Basket Case - Frank Henenlotter (1982)

Après un premier volet consacré de près (The Exterminator, Blue Jean Cop) et de loin (Maniac Cop, Le scorpion rouge) au réalisateur/producteur James Glickenhaus, Carlotta revient le 7 septembre prochain avec le second chapitre de leur Midnight Collection, cette fois-ci, entièrement dédié à l'œuvre de l'américain Frank Henenlotter [1], à savoir ses trois Basket Case, suivi de près par Frankenhooker. Auteur d'une série qui connaîtra donc deux séquelles au début de la décennie précédente, Frank Henenlotter signe à l'orée des années 80 avec Basket Case un premier film tout sauf anodin. Mieux, fort de son succès lors des séances de minuit new-yorkaises, et profitant par la suite de l'avènement de la VHS, celui qui devait rester cantonner aux productions bon marché des cinémas grindhouse de la 42ème rue de la Big Apple est devenu au fil du temps un classique du cinéma d'exploitation 80's. En un mot, culte.

Duane Bradley (Kevin Van Hentenryck) débarque à New York avec pour bagage un étrange panier en osier cadenassé. Une fois installé dans un hôtel miteux de Manhattan, le mystère autour de ce panier est dévoilé : il s'agit de Belial, ancien frère siamois de Duane, séparé de force quand ils n'avaient que douze ans par une équipe de médecins engagés par leur propre père. Difforme, communicant avec Duane par la pensée, et désormais libre, Belial n'a qu'une idée en tête, se venger des docteurs qui ont pratiqués l'opération…

 

Basket Case, sorti en 1983 en France sous le nom Frère de sang, défie l'entendement, du moins tend à prouver qu'un manque de moyens n'est nullement rédhibitoire en matière de cinéma fantastique. Tourné en 16 mm avec un budget misérable d'environ 35 000 $ (soit dix fois moins que celui déjà restreint de The Evil Dead de Sam Raimi), ce premier long métrage se distingue par son atmosphère grotesque et son histoire sordide, à la croisée du Sisters de Brian de Palma ou du Eraserhead de David Lynch en version trash. Dédicacé à Herschell Gordon Lewis, Basket Case ne renie ainsi en rien les préceptes du parrain du gore. Au contraire, le film devient à mesure que le récit progresse le théâtre des pulsions meurtrières sanguinaires de Belial, car nul ne peut stopper sa soif de vengeance, pas même son propre frère Duane qui en sera à la fois le complice puis la victime.

Avec ses effets spéciaux ultra cheap, une marionnette en mousse et en latex [2] pour les plans rapprochés et un stop motion des plus pauvres pour représenter Belial dans son environnement, Basket Case n'a jamais eu vocation à prétendre au titre du monstre le plus terrifiant [3]. Qu'importe si l'apparence de Belial est ridicule. Compte tenu des maigres moyens et des conditions de tournage difficiles (l'hôtel Broslin tenu par l'impayable gérant interprété par Robert Vogel était un vrai hôtel de passe), et malgré les efforts des débutants Kevin Haney (Iron Man 3, Les gardiens de la galaxie) pour la créature, et John Caglione (lauréat de l'Oscar en 1991 pour Dick Tracy, et nominé en 2009 pour The Dark Knight) pour les maquillages, le long métrage n'a que faire de ses limites ou supposés défauts. L'essentiel est ailleurs.

 

Peinture sordide et malsaine du New-York du début des années 80, quand Times Square regroupait tout un panel de peep shows, sex shops, et sa cohorte de dealers de drogues, Basket Case s'inscrit pleinement dans le cadre du cinéma d'horreur indépendant, loin des contingences des studios, dans le sillage du Maniac de William Lustig ou du Driller Killer d'Abel Ferrera. De mauvais goût, techniquement très limité, Basket Case est une fable improbable, délicieusement craspec sachant manier autant l'humour, de préférence bien noir, au gore le plus abject. 

Culte. En attendant la suite...





Crédit photos : © 1982 Basket Case Productions. Tous droits réservés.


Basket Case (Frère de sang) | 1982 | 91 min
Réalisation : Frank Henenlotter
Production : Edgar Ievins
Scénario : Frank Henenlotter
Avec : Kevin Van Hentenryck, Terri Susan Smith, Beverly Bonner, Robert Vogel, Diana Browne, Lloyd Pace, Bill Freeman
Musique : Gus Russo
Directeur de la photographie : Bruce Torbet
Montage : Frank Henenlotter
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[1] Cela dit, James Glickenhaus reste néanmoins dans les parages, ce dernier ayant produit les deux séquelles des aventures des frères Bradley ainsi que Frankenhooker. La boucle est bouclée.

[2] Pour les gros plans du bras de Belial, un gant en latex tenu par Henenlotter fait l'affaire !

[3] Les attaques de Belial sont victimes du syndrome de La fiancée du monstre
  

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