Galaxina - William Sachs (1980)

L'affaire est entendue (bis). L'humour et la science-fiction ont rarement fait bon ménage au cinéma. A l'exception du cas Dark Star (1974) de John Carpenter, notable comédie science-fictionnelle - le scénariste Dan O'Bannon (Alien) et le réalisateur de The Fog ayant l'idée saugrenue d'écrire un film de SF inspiré par l'absurde En attendant Godot de Samuel Beckett - de quoi décontenancer et refroidir le nerd venu réclamer sa pitance hebdomadaire, rares auront été finalement les récits ayant réussi à jouer sur ces deux tableaux (supposés antagonistes). Longtemps cantonné à une fonction subalterne, tel George Lucas dans le cadre restreint d'un comique bon enfant [1], l'humour profitera paradoxalement des récents succès populaires et commerciaux de la fin de décennie 70's. A l'instar des ZAZ [2], la Science-Fiction pouvait enfin s'ouvrir à la parodie et à son flot irrémédiable d'hommages détournés. Or si La folle histoire de l'espace de Mel Brooks passe pour être la référence 80's de ce genre, un ancien de l'écurie Corman et responsable du dégoulinant Monstre qui vient de l'espace [3], prénommé William Sachs, réalisa sept années auparavant, ce qui s'apparente comme être la première parodie SF post-Star Wars [4]. Malheureusement, si Galaxina est passée à une certaine postérité, ce sont plus à cause des circonstances tragiques du décès de son interprète féminine [5], ancienne playmate Playboy, que par les qualités intrinsèques du long métrage, mais n'allons pas trop vite...

 
 Au moins il y en a un qui se marre...

En préambule, le spectateur est invité, passé un prologue des plus starwarsiens, à suivre les aventures du vaisseau Infinity en l'an 3008. Appartenant à la nouvelle force de police intergalactique, ce vaisseau [6] commandé par le Capitaine Cornelius Butt (Avery Schreiber) a la particularité d'avoir au sein de son équipage un droïde féminin, doué de sentiments, nommé Galaxina (Dorothy Stratten). Leur nouvelle et périlleuse mission est de récupérer l'Étoile bleue de Quartz (Ohaaaah !) sur la planète Huit (Altair en VO),  « minerai très rare qui porte en lui le pouvoir des étoiles » si on croit le commandant Garrity. Tandis que le sergent Thor (Stephen Macht) tombe éperdument amoureux de Galaxina au risque de se prendre des décharges électriques, quand l'envie le pousse à vouloir toucher l'élue gynoïde de son cœur, leur ennemi juré Odric a également des vues sur l'Étoile bleue de Quartz (Ohaaaah !) [7]...

Fallait-il s'attendre à un miracle ? Pouvait-on réellement espérer une parodie inspirée en connaissant un peu le réalisateur. Le doute était de mise, et le résultat confirme les craintes.

 
 
Car au-delà d'un budget famélique et d'une production digne d'un épisode de Star Trek, le film accumule surtout les erreurs et autres fautes de (mauvais) goût : acteurs livrés à eux-même, mise en scène paresseuse, scénario et dialogues bâclés. A l'image de l'humour déployé par Avery Schreiber, le long métrage tente péniblement, à grand renfort de grimaces et de blagues éculées, de faire rire le spectateur. En vain. Ce dernier devra même faire preuve de patience et de mansuétude devant un tel déballage cheap, des effets spéciaux [8] aux costumes (par exemple ceux des deux extra-terrestres à bord de l'Infinity : le prisonnier mangeur de cailloux et l'ingénieur aux ailes de chauve-souris en caoutchouc). Certes, cela révèle et indique un second degré louable de la part de Sachs (ou plutôt une tentative désespérée), mais la platitude de l'ensemble, et la ringardise de certaines situations annulent toute (la supposée) ironie. Dommage. What's next ?

Reste en définitive au préposé masochiste à mesurer le niveau des pastiches proposés par cette fine équipe. Si l'hommage au huitième passager de Ridley Scott, soit l'ingestion et la digestion express d'un œuf alien par le moustachu Cornelius Butt, au cours d'un repas, éveille peu d'enthousiasme (ou de honte), il en est tout autre du traitement particulier que connait la Cantina de Mos Eisley dénaturée en bordel extra-terrestre miteux (?!). En ajoutant un méchant interprété par un Dr Doom / Fatalis d'opérette, une parodie western Mondwestienne et des bikers adorateurs du dieu Harley-David-Son (oh oh oh), le bilan est sans appel : Galaxina tourne à vide sans savoir quelle direction prendre. Seule surprise à porter au crédit du métrage : l'apparition sur un écran de la navette spatiale d'extraits du film germano-polonais de Science-Fiction L'étoile du silence (Der schweigende Stern) (1960).

 
In rubber we trust

Quant à la performance de la playmate Dorothy Stratten, et supposé mobile sexy justifiant le visionnage de Galaxina, son rôle a le seul avantage d'assortir sa plastique à sa combinaison moulante. Prétendre qu'on n'en attendait plus de toute façon de la part des producteurs... Soit belle et tais-toi.

Archétype du mauvais « mauvais film sympathique » et d'une médiocrité annoncée, on ne saurait conseiller finalement aux lecteurs de (re)découvrir le film de Luigi Cozzi, Starcrash (1978), véritable nanar, qui n'avait d'autre ambition que de surfer sur le succès de Star Wars, et nullement de s'en démarquer pour en réaliser une parodie ratée [9].

Verdict du Nanarotron : 


Galaxina | 1980 | 81 min
Réalisation : William Sachs
Scénario : William Sachs
Avec : Stephen Macht, Avery Schreiber, James David Hinton, Dorothy Stratten, Lionel Mark Smith, Tad Horino
Directeur de la photographie : Dean Cundey
Montage : George Berndt et George Bowers  
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[1] Pour le meilleur (le personnage de Han Solo) et pour le pire (l'ineffable Jar Jar Binks).

[2] Le trio David Zucker, Jim Abrahams et Jerry Zucker ayant sorti la même année en 1980 leur culte Y a-t-il un pilote dans l'avion ? (Airplane!).

[3] Que les amateurs des soirées Bis de la Cinémathèque française purent apprécier lors de la soirée consacrée à Willy Kurant en mai dernier.

[4] En mettant de côté les parodies pornographiques post-SW qui furent produites dans la foulée du succès de la franchise.

[5] L'ex-playmate de Playboy Dorothy Stratten fut assassinée par son mari peu de temps après la sortie du film. Un téléfilm avec Jamie Lee Curtis dans le rôle titre, Death of a Centerfold: The Dorothy Stratten Story, et un film, Star 80 réalisé par Bob Fosse avec Mariel Hemingway et Eric Roberts, furent tournés et basés sur ces faits.

[6] Vaisseau introduit le temps d'un long plan évoquant encore le troisième long métrage de Lucas...

[7] Mention utile pour ceux qui ne l'aurait pas encore deviné : nous avons droit à ce chœur vibrant dès que « étoile bleue de quartz » est prononcée. Ah ah ah...

[8] A faire passer un épisode de Battlestar Galactica (1978) pour un blockbuster.

[9] Ou de visionner Flesh Gordon (1974), parodie grivoise (et un peu inégale) du célèbre personnage de comics des années 30, qui passe allègrement pour un chef d'œuvre comparé à ce piètre Galaxina.

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