Funky Front Covers IV

Si la dinde aux marrons est encore de rigueur dans l'imagerie populaire, il en va de même des désormais Funky Front Covers, passage obligé en ce lieu dès que les fêtes de fin d'année s'approchent. Voici donc pour la quatrième saison, le meilleur du pire des pochettes les plus insolites ou sexuées des musiques funk, disco et consorts.


Bilan de fin d'année d'un Doomster - Part Two


Dire que le messie doom Jus Osborn était attendu au tournant depuis le très passable Witchcult Today (2007) serait exagéré, tant le joyau sombre de son groupe Electric Wizard, Dopethrone, date déjà d'une décennie. Dix ans qui auront vu un solide album (We Live (2004)) coincé entre deux autres LP plus inconsistants (et inconstants), Let Us Pray (2002) et donc celui de 2007. Dès lors ce Black Masses allait-il sinon remettre en selle le dit sorcier, chantre des ambiances fumeuses et d'un psychédélisme noir où règne de main de maître la guitare hypnotique de son leader (amis de la formule ampoulée, bonsoir)? Electric Wizard, si on en croit les milieux informés, ceux là même champions dans l'art de sortir des expressions préconçues, serait l'un des, sinon, le groupe le plus heavy qui soit. Derrière ce superlatif stérile, véritable ligne de conduite à brasser de l'air propre aux metalheads de toute chevelure, se cache néanmoins une vérité. Le Wizard est doté d'un exceptionnel son épais, massif et ample, capable de remplir l'espace dès les premières notes, avec l'avantage certain de ne jamais verser dans la surproduction ou l’esbroufe sonore. Or Black Masses pourra en déconcerter plus d'un, tant le nouvel album se garde bien de creuser le sillon qui fit en partie la réputation de l'électrique sorcier. Osborn a regoûté à sa substantifique moelle, propose un son certes moins imposant, mais retourne à l'essentiel avec des compositions de nouveau inspirées, où les ambiances sales, nocturnes et incantatoires prévalent, l'album se clôturant comme il se doit par un instrumental menaçant, Crypt of Drugula.

Bilan de fin d'année d'un Doomster - Part One

A l'heure où les classements de toutes sortes commencent à fleurir sur la toile (1) et dans la presse, comme il fut convenu il y a quelque temps lors d'un échange avec Diane Cairn, voici la première partie de mon classement sans ordre (d'où le terme bilan) des albums doom et apparenté sortis en 2010 autres que le Eve des italiens d'Ufommamut (album metal de l'année), le Satan Worshipping Doom de Bongripper ou encore le dernier Monster Magnet. Une première partie consacrée à de jeunes formations où le psychédélisme aura le maître mot...

Fascination - Jean Rollin (1979)


Longtemps reporté pour cause de flemmingïte aigüe, voici donc la critique de Fascination en guise d'hommage au regretté Jean Rollin, récemment disparu le 15 décembre dernier.

Moins connu que ses précédents essais vampiriques, Fascination n'en reste pas moins un de ses longs métrages les plus accessibles et recommandables pour l'imprudent qui aimerait découvrir l'œuvre du sieur qui fut estampillé de manière triviale et un peu trop rapide par quelques rigolards "pape du Z français". Accessible et par conséquent (?) légèrement à part dans la filmographie du réalisateur de la Vampire nue, le long métrage s'écarte quelque peu du thème central cher au cinéaste pour en proposer une version alternative car suggérée. Rollin quitte le fantastique tel qu'on l'entend de nos jours pour revenir aux racines du genre, à la croisée du surnaturel et de l'étrange, dans le sillage d'un Edgar Allan Poe.

Les années 2000 à l'ombre des eighties

[Article précédemment paru sur Progressia]. 2010. Nous entamons depuis presque bientôt un an une nouvelle décennie et pourtant l'impression de vivre culturellement un éternel élan nostalgique n'en finit plus.

Si les années 90 avaient eu son lot de redites, celles-ci avaient au moins un mérite, l'envie de digérer voire de s'affranchir (modestement) des influences du passé pour en tirer un semblant de nouveautés, en particulier au niveau de la forme (trip-hop, grunge, big beat, etc.). Au contraire, la première décennie du nouveau millénaire n'a pas confirmé les faibles attentes qui restaient en matière d'émancipation musicale. Le changement radical qui devait ou aurait dû solder les comptes des dix années passées n'est jamais apparu. Et à défaut de coupure franche, tout juste avons nous eu droit à une évolution molle, ce que nos aimables politiques français nomment par le « changement dans la continuité »...

Twilight, chapitre III : Hésitation - David Slade (2010)

Ils sont revenus, ils sont tous là : Bella, la jeune constipée émotionnelle rêvant d'amour aux dents longues [1], le niaiseux bodybuildé Jacob et bien sûr le croisement réussi (?!) entre un topinambour et un vampire, Edward. Après un deuxième épisode qualifié poliment par nos soins de long métrage en demie-teinte [2], si le troisième n'était pas attendu au tournant par les cuistres railleurs, celui-ci devait tout du moins, sur le papier, répondre ENFIN aux attentes et autres frustrations du spectateur... tout du moins celles de son héroïne. Las, une fois encore, ce chapitre III pourra dans le meilleur des cas être considéré comme un film générationnel mou, raté, chantre d'une mièvrerie congénitale, à réserver en premier lieu aux pré-pubères [3] tant son traitement ne ressemble à rien, ou plutôt si, à une vaste mascarade orchestrée par un réalisateur tâcheron, aussi peu inspiré que Stephenie Meyer a pu l'être en écrivant cette relecture fantastico-foireuse du trio sentimental. Contrat rempli finalement, non ?

Résumé des épisodes précédents, après deux (télé)films à espérer pouvoir enfin goûter aux lèvres de sa tubercule scintillante préférée, Bella (Kristen Stewart) ne désire plus qu'une seule chose, appartenir au peuple de la nuit et tirer un trait définitif sur cette morne existence humaine sans saveur... pour vivre pleinement son amour et briller désormais de milles feux en plein soleil. Mais dans sa grande sagesse (ou archaïsme, notre presque centenaire faisant plus preuve au gré des chapitres d'une rigidité psychologique que d'une véritable maturité), Edward (Robert Pattinson), toujours réticent à transformer de la sorte son aimée, avait posé comme condition sine qua non en fin du précédent film celle du mariage, et plus si affinités.

Maniac - William Lustig (1980)

Le rôle d'une vie, voilà bien de quoi il s'agit, une fois regardé de plus près la filmographie de l'acteur américain Joe Spinell. Passé ses interprétations respectives et secondaires de Willi Cicci et de Tony Gazzo dans les deux premiers Parrain et Rocky, puis sa grotesque apparition en terrrrrible Count Zarth Arn dans le nanar SF transalpin Starcrash, difficile pour le cinéphile amateur de sensation forte de ne pas être ébahi et marqué pendant encore longtemps par le personnage joué par Spinell dans le film qui nous intéresse. Produit, écrit et interprété par lui-même, Maniac réalisé par William Lustig reste trente ans après son exploitation dans les salles obscures un monument du cinéma de genre, une œuvre influente dépassant allégrement la trainée de soufre qu'il laissa lors de sa sortie (film interdit au moins de 18 ans voire censuré dans de nombreux pays).

Franck Zito vit seul avec pour seule compagnie quelques mannequins de vitrine étrangement travestis. Hanté par des images du passé et par la présence imaginaire d'une femme dont la photo trône sur un autel de fortune, Zito (Joe Spinell) tue, mutile, scalpe à l'envie ses victimes féminines. En un mot, il sème la panique à New-York, les journaux faisant échos de la terreur qui s'abat dans les rues de la Big Apple. Mais un jour, Frank fait la rencontre d'Anna D'Antoni (Caroline Munro), une photographe de mode, une rencontre qui les marquera chacun de manière indélébile.

