupart des pays (à l'exception notable des États-Unis), comme la séquelle des aventures de Sarah Connor [1]. De cette méthode de margoulin évoquant les plus belles heures du cinéma d'exploitation transalpin [2], notre duo précité ne se contenta néanmoins pas d'une simple désorientation nominative propre à tromper l'imprudent spectateur. Hérauts portnawak de la transgression des lois du copyright, Mattei et Fragasso puisèrent directement dans le scénario du second volet d'une autre franchise (d'où croyez-vous que vient le titre Alienators ?), mais n'allons pas trop vite...
   

Le Brady, cinéma des damnés - Jacques Thorens (2015)

Paru le 9 octobre dernier aux Editions Verticales, Le Brady, cinéma des damnés est un livre rare. Journal de bord du dénommé Jacques Thorens qui en fut, durant deux ans au début des années 2000, projectionniste-caissier (et guitariste en sus), cette « biographie de lieu » livre un témoignage émouvant et épique de cette salle, navire amarré à Paris, boulevard de Strasbourg, depuis presque soixante ans [1].

Racheté par le franc-tireur Jean-Pierre Mocky à partir de 1994 [2], Le Brady occupa une place unique dans le paysage des salles de la capitale. Longtemps vouée à disparaitre à l'instar de ses illustres consœurs dédiées au fantastique ou à l'horreur, comme Le Colorado, Le Midi-Minuit, Le Mexico ou Le Styx durant les années 80, la salle devint au fil du temps moins le dernier refuge de la faune bissophile parisienne, que l'abri diurne d'une tout autre clientèle à l'aspect visuel et olfactif déviants, et bien plus encore (mais n'allons pas trop vite). Figure anachronique, paradoxe temporel à l'heure de la normalisation des cinémas et autres fermetures des salles de quartier transformées en supermarchés ou fast-foods, celui qui fut surnommé « le Temple de l'épouvante » était ainsi le dernier à encore proposer du cinéma permanent, et des séances double programme en copies d'époque au début des années 2000.