
Sans entrer dans les détails, les rushs issus des bobines de Yates vont ainsi nous montrer le manque de déontologie de ce dernier, n'hésitant pas à se mettre en scène quitte à déformer la réalité et provoquer ainsi des réactions tout sauf naturelles de la part des protagonistes. L'un des points forts de cette seconde partie est son aspect immersif, filmé du point du vue de Yates and co, caméra à l'épaule (un Projet Blairwitch avant l'heure en somme, mais sans parkinsonïte aïgue). Techniquement, le film ne souffre d'aucun défaut, la photographie, le cadrage ou le montage ne sont en aucun cas amateur, et le film ne fut pas tourné dans un quelconque jardin d'acclimatation de la banlieue romaine, mais en Colombie (les indiens sont joués par de véritables autochtones, bref on est bien loin des productions Eurociné du vénérable Marcel Lesoeur).
Parmi les nombreux griefs, on a accusé à tort Ruggero Deodato d'avoir tourné un snuff movie, tant la partie faussement documentaire paraissait réaliste (et hormis les actes répréhensibles qui s'y jouent, le résultat est effectivement bluffant, on a rarement vu de mémoire une aussi belle émasculation !). En ajoutant ses soucis avec les censeurs du monde entier, le cinéaste fut poursuivi par la justice italienne pour obscénité, devant prouver que ses acteurs étaient bel et bien vivants ! Autre reproche, les actes perpétrés sur les animaux, ces derniers n'étant pas fictifs, soit deux singes décapités, une tortue qui passe par la case méchoui, un serpent piétiné, une mygale écrasé et enfin un rongeur dépecé. Justifiés maladroitement par Deodato par des quotas de chasse qui ont été respectés, ces actes craspecs choquent encore car la caméra prend au dépourvu le spectateur, l'obligeant à être témoin. On repassera pour la torture animale. Autre point de discorde, la violence perpétrée et les actes (fictifs cette fois-ci) envers la gent féminine : une empalée, des viols (collectifs ou non) ultra réalistes et une "mémorable" scène d'avortement. Bref les censeurs n'ont pas chômé en cette année 1980.
Long-métrage au climat volontairement malsain, Cannibal Holocaust n'en demeure pas moins handicapé par plusieurs points négatifs. En dépit du genre auquel il appartient, la démarche de Deodato, qui convient à complaire une certaine frange de son public dans un voyeurisme crade, a de quoi laisser dubitatif. Divertissement ou non. Pire, l'horreur extrême du film provoque le résultat inverse escompté. En somme, trop d'horreur tue l'horreur. Ajoutons une bande originale terriblement datée (certaines parties ressemble à un film érotique), une interprétation fluctuante (on a rarement vu des militaires aussi peu crédibles) et un doublage français qui lui aussi met au diapason les premières minutes du long métrage.
Un film à voir mais certainement pas à revoir.
J'avais pas fait le parallèle entre Tellier et Cannibal Holocaust... Mais bon en y réfléchissant il y a un petit truc^^
RépondreSupprimerPS : très bonne note !
Un film qui m'intéresse au plus au point, surtout pour me "soigner" : je vire au végétarisme ces temps-ci...
RépondreSupprimerOui, c'est gratiné comme même cannibal holocaust mais à côté de philosophy of a knife, c'est du pipi de chat. Je te passe l'odeur...
RépondreSupprimersinon, je tiens un blog ciné: peut être pourrions nous partager des impressions sur nos blogs respectifs? Voici l'adresse:
http://cinemadolivier.canalblog.com/
à bientôt j'espère!
j'ai pris note.
RépondreSupprimerOuais bon c'est certes moins gratiné que "philo of a knife" mais bon... vu le résumé que tu en as fait sur "la déchéance collective assistée", ça donne encore moins envie... au moins ce truc de Deodato reste une fiction