Earth - Black Spirituals - Don McGreevy & Roger Smal Duo à La Maroquinerie - Limbo Festival, Paris 23 janvier 2015

Précurseurs du drone metal au début des années 90, soit bien avant l'exposition médiatique du genre conduite par leurs admirateurs, le duo Stephen O'Malley / Greg Anderson alias Sunn O))), Earth et son leader Dylan Carlson étaient revenus sur le devant au mitan de la décennie suivante [1]. Porté par l'influence de l'Americana au cours des dix années écoulées, le nouvel et huitième album, l'excellent Primitive and Deadly sorti en septembre 2014 opérait un léger coup dans le rétroviseur avec le retour remarqué du chant et un recentrage plus rock.

De passage à Paris, en attendant leur seconde date française le lendemain à L'épicerie moderne à Lyon, Dylan Carlson et consorts se présentaient en compagnie de deux formations en première partie, Black Spirituals et Don Mcgreevy & Roger Smal Duo, qui comme l'indique la dernière, avaient la particularité d'être composés à chaque fois de seulement deux musiciens.

Hobgoblins - Rick Sloane (1988)

Davantage connu outre-Atlantique depuis sa diffusion lors de l'émission culte Mystery Science Theater 3000 [1], Hobgoblins a gagné au cours des années le statut peu enviable, auprès d'un autre métrage devenu culte bien malgré lui aux États-Unis, Manos : The Hands Of Fate, d'être distingué comme un des pires films jamais réalisés. Énième relecture opportuniste (et produite à l'arrache) des Gremlins de la paire Joe Dante / Steven Spielberg, Hobgoblins apparait, en effet, dès les premières minutes comme le dernier avatar dégénéré d'une série initiée dès 1984 avec les Ghoulies, les Critters (1986) et enfin les Cormaniens Munchies (1987). De quoi en somme satisfaire les déviants les plus acharnés et mentalement atteints ? En quelque sorte.

Responsable de cet attentat cinématographique (contre toute attente, le film n'a pas été édité directement en vidéo), l'exécutant et commanditaire est une seule et même personne : Rick Sloane. Self-made man et touche-à-tout passé maître dans la culture du navet ultra cheap, ce digne (?) héritier d'Ed Wood n'en demeure pas moins, à l'instar de son aîné pré-cité, un personnage attachant. Resté fidèle à ses goûts d'adulescent, Sloane se caractérise, en dépit des critiques et railleries cinglantes dont il fait l'objet, par un talent inversement proportionnel à l'énergie qu'il déploie pour mettre en scène et produire ses films depuis 1984 et le dénommé Blood Theatre [2].

Thelonious Monk : Straight, No Chaser - Charlotte Zwerin (1988)

Coréalisatrice avec les frères Maysles du documentaire culte Gimme Shelter évoquant la tournée US des Rolling Stone en 1969, et en particulier le concert tragique à Altamont, soit le début de la fin des illusions hippie, Charlotte Zwerin est également connu des amateurs de jazz comme la réalisatrice d'un autre précieux documentaire musical, Thelonious Monk : Straight, No Chaser. Portait rare de ce génie du be-bop, le film doit beaucoup à Clint Eastwood, producteur exécutif, qui aida la paire Charlotte Zwerin / Bruce Ricker à terminer ce projet via sa société Malpaso Productions. Sorti la même année que la biographie de Charlie Parker, Bird, signée par Eastwood lui-même, Thelonious Monk : Straight, No Chaser, sous-titré du nom d'un des nombreux standards que composa le pianiste [1], invite le spectateur à découvrir plusieurs extraits de la tournée européenne de Monk de 1967, entrecoupés d'images d'archives et d'interviews de ses proches.

Considéré à juste titre par le jazz critique Martin Williams comme un des premiers compositeurs de jazz du 20ème siècle, et de pair un des plus influents, Thelonious Monk, bien que précurseurs du be-bop, attendit la fin des années 50 pour embrasser enfin le début d'une véritable reconnaissance publique et critique. A partir de Brilliant Corners (1957), celui qui débuta treize ans plus tôt aux côtés du saxophoniste Coleman Hawkins devient ainsi l'une des nouvelles figures marquantes du jazz ; son style unique, sa technique non conformiste et son écriture singulière en font un musicien à part, à la fois dans et en marge des révolutions musicales qui bousculent le jazz de ces années. Dans la foulée, les années 60 deviennent la décennie de sa consécration avec la signature sur la major Columbia, et la couverture du Time Magazine le 28 février 1964.

Cronico Ristretto : Live at Birdland - John Coltrane (1963)

L'année 1963 peut-elle être considérée comme une petite année au regard de la riche discographie de John Coltrane ? Certes, le souffleur co-signa deux albums éponymes loin d'être mineurs, le premier avec le guitariste Kenny Burrell et le second avec Johnny Hartman. Non content de remettre en selle ce dernier avec leur disque commun, John Coltrane and Johnny Hartman, le crooner, à l'instar du jeune Archie Shepp l'année suivante, bénéficia du soutien du saxophoniste auprès de Bob Thiele, successeur de Creed Taylor à la tête du label Impulse!. Toutefois, en attendant le choc suprême de l'année à venir, l'imprudent.e a t'iel finalement le droit de faire tant la fine bouche ? Non, bien évidemment. Car si le quartette de Coltrane n'a pas gravé apparemment de chefs-d'œuvre en studio en 1963 (n'allons pas trop vite), il en est tout autrement en public avec Newport '63, qui sera publié trente ans plus tard, Dear Old Stockholm avec le retour momentané du batteur Roy Haynes en 1965, et le disque qui nous intéresse : Live at Birdland.