Funky front covers VI - Part One

A l'heure où notre lectorat sera gavé de dinde aux marrons et de cadeaux débordant par milliers, ouvrons comme il se doit cette sixième saison (et uiii) des Funky front covers ©. Une saison débordante à plus d'un titre, l'agent comptable trop heureux d'avoir évité l'apocalypse, nous a permis en ces temps d'austérité de doubler notre budget et de scinder ces traditionnels FFC en deux parties (ouah !). Le rendez-vous est donc déjà pris pour la nouvelle année !

La saison précédente s'était volontairement éloignée du funk et disco originel pour mieux proposer d'autres horizons plus exotiques. 2012 année « normale » oblige, un retour aux fondamentaux semblait primordial et de bon aloi. Voici donc le premier volet du meilleur des années 70 et 80 en matière de musique funky !

Ayant toujours été à l'écoute de notre lectorat féminin, il était de bon ton de débuter cette session par des éphèbes au corps avenant et à la musculature saillante. 

            

Cronico Ristretto : White Material - Claire Denis (2009)

Back to Africa. Deux décennies après avoir quitté le continent de sa jeunesse, et en laissant de côté son aparté djiboutien intitulé Beau Travail (1), Claire Denis revient en Afrique pour y narrer cette fois-ci les séquelles du colonialisme, avec en toile de fond la guerre civile. Présenté en compétition officielle lors de la Mostra vénitienne en 2009, White Material écrit par le duo Claire Denis et Marie N'Diaye, s'éloigne dès lors des souvenirs de jeunesse camerounaise de la réalisatrice (son premier long métrage Chocolat), pour se rapprocher des récents évènements qui ont troublé la Côte d'Ivoire dans les années 2000 (2).

Quelque part en Afrique noire francophone, Maria Vial (Isabelle Huppert) vit avec son ex-mari André (Christophe Lambert), son ex-beau-père Henri (Michel Subor), propriétaire de la plantation de café Vial et son fils Manuel (Nicolas Duvauchelle). Depuis peu, le pays connait de graves troubles, l'armée régulière étant en proie aux attaques de rebelles menés par un des chefs prénommé « le boxeur » (Isaach de Bankolé). Malgré les avertissements de l'armée française, l'informant qu'ils ne pourront plus assurer sa sécurité et celle de sa famille, puis le départ des ouvriers agricoles craignant pour leur vie, Maria est déterminée à rester et à poursuivre la récolte de son café. Décidée coûte que coûte à terminer la dite récolte, elle part à la recherche d'une nouvelle main d’œuvre, en dépit des menaces et des risques encourus, cette dernière hébergeant chez elle « le boxeur » grièvement blessé. Or André a déjà négocié avec Chérif, le maire de la ville (William Nadylam), leur fuite du pays en contre-partie de la vente de la plantation. Mais n'est-il déjà pas trop tard ?

Lola - Jacques Demy (1961)

En préambule, la présence de Jacques Demy a de quoi surprendre l'habitué.e des lieux... étonnement également partagé par le locataire préposé ici présent ! Chantre du film « en-chanté », Demy n'est pas à proprement parlé un bon client pour l'amateur de déviance, à l'exception peut-être de son adaptation filmée du manga de Riyoko Ikeda, Lady Oscar (1978), ou, bien évidemment, de son adaptation du mythe d'Orphée, Parking (1985), avec Francis Huster. Après plusieurs courts métrages dans la deuxième moitié des 50's, Demy réalise en 1960 son premier long intitulé Lola (sorti en DVD et Blu-ray le 21 novembre dernier par Arte éditions). Ecrit à l'origine comme une comédie musicale filmée en cinémascope et en couleurs, puis finalement tournée en noir et blanc faute de moyens en gommant en prime la dimension musicale, Lola avait tout du film tronqué et bancal. Dès lors les pamphlétaires à la petite semaine trouveraient sans doute légitime de crier à l'injustice. Mais il n'en est rien. Si la vision première de l'auteur a dû être remaniée et réécrite en conséquence, Lola n'a rien du long métrage raté, « sacrifié sur l'autel du dieu argent » éructera l'indigné gâteux de passage. Au contraire, ce premier film s'inscrit pleinement dans la filmographie de Demy, en proposant une variation inédite du film musical qui n'en est pas un, et en attendant Les parapluies de Cherbourg.

Tentacules (Tentacoli) - Ovidio G. Assonitis (1977)

Le cas du réalisateur et producteur Ovidio Assonitis avait déjà été traité par le passé. Co-géniteur du hautement nanar Piranha II en 1981 [1], l'italien n'en restait pas moins au début de la décennie déjà responsable de plusieurs autres films tout aussi navrants, dont le point commun était l'opportunisme assumé de son créateur. Exploitant sans vergogne les récents succès hollywoodiens, Assonitis se fit connaitre mondialement en 1974 par sa première réalisation Beyond the Door (Le démon aux tripes) où ce dernier pompait allègrement le célèbre Exorciste de William Friedkin [2]. Trois années plus tard, l'odeur de soufre satanique cédant sa place à une horreur plus iodée cette fois-ci, le producteur né à Alexandrie revient sur le devant de la scène avec un casting géronto-étasunien, et une menace marinière prenant la forme non pas d'un Carcharodon carcharias mais d'une pieuvre géante dans (le mal nommé) Tentacules [3]...

La disparition d'un bébé, puis celle d'un vieux loup de mer nettoyant le pont de son trimaran laissent perplexe le sheriff Robards (Claude Akins) et le reporter Ned Turner (John Huston). La dernière victime, rongée jusqu'à la moelle et réduite à l'état de squelette, n'apporte aucun indice pouvant expliquer ce carnage ; nul animal connu ne pouvant réduire l'être humain à un tel état. Mais Turner trouve rapidement le coupable en la personne de monsieur Whitehead (Henry Fonda), président de la Trojan. Cette société, en charge de la construction d'un tunnel sous-marin voisin des lieux des drames, semble en effet rester bien mystérieuse et sa responsabilité apparaît de plus en plus évidente à mesure des récentes découvertes macabres. Or ces terribles évènements coïncident avec la régate à laquelle participe de nombreux enfants, dont Tommy, fils de Tillie Turner (Shelley Winters), et neveu de Ned...