Joshua Shapira tribute

Pour les habitués de ce blog qui ne seraient pas encore touchés par Alzheimer, je me suis intéressé il y a quinze jours au film de David Lynch, Blue Velvet. Pour continuer sur ma lancée, aujourd'hui le billet aura pour thème un film sorti en 1995, couronné par le lion d'argent au festival de Venise, qui fut justement à l'époque présidé par le réalisateur d'Eraserhead. Ce film comme nous le montre l'affiche se nomme Little Odessa, premier long métrage d'un jeune cinéaste surdoué de 25 ans dénommé James Gray.

L'action du film, comme le laisse supposer le titre, se déroule à Little Odessa, quartier d'enfance du héros Joshua Shapira joué par Tim Roth, connu aussi pour être le quartier juif de la communauté russo-ukrainienne. Shapira, devenu tueur à gages, doit revenir à Brighton Beach (autre nom du quartier) exécuter une mission pour le moins délicate puisque des années auparavant ce dernier tua le fils du parrain local, Volkoff (alias Paul Guifoyle qu'on retrouva quelques années plus tard dans le rôle du Capt. Jim Brass dans CSI, pour les fans de série). Ces quelques lignes nous introduisent l'ambiance d'un film noir somme tout assez classique hormis l'aspect géographique et la particularité qu'il s'agit d'un des premiers films à dépeindre la mafia russe.

Mais James Gray a tout sauf oublié ses classiques et en tout bon admirateur d'opéra et de théâtre antique, va tisser autour de cette histoire de règlement de compte une tragédie familiale qui n'est pas sans nous rappeler quelques drames antiques. Joshua revenant sur les traces de son passé, aura l'occasion de revoir son jeune frère Reuben (Edward Furlong) et de renouer avec un amour de jeunesse (Moira Kelly, qui joua auparavant dans Twin Peaks, Fire walk with me de Lynch). Pour les autres retrouvailles, cela se fera dans la douleur, le père reniant ce fils assassin et la mère mourante (Vanessa Redgrave) est atteinte d'un cancer.

Pour un jeunot de 25 ans, James Gray étonne par tant de maîtrise, ne jouant à aucun moment la carte du pathos, il filme crûment et sans artifice cette famille en voie de décomposition, vouée à un destin tragique. De même, on reste bluffer par la performance des acteurs, soulignant un peu plus les qualités de direction de Gray. Tim Roth est en effet loin de tout cabotinage, sobre, froid, tout en retenu comme son personnage. Edward Furlong représente quant à lui l'archétype du jeune homme naïf adulant ce grand frère qu'il n'a pas suffisamment connu; ce dernier ayant réaliser le vœux du cadet, à savoir quitter la maison familiale et par extension le joug paternel. Dans le rôle de la mère, la grande actrice Vanessa Redgrave marque à jamais ce long métrage en dépit d'une présence assez courte. Irina Shapira reste le dernier lien indéfectible entre les membres de la famille, aimée par ses deux fils, sa mort n'aura d'autre effet que de faire voler en éclat le destin des survivants.

Au final, un grand film qui compte bon nombre de scènes marquantes (la méchante rouste que prend le père Shapira par son fils ainé Joshua ou la dernière scène du film) et qui annonce le goût de Gray, dans son prochain film The Yards, pour les destinées tragiques du théâtre antique.
En bonus, voici la bande-annonce de Little Odessa.

2 commentaires:

  1. Franchement, c'est cool que tu fasses des notes ciné ! Au sujet du film je l'ai pas vu mais perso, j'adore le jeu d'acteur de Tim Roth : surtout dans "invincible" & "reservoir dogs".

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  2. ouais bah merci pour ce comm', je commençais à avoir des doutes sur le bien fondé de cette note ^^'

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