Erykah Badu - Baduizm

Après un groupe de jeunes hollandais qui n'en veulent, voici le retour d'une musique plus sensuelle, surtout plus soul... et d'un chant des plus langoureux à l'occasion.

Le 30 Janvier dernier j'avais introduit la nu-soul par le premier album de D'Angelo, Brown Sugar, première pierre angulaire du mouvement datant de 1995. Aujourd'hui, place aux dames, avec un autre album tout aussi important de 1997, Baduizm, de la diva Erykah Badu. Repérée par le manager de D'Angelo, Kedar Massenburg, après avoir enregistrée une démo, la demoiselle se voit proposer la reprise de Precious Love en duo avec l'interprète de Shit, Damn, Motherfucker sur la bande originale du film Hign School High en 1996.

A partir de ce moment tout s'accélère puisque miss Badu va enregister dans la foulée son premier album et multiplier les participations chez des artistes aussi divers que Busta Rhymes, Outkast (faut dire qu'à l'époque elle était la compagne d'André 3000...), Common ou les Roots (sur le fameux You Got Me). Pour ce premier album, Erykah fut d'ailleurs plutôt bien entourée puisqu'on note la présence d'un certain Ron Carter (le mythique contrebassiste du second quintet de Miles qui comme son ancien leader garda un oeil sur la jeune garde dans les 90's, puisqu'il avait déjà collaboré avec les talentueux Tribe Called Quest) ou encore ?uestlove et les Roots à l'écriture et à la production. A cela, pour une fois, on constatera que le LP eu à la fois un succès critique et populaire (2ème au Billboard), ce qui ne gache rien...
Alors que reste t'il aujourd'hui de ce premier album, si l'on doit en garder quelque chose? Juste la découverte d'une chanteuse avec une forte personnalité qui a su créer un univers musical original... Ce qui caractérise aussi tout le bien fondé de ce premier album (et inégalé), c'est la capacité de la demoiselle à reprendre à son compte l'héritage soul des années 70 et hip-hop des 80's. On constate ainsi la présence de basses rondes, d'un groove typiquement urbain tout en restant organique mais aussi d'une sensualité qui n'est pas sans rappeler quelques chanteuses jazz d'antan.

Difficile en effet de faire l'impasse sur la voix fragile de miss Badu. On serait ainsi tenter de faire le raccourci Erykah Badu, la Billie Holiday soul des 90's? En plus d'être au final un peu trop facile et surtout réducteur, ce serait surtout maladroit... Les thèmes abordées par la demoiselle sont loin d'être aussi torturés que ceux chantés par Lady Day, on noterait au contraire cette fois ci l'influence d'une autre grande dame du jazz, Nina Simone, ou comment faire le lien entre le jazz et la musique populaire. Et puis à l'écoute de Baduizm, on reste dans un climat suffisament léger... alors qu'après Strange Fruit on est à la recherche d'anti-dépresseurs...

En ce mercredi, voici deux vidéos extraites d'un concert donné par la belle à Rome en 2001 (les deux chansons faisant parties du LP de '97).



Erykah Badu - Other side of the game (live Rome 2001)




Erykah Badu - On & On (live Rome 2001)

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