Funky front covers Part IX

A l'heure de la traditionnelle dinde aux marrons et des cadeaux débordant par milliers, ouvrons notre boîte de Pandore annuelle, et célébrons (déjà) comme il se doit cette neuvième saison des Funky front covers ©, à la gloire du meilleur du pire des pochettes les plus insolites ou sexuées des musiques funk, disco et consorts des années 70 et 80.

En guise d'amuse-bouche avant de verser gaiement dans le stupre à paillette, offrons à notre lectorat une mise en abyme salvatrice en piochant dans le bac à vinyles du supposé sage jazzophile.

  

Si la chanteuse Dee Dee Bridgewater est davantage connue des initiés pour ses albums tribute, en 1995 le dénommé Love and Peace rendait ainsi hommage au pianiste Horace Silver, ou en 2010 Eleanora Fagan (1915-1959): To Billie with Love From Dee Dee qui, comme son nom l'indique, payait son tribut à la mythique Lady Day (1), ses débuts lors de la seconde moitié des années 70 pourraient en surprendre plus d'un. Après un premier effort jazz méconnu portant le titre du standard de Mongo Santamaría, Afro-Blue, l'ex-choriste de Roy Ayers (sur la bande originale Coffy) glisse ainsi vers le R&B et consorts à partir de 1976 sur son second album éponyme. Dernier disque de cette trilogie (incluant Just Family en 1977), Bad For Me (1979), produit par le claviériste George Duke, plonge directement l'auditeur dans un bouillon funky, et Dee Dee dans de jolis draps en satin avec combinaison fuchsia moulante en guise d'apparat (l'arrière de la pochette et l'imprimé d'influence orientale pouvant également susciter quelques vocations...). Déjà évoqué il y a quelques sessions précédentes à travers le disque Push Push et le torse viril du flutiste, Brazil Once Again (1978) signe le retour d'Herbie Mann sur la terre originelle de la bossa nova, ce dernier entouré de nouveau de musiciens du cru pour plusieurs ritournelles à l'accent pop dont un hommage au roi Pelé. Sur le fond loin d'être aussi mémorable que ses anciens opus brésiliens, le disque a le mérite d'être sur la forme l'une de ses pochettes les plus frappantes grâce à sa pin-up en maillot de bain. The last but not the least, le patriarche et légendaire vibraphoniste Lionel Hampton conclut ce premier chapitre avec son surprenant Stop ! I Don't Need No Sympathy ! (1974) qui appartient à sa période soul-jazz sur le label Brunswick.

Toujours à l'écoute de son lectorat féminin, le RHCS propose cette année quelques spécimens mâles d'un fort bon gabarit...

  

Originaire d'Harlem, le trio Black Ivory sort son troisième disque Feel it en 1975 sur le label Buddah. Porté par le falsetto de Leroy Burgess (le moins ridicule des trois sur la dite pochette, soit celui de droite), les ex-protégés du producteur Patrick Adams, proposent, comme le laisse supposer leur tenue, une soul en décalage avec la musique de leurs pairs. Tout aussi obscur, Loveship est un trio dont l'unique disque est cet album éponyme de 1982. En dépit du capital rigolard de nos trois joyeux lurons, la postérité n'aura finalement retenu que cette pochette cheap à faire passer celles de feu Parliament pour des blockbusters. Clôturons cette deuxième partie par Formula IV et leur premier disque Come & get yourself some (1974), formation qui devint pour l'anecdote Formula V trois ans plus tard avec l'album Phase 1, le quatuor mené par Richard Cason passant de quatre à cinq musiciens.

Brazil Once Again avait ouvert la voie, voici désormais une ode au maillot de bain...

