Blackmagic - José James (2010)

Il aura certes fallu attendre mars pour avoir enfin la trace d'un album paru cette année, soit une preuve supplémentaire, s'il en était besoin, d'admettre que cette espace bloguesque se veut avant tout passéiste? Et pourtant nous avions clos l'année précédente par l'album groove de 2009, dès lors pourquoi ne pas débuter cette première chronique avec l'un des albums groove les plus épatants de 2010, le second album de José James, Blackmagic?

Après diverses expériences plus ou moins malheureuses dans son pays d'origine, le chanteur américain signa son premier album sur le label de Gilles Peterson, Brownswood Recordings, traversant ainsi l'Atlantique pour emménager définitivement du côté de Londres. The Dreamer, sorti en 2008, fut dès lors très vite remarqué par la critique US avec comme particularité d'avoir été nommé dans la catégorie des 50 meilleurs albums de Jazz cette même année (position 21), le célèbre magazine Downbeat le plaçant même dans le top 10 des chanteurs de jazz à suivre... tandis que ce dernier n'eut droit à aucune sortie physique sur le territoire nord-américain... étonnant, non?

Un premier album lui offrant l'opportunité de tourner dans pas moins de 30 pays, aussi bien dans des environnements plus propices à ce genre de musique soit des clubs de jazz que devant 1500 personnes comme au North Sea Jazz Festival de Rotterdam par exemple. Une expérience scénique qui s'ajoute à un goût prononcé pour les expérimentations, James n'hésitant pas à multiplier les collaborations aventureuses, passant de Basement Jaxx à Chico Hamilton ou bien le neveu d'Alice Coltrane, Steven Ellison, plus connu sous le patronyme Flying Lotus avec qui il enregistrera la chanson Visions Of Violet.

Sort ainsi début mars de cette année, le nouvel album, Blackmagic, devrait être dès lors celui de la confirmation si l'on en croit les raccourcis habituels... et disque qui finalement tendrait à valider en partie ce cliché récurrent. Un album nourri à la fois des diverses influences de James et de sa précédente tournée mondiale, Blackmagic ou le fruit des rencontres d'un artiste ouvert qui selon ses dires pourrait être synthétisé comme une communauté à l'image des différentes villes et pays où James a vécu et travaillé: des États-Unis à l'Amérique Latine, de l'Europe au Japon. L'ancien adolescent vibrant aux sons d'A Tribe Called Quest (1) confirme certes les espoirs placé en lui mais s'attache à aussi offrir un album différent, volontairement plus groovy que le précédent car avant tout plus sensuel sans toute fois céder aux sirènes de la facilité tel le morceau Touch. Et les différentes communautés qui cohabiteraient au sein de Blackmagic sont loin d'être futiles, autant The Dreamer s'inscrivait dans un climat purement jazz autant celui-ci se veut plus urbain, les rythmes hip-hop et l'échantillonnage qui va de pair ayant une place prépondérante sur ce disque. L'influence hip-hop à l'image de la brochette Flying Lotus, Mitsu The Beats, Taylor Mc Ferrin ou encore Moodyman (soit les producteurs de Blackmagic) offre à James des arrangements tour à tour sophistiqués et ambitieux comme sur Lay You Down ou la rencontre entre le D'Angelo du RH Factor et le grand Marvin Gaye, ou l'étonnant Made For Love et son sample du "célèbre" Psyché Rock de Pierre Henry. Un album qui n'oublie pas non plus son ode à la sensualité en la présence du duo langoureux porté par la voix chaude de José James et de la chanteuse Jordana de Lovely (2) sur Love Conversation, le tout avant de conclure sur une ambiance plus intimiste par deux incartades strictement jazz (3).

Un des albums groove de l'année qui tend à confirmer que le jazz vocal ne devient pas moribond quand celui-ci s'ouvre aux autres musiques (autres que la pop?), à l'image des surprenants Warrior ou la chanson éponyme Blackmagic.

Album en écoute sur Deezer.

Sa page Myspace.

____________________________________________________________________________________________________

(1) Ou comment boucler la boucle en souvenir de mon dernier post de 2009.

(2) Hum un peu surchargé comme pseudo tout de même, celle-ci gratifiant Blackmagic de backing vocals sur le reste de l'album.

(3) Qui pour le coup n'apporte pas grand chose à l'édifice finalement et aurait eu le mérite de raccourcir quelque peu le disque.

12 commentaires:

  1. Etrange coincidence. Je viens juste de mettre cet album à la corbeille, juste après une 3ème (ou 4ème) tentative infructueuse (je trouve l'ensemble très mou et très moyen, pas déplaisant, mais n'ai pas spécialement envie d'y revenir ["un potentiel certain, mais peut mieux faire", autaient dit mes profs ...], sans savoir que tu avais écrit dessus.
    Pourtant, sur le papier, j'avais tout pour l'aimer ce disque ...
    Fais-je une récupération corbeille pour une 4ème ou 5ème tentative prochainement ?

    Allez, oui. C'est l'effet colza !^^

    RépondreSupprimer
  2. @ Thierry: Rho je force personne vous savez. Sous le ton de la boutade on a même osé comparer les premières chansons de l'album à du Lionel Richie... à partir de là :-P
    En remerciant G.T. de m'avoir fait découvert le disque indirectement, la note attribuée m'ayant intrigué :-)

    RépondreSupprimer
  3. Pour ma part, j'étais fort surpris de sa note. C'est ce qui, dans un 1er temps, m'avait incité à ne pas faire un sort plus rapide à l'album.

    RépondreSupprimer
  4. Les avis sont mitigés ! Que faire ?

    RépondreSupprimer
  5. @ Jérémy: Écouter pour se donner un avis pardi!!! Le prêt à penser n'a pas lieu d'exister ici

    RépondreSupprimer
  6. Bon, c'est bien foutu. Mais j'ai comme l'impression d'avoir re-re-re perdu une heure à la sortie de la 4ème écoute.
    J'en suis ressorti comme si je n'avais rien écouté. A part Warrior, à la limite.
    C'est un peu trop "clinique / chirurgical" pour moi ...
    Je vais me refaire le Live at Carnegie Hall de Bill Withers, pour la peine ! ^^

    RépondreSupprimer
  7. @ Thierry: rah Bill Withers forcément :-)
    Oui je peux comprendre l'aspect propret, c'est vrai que ça manque de sueur mais ça ne m'a pas dérangé outre mesure étrangement.

    RépondreSupprimer
  8. Pour le "chirurgical" soul / nu-soul, j'accepte bien plus volontiers les voix féminines. En ce moment, je craque (presque) complètement pour le nouvel album d'Ingrid Chavez (A Flutter and Some Words), ancienne égérie de Prince à la fin des années 1980s.
    Bref, ça va pas améliorer ma réputation de faible virilité (je suis assez allergique à tout ce qui gueule trop, comme Phil Collins, par exemple) déjà bien entamée chez Benjamin ^^

    Pour Ingrid Chavez, en cherchant bien, ça se trouve sur la toile ^^

    RépondreSupprimer
  9. @ Thierry: c'est vrai que notre Philou est un exemple de franche virilité ^^

    RépondreSupprimer
  10. C'est bien entendu à ce mémorable article que je faisais allusion ;-)

    RépondreSupprimer
  11. il faudrait que je le réécoute mais je suis un peu déçu par ce disque. J'ai nettement préféré son 1er album

    RépondreSupprimer
  12. @ Nyko: les deux sont très différents. J'ai une préférence pour le second étant plus groove, le premier étant "sans surprise".
    Maintenant je comprends tout à fait les réserves qu'on peut avoir ;-)

    RépondreSupprimer