Cronico Ristretto: Mastermind - Monster Magnet (2010)

Dans la série des raccourcis rapides, laissons la place à une autre plaie du chroniqueur musical, les conséquences malheureuses que pourraient provoquer l'écoute distraite d'un album. En d'autre terme, s'il ne faut jamais (totalement) se fier aux idées préconçues, il en va de même pour la première écoute d'un album et du sentiment mitigé qu'il peut engendrer, qui plus est lorsque vous gardez en mémoire les premiers méfaits de la formation, sans tenir compte de l'évolution du dit groupe, évolution que vous n'avez de toute façon pas suivi depuis belle lurette.

Si à une époque bénite [1], le groupe de Dave Wyndorf avait réussi à conjuguer les plages space rock d'un Hawkind avec la pesanteur d'un Black Sabbath sur l'excellent Tab (1991), ou d'avoir signé l'un des meilleurs albums de heavy rock des 90's (Spine of God) , la trajectoire de la formation après les derniers tours de vis marquants prénommés Dopes to Infinity (1995) et Powertrip (1998) s'était quelque peu brouillée, tout du moins diluée au cours du temps, pour ne proposer "que" de bons albums... à l'image du side-project du même Wyndorf, The Atomic Bitchwax. En somme, les plus sévères auront eu à cœur de ne retenir au cours des années 2000 que les rééditions des deux premiers albums précités, la flamboyance du Monster Magnet des débuts, comme d'autres pairs, s'étant à mesure dissipée.

Or faut-il le souligner de nouveau en attendant le nouvel an, 2010 reste l'année (par défaut) des musiques intemporelles. Soit le moment propice et idéal pour un nouvel album d'un des derniers dinosaures du stoner rock en activité [2], Mastermind des Monster Magnet.

Cronico Ristretto: Ariya Astrobeat Arkestra - Ariya Astrobeat Arkestra (2010)

Quitte à se répéter encore, et à asséner le même genre de propos et autres lieux communs jusqu'à la nausée, l'année en cours n'aura que très faiblement apporté son lot de nouveautés [1]. Et à défaut de grand chambardement, on pourra tout de même (à l'occasion) se féliciter de la qualité de plusieurs sorties, estampillées "valeur refuge" en ces temps de disette pour les plus alarmistes. Des nouveaux disques de formations plus ou moins jeunes décidées non pas tant à jouer la carte de la nostalgie à tout prix, mais plutôt des musiciens garants d'une filiation musicale et dans le cas présent, d'un amour pour Fela Kuti, le funk et l'ethno-jazz : à l'image du quatrième album du Souljazz Orchestra, Rising Sun, ou du premier album éponyme du Ariya Astrobeat Arkestra.

Ce dernier groupe composé de huit membres, dont une section cuivre constituée d'une trompette et de trois saxophones, dont deux ténors et un baryton, est issu pour l'anecdote de la rencontre entre deux groupes de musiciens, ceux accompagnant en concert les artistes hip-hop britanniques Homecut et Kidkanevil. Après diverses jam sessions dans le bar de Leeds, le Sela, où nos quatre souffleurs croisaient le cuivre, l'Ariya Astrobeat Archestra fut créé vers la fin de l'année 2007. Contrairement à leurs cousins canadiens du Souljazz, l'Archestra ne peut être accusé de vouloir brouiller les pistes [2], au contraire, les références et l'origine de leur patronyme apparaît des plus limpides pour l'amateur d'afrobeat et d'aventures signées Sun Ra.

Satan Worshipping Doom - Bongripper (2010)

Si l'année qui s'achève fut relativement morose quant aux sorties dites novatrices, 2010 fut au contraire un bon cru concernant l'un des styles parangon d'une certaine intemporalité rock, celui auquel le terme monolithique revient (trop rapidement) en guise de raccourci, le doom metal  [1].

Selon l'adage rockeur, le genre musical aurait la caractéristique de mal s'accorder avec le mot évolution, voire tout simplement d'être indifférent à toute forme d'innovation sonique (et sonore). A tort. Car si le doomster par nature se méfie des modes et reste attaché à une utopique authenticité, il n'en reste pas moins ouvert aux autres musiques... saturées de préférence.

Formé en 2005 à Chicago, suite à leur précédent split Meat Ditch sorti en 2009 avec la formation nippone Winters in Osaka, le quartette Bongripper signe cette année leur 5ème LP, Satan Worshipping Doom, et écrivons le tout de go, sans doute leur meilleur album et l'un des plus pertinents albums de doom instrumental depuis Eve d'Ufomammut.

Supernaturals - Ufomammut & Lento / Earthen - Lento (2007)

A l'heure où Lento est en train d'enregistrer son nouvel album (intitulé Icon), le préposé vous propose un éclairage et une remise à niveau de votre abécédaire musical avec les deux premiers disques d'une formation qui mériterait amplement plus de reconnaissance.

Compatriote d'Ufommamut (on y reviendra), Lento se forme à Rome en 2004 sur les traces laissées par des pairs nommés Neurosis, Isis, Mogwai ou Godspeed You! Black Emperor. A l'image du collectif canadien, Lento joue dès leur début une musique purement instrumentale, l'apport de paroles étant perçu par les italiens comme inappropriés, sinon propices à dénaturer leur musique. Fin 2005, Lento stabilise son line-up composé de trois guitares, d'une basse et d'une batterie. Début 2007, les romains signent sur le même label que leurs compatriotes doomsters, Ufomammut.

Cronico Ristretto: Meltemi - Alboran Trio (2006)

Que les amateurs de géographie se rassurent, le Rocky Horror Critic Show sait aussi satisfaire leur soif de savoir, les inconditionnels de sac à main à grande gueule n'auront pas le dernier mot.

L'Alboran Trio tire son nom de la partie occidentale de la mer Méditerranée, celle reliant l'Andalousie au Sud du Maroc et de l'Algérie, non loin du détroit de Gibraltar, soit la voie maritime intérieure joignant les deux continents Africain et Européen. Un lieu unique, un carrefour millénaire, source de nombreux échanges multiculturels, en somme un nom idéal pour une jeune formation jazz aventureuse en quête d'ouverture.

Ce trio de nationalité italienne, contrairement à ce que pouvait laissait supposer le nom de la formation, fut créé en 2003 avec pour assise le pianiste et compositeur Paolo Paliaga, le contrebassiste Dino Contenti et le batteur Gigi Biolcati.

Supercroc - Scott Harper (2007)

Sans lister les divers films où la menace saurienne fut répertoriée comme un cas avéré, il est d'avis des experts de considérer le crocodile comme l'une des espèces animales les plus dangereuses que le 7ème art ait connu, si ce n'est la plus meurtrière, le squale étant admis par ces même spécialistes de l'éviscération sur pellicule, d'être certes le plus célèbre des serial killers à sang froid, mais aussi et surtout, de détenir paradoxalement le plus faible ratio nombre de victimes tuées par surface au mètre carré ; les crocodiliens ont l'avantage certain d'être amphibie, contrairement à ces inadaptés et reliques du passé que sont les Carcharodon Carcharias [1]. Imaginez dès lors le niveau d'alerte, que dis-je le seuil critique de dangerosité quand apparaît non loin de Los Angeles un crocodile venu des âges farouches, le terrible Sarcosuchus, soit le plus vieux et plus grand spécimen que la Terre n'ait jamais connu : le Supercroc.