  

Produit par la paire canadienne Willi Morrison et Ian Guenther, Southern Exposure fait partie des nombreux groupes éphémères de disco sortis à la chaîne, dont cet unique album Headin' south (1979) en est un parfait exemple. Un peu d'exotisme sexy avec cette pin-up surprise en train de nouer son bas de bikini (tandis que la pochette arrière nous montre la demoiselle testant l'élasticité de la ficelle), le souci du détail pictural pourra toutefois faire illusion. Moins travaillé mais plus moite, encore que tout aussi roublard, Ms. Fine brown (1982) de Syl(vester) Johnson s'éloigne de la musique originelle 70's de ce soul-bluesman (remember son Is It Because I'm Black (2) sorti en 1970 annonçant les brûlots What's Going On et There's a Riot Goin' On) pour verser dans l'alimentaire funky, l'anonyme et le peu inspiré, soit son dernier disque avant un retour blues inespéré en 1994 avec le bien nommé Back In the Game. Dans la série des nombreuses versions du classique House of Rising Sun, la formation sud-africaine HOT R.S (acronyme tiré de la dite chanson) en tire une cover avec son lot d'effets électroniques pouet pouet et d'élans orgasmiques factices, à l'image de la pochette futuriste du dit single.

Quant aux amateurs de postérieurs, ceux-ci ne sont pas oubliés cette année...

  
 

A l'instar du duo canadien précité, l'unique 33 tours de la formation Bob-A-Rela doit sa paternité aux producteur George Lagios et Pat Deserio. Les érudits du fessier apprendront par la même occasion que cet album éponyme de 1979 se clôt par une reprise disco molle de Pink Floyd, Money. Second rappel d'un précédent billet des FFC, après la brillante pochette fruitière du premier album de Wild Cherry, il eut été dommage de faire l'impasse sur celle de leur avant-dernier LP I Love My Music et sa blonde tatouée à l'influence Davidhamiltonienne. Plus malin ou retors, le Daniel Jackson Explosion est l'auteur d'un seul single à l'imagerie friponne marquante, pour celui qui s'intéresse davantage au dos des pochettes. Écrit par la paire Daniele Baima Besquet et Ronald Jackson, DJE propose sans surprise de l'italo-disco calibré 1977, les fesses d'une Cendrillon reine de la danse en plus.

Plus hot, plus dénudée, quittons la planète disco pour celle des musiques latines avec deux pochettes étrangement similaires. Caliente !

   
Merengues! Merengues! Merengues! (1973) de Juan Campolargo fait la part belle non sans surprise à la musique du même nom. Mise en valeur par cette mannequin à la coupe afro (et une fort jolie trompette!), la pochette évoque pourtant celle d'une autre formation latino, basée en Belgique (?!), les Chakachas et leur album Stories (1972). Pour les collectionneurs, l'album existe sous deux versions différentes, la demoiselle portant ou non... une paire de lunettes. Quant à l'origine de ces deux pochettes de 1972 et 1973, mystère...

En vous donnant déjà rendez-vous l'année prochaine pour une nouvelle saison des Funky front covers © !

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(1) Son dernier album sorti cette année est également un hommage à la Nouvelle Orléans, commémorant dix ans après la tragédie de l'après ouragan Katrina.

(2) Avant que le morceau Is It Because I'm Black soit (entre autre) samplé par Muggs sur Lock Down (Interlude) pour le deuxième album de Cypress Hill, Black Sunday.
 

3 commentaires:

  1. Les pochettes de Merengues et des Chakachas sont de Michel Laguens !

    Mais je ne les ai malheureusement pas ni l'une ni l'autre :-(

    Je me rends compte que je n'avais pas bien du valider mon commentaire à la Noël dernier parce que je l'avais déjà indiqué.

    Et donc je réitère mes félicitations pour cette forte belle saison des FFC !

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    1. Arf anefé, le commentaire n'est jamais apparu !
      Mais sache toutefois que nous nous gardons bien d'ajouter chaque année une portion de Pop Hits dans nos annuelles FFC ! ;-)

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    2. Et merci une fois encore pour les remerciements et d'avoir indiqué le nom du photographe des deux magnifiques dernières pochettes ! :-)

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