Cronico ristretto : The Brother from Another Planet - John Sayles (1984)

Déjà auteur de trois longs métrages au début de la décennie 80, dont deux sortis en 1983, John Sayles réalisait l'année suivante un film dont le thème science-fictionnel et le titre évoquait directement son récent passé Cormanien, The Brother from Another Planet. Mais rien n'est aussi simple. Lauréat d'une bourse MacArthur financée par la fondation du même nom en 1983, le futur réalisateur de Lone Star profita cet apport monétaire pour mettre en scène l'histoire d'un esclave noir from the outer space réfugié à Harlem après le crash de son vaisseauDevenu culte aux États-Unis, The Brother from Another Planet fut distingué la même année au festival de Sitges par le prix du meilleur scénario et du meilleur acteur. 

Ellis Island, le vaisseau d'un extra-terrestre (Joe Morton) s'écrase dans l'Hudson, non loin de la statue de la Liberté, avant que cet alien humanoïde noir se réfugie à Harlem. Bien que privé de parole, ce dernier fait rapidement la connaissance les habitants du quartier, dont les habitués du bar d'Odell (Steve James). Capable de réparer les objets et de guérir les êtres vivants, "le frère" est embauché un temps comme réparateur de bornes d'arcade. Or, deux hommes (John Sayles et David Strathairn) habillés en noir, également extraterrestres, viennent de débarquer, et sont à la recherche du fugitif... 
 
Réalisé après Lianna, portait intime d'une femme mariée et mère de famille qui découvre son homosexualité, et de Baby It's You, son premier film "hollywoodien", produit par une major, une histoire d'amour adolescente dans les sixties marquant les vrais débuts de Rosanna Arquette, The Brother from Another Planet détonne et surprend de prime abord par son thème et sa supposée légèreté affichée. Mieux, le long métrage offrait à son scénariste metteur en scène une première immersion dans la jungle urbaine, au cœur de Harlem, en prémices à son vibrant film choral City of Hope (1991). 

 

Fort de la composition subtile de Joe Morton, dans le prolongement des grands acteurs du cinéma muet, et de celle plus absurde du duo Sayles/Strathairn, le quatrième long métrage du cinéaste prend vite les contours d'une fable didactique non sans humour et émotion. Observateur candide, l'ancien esclave, dont la singularité physique veut que ce dernier ait trois orteils à chaque pied, croise le chemin de nombreux personnages, découvrant à mesure les us et coutumes, l'amour et les inégalités de ce monde étranger confronté au racisme et à la précarité. 

Si sur le fond le scénario évite l'écueil d'un quelconque ton moralisateur, le long métrage aurait toutefois gagné sur la forme à ne pas donner l'impression d'être avant tout une série de scènes décorrélées. En somme, le récit manque parfois de cohésion ou d'un réel fil conducteur, ce qui n'entame ni l'interprétation des divers protagonistes ni le bien fondé du projet. 

A découvrir. 



The Brother from Another Planet | 1984 | 108 min | 1.85 : 1 | Couleurs 
Réalisation : John Sayles
Production : Peggy Rajski & Maggie Renzi
Scénario : John Sayles
Avec : Joe Morton, Dee Dee Bridgewater, Darryl Edwards, Steve James, Bill Cobbs, David Strathairn
Musique : Mason Daring, John Sayles & Denzil Botus
Directeur de la photographie : Ernest R. Dickerson
Montage : John Sayles
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