Au cours d'une patrouille de reconnaissance dans la forêt nationale de Los Padres au nord ouest de Los Angeles, les soldats Jackson et Celia Perez dans leur grande mansuétude et amour du partage font profiter à leur entourage immédiat, le soldat Forney et le sergent Druitt, un sujet ô combien intéressant, et de circonstances lorsqu'il s'agit de repérer des activités suspectes dans les environs (et bouffer parallèlement quelques hectomètres de pelloche [2]), discuter des préparatifs de leur prochain mariage. Sept minutes d'une joute verbale où les arguments les plus aiguisés s'entrechoquent, ponctuée par les considérations pratiques d'un Forney prêt à tout pour se faire inviter, lorsque soudain un crocodile géant sort du lac et croque entièrement l'émissaire du concept mariage dessert [3], le soldat Forney, avant d'engloutir le sergent Druitt.


Notre duo militaro-glamour lutte dès lors pour sa survie, la panique s'installe, la tension si longtemps dissimulée monte immédiatement de plusieurs crans. Dans le QG des forces armées situé dans un bunker sous Los Angeles, l'incompréhension a cédé sa place à l'inquiétude. Le général McFadden est dépêché, accompagné par la docteure Leah Perrot. Le temps que les premières hypothèses apparaissent, Perez et Jackson découvrent le nid du monstre. Mais il est déjà trop tard, l'instinct maternel de la bête n'aura pas laissé le temps de vivre une minute de plus au soldat Jackson, dans un élan sacrificiel, l'ex-futur époux sauve la vie de sa fiancée qui part se réfugier dans les arbres...

Le capitaine Joe Lynch et son équipe de sauvetage sont alors envoyés sur place pour faire la lumière sur cette mystérieuse attaque, une mission à l'efficacité toute relative puisque l'appétit et l'agressivité du supersaurien saura calmer les ardeurs belliqueuses des G.I. Seuls rescapés, Lynch et Perez devront se battre pour leur survie et trouver un moyen de lutter contre ce prédateur préhistorique qui se dirige vers la cité des anges.


Derrière ce synopsis captivant, Supercroc cache en vérité l'archétype du nanar fauché produit par une société passée maître dans l'art de réduire les coûts, et d'éditer des direct to video où l'écologique horrifique est devenue une marque de fabrique : The Asylum [4]. Et si cette réalisation de Scott Harper n'atteint jamais le génialement nanar, celle-ci a au moins un mérite, celui de suivre scrupuleusement de A à Z (surtout jusqu'à Z) ce qui définit la nature même du mauvais film sympathique.

L'argument financier est de ce fait une des premières causes à mettre en évidence, avec un budget avoisinant les 200 000 dollars, Supercroc pouvait difficilement faire de miracle. Allant de pair avec un nerf de la guerre réduit à sa plus simple expression, les effets spéciaux supervisés par le cinéaste lui-même via sa société Sharper effects [5] sont dès lors proche du niveau zéro, et l'utilisation effrénée de stock shots et autres plans serrés pour cacher la misère tend évidemment à compliquer encore un peu plus la tâche du metteur en scène (huit figurants apathiques pour représenter la population d'une ville, même avec la meilleur volonté du monde, c'est tout de même très peu).

Oh regardez capitaine, un stock shot d'hélicoptère!

Néanmoins, si l'argent est un élément important, le film souffre d'autres maux estampillés production nanar : remplissage, action molle où l'on passe la moitié du temps à écouter les militaires discuter des risques et des moyens pour annihiler la menace crocodile, le tout dans un bunker qui se résume à une pièce noire de 20 mètres carrés et d'un mystérieux couloir, lieu idéal pour les comploteurs de tout bord. De ce fait, ne pas s'attendre non plus à une interprétation de qualité, dans le meilleur des cas, la distribution est composée d'acteurs habitués aux productions Asylum. Dont acte.

Un couloir qui cache bien des messes basses...

Quant à l'histoire, le long-métrage nous gratifie d'un récit de science-fiction où les bases scientifiques fictives sont, elles aussi, mises à rude épreuve, plombées il est vrai par les indications contradictoires fournies par les différentes jaquettes. Que le Sarcosuchus vive dans des galeries souterraines près d'un lac depuis la préhistoire, profitant d'un séisme pour sortir de sa prison lacustre, passe encore (?!), mais les indications concernant sa taille laisse un peu plus à désirer (?!). Selon le distributeur US, notre spécimen fait dans les 50 pieds de long (15 m) tandis que la version française nous annonce une longueur de 100 mètres... pour une bestiole à l'écran qui avoisine les 30 m de long, faudrait accordez vos violons les distributeurs ! [6]

Supercroc où on apprend qu'un crocodile de "cent mètres" de long sert avant tout d'argumentaire nanar.

Verdict du nanarotron :


PS: Le film distribué par Zylo ne propose aucun bonus et une seule piste audio (français).





To be continued...

Supercroc | 2007 | 85 min
Réalisation : Scott Harper
Scénario : Steve Bevilacqua, David Michael Latt
Avec : Cynthia Rose Hall, Matthew Blashaw, Kim Little, David Novak, Kristen Quintrall, Marat Glazer
Musique : Eliza Swenson
Directeur de la photographie : Steven Parker
Montage : David Michael Latt
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[1] Si on en croit les propos velléitaires tenus par le CRSC (Conseil Représentatif des Sauriens au Cinéma).

[2] C'est une image à l'attention des pinailleurs, le film ayant été tourné en DV...

[3] "Tu sautes le repas, de toute façon, tout le monde s'en plaint toujours. Alors mettez le paquet sur le dessert. Ça reviendra moins cher et tout le monde sera content".

[4] A qui l'on doit par exemple le terrible Mega Shark VS Giant Octopus et prochainement une relecture du classique de Melville, Moby Dick avec Barry Bostwick et pour faire plaisir au CRSC, fin décembre, Mega Shark vs Crocosaurus...

[5] Scott Harper... S. Harper... Sharper effects... CQFD.

[6] Sans compter que les américains indiquent que le bétail fait 7,60 m de haut... pour 15 mètres de long, ça fait une drôle de bestiole pour un croco. Quant aux plus curieux, pas un mot sur le mode de reproduction du crocodile, et comme on ne voit pas la trace de monsieur dans les parages pour défendre sa progéniture, le Sarcosuchus utiliserait-il la parthénogenèse, nul ne le sait, le mystère s'épaissit...

Carnet intime d'une thaïlandaise - Jean-Marie Pallardy (1980)

Il est toujours difficile d'entamer la première chronique d'un réalisateur dont vous suivez pas à pas la filmographie depuis seulement quelques mois. Un cinéaste sinon réhabilité (n'exagérons pas), dont une partie de l'œuvre 70's s'est vu tout du moins rééditée (par Le Chat qui Fume) offrant au public nostalgique un nouveau visage à Jean-Marie Pallardy. Très longtemps cantonné comme l'un des réalisateurs du mètre-étalon nanar, grâce ou à cause du célèbre White Fire (1984), l'ancien mannequin se lança rapidement au début de la décennie 70's dans la réalisation de films érotiques, laissant libre court à ses envies paillardes, emboîtant le pas à la libéralisation sexuelle... ou comment mêler l'utile à l'agréable.

