"Je t'ai manqué?" - "A jamais"

20h30. Samedi 14 mars. J'apprends qu'Alain Bashung a tiré sa révérence. Une fois de plus, le crabe emporte un artiste qui m'est cher.

Le premier réflexe aurait été d'écouter mon disque préféré de ce monsieur, son joyaux noir sorti en 2002, L'Imprudence. Et pourtant, quitte à lui rendre un dernier hommage, une dernière pensée, ne vaut il mieux pas un témoignage public? Je sors alors de mon PC le bootleg de son concert à Lille le 5 avril dernier. Et j'en viens à regretter de ne pas l'avoir vu lors de sa dernière tournée... tandis que j'étais parmi les mangeurs les goudas... Il me restera toujours ce souvenir de janvier (ou février j'ai un doute d'un coup) 2003 lors de son passage à Rouen au Théâtre des Arts.

Comme je le soulignais dans un précédent post, l'oeuvre de Bashung m'a longtemps intrigué, l'homme étant capable d'alterner album difficile, sombre, exigeant avec d'autre plus accessibles, plus à l’écoute du public pour certains. Rare sont les artistes catalogués chanson française qui pouvaient se targuer d'avoir vu Joy Division aux Bains Douches en 1979, de citer les DAF comme référence ou sortir de son chapeau Colin Newman de Wire et les guitaristes Blixa Bargeld, Phil Manzanera ou Marc Ribot comme invités de luxe. Certes, certains de ses albums sont dispensables, d'autres handicapés par une production datée. L'homme s'est longtemps cherché aussi, a mis du temps avant de pouvoir se démarquer des influences anglo-saxonnes, il n'empêche.

Comme c'est souvent le cas, l'annonce de sa disparition comme l'avait déjà fait auparavant celle de sa maladie, provoquera un intérêt morbide pour son dernier album en date, Bleu Pétrole. Album "léger" suivant une fois de plus sa démarche de l'alternance des 80-90's, Bleu Pétrole diamétralement opposé à la noirceur de L'Imprudence? Album plus empreint à la mélancolie finalement, où Bashung retrouve ses anciens réflexes folk et country.

On se souviendra des calambours de Bergman à ses débuts ou de sa poésie abstraite, celle de la période Jean Fauque. Pourtant je retiens en premier les paroles qui ont germé de sa seule collaboration avec Gainsbourg, la chanson J'croise aux hébrides sur Play Blessures, un Bashung qui digère mal le succès populaire signant son arrêt de mort sur l'autel de la célébrité, et ainsi signer le départ d'une oeuvre de plus en plus personnelle: "Je dédie cette angoisse à un chanteur disparu, Mort de soif dans le désert de Gaby, Respectez une minute de silence, Faites comme si j'étais pas arrivé".


10 commentaires:

  1. C'est un choc... Je n'ai pas eu la chance de le voir en concert alors qu'il vient de passer par chez moi. Le dernier est un très très bel album.

    Par ailleurs, je trouve que tu l'as bien décrit dans ce bel article... c'est agréable de voir qu'il est déjà très regretté, et qu'il n'a pas fallu attendre les années suivant sa mort pour qu'il soit reconnu.


    Choune

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  2. Je m'étais plus ou moins promis d'arrêter d'écrire des posts posthumes à chaud... le manque de recul.

    Mais, et je suis pas le seul, même en sachant son état on gardait espoir, cette nouvelle a été un choc pour bon nombre.

    Triste.

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  3. Tu connais mon avis hein ? lol. Très bel hommage en tout cas.

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  4. vi on a été chacun de notre petit hommage

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  5. je me souviens: j'ai eu la chance de le voir en concert cet été à l'armada et c'était vraiment émouvant. Il avait l'air déjà tellement malade. merci pr ce billet et pr cet hommage.

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  6. bah çà m'a fait tout chose aussi, j'aurais pas cru qu'il partirait et pourtant...

    lagosse

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  7. Oui on gardait encore espoir, et puis finalement... :(

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  8. Ouais...même à froid... Il est une heure du mat', j'écoute Neil Young au Massey Hall mais l'écho d'Alain continue de me hanter... "et les vacances...abstinence!"; "j'dédie cette angoisse à un chanteur disparu, mort de soif dans le désert de Gaby, respectez une minute de silence, faites comme si j'n étais pas arrivé..."

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  9. "Il est une heure du mat', j'écoute Neil Young au Massey Hall"

    roh t'es sûre de ne pas être moi? XD ;-)

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