Vampire, vous avez dit vampire ? - Tom Holland (1985)

Auteur des scénarios de Class 1984 (1982) puis de Psychose II (1983), Tom Holland écrivit et réalisa son premier long métrage, Vampire, … vous avez dit vampire ?, au mitan de la décennie. Quelque peu refroidi par les adaptations de ses précédents scénarios, The Beast Within (1982) et Scream for Help (1984), pour ne pas les citer, Holland signa en 1985 avec cette comédie horrifique un succès critique et public inattendu, d'aucuns diraient culte tant le film s'inscrivait idéalement, encore aujourd'hui, dans son époque. Hommage au cinéma d'horreur classique, et en particulier au mythe du vampire, Fright Night est désormais disponible en Blu-ray et DVD dans sa restauration 4K depuis le 30 octobre 2019.

Fan de cinéma d'horreur et de l'émission Vampire, ... vous avez dit vampire ? présenté par Peter Vincent (Roddy McDowall), l'adolescent Charley Brewster (William Ragsdale) découvre un soir, depuis sa chambre, l'arrivée de son nouveau voisin Jerry Dandrige (Chris Sarandon) qui porte un cercueil. Convaincu que celui-ci est un vampire depuis l'annonce par la police de plusieurs cadavres de jeunes femmes retrouvés mutilés, Charley demande l'aide auprès de Peter Vincent, face à l'incompréhension de ses proches et de la police locale...
 
Lauréat de trois prix aux Saturn Awards dont celui du meilleur film d'horreur, du meilleur scénario et enfin du meilleur second rôle pour Roddy McDowall, Vampire, vous avez dit vampire ? se distinguait des récentes productions horrifiques datant de la première moitié de la décennie. A contre-courant de la mode des serial killers et autres resucées de Michael Myers et Jason Voorhees, à l'image de la réplique écrite par Holland dans la bouche d'un aigri et licencié Peter Vincent (clin d'œil évident à Peter Cushing et Vincent Price) [1], le long métrage payait donc son tribut aux classiques du cinéma fantastique. D'un récit riche en références écrit par un scénariste vampirophile orthodoxe [2], le film, on l'aura compris, n'avait pas vocation à offrir une version modernisée du vampirisme, mais plutôt à se définir comme un divertissement nostalgique jouant avec les codes pré-établis du genre horrifique pour adolescents. Dont acte.


D'un argument évoquant fortement le scénario de Scream for Help écrit par Tom Holland et mis en scène par Michael Winner l'année précédente, ou l'histoire d'une adolescente qui découvre que son beau-père essaie de l'assassiner, elle et sa mère, mais qui n'arrive pas à faire croire aux autres la menace qui pèse sur elles, Vampire, vous avez dit vampire ? se démarque davantage par son atmosphère fantastique, et par son humour, que par la complexité de son scénario. Mélange efficace de frissons et de rires, du moins dans sa première partie, avant que le récit ne glisse davantage vers l'horreur, le film prévaut par sa direction d'acteurs, Holland se rappelant au bon souvenir de son ancien passé et de ses débuts dans la profession. Chris Sarandon, révélé au mitan des années 70 dans Un après-midi de chien de Sidney Lumet, incarne ainsi un vampire à la dimension érotique recouvrée, une sensualité de mâle mûr qui ne laissera pas indifférente Amy (Amanda Bearse), la petite amie esseulée de Charley, qui ressemble trait pour trait à l'ex-compagne de Dandrige. Quand le croquemitaine 80's tueur en série d'adolescents nous avait habitués à occire la jeunesse ayant découvert la sexualité, Vampire rabat en somme les cartes avec son monstre aux canines pointues amateur de vierge éconduite. D'un rôle originalement prévu pour Vincent Price, Roddy McDowall endosse avec succès, et non sans malice, le rôle de ce faux « grand tueur de vampires » et véritable acteur ringard, réduit à présenter des séries Z sur une chaine du câble. Enfin, sans remettre en cause la prestation de William Ragsdale et Amanda Bearse, respectivement 24 et 27 ans lors du tournage, on restera tout de même mesuré quant au choix des deux comédiens, ces derniers ayant dépassé depuis longtemps l'âge présumé des protagonistes (seul le juvénile Stephen 'Evil Ed' Geoffreys [3], 20 ans, arrive, avouons-le, à faire illusion). Qu'importe.


Produit par la major Columbia, qui laissa à Holland, selon ses propres dires, une totale autonomie, le studio étant plus occupé par le film qui deviendra un de ses plus gros échecs de l'année 1985 [4] (Perfect avec Jamie Lee Curtis et John Travolta), le long métrage devint cette même année le plus gros succès commercial du genre horrifique aux États-Unis, juste derrière La revanche de Freddy. Et un film qui doit en grande partie ce succès justifié grâce aux effets spéciaux conçus par l'équipe de Richard Ghostbusters Edlund, dont Steve Abyss Johnson pour les créatures et Ken Diaz [5] pour les maquillages : des transformations de Evil Ed à la décomposition de Billy Cole (Jonathan Stark), en passant par les maquillages créées pour Chris Sarandon et Amanda Bearse.

Pur produit 80's (gare à la bande originale qui pique), Vampire, vous avez dit vampire ? connut quatre ans plus tard une séquelle, moins réussie, comme le veut l'adage, réalisée par Tommy lee Wallace avec William Ragsdale et Roddy McDowall. Quant au réalisateur, passé un contractuel Fatal Beauty (1987) avec Whoopi Goldberg et Sam Elliott, Tom Holland marqua de nouveau les esprits trois ans plus tard, toujours accompagné de Chris Sarandon, avec le premier volet de la maléfique poupée Chucky avec Jeu d'enfant.

L'édition Carlotta Blu-ray/DVD comporte en guise de suppléments trois entretiens avec Tom Holland et l'équipe du film, plus pour le support Blu-ray, un long documentaire intitulé T'es tellement cool, Brewster, qui revient en détail sur le long métrage.






Fright Night (Vampire, vous avez dit vampire ?) | 1985 | 106 min | 1.85 : 1 | Couleurs
Réalisation : Tom Holland
Scénario : Tom Holland
Avec : Chris Sarandon, William Ragsdale, Amanda Bearse, Roddy McDowall, Stephen Geoffreys
Musique : Brad Fiedel
Directeur de la photographie : Jan Kiesser
Montage : Kent Beyda
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[1] "Je viens d'être renvoyé, car personne n'est plus intéressé de voir des tueurs de vampires, ni même des vampires. Apparemment, ils ne veulent que des fous se promenant en passe-montagne, hachant par le menu de jeunes vierges".

[2] Tom Holland ayant, à l'époque lors de la promotion de son film, expliqué en long en large et en travers dans la presse son mépris pour Les prédateurs (1982) de Tony Scott.

[3] Stephen Geoffreys qui fera carrière la décennie suivante dans le cinéma pornographique gay sous le pseudonyme de Sam Ritter.

[4] En attendant le supra-échec nommé Ishtar deux ans plus tard avec Dustin Hoffman, Warren Beatty et Isabelle Adjani.

[5] Diaz fut lauréat du Saturn Award des meilleurs maquillages en 2018 pour son travail sur Black Panther.

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