Mes funérailles à Berlin (Funeral in Berlin) - Guy Hamilton (1966)

Personnage créé à l'origine sans nom par Len Deighton, puis prénommé pour le cinéma Harry Palmer, celui-ci fut présenté il y a cinq décennies comme la version antagoniste du héros de Ian Fleming. Moins fantaisiste que Fleming, et plus proche d'un Le Carré, Deighton a dépeint à travers ses quatre romans publiés dans les années 1960 (dont trois furent adaptés pour le grand écran durant la même décennie) un espion aux antipodes de son célèbre homologue. Pourtant Palmer n'en demeure pas moins, par divers aspects, liés au matricule 007. A l'époque où l'espionnage à caractère sexotique était dans l'air du temps, l'apparition sur papier de cet anti-héros, la même année que les exploits de James Bond contre Dr No dans les salles, passe difficilement pour être une simple coïncidence. Une vision plus réaliste du métier qui paradoxalement intéressera également le producteur de la franchise à double zéro, Harry Saltzman. Trois ans après la publication de The Ipcress FileMichael Caine incarne le rôle d'Harry Palmer sur grand écran. Le réalisateur Sidney J. Furie en signe l'adaptation, accompagné du monteur de la franchise et du compositeur John Barry. L'année suivante, Saltzman enchaîne avec Funeral in Berlin avec aux commandes, rien de moins, que le metteur en scène de Goldfinger, Guy Hamilton [1] !

La femme des sables (Suna no onna) - Hiroshi Teshigahara (1964)

Les années 1960 ou la décennie de la Nouvelle Vague ? Des Nouvelles Vagues plutôt. A l'instar de son homologue français, le cinéma japonais connut en parallèle un courant novateur à la fin des années 1950, porté en grande partie par le studio Shōchiku et le réalisateur Nagisa Oshima. Nommée en référence au courant de Jean-Luc Godard et consorts, cette nūberu bāgu permit de même l'émergence de nouveaux réalisateurs, et de thèmes rarement évoqués par le cinéma traditionnel japonais : marginalité, sexe, critique sociale, racisme. Si Nagisa Oshima et Shōhei Imamura sont les deux cinéastes ayant le plus marqué ce renouveau artistique au cours des décennies suivantes, le réalisateur Hiroshi Teshigahara, peu connu du grand public de nos jours, aura néanmoins été l'un de ceux qui a le plus apporté au courant, et un des artisans principaux pour la reconnaissance mondiale de cette autre Nouvelle Vague au cours des années 1960.

La femme des sables (Suna no onna) d'Hiroshi Teshigahara n'est pas un film anodin. Primé à Cannes lors de sa sortie en recevant le Prix du jury, ce film japonais eut la primeur d'être, sinon récompensé, du moins nommé par ses pairs étasuniens en 1964 et 1965 pour le prix du meilleur film étranger et du meilleur réalisateur [1] aux Oscars. Si la postérité n'a pas retenu Hiroshi Teshigahara pour ces deux catégories, le premier revenant au transalpin Vittorio De Sica pour Hier, aujourd'hui et demain et le second à Robert Wise pour La mélodie du bonheur, la présence d'un film d'avant-garde provenant de l'archipel nippon dans ce temple de l'entertainment américain tend cependant à affirmer le caractère exceptionnel de ce long-métrage. 

Live report : Jello Biafra au Glazart Paris 13 août 2013

Assister à un concert de Jello Biafra pouvait-il sérieusement s'apparenter à une sinécure aujourd'hui en 2013 ? Il aurait fallu être très mal informé pour croire que l'ancien chanteur des Dead Kennedys s'était calmé. Après quelques années de flottements, plus divers featurings semés au cours des deux dernières décennies, Jello su retrouver son mordant musical dans un premier temps en 2004 au près de Buzz Osborne et des Melvins. De quoi lui redonner envie de former depuis les DK un véritable groupe, the Guantanamo School of Medicine, et d'enregistrer dans la foulée un premier album en 2009 : The Audacity of Hype.

Après un Enhanced Methods of Questioning datant de 2011, Jello revenait donc sur Paris défendre le dernier né sorti en mars White People & the Damage Done. A l'époque des festivals et des vacances d'été, on aurait pu croire, un peu trop vite, que l'affluence un soir de 13 août aurait été des plus mesurées. Au contraire. Le Glazart allait autant vibrer aux décharges électriques du GSoM que du public turbulent venu en masse.  

Fedora - Billy Wilder (1978)

« Le sujet de ce film, ce n'est pas la mort, c'est le désir de finir sa vie en beauté : toute légende est faite pour se perpétuer » confiait le réalisateur Billy Wilder à propos de son avant-dernier long métrage Fedora. Entre deux comédies avec son compère Jack Lemon, et le retour du duo formé avec Walter Matthau [1], l'auteur de Sunset Boulevard revenait, vingt-huit ans après, aux sources du mythe hollywoodien, et concluait, entre nostalgie et irrévérence, sa déconstruction d'un cinéma désormais révolu. Prochainement dans les salles le 21 août, Carlotta nous propose en copie restaurée ce film méconnu du grand public et longtemps resté invisible au cinéma.

La grande star hollywoodienne Fedora (Marthe Keller), qui vivait depuis de nombreuses années non loin de Corfou, met mystérieusement fin à ses jours à la gare de Mortcerf en France, après s'être jetée sous un train. Le producteur Barry 'Dutch' Detweiler (William Holden), présent lors des funérailles à Paris, se remémore sa dernière rencontre et les raisons qui ont pu causer un tel drame. Deux semaines auparavant, il avait traversé l'Atlantique dans le but de lui confier le rôle titre de son adaptation d'Anna Karénine. Mais l'entreprise s’avéra des plus difficiles. Fedora vivait recluse dans la villa Calypso de de la comtesse Sobryanski (Hildegard Knef), accompagnée du docteur Vando (José Ferrer) et de son assistante Miss Balfour (Frances Sternhagen), depuis qu'elle avait abandonné le tournage d'un film à Londres avec l'acteur Michael York. Par un concours de circonstances, Dutch réussit à la croiser sur l'île. Or si le temps ne semblait pas avoir de prise sur la star, celle-ci apparaissait extrêmement perturbée et paranoïaque...