Dickshark - Bill Zebub (2015)

Créateur au début des années 90 du fanzine metal The Grimoire of Exalted Deeds, le dénommé Bill Zebub est devenu au cours de la décennie suivante un des réalisateurs bis les plus prolifiques avec environ 3 à 4 sorties direct-to-video par an. Tout en continuant ses activités dans la musique, The Grimoire continue d'être publié, l'homme caché sous le pseudonyme Professor Dum Dum anime une émission sur une radio locale dans son New-Jersey natal, et publie en DVD depuis le bien nommé Metalheads en 2001 moult documentaires et interviews de ses groupes préférés (telle la série des Metal Retardation), Zebub s'est fait connaître par le contenu atypique de ses productions, mêlant mauvais goût et budget minimaliste, à l'instar d'une de ses premières productions, Jesus Christ: Serial Rapist [1] en 2004 (et réédité en 2011), narrant l'histoire d'un psychopathe, kidnappeur de jeunes femmes, amateur de bondage et se prenant pour le fils de dieu, premier volet d'une série de longs métrages mettant en scène de près ou de loin le dit nazaréen (Zombiechrist, Jesus the Daughter of God ou bien encore Jesus The Total Douchbag). 2015, comme à l'accoutumée, Zebub ne manque pas de projets, et celui que certains ont nommé le King of the B Movies (?!) réalise plusieurs parodies, Nightmare on Elmo's Street et le méfait qui nous intéresse : Dickshark, connu également sous le nom de Frankenshark

Un couple est sur le point de faire l'amour, quand l'homme décide d'appliquer sur son sexe une crème censée augmenter la taille de son appendice. Catastrophe. Si la taille de son pénis a bien augmenté, celui-ci a pris la forme d'un requin. Après plusieurs essais infructueux avec sa partenaire, l'homme rejoint par dépit la salle de bain, quand celui-ci est attaqué par son squale génital qui lui sectionne un doigt ! Alerté par son petit ami, la jeune femme sort son revolver et tire sur le requin qui se sépare de son compagnon, et plonge dans la cuvette des toilettes disparaissant à jamais. Du moins, le croyait-on... 


Absurde. Surréaliste. Déjantée. L'intrigue à l'image de son titre annonçait la couleur. Et sans connaitre l'univers du réalisateur, seulement quelques titres de ses anciens films, force est de constater que le public déviant ne pouvait décemment prétendre avoir été piégé. Qui plus est après visionné l'apparentée bande annonce. Il n'empêche, le préposé s'attendait-il véritablement à un tel résultat ? Pas vraiment. Bill Zebub tend à redéfinir le film d'exploitation fauché, réceptacle de ses passions et autres fantasmes avoués. Très bien. Doté d'un budget de 6 000 dollars, Dickshark, comme l'indique en préambule Bill Zebub sur son site en guise d'avertissement, s'inscrit parfaitement dans le cahier des charges de sa déjà très fournie filmographie : proposer un long métrage anticonformiste, voire une alternative au cinéma actuel. Soit. Mais les bonnes intentions ne sont pas suffisantes à la vision de ce direct-to-video cheap d'une durée de deux heures de trente (il existe une version longue de trois heures...).

Irrévérencieux, provocateur, pur produit d'exploitation Dickshark l'est. Mêlant l'utile à l'agréable, Zebub filme ses obsessions en gros plan, des vulves épilées aux fessiers de la gent féminine. Quant à son rôle de scientifique fou, il lui permet à loisir de tripoter les attributs mammaires de ses nombreuses actrices tatouées (dont la plupart sont des abonnées aux productions Zebub). Quand le cinéma peut satisfaire vos déviances, il n'y a pas de gêne, il n'y a que du plaisir. Malheureusement, au-delà de l'histoire prétexte à tous les délires scabreux, la mise en scène et les dialogues de sieur Zebub sont loin, quant à eux, d'offrir satisfaction aux spectateurs. Adepte du ralenti pathologique, le monsieur ne peut ainsi s'empêcher de filmer frénétiquement à vitesse réduite [2] tout et n'importe quoi, et en premier lieu les sévices sexuées de son squale hybride obsédé de la vulve [3], viols caoutchouteux évoquant davantage le combat homérique entre Bela Lugosi et une pieuvre en latex dans la scène finale de La fiancée du monstre signé Ed Wood, que ceux de L'emprise de Sidney J. Furie (sans oublier la fellation de la nageoire dorsale de notre requin doublement membré...).

 

Fin dialoguiste, le cinéaste fait également preuve d'un humour à rebrousse-poil, entre monologues ineptes et dialogues lourdingues. Étirées à n'en plus finir, ces scènes supposées comiques ne trouveront comme amateurs que les voyeurs attirés par les attouchements mammaires, qui vont en général de pair avec les saillies verbales de sieur Zebub. Soit. Enfin, mélomane et pédagogue, à défaut d'avoir un budget supplémentaire pour se procurer une réelle bande originale, le cinéaste chevelu profite de l'occasion qui lui est donné pour faire découvrir ses groupes de metal préférés. Louable intention. Toutefois, le doute est de mise à l'écoute de The Crown of Sympathy, classique doom des britanniques My Dying Bride, associé à une scène de cunnilingus, ou les death The Devil I Know des étasuniens Immolation et Narcissism des grecs Septic Flesh pour accompagner une des nombreuses scènes de viol en toc. Bof bof.

Avec des effets spéciaux artisanaux conjuguant à l'amateurisme le plus portnawak, filmé à la truelle par le petit cousin metalfreak de Fred Olen Ray et Frank Henenlotter, écrit par le frère sous acide de Kevin Smith, Dickshark est un rare moment de brillance WTF, et cependant un échec, tant le métrage ne réussit jamais à dépasser son postulat transgressif : pas franchement sexy, nullement horrifique, et encore moins comique. Alors quand on apprend qu'un certain Dicknado est en production...

Verdict du Nanarotron :


En bonus : Quelques gifs supplémentaires du film sur notre tumblr



Crédit photos : Copyright 2015 BILL ZEBUB PRODUCTIONS


Dickshark | 2015 | 150 min (version courte)
Réalisation : Bill Zebub
Scénario : Bill Zebub
Avec : Erin Brown, Rachel Crow, Scarlett Storm, Lydia Lael, Chrissy Lynn, John Giabcaspro, Bill Zebub
Directeur de la photographie : Bill Zebub
Montage : Bill Zebub
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[1] Oh oh oh, en décembre prochain devrait sortir Santa Claus: Serial Rapist actuellement en production.

[2] Vous comprenez mieux pourquoi le métrage dure si longtemps maintenant...

[3] Et son amie l'araignée tout aussi obsédée...
  

4 commentaires:

  1. Chronique plus réussie que ce Dickshark interminable... 2H30 quand même ^^

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    1. Et il existe une version longue de 3h... avec encore de ralentis sans doute :-D

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  2. ce que tu m'auras pas fait lire, quand meme....

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