Pluie d’hémoglobine

En attendant la mise en veille prochaine du blog, intéressons nous à deux cas d’école en matière de reprise. L’exemple pour les 3 malheureux internautes qui auraient atterris par mégarde ici, concernera une chanson guillerette, poetique, des troubadours provenant de Los Angeles, Slayer, ayant pour titre Raining Blood.

Déjà, avant de commencer à parler dans le vide à propos de l’intérêt supposé des ces reprises, approfondissons un peu le choix d’une telle chanson. Premièrement, cet hymne aux parapluies ensanglantés fait parti du 3ème album de la bande à Kerry King, le bien nommé Reign in Blood (ça annonce déjà la couleur, on se doute déjà qu’on risque guère de trouver des comptines pour chiards avec un titre pareil…). A vrai dire cet album paru en ’86 représente ce qui se fait de mieux en matière de virulence thrash. D’autres ont essayé, et pourtant on retrouve véritablement la quintessence du style, morceaux compacts, solos destroys au possible, rythmique rouleau compresseur et une bonne louche d’anticléricalisme et autres provocations. Raining Blood est en fait le dernier morceau de l’album, et sied parfaitement à l’adage on finit en beauté, à fond à fond à fond ! On aura même droit ainsi à une dernière partie du morceau totalement déstructurée qui montre une fois de plus que le groupe ne veut décidément pas composé de solos mélodiques.

Alors forcément avec une telle aura culte, il n’est pas étonnant que nombre de groupes extrêmes aient été influencés par le combo de L.A. En 1999, le groupe polonais Vader, officiant dans un death metal efficace, à défaut d’être original, sort un album live nommé sobrement Live in Japan. Au passage, on notera que depuis que Deep Purple a enregistré son live au Japon, il est de bon ton de publier un album live au pays du soleil levant… Durant le concert, on a droit ainsi à la reprise du fameux titre de Slayer. Finalement, la reprise comme le groupe qui l’interprète est honnête. Certes, la production n’est pas optimum, mais l’interprétation sonne juste, plus rapide, death en somme quoique moins puissante que l’original; sans oublier aussi les qualités du batteur qui est passé (enfin était, il est mort depuis…) maître dans l’art de la double grosse caisse.

Deuxième exemple, après une reprise qui joue la carte de la surenchère, on peut avoir l’autre versant, la reprise qui s’inspire de l’original mais qui au final se la réapproprie. Tori Amos avait justement par le passé montré son savoir faire dans ce domaine à travers ses prestations live, où cette dernière avait réussi à faire des reprises personnelles des tubes de REM, Losing my religion ou de Nirvana, Smells like teen spirit. Forte de ce potentiel et pour faire une pause entre deux véritables albums, la demoiselle sortit en 2001 un album entiers de covers, allant de Depeche Mode (une version acoustique de Enjoy the Silence renversante) à Tom Waits en passant donc par les thrashers Slayer. L’album fut relativement bien accueilli par la critique et se vendit aussi comme des petits pains (4ème au Billboard tout de même). Certes, certains esprits chagrins ont trouvé que la reprise du Heart of Gold du loner était ratée (c’est pas ce qu’il y a de mieux, c’est certain), tout comme celle des Fab 4 Happiness is a warm gun. Pour ce dernier cas, n’étant pas fan (doux euphémisme) de la bande des 4 de Liverpool, je trouve au contraire le titre bon… mais je manque sans doute d’objectivité et de bon goût puisque j’ai jamais accroché la musique des Beatles…

Et donc Tori décide de reprendre l’une des chansons phares de Slayer, Raining Blood. Le résultat me direz vous ? Et bien sans surprise, c’est tout simplement époustouflant, et on a du mal à en croire nos oreilles. Seule au piano, la chanson glace le sang, elle a su restituer le côté malsain de la chanson en y rajoutant un aspect froid que tout bon fan de Nico se doit d’applaudir (cela dit il manque l'harmonium). Bref, parmi ces deux reprises, vous avez compris laquelle je préférais.

1 commentaire: