Yor, le chasseur du futur - Anthony M. Dawson (1983)

Mis en scène par Antonio Margheriti, dissimulé sous son immuable pseudonyme Anthony M. Dawson, Yor, le chasseur du futur s'inscrit, de prime abord, dans le sillage des nombreuses productions bis italiennes, dont le premier but était de suivre les modes du moment. A un détail près. Adaptation d'une bande dessinée argentine, Henga, el cazador, éditée au mitan des années 70 et signée par la paire Juan Zanotto / Ray Collins, l'œuvre originelle dépassait, déjà, la simple retranscription d'une préhistoire fantaisiste, pour plonger son personnage principal dans un univers science-fictionnel. Pas étonnant, dès lors, en dépit du fait que sa sortie ne soit pas étrangère au succès de La guerre du feu ou de Conan le Barbare, que le film soit dirigé par l'italien Antonio Margheriti, cinéaste ayant démontré maintes fois par le passé son goût pour l'hybridation des genres (au hasard La brute, le colt et le karaté). Hélas, pour le réalisateur, et sans déflorer trop vite le contenu de ce film devenu rapidement culte pour de mauvaises raisons, si Yor, le chasseur du futur fut, d'après le propre fils de Margheriti, un succès inattendu Outre-Atlantique, celui-ci se fit surtout à son détriment, à l'image des trois nominations reçues lors de la quatrième cérémonie des Razzie Awards [1].

Grand, blond et musclé, Yor (Reb Brown) vit dans un monde préhistorique. Arborant un mystérieux médaillon doré, cet étranger sauve des griffes d'un vorace dinosaure herbivore la belle et jeune Ka-Laa (Corinne Cléry) et son protecteur Pag (Luciano Pigozzi). Accueilli et célébré comme un héros par leur village, la fête tourne court après l'apparition d'hommes des cavernes qui massacrent les habitants. Capturée lors de sa fuite, Ka-Laa est conduite vers le chef de la tribu, mais Yor réussit à s'introduire dans la grotte et la libère. Ka-Laa et Pag décident alors d'accompagner Yor et de le suivre à la recherche de ses origines...

Scalps - Werner Knox (Bruno Mattei & Claudio Fragasso) (1987)

Homonyme d'un des premiers films de Fred Olen Ray réalisé quatre ans plus tôt, ce Scalps signé par un mystérieux Werner Knox est, comme le signale magistralement l'affiche ci-contre, un western aux arguments solides, sinon prometteurs. Sans plus attendre, dévoilons l'identité secrète du, ou plutôt, des metteurs en scène qui se cachent derrière ce pseudonyme aux accents germano-anglophones, un duo qui marqua de son empreinte la décennie 80 par leur foi inébranlable dans le cinéma et le portnawak, en signant [1] des œuvres aussi subversives que Virus Cannibale ou Les rats de Manhattan : Bruno Mattei / Claudio Fragasso. Davantage réputés pour leur opportunisme et la qualité controversée de leurs productions, nos deux compères, responsables d'un précédent western nommé Bianco Apache sorti également en 1987, déjouent les pronostics cette année-ci avec un diptyque inattendu. Mieux, à une époque où le western spaghetti est mort et enterré depuis bien longtemps, Scalps devance de quelques mois, sans évidemment l'éclipser, le retour du personnage culte interprété par Franco Nero dans la séquelle Django 2: il grande ritorno, en proposant une héroïne vengeresse sachant manier l'arc et les flèches explosives. Tout un programme.

Tandis que la fin de la Guerre de Sécession signe la défaite des états confédérés, l'irréductible colonel texan Connor (Alberto Farnese) et sa poignée de soldats perdus résistent encore et toujours à l'envahisseur yankee. Dirigeant d'une main de fer son camp et les contrées aux alentours, le colonel brûle d'avoir une nouvelle maîtresse à ses côtés en la personne de Yari (Mapi Galán), fille aînée du chef indien Aigle noir (Charly Bravo). Pour se faire, ils demandent à ses hommes d'aller récupérer, de gré ou de force, l'objet de son désir en échange de quelques bouteilles de whisky, fusils et autres munitions. Las, devant le refus et l'obstination des autochtones, les soldats obéissent aux ordres reçus, et massacrent la tribu Comanche afin de leur rappeler, une toute dernière fois, qui est le maître des lieux. Désormais prisonnière, Yari est sur le point d'être conduite à son futur amant psychotique, quand celle-ci réussit à s'échapper et trouve refuge dans le ranch de Matt (Vassili Karis), un ancien soldat confédéré qui voue une haine envers les indiens depuis la mort de son épouse...

Ultime combat (Deadly Prey) - David A. Prior (1987)

Disparu le 16 août durant la post-production de son dernier long métrage Assassin's Fury, le réalisateur étasunien David A. Prior aura laissé une trace indélébile dans le cinéma bis. Davantage connu outre-Atlantique, l'homme fut pourtant l'un des artisans du genre, ou plutôt des genres. A partir de la moitié des années 80 et pendant une décennie, ce passionné, sous la multi casquette de scénariste réalisateur (voire producteur), fut l'auteur de plus d'une vingtaine de bisseries, où se croisèrent tueur psychopathe, zombies vengeurs, et nombre de films de guerre fauchés qui occupent la majeure partie de cette filmographie au service d'une série B louchant vers le Z. Si Prior dirigea au cours de sa vie plusieurs figures récurrentes et abonnés aux productions déviantes : Michael Ironside, Joe Spinell, William Smith, David Carradine, Charles Napier, Richard Lynch, Robert Z'Dar, Jan-Michael Vincent, Traci Lords et même Pamela Anderson, le réalisateur reste toutefois indissociable de son cadet, Ted, qui aidera jusqu'à cette triste fin son frère, à la fois devant et derrière la caméra. 

Longtemps inédit en DVD (le Blu-Ray sort aux USA le 13 octobre prochain), Ultime combat est sans conteste le film le plus marquant de la fratrie Prior, ce dernier ayant même droit, vingt-cinq ans plus tard, à une séquelle toujours signée par Prior, nommée Deadliest Prey, avec de nouveau la paire Ted Prior et David Campbell dans leur rôle respectif (l'année 2013 sonnant son grand retour après une timide réapparition dans les années 2000). A l'instar de Strike Commando mis en scène par l’inénarrable Bruno Mattei, et sorti la même année avec le sémillant Reb Brown, Ultime combat puise son inspiration du côté de la franchise Rambo, tout en y apportant une once d'originalité (osons le l'écrire), le scénario lorgnant également vers le classique des années 30, La chasse du comte Zaroff (1), ou quand un Rambo blond devient la proie de méchants mercenaires commandés par un colonel tout aussi sinistre. Mais n'allons pas trop vite.