Piège en eaux profondes - Anthony Hickox (2005)

En préambule, le préposé à la chronique saluera, dans un premier temps, l'imagination et l'art délicat de la traduction des vendeurs de pelloches de toutes sortes à la lecture du titre français du film Seagalien qui nous intéresse. Dans un second temps, le sourire moqueur s'éclipsera pour laisser place à une émotion non feinte, écrasant même une larme en souvenir d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, un temps révolu qui porte un nom : Casey Riback. Faut-il être sentimentalement handicapé pour ne pas vibrer au son d'un bras virilement cassé par notre aïkido panda préféré ? Qui n'a jamais rêvé d'assister à une séance de désossage à mains nus par notre redresseur de torts préférés ? Pouf Pouf. Passé ce léger emportement [1], admettons un instant que le gentil distributeur de Submerged n'est en aucun cas un margoulin de première, ou simplement un vendeur fatigué dont les méthodes de vente faciles n'amusent plus grand monde, mais, avant tout, un homme dont l'altruisme n'a d'égal que sa capacité à éveiller la nostalgie qui sommeille en chacun de nous. Bref, Piège en eaux profondes... 

Si l'émotion de cette introduction reste palpable pour le préposé, l'insolent de passage aura néanmoins toutes les raisons de s'interroger quant au bien fondé de cette énième Seagalerie des années 2000. Accumulant les productions bas de gamme, notre démembreur bouffi aura ainsi multiplié, au gré de la nationalité de ses divers financeurs, les coproductions internationales. Tournant à la chaîne des direct-to-video (jusqu'à quatre films par an), Seagal aura su profiter d'une certaine mondialisation pour continuer à faire le bonheur de ses fans en dépit de sa disparition progressive dans les salles obscures [2]. 2005, après un passage vers la Pologne (Out of Reach) et le Japon (Into The Sun) et en attendant une coproduction sud-africaine (Mercenary for Justice), Seagal nous propose avec cette coproduction britanno-bulgare une histoire où la menace proviendrait des profondeurs de l'océan. Dont acte.

Petite aparté. Le sentimentalisme ayant peu sa place dans l'univers de notre héros, misons un instant sur l'Alzheimer précoce du lecteur pour remettre en cause le distributeur de Submerged (contrairement à ce qui a pu être écrit auparavant). A moins de ne pas connaitre le film, le résumé et diverses accroches livré avec le DVD laissent, en effet, perplexe. Seule explication : Seven 7 n'a vu que la première partie de cette plante potagère. Si survendre un tel objet faisait partie des choses attendues, se planter sur le synopsis l'était (naïvement) un peu moins...

Chris Cody (Steven Seagal), l'élite des commandos US, fut emprisonné lâchement il y a quelques années pour couvrir les États-Unis face à l'hypocrisie des Nations-Unis. Or Oncle Sam lui propose la liberté, lui et ses hommes, à la seule condition qu'ils repartent en mission pour éliminer Adrian Lehder, scientifique ayant trouvé un moyen de contrôler l'esprit de quiconque [3]. Cody et ses boys retrouvent dès lors les traces de ce Mengele du pauvre en Uruguay, où certains militaires ne restent pas insensibles devant le potentiel des recherches de cet autre bon docteur...

Il existe diverses façons d'apprécier un navet Seagalien, en laissant de côté le charisme hypercalorique de qui vous savez : le scénario (fait de bric et de broc, d'inepties et autres clichés) rentre inévitablement dans la catégorie des mets délicieux, au même titre que l'interprétation des autres prétendants. Et ce Piège en eaux profondes ne manque pas de saveurs. Du suspense à revendre, de l'action non stop, un thriller musclé nous aguiche la jaquette, et bien plus encore pour celui qui souhaite être submergé par tant de c*******. Le danger tant (sur)vendu à plus de 3000 mètres de profondeur n'aura duré certes qu'une dizaine minutes (rarement vu, au passage, un sous-marin aussi spacieux), mais la découverte du continent sud-américain par l'équipe bulgare vaut quant à elle tous les meilleurs guides touristiques du moment [4] : venez donc découvrir les célèbres ruines Maya, les montagnes et le non moins fameux climat tropical de l'Uruguay...

A l'heure du bilan comptable, Submerged rend une copie bien grasse, pardon, riche. Notre héros ventripotent, accompagné par ses « douze salopards » et deux bimbos de service, aura maille à partir avec un traître, un savant fou et pleins de méchants dans un pays exotique. Un navet de plus dans l'escarcelle !





Submerged (Piège en eaux profondes) | 2005 | 96 min
Réalisation : Anthony Hickox
Scénario : Anthony Hickox, Paul de Souz
Avec : Steven Seagal, William Hope, Vinnie Jones, Christine Adams, Nick Brimble, Alison King, P.H. Moriarty, Gary Daniels
Musique : Guy Farley
Directeur de la photographie : David Bridges
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[1] Que le premier fan de Chuck Norris me jette la première pierre.

[2] A noter que le Japon est un des rares pays où certains de ses direct-to-video ont le droit à un passage sur grand écran. Étonnant, non?

[3] Ce qui nous vaut un laboratoire portnawak et des effets numériques signés par des stagiaires...

[4] Rendant obsolète en quelque sorte le guide fourni par Chuck Norris en 1986 dans le Temple d'Or et gentiment édité par la Cannon.

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