Paul (Jean-Marie Pallardy) est photographe de mode. Un travail riche et exaltant, mais ces derniers temps la qualité de son travail est proche de la déliquescence. L'homme est ailleurs, prendre en photo les plus belles femmes du monde, dans les rues de la plus belle ville du monde, ne suffit plus à son bonheur. "De la merde [...], tu te concentres pas sur ton boulot, reconnais le" ajoutera son patron (Bernard Musson) dans un élan de sincérité poignante quoiqu'un peu paternaliste. A sa décharge, Paul a découvert, il y a peu, que sa femme s'adonnait au plaisir de la partouze. Les repères de notre photographe über-class tendent dès lors à vaciller dangereusement, lui qui se livrait corps et âme à son beau métier, trouvant le réconfort et l'inspiration nécessaire dans les bras des jeunes top-models qui croisaient sa route... et son objectif.


Mask of the Ninja - Bradford May (2008)

Il est des guerres auquel nul ne voudrait assister, et il est des héros contemporains dont le potentiel reste constamment sous-exploité. Admirer un Casper Van Dien la mâchoire tendue, un katana à la main sur la jaquette de Mask of the Ninja [1] augurait du meilleur, qui plus est lorsque vous apprenez que votre champion est convié à participer (bien malgré lui, mais n'allons pas trop vite) à une guerre où il n'était pas invité. Las, en dépit d'un hommage déguisé aux exploits martiaux d'un Joe Armstrong et des films de ninja produits par la sacrosainte Cannon...

L'inspecteur Jack Barrett (Casper van Dien) est un franc-tireur si on en croit les dires de sa collègue et néanmoins amie Gina (Bellamy Young). Membre de la police de Los Angeles, ce guitariste émérite [2] se voit embarqué dans une bien étrange affaire après la découverte de plusieurs cadavres assassinés par des ninjas. A charge pour Barrett de protéger la jeune Miko (Kristy Wu), seule survivante de cette tragédie et seul témoin de ce carnage...

La Jetée - Chris Marker (1962)

La Jetée du français Chris Marker [1] aura marqué le cinéma mondial... à ceci près qu'il ne s'agit pas véritablement d'un film, et encore moins d'un long-métrage. Œuvre influente depuis un demi-siècle, son sujet et son traitement radical auront ainsi inspiré nombre de cinéastes. Mieux, on aurait tort, une fois n'est pas coutume, de ne pas ajouter à ce chef d'œuvre la mention culte, tant La Jetée fut, il n'y a pas encore si longtemps, une œuvre marquante, mais adressée à un public d'initiés [2].

« Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance. La scène qui le troubla par sa violence, et dont il ne devait comprendre que beaucoup plus tard la signification, eut lieu sur la grande Jetée d'Orly quelques années avant le début de la Troisième Guerre Mondiale ». Un dimanche en famille, un soleil fixe, un décor planté au bout de la Jetée et un visage, celui d'une femme, voici le dernier souvenir de l'homme. « Dernière image d'un temps de paix ayant traversé un temps de guerre ». Puis un bruit soudain, un corps qui bascule... « plus tard il comprit qu'il avait vu la mort d'un homme ».

Coltrane, A Love Supreme: Paolo Parisi (2010)

En préambule et à l'attention des amateurs de l'album Blue Train de John Coltrane, ne pas trop se fier à la couverture de cette bande dessinée éditée en France par Sarbacane en septembre 2010. Le visage de Trane, et en particulier son regard vide, pourrait être source d'interrogation et de doutes quant au contenu de cette BD initialement paru en Italie en mars 2009. Et pourtant...

L'auteur transalpin Paolo Parisi propose en quatre chapitres, ceux même qui composent le chef d'œuvre de 1964 A Love Supreme (Acknowledgement, Resolution, Pursuance et Psalm), de retracer de manière non linéaire la vie du saxophoniste américain, de ses débuts et sa rencontre avec un célèbre trompettiste, Dizzy Gillespie, jusqu'à sa mort à l'âge de 41 ans des suites d'un cancer du foie en 1967.

Inspiré en grande partie par le livre John Coltrane: His Life and Music de Lewis Porter paru en 1998, Parisi s'attache ainsi à montrer au cours d'une centaine de pages les différents traits qui caractérisent le mieux la riche personnalité de Trane et son Graal personnel, sa recherche perpétuelle du SOUND. Une biographie où les grands traits de sa vie sont évoqués, ses rapports privilégiés avec Eric Dolphy et l'émulation qui en découla, ceux avec Miles Davis et l'enregistrement du divin Kind of Blue, son passage chez Thelonious Monk et l'empreinte libératrice qu'elle initia chez lui, ou encore sa rencontre avec ses deux compagnons de route, sidemen de son fameux quartette, le pianiste McCoy Tyner et le batteur Elvin Jones.
 

Cronico Ristretto: Senior - Röyksopp (2010)

Après le foncièrement pop et printanier Junior (2009), le duo norvégien Röyksopp remet rapidement le couvert cette année avec son jumeau instrumental Senior, ou la face sombre du disque précédent ? N'allons pas trop vite...

Car autant Junior débordait de légèretés faisant la part belle au meilleur (?!) des musiques électroniques des vingt et trente dernières années, autant le dernier disque de la paire Berge & Brundtland, pourrait prétendre, à l'image de son titre, à être son versant sage,  croulant, voire soporifique ; enfin c'est ce pourrait prétendre l'adepte d'un "jeunisme" eighties.

A l'inverse, Junior pourrait se résumer par ses rythmes bondissants échevelés digne d'un Giorgio Moroder 2.0, son lot de chanteuses scandinaves ersatz d'Alison Goldfrapp [1], en somme un album de son (triste) temps synthétisant idéalement les errements de l'électropop putassier des 00's dont Senior se devait d'être dès lors le versant opposé. Match nul, balle au centre. Voici l'heure de faire les comptes.

The Bride Screamed Murder - Melvins (2010)

Et voici que déboule cette année The Bride Screamed Murder le nouvel album des inoxydables Melvins soit le groupe du non moins increvable King Buzzo accompagné, comme il se doit, par son marteleur de futs en chef, Dale Crover, et secondé pour la troisième fois depuis quatre ans par l'assise rythmique du trio Big Business (Jared Warren et Coady Willis).

Hormis quelques fans purs et durs, difficile d'admettre que les Melvins n'ont pas connu une parenthèse flottante après leur excellent Stag (1996), leur signature sur le label de Mike Patton n'ayant seulement en partie résorbé ce « passage à vide » avec l'apparition de leur trilogie expérimentale The Maggot/The Bootlicker/The Cry Baby sortie à l'orée du nouveau millénaire (1999-2000). Et si affirmer que, durant le début du nouveau millénaire, la bande à Buzzo avait perdu de sa superbe parait exagéré, les fulgurances ne manquant pas, force est de constater que la dispersion était de mise, à l'image des collaborations avec Jello Biafra ou Lustmord. Bref, les Melvins ressemblaient de moins en moins au groupe efficace de la première moitié des 90's pour devenir un groupe expérimental proche de l'inconstance. Or 2006 allait sonner le réveil du groupe après une longue pause de quatre ans.
 

Cronico Ristretto: Ni - Ni (2010)

Ce qui prend l'aspect d'un tiroir d'aspect minéral ayant occupé trop longtemps une cave humide où quelques moisissures auraient décidé d'y élire domicile n'est pas des plus ragoutants de prime abord, une fois ouvert le dit tiroir... Niiiiiiiiiiiiiiiiiiii

Fraichement signé chez Noir Prod, voici que débarque en provenance de Mâcon, la formation Ni issue de deux groupes appartenant à la scène locale bourguignonne, JMPZ et Diatrib(a). Si Ni garde l'ossature principale de feu Diatrib(a) (à savoir deux guitaristes et un batteur) s'adjoignant les services de l'ancien bassiste de JMPZ, cette nouvelle mouture n'en demeure pas moins légèrement différente, évitant le raccourci des New Diatrib(a) ou des Diatrib(a) 2.0.

