Blue-Jean Cop - James Glickenhaus (1988)

Comme l'avait indiqué dans un épisode précédent, le préposé à la chronique, le cinquième film du réalisateur James Glickenhaus, Shakedown, connu en France et à l'international sous le nom de Blue Jean Cop, sort en Blu-ray et DVD le 6 juillet prochain, dans le cadre de la Midnight Collection éditée par Carlotta. Un long métrage en forme de retour aux sources en quelque sorte pour ce metteur en scène originaire de New-York où, huit années après The Exterminator, Glickenhaus retrouvait la jungle urbaine de la Big Apple, après un précédent détour à Hong-Kong dans The Protector (1985) avec Jackie Chan [1].

Avocat au barreau de New-York, Roland Dalton (Peter Weller) prend la défense du dealer Michael Jones (Richard Brooks), accusé du meurtre de l'officier de police Patrick O'Leary. Au cours de son enquête, Dalton découvre avec l'aide du policier Richie Marks (Sam Elliott) que la version de son client, acte de légitime défense face à un officier en civil qui cherchait à le racketter, est corroborée par l'existence d'un réseau de corruption au sein des forces de l'ordre. Alors qu'il s'agit de sa dernière affaire pour l'aide judiciaire, avant de rejoindre Wall Street au côté de son futur beau-père, Dalton réalise que le nouveau procureur en charge du dossier n'est autre que Susan Cantrell (Patricia Charbonneau), son ex-compagne...

 

Artisan besogneux du cinéma bis typé action des années 80, James Glickenhaus signe avec Blue-Jean Cop, en sus de son retour à New-York, son deuxième volet du polar urbain musclé, l'exotisme sino-martial de Chan en moins, la virilité moustachue d'Elliott en plus. S'inscrivant pleinement dans la mode de l'époque, le long métrage s'écarte toutefois de la stricte copie bisseuse en jouant la carte de l'hybridation. Synthèse de deux voire trois genres, le film policier, le film de tribunal, et enfin le buddy movie, le scénario signé Glickenhaus (comme à l'accoutumée) s'inspire librement de précédents métrages, du Serpico de Sidney Lumet (et dans une moindre mesures ses films de tribunal, celui-ci étant également un spécialiste du genre) à L'arme fatale de Richard Donner.

Caractérisé par un rythme relativement lent, interrompu par des accès de violence en guise d'électrochocs, Blue-Jean Cop confirme également dans sa forme sa nature mixte, soit une enquête menée par un avocat de la défense, à la vie sentimentale compliquée, où viennent se greffer des scènes d'action à l'ancienne, avec son lot notable de cascades spectaculaires [2], quand la virilité des protagonistes se mesure à leur habilité à user de la gâchette et à faire exploser l'espace environnant. Autant film d'action à rebours qu'exemplaire rare de buddy movie asynchrone, les deux acteurs principaux ayant finalement peu de scènes communes, le métrage n'a pourtant rien d'inégal, chacune des parties étant parfaitement réglées et exécutées, à l'instar de l'interprétation, que ce soit Peter Weller impeccable en avocat obstiné, Sam Elliott en cowboy solitaire [3] ou Antonio 'Huggy les bons tuyaux' Fargas en suave parrain de la drogue (avec une mention spéciale pour le mulet de Larry Joshua). 

 
    
En d'autres termes, Blue-Jean Cop ou l'archétype de la bonne série B 80's, avec ses qualités et ses défauts. Dommage toutefois que celle-ci soit quasiment sabordée par un final expéditif des plus portnawak [4].
  


N.B : De nombreuses scènes ont été filmées dans la fameuse 42ème rue et sa cohorte de cinémas de quartier avec à l'affiche les films du moment Freddy III , Death Wish 4 ou Hidden, sans oublier lors de la première rencontre entre Weller et Elliott, la présence dans le hall du cinéma des affiches de deux précédents films signés Glickenhaus, The Exterminator et The Soldier.





Crédits photo : © 1988 Shapiro Glickenhaus Entertainement


Shakedown (Blue-Jean Cop) | 1988 | 97 min
Réalisation : James Glickenhaus
Production : J. Boyce Harman Jr.
Scénario : James Glickenhaus
Avec : Peter Weller, Sam Elliott, Patricia Charbonneau, Antonio Fargas, Richard Brooks, Thomas G. Waites, Blanche Baker
Musique : Jonathan Elias
Directeur de la photographie : John Lindley
Montage : Paul Fried
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[1] Traduit de manière incompréhensible en français par Le retour du Chinois, alors qu'il ne s'agit justement nullement d'une suite de Battle Creek Brawl, alias Le Chinois pour le marché français...

[2] Cascades coordonnées par Alan Gibbs, un des cascadeurs les plus réputés de l'époque à Hollywood.

[3] Un Sam Elliott qui reprend dans les grandes lignes un rôle similaire à celui de garde du corps de Whoopi Goldberg dans Beauté fatale sorti l'année précédente.

[4] Certes l'issue du procès est prévisible, mais notons surtout que si le Nanarotron avait été branché, le compteur se serait sans aucun doute affolé et aurait atteint un score des plus honorables à la vision du sort réservé à Antonio Fargas. Quant à la conclusion de la relation du couple de Dalton. Les dés étaient pipés dès le début du film. Un homme sain d'esprit peut-il décemment rester avec une fille à papa qui n'aime pas Jimi Hendrix ?

1 commentaire:

  1. Oui une fin totalement portnawak alors que tout le film surfe sur le genre typiquement série B et souvent très violent... Étrange cette scène finale digne d'un Jackie Chan :P

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