Mike and the Melvins - Three Men and a Baby (2016)

En attendant Basses Loaded, le « nouvel » album des Melvins [1] qui devrait poindre désormais rapidement, soit le 3 juin prochain, toujours chez Ipecac Recordings, Buzz Osborne and co et le label Sub Pop se sont rappelés au bon souvenir d'un autre album, longtemps inachevé, débuté à la fin du siècle dernier, et finalisé l'année dernière : Three Men and a Baby. Un disque qui tend à confirmer, dans ce cas, l'adage populaire « mieux vaut tard que jamais ». Rappel des faits de ce nouveau retour vers le passé [2].

1999, orphelin de son groupe godheadSilo depuis la blessure de son batteur Dan Haugh l'année précédente, le bassiste Mike Kunka suit les Melvins en tournée, avant d'enregistrer avec King Buzzo et Dale Crover, accompagnés de leur nouveau bassiste Kevin Rutmanis [3], l'essentiel de ce qui adviendra l'album Three Men and a Baby. Mises en sommeil durant seize longues années, les bandes enregistrées à l'époque par Tim Green (producteur de la trilogie à suivre The Maggot/The Bootlicker/The Crybaby), ressortent des tiroirs, tandis que les musiciens retournent en studio, sous la houlette cette fois-ci de Toshi Kasai (guitariste de Big Business - on ne soulignera jamais assez l'aspect familial chez les Melvins), pour boucler ce qui aurait pu s'apparenter à un album maudit.

Sorti le 1er avril 2016, Three Men and a Baby, pourvu d'une croquignolesque et délicieuse pochette signée madame Mackie Osborne, n'a rien d'un canular. Avec une session originelle placée entre les albums Honky (1997) et The Maggot (1999), le disque annonce le virage libertaire des Melvins et de son leader à travers la trilogie précitée, et les prochaines collaborations au mitan des années 2000 avec Lustmord (sur Pigs Of The Roman Empire) et Jello Biafra (Never Breathe What You Can't See et  Sieg Howdy!). Avec ses trois bassistes (King Buzzo est également de la partie), Three Men and a Baby avait tous les atouts pour redéfinir les contours d'un heavy rock barré, un avatar mal embouché propre à ravir les amateurs des deux formations. 

Mené tambour battant par un premier tiers rugissant, dans la pure tradition Melvinsienne, prouvant par A+B que Buzzo reste un maitre en matière de riffs graisseux, ces quatre premiers titres se concluent par une reprise surprise et convaincante d'Annalisa, les musiciens se réappropriant avec brio le classique du premier album de PIL. Moins bruyant (encore que...), mais nullement assagi (ouf), le reste du disque offre à Kunka davantage d'espaces à sa basse, prolongeant et étoffant les expérimentations noisy d'un Dead Canaries ou les âpres distorsions d'un Gravel. Loin d'être mis à l'écart, Dale Crover, qui pousse même la chansonnette sur Lifestyle Hammer, gratifie l'album, comme à son habitude, d'une prestation assourdissante et pleine de groove à l'image du détonant Pound the Giant. Enfin, Three Men and a Baby se termine par l'apparenté grindcore Art School Fight Song, ou une réponse en écho au premier album de Fantômas datant justement de 1999, auquel Osborne participa.

A l'heure du bilan, Three Men and a Baby aurait sans aucun doute mérité une suite tant son contenu, s'il ne bouscule en rien la discographie des participants [4], apporte son lot de bons moments. Toutefois, à l'instar des nombreux disques des Melvins post-2000's, cet essai aurait aussi gagné à être transformé  [5].



   
     
Titres :
01. Chicken 'N' Dump / 02. Limited Teeth / 03. Bummer Conversation / 04. Annalisa (Reprise de PIL) / 05. A Dead Pile Of Worthless Junk / 06. Read The Label (It's Chili) / 07. Dead Canaries / 08. Pound The Giants / 09. A Friend In Need Is A Friend You Don't Need / 10. Lifestyle Hammer / 11. Gravel / 12. Art School Fight Song
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[1] Neuf chansons de Basses Loaded proviennent de disques sortis entre 2015 et 2016 sur le label Amphetamine Reptile Records : les EPs Beer Hippy (2015) et War Pussy (2016), et le split Chaos As Usual avec le groupe mexicain Le Butcherettes.

[2] Rappelons-nous au hasard leur disque Tres Cabrones où Buzzo et Crover avaient invité le batteur originel Mike Dillard.

[3] Rutmanis qui fut bassiste des Melvins de 1999 à 2005 avant la collaboration du duo originel Buzzo/Crover avec le groupe Big Business.

[4] Objectons que la donne aurait été peut-être différente si le disque était sorti en 1999.

[5] Constat doux-amer un peu à l'image de la plupart des albums des Melvins depuis Stag (1996), de bons albums auxquels il manque un petit plus pour marquer durablement les esprits.
 

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