Formé en 2009, voici qu'apparait le premier EP composé de quatre chansons au titre évocateur: Gros gibier, Ni truite Ni cerise, Poppy et Balafré par une dinde morte

Cronico Ristretto: Boris At Last - Feedbacker (2003)

A défaut d'être comme l'Iguane, de croire que le fait d'être exposé aux amplis et aux guitares électriques peut modifier l'alchimie d'un corps [1], la saturation ou autres riffs bruitistes ont depuis très longtemps provoqué un attrait particulier chez ma personne... pas tant guidé par un désir inavouable d'acouphénïte aiguë mais le sentiment paradoxal d'une certaine quiétude face à ces assauts saturés, une extase hautement sensorielle pouvant paradoxalement offrir un large panel de couleurs, riches à l'écoute de The Diamond Sea des Sonic Youth ou froides et déshumanisées chez Godflesh (Pure II). Une alternance de chaud et froid à l'image du Feedbacker des japonais Boris.

Si sur leur premier album (Absolutego), la formation en provenance de Tokyo menée par Atsuo (batterie/chant), Wata (guitare) et Takeshi (basse/guitare) se fondait clairement dans le moule d'un metal drone, trivialement une version kamikaze de Earth s'acoquinant avec les secousses telluriques d'un Sleep, le patronyme du groupe ne laissait que peu de place aux mystères, leur principale influence ou prochaine ligne de conduite se prénommait The Melvins.

Un colt pour trois salopards (Hannie Caulder) - Burt Kennedy (1971)

Pourquoi ne pas s'attarder un instant sur le dénommé Hannie Caulder, ou l'une des sources (méconnues) ayant inspiré les aventures vengeresses de la vénéneuse Beatrix Kiddo de Quentin Tarantino ?

Les frères Clemens, aussi crasseux que bas du front forment de piètres hors-la-loi, mais n'en restent pas moins de dangereux bandits malgré leurs maigres butins récoltés au gré de leurs attaques toutes plus claudicantes les unes que les autres. Ce trio, qui a la caractéristique de partager un cerveau pour les deux ainés, Emmett (Ernest Borgnine) et Frank (Jack Elam), les quelques synapses restantes étant l'usufruit du dénommé Rufus Clemens [1], fuit l'armée mexicaine après un énième échec à mains armées. Pourchassés par les soldats, les Clemens s'arrêtent à un relais pony express pour y voler des chevaux. Fraîchement accueilli par le propriétaire, Rufus (Strother Martin) tue ce dernier et est réquisitionné pour récupérer quelques victuailles lorsqu'en ouvrant la porte du relais postal Rufus découvre... le décolleté de Mme Caulder (Raquel Welch).

Cronico Ristretto: Halloween: 20th Anniversary - John Carpenter

John Carpenter, rares sont les réalisateurs aussi indissociables de leur musique. Une caste de cinéastes s'impliquant réellement dans l'élaboration de la musique d'autant plus limitée que ces derniers ne sont ni de géniaux créateurs de compilation tels Martin Scorsese ou Quentin Tarantino, ni l'une des composantes complémentaires du duo bicéphale incarné par le metteur en scène et son compositeur attitré (1). Carpenter, compositeur de la plupart de ses films dont celui qui fit sa renommée mondiale, Halloween, La nuit des masques (1978) ou les premières aventures du sinistre Michael Myers.

L'histoire est connue, enchainant nombre de séquelles et autres remakes (inutiles?), sans compter le fait d'avoir lancer la mode du slasher movie à la fin des 70's. Et pourtant pour reprendre l'adjectif utilisé en préambule, on peut dissocier difficilement la musique de Carpenter de ses films... et de ce film en particulier. Certes, le fameux thème d'Halloween fut repris pour illustrer tout (2) et n'importe quoi, mais le film aurait-il eu la même impact sans ce score efficace de Carpenter?

Le Noise - Neil Young (2010)

Doit-on avouer avoir suivi de (bien trop) loin les dernières sorties du Loner ? Trop occupé à écouter les premiers volumes de ses Archives, les (faux) arguments ne manquaient pas. Certes, les dernières sorties n'avaient rien de déshonorantes. Et l'admiration portée à l'intemporel compositeur de Hey Hey, My My, ne s'est d'ailleurs pas émoussée au fil des années. Sans aucun doute que productivité un peu trop "active" (1) du Loner a participé à ce progressif désintérêt, conforté à la lecture des critiques mitigées de son désormais avant dernier effort, Fork in the Road. Mais Rock and roll can never die... De quoi se laisser porter par l'émoi de certains admirateurs par la sortie de Le Noise ?

Pour débuter de manière triviale, contrairement au précédent disque qui avait poussé le concept du je-m'en-foutiste jusqu'à son paroxysme, la pochette du nouvel album eut un pouvoir d'attraction certain, Neil Young offrant l'un de ses plus beaux présentoirs depuis le crépusculaire Tonight's The Night (2). Quant au titre de l'album, ce dernier était suffisant intriguant pour taquiner le chroniqueur amateur de déflagration sonore, de même que le nom du producteur, Daniel Lanois, pouvait lui aussi susciter la curiosité des classic rockers restants (3). Encore que les esprits taquins s'interrogeaient sur le bien fondé d'une telle entreprise. Le compatriote producteur pouvait-il une fois encore apporter au vieux routard Young une nouvelle "fraicheur", comme ce fut le cas par le passé avec un autre illustre patriarche du folk-rock nord-américain, Bob Dylan (4) ?
  

Les Barbarians - Ruggero Deodato (1987)

Contrairement à d'autres genres artistiques, le cinéma Bis italien n'aura pas attendu le début d'une nouvelle décennie pour péricliter, la deuxième moitié des années 80 était déjà synonyme de baroud d'honneur pour un cinéma d'exploitation transalpin en manque de souffle, ayant de plus en plus de mal à suivre/copier son cousin étasunien. Les Barbarians de l'italien Ruggero Cannibal Holocaust Deodato symbolise dès lors la fin d'un âge d'or, produit par une paire de mécènes israélo-palestiniens (qui mettrons la clef sous la porte la décennie suivante) : la sacrosainte Cannon de Golan et Globus.

Des films affectionnant l'heroic-fantasy cher à Robert E. Howard, cette décennie dorée n'en manqua pas, mais des longs-métrages réussis, le cas se veut plus rare, réduit finalement à celui mis en scène par le scénariste d'Apocalypse Now, John Milius. Combien de Conan le barbare pour nombre de productions bancales ? Et si le grotesque des resucées au budget famélique (Ator au hasard) eurent le mérite de faire le délice d'une poignée de cinéphiles déviants, et de remplir une dernière fois les irréductibles cinémas de quartier, les produits estampillés De Laurentiis, avec leur tête de gondole autrichienne et un Richard Fleischer en mode pré-gériatrie, eurent plus de difficultés à se défaire d'une réputation potagère. Or, sans surprise, Les Barbarians de Ruggero Deodato ne déroge pas à la règle en s'inscrivant dans la première catégorie susmentionnée. Mais n'allons pas trop vite...

La fable du sandwich au thon et de l'épingle à nourrice

[Article précédemment paru sur (feu) Progressia] [1]. Parmi les nombreuses réjouissances que procure la vie d'un passionné de musique, celle de rencontrer un amateur d'une autre paroisse sonore que la votre ou d'assister spectateur à la rencontre improbable entre deux, trois (et plus si affinités) pèlerins aux goûts diamétralement opposés, reste rarement un instant constructif (mais ô combien rafraichissant) lorsque celles-ci riment avec incompréhensions mutuelles, se concluant au possible par quelques sentences bien senties ("crève donc charogne, avec tes goûts de chiotte... baltringue!").

Prenons un exemple. A ma gauche, Jacques, grand amateur de sandwiches au thon, de farfadets et de rock progressif, et à ma droite, Johnny, grand amateur de bières bon marché, d'épingles à nourrice et des Sex Pistols. Mettez les dans un endroit exigu [2], idéal pour nouer des relations amicales... et laissez reposer à bonne température. Attendez quelques heures que nos deux cobayes mijotent bien dans leurs idées reçues et servez.

Repo Men - Miguel Sapochnik (2010) / Cypher - Vincenzo Natali (2002)

Question : est-il paradoxalement obsolète de réaliser des films traitant de cyberpunk et d'anticipation aujourd'hui ?  A la vision des deux films qui nous intéresse, l'interrogation est loin d'être totalement superflues, ces derniers s'inscrivant dans la catégorie des longs-métrages manquant cruellement d'ambition scénaristique ou, pire, d'originalité, juste bon à compiler sans imagination les bonnes vieilles recettes du passé...
 
A ce titre, le premier long-métrage de Miguel Sapochnik, Repo Men (2010), fait figure d'exemple parfait en matière de recyclage piochant aussi bien du côté d'un K. Dick que d'un Terry Gilliam.

L'histoire inspirée par le roman Repossession Mambo d'un des scénaristes, Eric Garcia, retrace les aventures en 2025 de Remy (Jude Law) et Jake (Forest Whitaker), amis d'enfance travaillant pour la toute puissante compagnie Union. Cette société devenue une multinationale omnipotente par la mise au point d'organes bio-mécaniques détient ainsi un marché fort lucratif en proposant à des prix prohibitifs, à prix coûtant ou à crédit, ses services "humanistes". Or si au bout d'un trimestre le client ne règle pas sa dette contractée, les repo(ssession) men s'acquittent de leur mission en prélevant directement sur le désormais ancien client le bien appartenant à leur employeur. La mort de l'intéressé selon l'importance vitale de l'organe est par conséquent considéré comme secondaire et cet acte chirurgical primaire signé par le premier boucher venu adepte de belles mécaniques est bien évidemment légal.

Dracula 3000 - Darrell Roodt (2004)

Il est des jours où le cinéphile déviant lassé de rechercher le nouveau saint Graal qui fera exploser son nanaromètre se repait lamentablement d'un vulgaire et facile petit mauvais film sympathique, alléché il est vrai par un casting des plus navr... appétissants. Doit-on lui jeter la première pierre quand ce pauvre bougre découvre non sans une certaine malice, quoique cachant difficilement une appréhension légitime [1], la présence d'un rappeur has been, d'une ancienne playmate, d'un abonné aux featurings prestigieux (dans des productions qui sont, elles, toutes sauf prestigieuses), et de... Casper Van Dien.

Passé "l'agréable" surprise de l'affiche [2] où l'on dénote que l'œuvre du suisse Giger n'a pas fini d'être pompée jusqu'à la dernière goutte, Dracula 3000 s'inscrit très rapidement, et sans surprise, dans la catégorie des crossovers ultra cheap, ou comme nous laisse deviner de façon implicite l'accroche et la jaquette de cette série Z : un croisement (ô combien réussi...) entre Alien [3] et le roman de Bram Stocker, Dracula. Rien que ça.

Crime Scene - Terje Rypdal (2010)

On a beau se le répéter à chaque fois, on ne l'écrira jamais assez : ne jamais se fier aux idées reçues... quand bien même celles-ci vous confortent dans un certain confort, et, à plus forte raison, quand elles découlent implicitement ou non de l'œuvre d'un artiste.

Prenez le souffleur norvégien Jan Garbarek, les mauvaises langues vous diront que le saxophoniste a frôlé plus d'une fois la correctionnelle en cédant aux sirènes d'une musique bâtarde qui sous le prétexte fallacieux de proposer des atmosphères hypnotiques et sophistiquées, gave surtout l'auditeur d'un jazz New Age, dont la seule vertu est d'avoir réussi à (re)définir la notion de kitsch dans les musiques dites sérieuses. Réquisitoire à charge teinté, cependant, de quelques oublis volontaires. Si notre procureur pourra toujours se défendre de ses fielleuses accusations, synonymes de frustration vis à vis des jeunes années perdues, et du potentiel free jazz des premiers disques de Garbarek dissout au fil du temps par l'évolution ou son virage amorcé vers la fin des années 70, son avocat n'oubliera pas non plus de souligner l'importance qu'a pu avoir le souffleur, en digne héritier de Don Cherry, en créant de nombreux ponts entre le jazz et les musiques du monde.
  
Transition idéale (quoiqu'un peu abrupte) pour introduire un compatriote du saxophoniste, qui fut justement un compagnon de route de ce dernier à leur début [1], le guitariste norvégien Terje Rypdal, ou un autre artisan du son dit ECM. En étant moins vindicatif que le précédent procureur, on ajoutera simplement que la discographie du guitariste est le parfait reflet de ce qui caractérise les productions ECM : une guitare cristalline au profit d'une musique contemplative, ou la bande-son idéale pour l'auditeur souhaitant se perdre dans un désert minéral (son album solo Descendre ou encore celui enregistré en trio en 1978 avec Miroslav Vitous et Jack DeJohnette peuvent vous en convaincre)... en omettant des albums plus inégaux voire dispensables à partir des années 80 (Ambiguity sur The Chaser par exemple) où le scandinave à vouloir (trop) incorporer ses premiers émois musicaux rate le coche en y ajoutant quelques travers propres aux guitaristes de rock. Et pourtant le multi-instrumentiste scandinave [2], à l'image des disques enregistrés en compagnie de Garbarek, n'est pas homme à se contenter d'un seul style musical, et son dernier disque Crime Scene en est encore la preuve vivante.

Les cinq morceaux qui tournent en ce moment IV


Avon - Queens of the Stone Age [1998]

L'histoire est suffisamment connue pour ne pas être trop développée en ces lieux... 1996, création du groupe Gamma Ray par Josh Homme et sortie du single If Only. 1997, après un changement de patronyme, Kai Hansen appréciant modérément qu'un cuistre américain choisisse le même nom que sa grotesque formation, les Queens of the Stone Age et Kyuss publient un EP qui fera date dans le petit monde fermée du stoner, l'ancien et nouveau groupe de Josh Homme occupant chacun une face du split intitulé sobrement Kyuss/Queens of the Stone Age (1). L'année suivante, le premier album des QOTSA sort et le potentiel que laissait envisager le EP précédent donne la pleine mesure du talent de compositeur du grand rouquin.

Alice ou la dernière fugue - Claude Chabrol (1977)

Pour reprendre un adjectif déjà usité naguère [1], réitérons nos choix lexicaux et affirmons sans la moindre animosité qu'on aura du mal à nous faire avaler que la filmographie de Claude Chabrol n'a pas connu certains ratés et autres ventres mous durant la décennie 70, de l'aveu même du cinéaste au passage, laissant conjecturer au préposé la présence de plusieurs films par conséquent anecdotiques [2]. Si Alice ou la dernière fugue n'est pas à proprement un long-métrage appartenant à la catégorie susnommée, l'oubli qu'il suscite de nos jours, ajouté au culte émoussé autour de la belle batave (et non pas suédoise s'il vous plait) Sylvia Kristel avant sa triste disparition, aurait tendance à l'y ranger. Erreur s'il en est puisque ce film de 1977 est un des rares essais concluant du cinéma français dans le genre fantastique [3].

How I Got Over - The Roots (2010)

How I Got Over ou la nouvelle offrande des années paires [1] de la formation en provenance de Philadelphie, The Roots. Après un Rising Down légèrement en demie-teinte, Black Thought et ?uestlove remettent le couvert. Rising Down avait laissé un sentiment mitigé, un album en quelque sorte "mineur", son prédécesseur Game Theory lui faisant bien trop d'ombre, en dépit de ses atmosphères paranoïaques et denses avec cette constante, cette capacité à écrire des chansons mélancoliques ne laissant jamais la place au pathos à l'instar d'un Radiohead [2]. Criminal issu de ce désormais avant-dernier disque pourrait dès lors servir de lien ou de transition idéale, How I Got Over ou un savant équilibre entre l'engagement et la tristesse.

Comme à leur habitude, les deux têtes pensantes ont fait appel à nombre de featuring, des habitués de plus ou moins longue date (Dice Raw, Peedi Peedi, Porn), quelques nouveaux venus pouvant laisser craindre un affadissement voire un ratage du fait de leur provenance musicale (Monsters of Folk, Joanna Newson) et d'autres (supposés) plus proches de leurs aspirations (Blu, John Legend, Phonte Coleman). Dans le deuxième cas de figure, voir effectivement se côtoyer deux groupes ou artistes catalogués Indie Folk attisait autant la curiosité que le doute... s'il ne s'agissait pas des Roots. Et on dénote même, sinon une prise de risque tout du moins, une ambition réelle de la part du combo de Philly. Quand bien même l'Indie Folk aurait le vent en poupe ces derniers temps, la facilité aurait été de faire appel à des personnalités plus à même de toucher un large public, les passerelles entre la pop et le hip-hop ayant déjà fait ses preuves depuis de nombreuses années [3].
 

TunnelVision Brilliance - Scott Reeder (2006)

L'homme de prime abord est des plus sympathiques, et le fait d'être l'ancien bassiste de Kyuss ne joue, bien au contraire, pas en sa défaveur. Or contrairement à ces anciens camarades de jeu (le guitariste Josh Homme au sein des désormais célèbres Queens of the Stone Age, le chanteur John Garcia voire même le batteur Brant Bjork), Scott Reeder aura confirmé indirectement l'adage populaire qui veut que le bassiste de rock est par définition un homme effacé. Dès lors, avant de publier un album solo ou de créer son propre groupe après l'arrêt de la formation culte de Palm Desert, l'ancien remplaçant de Nick Oliveri allait-il multiplier les diverses apparitions louant ses services et son groove stoner ? La demande étant des plus faibles [1], Reeder se fit plutôt la main en produisant quelques albums appartenant ou non à cette sainte chapelle [2], en attendant la suite.

Après avoir composé dans son coin durant presque deux décennies son propre répertoire, Reeder sortit finalement en 2006 son premier et unique album solo intitulé TunnelVision Brilliance. A juste titre, au vu de la carte de visite du bassiste, l'amateur de rock pouvait s'attendre à un énième disque de stoner, classique, certes, mais sans surprise, Reeder invitant ici ou là quelques connaissances et amis comme souvent en pareil cas. C'était bien vite omettre la nature effacée (?) de notre homme, Reeder enregistrant l'archétype même de l'album solo, ce dernier s'occupant aussi bien seul, de la production, de la composition et de l'interprétation.

Abbey Lincoln (1930-2010)

Triste nouvelle, une de plus pourrait-on ajouter pour les amateurs de jazz, si ces derniers n'étaient pas habitués à cette fatalité, l'une des dernières grandes voix, sinon la dernière grande voix noire du 20ème siècle vient de s'éteindre à 80 printemps passée, le 14 août dernier. Abbey Lincoln n'est plus.

Connue pour son engagement pour les droits civiques dans les années 60 aux côtés de son mari et mentor, le batteur de jazz Max Roach, participant aux premières manifestations contre la ségrégation, Abbey enregistra aussi plusieurs disques engagés tel son album solo Straight Ahead (1961) ou sur l'historique We Insist! Max Roach's Freedom Now Suite de Roach sorti l'année précédente. Blacklistée très rapidement par les labels américains désirant la cantonner dans un rôle de belle chanteuse aseptisée du fait de sa plastique avantageuse, il a fallu attendre la deuxième moitié des années 80 pour revoir celle qui fut, à juste titre, considérée comme la digne héritière de Billie "Lady Day" Holiday [1].
  
En guise d'humble hommage et en dépit des propos de la dame, celle-ci considérant son disque de 1961 comme son premier véritable disque, je reprendrai une ancienne chronique consacrée à son album précédent, Abbey is Blue, celui qui m'a fait découvrir cette grande dame.

Splice - Vincenzo Natali (2010)

En préambule, même si l'envie démange le préposé à la chronique, on se gardera bien d'avoir (au début) un esprit un peu trop acerbe envers le réalisateur canadien Vincenzo Natali, encore que depuis son culte Cube, les espoirs portés en lui se seraient dissipés au cours du temps si on en croit ses deux précédents et anecdotiques longs métrages (dont l'ampoulé Cypher). Splice ou une histoire de génétique qui n'est pas sans rappeler certains thèmes déjà évoqués maintes fois par un autre compatriote autrement plus talentueux, mais n'allons pas trop vite...

Clive Nicoli (Adrien Brody) et Elsa Kast (Sarah Polley), deux chercheurs en génétique ont réussi l'improbable, créer un être organique artificiel en combinant l'ADN de différentes espèces. Cet hybride d'aspect larvaire, loin de l'image attendue d'une chimère, leur permet d'obtenir de nouvelles molécules, l'industrie pharmaceutique subventionnant leurs recherches d'apprenti-sorcier étant plus intéressée par la manne financière induite par ces protéines nouvellement créées que par la perspective, ô combien réjouissante, de créer des vers de dix kilos prénommés pour l'occasion Ginger et Fred  [1].
  

Le portrait de Doriana Gray (Die Marquise von Sade) - Jess Franco (1975)

C'est en 1975 que le duo Jesús Franco/Lina Romay, soit le génial cinéaste déviant ibérique et sa muse, nous convient à suivre les aventures de Doriana Gray, qui comme son nom l'indique est une très libre adaptation du roman d'Oscar Wilde.

Jesús Franco, très productif à l'image de son compère transalpin Joe D'Amato qui durant cette année de pré-canicule hexagonale, et entre le tournage d'un film de prison pour femmes, un jovial Swedish Nympho Slaves et un vrai-faux Orloff (Jack l'éventreur avec Klaus Kinski), propose à ses amateurs éclairés une relecture de son précédent La comtesse noire (Les Avaleuses, etc.) sorti deux années plus tôt. Un long métrage faisant date dans le petit monde du bis, et sans conteste le premier grand rôle de Lina Romay en vampire femelle se nourrissant, non pas du sang, mais de la jouissance de ses victimes en aspirant leur énergie vitale. 
 
Doriana Gray ou les affres d'une demoiselle vampire nymphomane qui comme son lointain cousin britannique ne connait pas l'ouvrage du temps au profit d'une jeunesse éternelle. Relecture jusqu'au boutiste de La comtesse noire, Jesús Franco laisse de côté l'aspect horrifique et sanguinolent du film vampirique traditionnel [1] pour recentrer une histoire faisant la part belle au mystérieux et aux atmosphères évanescentes et oniriques.

Cronico Ristretto: L'au-delà - Lucio Fulci (1981)

L'au-delà (The Beyond, L'aldilà), long métrage du réalisateur transalpin Lucio Fulci, est connu des initiés comme le dernier chapitre de sa trilogie infernale débutée précédemment par Frayeurs une année plus tôt puis par La maison près du cimetière sorti la même année que le film qui nous intéresse, soit en 1981. Un film s'inscrivant dans l'âge d'or du cinéma d'exploitation italien d'épouvante (un de plus) dans le sillage des grands maîtres étasuniens tel un Romero (1), à la différence près que nos amis transalpins eurent toujours le bon goût d'apporter une touche spéciale à leur production horrifique (cheapos) à défaut d'avoir les budgets de leurs pairs américains, à savoir une propension à verser plus facilement dans la provocation, l'extrême, le grotesque ou le surréalisme comme cet Au-Delà de Fulci.

1927, dans un hôtel particulier en Louisiane. Le peintre Schweick (2) finalise son dernier tableau quand ce dernier est interrompu dans son travail par quelques autochtones virulents l'accusant de sorcellerie.

Live report : David Murray - Tempo Rives 2010

En attendant un retour prochain, je republie quelques photos déjà postées en partie sur le blog de mon Apolline du concert donné par David Murray et ses Gwo Ka Masters le jeudi 23 juillet dernier à l'occasion de la manifestation musicale Tempo Rives sur les bords de la Maine en face du château (du bon roi René).

Un concert gratuit débuté par la première partie Sweet Gum Tree, formation angevine menée par le dénommé Arno Sojo, ou un pop rock efficace dont le point fort fut le son de sa Gretsch (?) et ses quelques trop rares distorsions soniques.

Le choc des Titans - Louis Leterrier (2010)

Au-delà du fait que l'habitué des lieux devrait aisément deviner la teneur du texte proposé, le préposé à la critique ne risquant pas de récidiver après la jurisprudence Solomon Kane [1], on ne s'étonnera pas, de... de quoi au juste, que Le choc des titans soit une baudruche emphatique faisant la part belle aux scènes de bravoure ampoulées ? Développons...

Le défaut trop souvent évoqué, maintes fois entendu, et avouons-le facile, serait que le film de Louis Leterrier s'affranchisse trop de la mythologie grecque. Nos trois scénaristes en chef : Phil Hay, Matt Manfredi et Travis Beachnam n'ont-ils pas hésité au contraire une seule seconde à... dépoussiérer ces antiques histoires de coucheries, de trahisons et de combats homériques pour en tirer un film d'action haletant et sans temps mort ? De même, ce serait oublier un peu vite le premier Choc des titans réalisé par le vétéran Desmond Davis datant de 1981 et écrit par Beverley Cross (Jason et les Argonautes). Le mythe de Persée avait lui aussi subi quelques tranches sévères de la part du scénariste de l'époque [2], par soucis de simplicité sans aucun doute, la mythologie grecque n'étant pas non plus réputée pour sa cohérence. Cela étant, notre nouveau trio eut les coudées encore plus franches, n'hésitant pas à y inclure d'autres personnages mythologiques autres que grecques, quelques raccourcis scénaristiques en guise de clichés populo-hollywoodiens et une nouvelle histoire non plus basée sur le mythe originel de Persée, mais plutôt une réécriture (portnawak) du scénario de Cross.

Solomon Kane - Michael J. Basset (2009)

Il est bon (quelquefois) de ne jamais se fier aux idées reçues, quand bien même ce retournement de situation aurait tendance à vous faire jouer contre nature. Des mois de persistance rétinienne nanar à vous titiller le nerf optique après la vision de l'affiche française [1], voici où en était le préposé à la chronique. Ajoutez à cela une accroche au potentiel nanaro-naveton des plus alléchantes ("combattre le mal par le mal"), le dénommé Solomon Kane du britannique Michael J. Bassett avait de quoi (r)éveiller nos plus bas instincts en sommeil depuis bien trop longtemps. Las, après une introduction « prometteuse », et malgré quelques défauts, le cinéphile déviant est forcé, à son plus grand dam, de poser un genou à terre, et d'admettre sa défaite : ce long métrage lorgne du côté de l'honnête série B.

Solomon Kane, personnage créé à l'origine dans les années 20 par l'un des pères de la fantasy Robert E. Howard (écrivain prolifique à l'existence brève [2], et plus connu par les non initiés comme l'auteur de Conan le Barbare), se voudrait l'incarnation d'un puritanisme guerrier. Or mauvais timing pour le long métrage et ses producteurs, celui-ci tourné en pleine Obamania [3], ne pouvait décemment (?) pas profiter des scories de l'administration Bush et de sa politique post-11 Septembre.

Eve - Ufomammut (2010)

Lors d'une chronique précédente, j'avais émis l'hypothèse qu'il ne fallait jamais se fier aux cris d'orfraie du rock-critic. Celui-ci en plus d'avoir un goût immodéré pour les boissons alcoolisées à base de malt (et les lunettes noires), a cependant d'autres points communs avec le joueur de poker qui cacherait dans l'une de ses manches un jeu de cartes supplémentaire, déjouant ainsi au besoin une déveine momentanée ou un art du bluff aux confins de la médiocrité. Car le rock-critic est toujours prompt à changer d'attitude au gré du vent et des marées, passé maître dans l'art du contre-argument péremptoire, lui valant ainsi le respect d'une plèbe rock à la mémoire courte... au détriment d'une certaine sagacité qui lui fera toujours défaut. Sortir comme carte maîtresse un poncif éculé n'est jamais handicapant pour lui, tout bon bluffeur sait qu'il s'agit avant tout de savoir manier la conviction, et lorsque cette dernière peut-être accompagnée de morgue et d'une certaine attitude (1), le rock-critic parviendra nul doute à son but: créer la confusion pour les plus audacieux ou suivre le mouvement pour les plus opportunistes. Dès lors, faut-il s'étonner de lire chez certains, le supposé manque d'innovation et d'inspiration chez les italiens d'Ufommamut, adeptes d'un doom psychédélique des plus intemporels?

Defendor - Peter Stebbings (2009): Arthur Poppington VS. Captain Industry

A priori, tout du moins pour ceux de la génération du préposé, le premier rôle de Woody Harrelson, ayant marqué les esprits, est celui de Mickey Knox dans Natural Born Killers, le pamphlet provocateur d'Oliver Stone envers les médias et la violence véhiculée par ces derniers. L'autre film provocateur, enfin chez certaines ligues de "vertu" [1], qui permit d'assoir encore un peu plus la popularité du texan, fut le biopic autour du pornocrate Larry Flynt, mise en scène par un spécialiste du genre, Milos Forman [2].

Pourtant, si on doit garder une image du talent d'Harrelson dans un long métrage des 90's, ce n'est en aucun cas un des deux films cités précédemment, mais au contraire un film où celui-ci n'y joue qu'un rôle extrêmement secondaire, Des hommes d'influence. Une comédie de Barry Levinson satirico-visionnaire sortie juste un mois avant le crapoteux Monicagate, qui secoua la présidence de Bill Clinton. Film où l'acteur interprète le sergent William Schumann, un soldat quelque peu déphasé mentalement, et ex-futur otage martyr du conflit imaginaire étatsunio-albanais, créé de toutes pièces par des conseillers du président américain empêtré dans un scandale sexuel. En cinq malheureuses petites minutes, l'acteur en montrait finalement plus que durant cent vingt minutes de métrage, voici l'image que le préposé gardait de mister Harrelson. Alors en apprenant que pour son dernier film, l'acteur allait interpréter de nouveau un benêt se prenant désormais pour un superhéros, la curiosité du préposé fut aussitôt éveillée.